Ecrivain et
musicienne, à la fois compositeur et chanteuse soliste,
Liu Sola a un talent et une personnalité d’une extrême
richesse qui en font une artiste hors du commun. Si la
musique a pris le pas sur la littérature dans son œuvre,
les deux y restent étroitement liées.
Peu connue hors
de Chine, elle mériterait plus d’attention.
Au bout
du tunnel, le Conservatoire
Liu Sola est
née à Pékin en 1955 dans une famille de brillants cadres
du régime, bientôt victimes des premières purges du
régime maoïste.
Déboires
familiaux
Son père, Liu
Jingfan (刘景范),
originaire du district de Bao’an, dans le Shaanxi (陕西省保安县),
s’est engagé dans la
Liu Sola
Liu Sola et sa mère
lutte
révolutionnaire en 1928, à l’âge de 18 ans, aux côtés de
son frère Liu Zhidan (刘志丹).
Pendant la guerre de résistance contre le Japon, il est
devenu secrétaire de la base du
Shaanxi-Gansu-Ningxia
(中共陕甘宁省委书记)
dont son frère est l’un des fondateurs, trouvant la mort
au combat en 1936 et promu héros national.
La gloire
familiale connut une première éclipse en 1955. L’un des
plus proches camarades d’armes de Liu Jingfan,
Gao Gang (高岗),
qui était devenu président du gouvernement populaire du
Nord-Est formé à Shenyang en août 1949, avait gravi les
échelons de la hiérarchie jusqu’à devenir président de
la Commission du plan en novembre 1952 ; mais, accusé
d’ « activités fractionnelles » par Mao pour s’être
opposé à Liu Shaoqi et Zhou Enlai et mis en accusation
devant le Comité central, il « se suicida » en août
1954. Liu Zhidan fut traîné dans la boue.
Le père de Liu
Sola subit les conséquences de l’affaire, mais sans trop
en souffrir jusqu’à la Révolution culturelle. Sa mère Li
Jiantong (李建彤),
ayant résolu de blanchir la mémoire de Liu Zhidan,
publia en 1962, à un moment de brève ouverture, une
biographie de son beau-frère sous une forme légèrement
romancée. D’abord critiquée par Kang Sheng (康生),
l’œuvre fut dénoncée par Mao en 1966 ; Li Jiantong fut envoyée travailler dans une
porcherie, et Liu Jingfan emprisonné (1).
A douze ans,
Liu Sola se retrouva seule à Pékin avec son frère et sa
sœur, à la charge d’un autre membre de la famille. Ayant
voulu devenir Garde rouge, elle fut exclue in petto en
raison de ses origines familiales. Elle contera sur
cette expérience dans sa nouvelle « Chaos et caetera » (《混沌加哩格楞》)
avec une ironie
cinglante, faisant de la capacité à prononcer les gros
mots les plus vulgaires le principal critère pour
devenir Garde rouge.
Liu Zhidan
Conservatoire après
la Révolution culturelle
Le livre de Li Jiantong sur Liu Zhidan
Ayant commencé
à apprendre le piano à l’âge de cinq ans et révélé des
dons précoces pour la musique, à la réouverture des
universités, après la Révolution culturelle, elle passe
le concours d’entrée au Conservatoire central de
musique, à Pékin (中央音乐学院),
et entre dans la classe de composition du compositeur Du
Mingxin (杜鸣心),
célèbre pour avoir été, en particulier, l’un des
compositeurs du ballet « Le détachement féminin rouge »
(《红色娘子军》).
Il y avait aussi dans cette même classe les futurs
grands compositeurs chinois comme Tan Dun (谭盾)
ou Guo Wenjing (郭文景)
qui sont à peu près du même âge qu’elle.
Elle compose
ses deux premières œuvres pendant ses études : une suite
pour piano inspirée du « Livre des odes » (诗经)
et, comme travail de fin d’études, une symphonie dédiée
à son oncle Liu Zhidan. A sa sortie en 1983, cependant,
elle s’intéresse à la musique rock et pop, et fonde un
ensemble inspiré du groupe Pink Floyd.
