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Siren
塞壬
Présentation
par
Brigitte Duzan, 8 janvier 2019
Siren est une essayiste réputée dont les
publications ont été régulièrement primées depuis la
fin des années 2000. Elle a été remarquée en 2007
par l’un des critiques littéraires chinois les plus
influents du moment, Li Jingzi (李敬泽),
rédacteur en chef adjoint de la revue Littérature du
peuple (《人民文学》) :
« Siren, a-t-il dit, est un diamant qu’a reçu le
monde du sanwen en 2007. » (塞壬是2007年中国散文界收获的一颗钻石。)
De son vrai nom Huang Hongyan (黄红艳),
elle est née en 1974 à Huangshi, dans le Hubei.
Elle a travaillé dans une aciérie jusqu’en 1998.
Elle est alors partie dans le sud, où elle a fait
toutes sortes de boulots, en divers endroits. |
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Siren |
La coureuse |
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Aujourd’hui, elle habite à Dongguan (东莞),
dans le Guangdong, où elle est « écrivaine sous
contrat » (签约作家)
de l’Institut littéraire de Dongguan.
Elle a commencé à écrire en 1998, parce que,
dit-elle, c’était devenu une nécessité. Ses premiers
essais sanwen ont été publiés en 2004 et il
en est ensuite paru dans la plupart des grandes
revues littéraires de Chine qui en publient. A
partir de 2007, les prix se succèdent au gré des
publications.
En 2008, elle obtient la « coupe Maotai » ("茅台杯")
décernée par Littérature du peuple. La même année,
son recueil « Volte-face » (《转身》)
est primé par Littérature du peuple ; il comporte
ses cinq essais les plus connus : outre celui qui a
donné son titre au recueil, « Clameur » (《声嚣》),
« Disparition » (《消失》),
« Envolée dans le village » (《在镇里飞》)
et « Lolita 1985 » (《1985年的洛丽塔》). |
En 2009, elle obtient ensuite le grand prix des médias
littéraires chinois pour son recueil « Une existence recensée
nulle part » (《下落不明的生活》).
C’est en fait le premier volet d’une trilogie dont les deux
autres sont : « L’Anonyme » (《匿名者》),
publié en août 2013
,
et « La Coureuse » (《奔跑者》)
publié en novembre 2017. Au-delà de son expérience personnelle,
comme des cris du cœur, tous ces essais offrent des réflexions
d’une grande sensibilité.
L’Anonyme |
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Une existence recensée nulle part |
En 2009, « Disparition » (《消失》)
décroche le prix du meilleur essai sanwen de l’année.
C’est l’un de ses textes les plus célèbres, publié dans le
recueil « L’Anonyme » (《匿名者》)
.
En mars 2014, c’est au tour de ce que l’on pourrait traduire par
« Bonjour tristesse » (《悲迓》),
qui est en fait le texte introductif du même recueil.
Traduction en anglais
« Clamour » (《声嚣》),
tr.
Florence Woo, in:
Chinese Arts and
Letters CAL 2018 n° 2, pp. 171-182
.
[Ce texte est une étonnante évocation de personnages de la vie
courante à travers les bruits qu’ils font et qui perturbent,
voire agressent la narratrice qui est leur voisine. Elle part du
cri poussé lors d’un vol à l’arraché qui revient comme une
obsession dans son esprit ; puis elle décrit un jeune couple qui
fait l’amour la nuit, son seul luxe, et leur enfant, qui se
réveille en hurlant tous les jours à cinq heures du matin, ou
encore la voix insupportable d’un directeur qui sème la terreur…
Elle termine par une réflexion sur le bruit ambiant dans lequel
nous vivons et auquel nous sommes tellement habitués que, s’il
nous arrive de nous trouver dans un endroit où règne le silence,
nous paniquons aussitôt, jusqu’à hurler dans nos rêves, ce qui
nous ramène à l’image sonore initiale… On pense au tableau
d’Edvard Munch.]
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