En même temps,
elle commence à écrire…
Débuts
d’écrivain
Sa première
nouvelle, intitulée « Tu n’as
pas
d’alternative» (《你别无选择》),
est une histoire satirique de jeunes étudiants du
Conservatoire qui se demandent ce que va être leur
avenir. Publiée en 1985 dans « Littérature du peuple » (《人民文学》),
elle a remporté le prix de la meilleure nouvelle de sa
catégorie (中篇小说)
et pris tout le monde par surprise : on a parlé de
« tornade Luo Sola » (“刘索拉旋风”).
Du Mingxin
Tu n’as pas d’alternative (édition 1991)
Le thème est
repris dans la nouvelle suivante, « Blue Sky, Green
Sea » (《蓝天绿海》),
publiée la même années dans la revue « Littérature de
Shanghai » (《上海文学》)
(2) : toujours la même génération perdue entre doute
quant à l’avenir et provocation plus que rébellion.
Liu Sola se
retrouve là aux côtés d’écrivains du même âge comme
Wang Shuo (王朔)
ou Xu Xing (徐星)
dont les « Variations sans thème » (无主题变奏)
sont publiées la même année. Elle fait partie de cette
génération traumatisée par l’absurde en politique,
fascinée par la rupture et la contradiction, qui exprime
ses frustrations en jurons et recherche la dissonance
plutôt que l’harmonie comme issue à sa quête d’absolu.
Une troisième
nouvelle est publiée l’année suivante : « En quête du
roi des chanteurs » (《寻找歌王》).
Puis, influencée par la musique d’Otis
Redding and Aretha Franklin,
Liu Sola écrit une version opéra rock de « Blue Sky,
Green Sea » : le premier opéra rock chinois, qui est
interprété en 1988 par l’Orchestre symphonique central
de Chine (中国中央交响乐队)
et un groupe de rock de Hong Kong.
A la fin de
l’année, elle part à Londres. Pendant plusieurs années,
elle va chercher « sa voix ».
Enregistrement de l’opéra rock « Blue
Sky, Green Sea » au studio de la Rivière des Perles en
1987 (avec Liu Sola à l’arrière plan)
Exil et création
Chaos et caetera
(édition 1991)
Elle passe une
année à Londres, pendant laquelle elle écrit « Chaos et
caetera » (《混沌加哩格楞》), qui est publié, en chinois, à Hong Kong en 1991, puis
en traduction anglaise, sous le titre « Chaos and All That »,
aux presses
de l’université de Hawaï, en 1994.
C’est une nouvelle cathartique, d’un humour dévastateur
caractéristique de Liu Suola, non autobiographique,
a-t-elle dit, mais quand même, on le sent bien, une
nouvelle pour évoquer et évacuer le passé, à travers un
personnage féminin, Huang Haha (黄哈哈),
qui lui ressemble comme une petite sœur, ou comme une
ombre. Le chapitre 4 témoigne des difficultés
rencontrées en arrivant à Londres, où elle est assaillie
par le passé :
Elle [Huang Haha]
n’arrivait pas à écrire une histoire cohérente de ce tout
qu’elle avait en tête ; elle bavardait toute la journée avec les
fantômes de son passé et en avait des migraines et des vertiges.
Elle en oubliait totalement la réalité présente ; le présent se
fondait dans le passé jusqu’à l’immerger dans une réalité à
jamais évanouie… Elle vivait dans le passé dans une sorte
d’inertie, comme si, en l’abandonnant, elle se serait défaite de
ses vêtements, et retrouvée nue et démunie. …
Elle témoigne aussi
dans ce même chapitre de la difficulté à s’exprimer, et à
trouver des oreilles attentives :
En fait, ce n’est
pas la peine que je m’installe pour écrire, je n’ai rien à dire”
se disait-elle. Il n’y avait absolument rien à dire : les gens
de son passé avaient envie de l’entendre parler de son présent,
et les gens du présent en avaient assez de l’entendre
constamment raconter son passé, mais elle, ce qui l’ennuyait le
plus, c’était de parler du présent.
Les événements
de 1989, vécus à distance, sont certainement l’une des
raisons de ce mal être existentiel, comme chez tout
Chinois à l’époque. Tout finit par devenir absurde. En
témoigne la pièce de théâtre qu’elle écrit et crée en
1990 : « Memories of the Middle Kingdom », qui présente
une version à la Beckett de la Révolution culturelle.
C’est la
musique qui va lui permettre de passer ce cap difficile.
En 1990, elle est invitée à l’International Writing
Program de l’université de l’Iowa. Pendant qu’elle est
là, elle compose pour la chorégraphe sino-américaine
Chiang Ching (江青),
une partition de ballet intitulée « Snow in Midsummer »,
basée sur l’opéra chinois éponyme (3).
June Snow, le livret
Blues in the East
En 1992, Liu
Sola s’installe à New York et commence un travail de
fond sur la musique de blues et de jazz américaine, en
débutant par le Mississipi et la Nouvelle Orléans. Elle
se lance alors dans des compositions qui mêlent des
éléments de musique populaire américaine et de musique
traditionnelle chinoise.
De 1992 date
une autre partition de danse moderne : « June Snow »
(《六月雪》)-
qui figure dans le documentaire de 1999 de Michael Apted
« Moving the Mountains ». En 1994, elle
compose et interprète « Blues in the East » (《蓝调在东方》),
suivi en 1996 de « China Collage » (中国拼贴).
En 1998, « Haunts »
(《缠》)
est un parfait exemple des mélanges de genres musicaux
réalisés par Liu Sola : musique traditionnelle chinoise, musique
classique, jazz et blues, plus percussions, africaines et
asiatiques.
En février 1999, le New
Julliard Ensemble interprète au Lincoln Center « In Corporeal »
qu’il avait commissionnée.
Si « In Corporeal » est
une œuvre basée sur la forme sonate, dans
la musique de Liu Sola, en général, la voix joue un rôle
fondamental, et plus précisément sa voix. C’est la
manifestation d’une énergie intérieure, énergie qu’il faut
capter,
Haunts
a-t-elle expliqué, par la plante des pieds ; c’est en
quelque sorte une énergie tellurique, qui vient de la terre.
Elle en est transfigurée, et elle a dit qu’elle espérait que
chacun pourrait ainsi trouver sa voix…
Cependant, si la
musique a acquis une place primordiale dans son œuvre, l’écrit y
a aussi sa place.
Roman, opéras de
chambre et musique de films
Dans ces années 1990,
tout en travaillant à la recherche de formes musicales
originales, elle utilise ses moments libres à l’écriture d’un
roman.
L’île des
tortues-cochons
La forme est inspirée
de classiques chinois, ou plutôt la subvertit : il s’intitule
littéralement « Petites histoires de la grande famille Ji »
(《大继家的小故事》),
et a été traduit en français par Sylvie Gentil sous le titre
« La grande île des tortues-cochons » qui en souligne l’aspect
pseudo mythologique.
Female Purity Soup, édition 2003
Pour éviter que le
livre soit interdit, il fut d’abord publié en édition illustrée,
puis, en 2003, révisé et publié sous le titre « Female Purity
Soup » (《女贞汤》).
Dans la postface, Luo Sola déclare qu’elle le dédie à son père.
Il avait rejoint le Parti par conviction et n’a jamais douté de
Mao, même après huit ans passés en prison, pendant la Révolution
culturelle. Il est mort en 1990, alors qu’elle était en tournée
en Union soviétique, et on lui a un temps caché sa mort.
Quand elle l’a
apprise, elle a ressenti le besoin d’écrire un livre dans lequel
elle lui présenterait ses excuses. Elle a commencé une première
version en 1992 aux Etats-Unis, mais, à cause de ses nombreuses
autres activités, ne l’a terminé qu’en 1997. C’est une satire
« politico-mythologique », qui utilise la forme du mythe pour
mieux dénoncer les failles de la société et de la politique
modernes.
Mais, en fin de
compte, à son père revenu en songe l’interroger sur les fameuses
excuses qu’elle était sensée lui présenter, elle est bien
obligée de reconnaître, après avoir relu son texte, « qu’elle
les a longtemps cherchées », comme elle l’indique dans la
postface….
Opéras de chambre
C’est finalement une
œuvre de maturité. Liu Sola semblait venue à bout des démons du
passé qui hantaient son alter ego Huang Haha. Elle débute alors
une nouvelle phase de sa carrière, abordant la musique sous sa
forme la plus élaborée, la plus complexe, alliant narration et
musique : l’opéra de chambre.
En même temps, c’est
un retour vers la Chine : ses sujets sont chinois, et
personnels, si sa musique est toujours cet étrange mix de styles
aussi différents. En outre, en 2002, elle fonde un ensemble
d’instrumentistes chinois : Liu Sola & Friends
(刘索拉与朋友们),
avec lesquels elle va interpréter ses œuvres, les enregistrer et
parcourir le monde de festival en festival.
En 2004, elle
collabore avec la réalisatrice Ning Ying (宁瀛)
pour la rédaction du scénario
Liu Sola et ses musiciens dans Fantasy of
the Red Queen
de son film « Perpetual Motion »
(《无穷动》)
(6), sorti à la Biennale de Venise en 2005. Empreint du même
humour décalé que « Chaos etc… », ce scénario tourne en dérision
bien des aspects de la société chinoise moderne, et en
particulier le machisme masculin, ce qui lui a valu quelques
vives diatribes. Liu Sola y interprète avec brio l’un des
quatre rôles féminins et a également composé la musique du film.
Fantasy of the Red Queen : je suis la
reine aux mains vides
Puis elle se consacre à
ses opéras, dont elle rédige les livrets et écrit la musique.
C’est avec son ensemble Liu Sola & Friends et l’Ensemble
Modern/Germany qu’elle crée, et chante en soliste, le premier
des deux opéras de chambre qu’elle a écrits à cette heure : « Fantasy
of the Red Queen » (《惊梦》).
La première a lieu en 2006 en Allemagne où Liu Sola a été en
résidence de 2002 à 2006, à la Maison des Cultures du Monde de
Berlin (4). La
chorégraphie de la mise en scène est signée Chiang Ching,
assistée du chef
opérateur Lü Yue
(吕乐),
deux artistes qui lui sont proches : la même année 2006, elle a
aussi signé la musique du film de Lü Yue « Thirteen Princess
Trees » (《十三棵泡桐》)
(5).
Thème musical
principal de « Thirteen Princess Trees »
Le livret de « Fantasy
of the Red Queen» est dans la continuation de l’histoire
de la famille Ji : histoire mythique d’une révolutionnaire qui
accède au pouvoir avec l’aide d’hommes puissants, traité de
façon stylisée et symbolique pour couvrir tout un pan d’histoire
chinoise et illustrer le thème de l’illusion du pouvoir. En six
actes, l’opéra mêle des formes d’opéra chinois, avec des
éléments du langage musical propre à Liu Sola. Ce sont les
musiciens, et la musique qui génèrent l’action sur la scène,
avec un climax dramatique à l’acte cinq, celui de la Révolution,
où les musiciens restés seuls marchent au rythme des percussions
qui structurent la scène.
En mai 2009, en hommage
à sa mère, elle crée l’opéra « The Afterlife of Li Jiantong
» (《自在魂》),
commissionné par le Barbican Centre de Londres et le Danish
Royal Opera, et interprété par le Theatre of Voices sous la
direction de Paul Hillier. C’est une œuvre, qui, étonnamment, a
des accents de Benjamin Britten….
En 2010, Liu Sola est
revenue s’établir à Pékin. En 2011, elle a publié un nouveau
roman : « Passion. Malédiction » (《迷恋·咒》).
Ecrite avec l’humour bien connu de l’auteur, l’histoire se passe
à Manhattan, et brasse les thèmes qui lui sont chers : amour (et
petite musique de l’amour), musique (et amour de la musique),
mort (et malédiction de la mort)…
Passant sans cesse de
la littérature à la musique, et vice versa, elle a écrit un
article (7) pour expliquer comment elle conçoit ces deux
amours : l’un – la musique – comme une folle passion, vous
entraînant sur des chemins de traverse inconnus et vous donnant
l’impression d’une jeunesse éternelle, l’autre – la littérature
– comme un amour de couple assis, bavard impénitent, veillant au
quotidien dans un réalisme sans aspérité - les deux venant
subtilement se compléter …
Passion. Malédiction
Notes
(1) Toutes les
personnes qui avaient de près ou de loin favorisé la publication
du livre en subirent les contrecoups : l’éditeur bien sûr, mais
aussi le vice-Premier Ministre Xi Zhongxun (习仲勋), père du Premier Ministre actuel Xi Jinping (习近平),
qui fut démis de ses fonctions.
(2) De manière
significative, le titre est une référence à la chanson des
Beatles « Yellow Submarine » :
So we sailed on to
the sun,
Till we found the sea green,
And we lived beneath the waves,
In our yellow submarine,
….
As we live a life
of ease,
Every one of us… has all we need,
Sky of blue… and sea of green.. In our yellow
submarine…
(3) « La neige au
milieu de l’été » ou « L’injustice faite à Dou’E » (《窦娥冤》)
d’après une pièce zaju de l’époque Yuan de Guan Hanching
(关汉卿).
Voir le film éponyme de
Zhang Xinshi (张辛实) : …………
Quant la
chorégraphe Chiang Ching (dont le nom s’écrit en chinois avec
les mêmes caractères que celui de la femme de Mao), c’est une
personnalité de la danse moderne, née en 1946, qui a introduit
en Chine la danse nu pieds promue par Isadora Duncan.
(4) Haus
der Kulturen der Welt, Berlin : un centre d’art contemporain non
européen et d’échanges culturels internationaux.
1985 Tu n’as pas
d’alternative《你别无选择》-
Littérature du peuple《人民文学》 1985
Blue Sky, Green Sea《蓝天绿海》-
Littérature de Shanghai《上海文学》 1986 A
la recherche du roi des chanteurs《寻找歌王》-
Zhongshan《钟山》
1991 Chaos et caetera
《混沌加哩格楞》-
Hong Kong Breakthrough Ed.《香港突破出版社》
Romans 长篇小说
2003 Female Purity Soup
《女贞汤》-
Ed. des lettres et des arts de Haifeng《海峡文艺出版社》
2011 Passion. Malédiction《迷恋·咒》
-
Editions des écrivains 《作家出版社》
Nouvelles courtes 短篇小说
1986 Histoire
superflue《多余的故事》-
Shouhuo《收获》 1986
Caractère《字》-
Zhongshan《钟山》 1987 La
piste《跑道》-
Shouhuo《收获》 1987 La
dernière araignée《最后一只蜘蛛》-
Littérature de Pékin《北京文学》 1989 Un
homme dans la foule《人堆人》-
Jintian《今天》 1992
Rêve d’Eden《伊甸园之梦》-
Jintian《今天》 1995
Histoire d’une rue de Hong Kong《香港一条街的故事》-
Minzhu zhongguo《民主中国》
Traductions
- en anglais :
1994 Chaos and All
That《混沌加哩格楞》-
Trad. par Richard King, University of Hawai Press
- en français :
2006 La grande île des
tortues-cochons 《大继家的小故事》-
Trad. par Sylvie Gentil, éd. du Seuil.