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Annie Baobei 安妮宝贝

Présentation 介绍

par Brigitte Duzan, 04 mai 2011

 

Originaire de Ningbo, dans le Zhejiang (浙江宁波), de son vrai nom Li Jie ((励婕), Annie Baobei (安妮宝贝) est née le onze juillet 1974.

 

Elle fait partie de ces jeunes écrivains, nés sur les pages du web, qui ont pendant une dizaine d’années représenté tout au plus un phénomène de société, mais qui s’imposent maintenant comme des acteurs à part entière du monde littéraire chinois et lui apportent comme une cure de jouvence

 

« J’écris pour des âmes sœurs » a-t-elle dit. Or, elles sont des millions, ces âmes sœurs, qui se précipitent aujourd’hui pour acheter chacun de ses nouveaux titres. Annie Baobei est une star de la littérature qui sait se vendre et faire parler

 

Annie Baobei (安妮宝贝)

d’elle. Mais, en dépit de tout ce qu’on peut lui reprocher, comme à ses pairs de la nouvelle littérature,

c’est aujourd’hui un auteur en plein épanouissement.

 

Premiers écrits sur internet

 

Annie Baobei était une petite employée de banque quand elle a commencé à écrire des histoires sur un ordinateur acheté d’occasion et les a postées sur internet. C’était en 1998, elle devint aussitôt célèbre, auprès de jeunes du même âge.

 

Ses histoires traitaient de séparation, d’errance et de recherche d’identité, et, de manière générale, des problèmes de jeunes confrontés, dans le monde urbain d’aujourd’hui, à des changements tellement rapides qu’ils en sont désorientés et ont du mal à trouver un équilibre.

 

Un exemple caractéristique est « Juillet et Ansheng » (《七月和安生) : Juillet est le nom d’une collégienne, issue d’une famille aisée, et Ansheng celui d’une de ses camarades de classe qui l’admire énormément. La sage Juillet, suivant les désirs de sa famille, entre à l’université, tandis qu’Ansheng, qui a des dons de musicienne, forme un petit ensemble avec lequel elle part donner des représentations ici et là. Quand Juillet a de nouveau de ses nouvelles, c’est pour apprendre qu’elle est enceinte. Mais, peu de temps après, Ansheng meurt dans un typhon. Juillet recueille et élève son enfant.

 

Le nom même des deux personnages montre bien que c’est une histoire très personnelle : juillet est le mois de naissance d’Annie Baobei, le premier caractère d’Ansheng est aussi le premier caractère de

 

« Au revoir Vivian » (告别薇安)

 

son nom de plume. Quand aux deux protagonistes, elles représentent ses deux aspirations conflictuelles, qui sont aussi celles de tout jeune, comme elle, démarrant dans la vie : désir d’une vie rangée et conforme aux idéaux familiaux, et désir de poursuite de ses talents artistiques.

 

Annie Baobei a été aidée par son succès sur internet : en 1999, ses parents ne voulant pas qu’elle démissionne de son poste à la banque, elle a quitté sa famille et opté pour une vie indépendante, faisant de la publicité pour vivre et tenant en même temps sur internet une rubrique qui accrut sa notoriété. A la fin de l’année, elle partit s’établir à Shanghai pour travailler dans une société d’internet.

 

C’est le 1er janvier 2000 que fut publié son premier recueil de nouvelles : « Au revoir Vivian » (告别薇安), déclenchant aussitôt l’enthousiasme… et une vague de versions piratées. Annie Baobei était lancée.

 

Un écrivain à succès

 

Dix ans plus tard, Annie Baobei est devenue l’un des écrivains chinois les plus prolifiques et les mieux payés, l’un des plus rentables aussi.

 

En mai 2000, elle crée un premier magazine sur internet, dans le cadre de la société qui l’emploie, et en rédige la rubrique de mode. Mais, début 2001, après avoir publié « Août n’est pas encore fini » (八月未央), elle quitte la société pour se consacrer à l’écriture de romans. En août, justement, elle déménage à Pékin.

 

En septembre, elle publie le roman « Les fleurs de l’autre rive » (《彼岸花》), tandis que son premier recueil de nouvelles sort à Hong Kong et Taiwan.

 

 « Les fleurs de l’autre rive » (《彼岸花》)

 

 « Iles des roses » (蔷薇岛屿)

 

En septembre 2002, elle s’ouvre vers d’autres formes artistiques, et publie un livre qui allie une vingtaine de textes à des photos prises lors de périples à Shanghai, Pékin, Hong Kong, au Vietnam et au Cambodge. Le livre

s’intitule « Iles des roses » (蔷薇岛屿).

 

En janvier 2004 sort un nouveau roman intitulé « Deux ou trois choses » (《二三事》). Son écriture mûrit, sa pensée aussi. Le livre est divisé en cinq parties dont les titres sont les noms des cinq personnages principaux dont les destins

s’entrecroisent. L’auteur se livre ici à une réflexion sur les vérités essentielles de l’existence, ces « deux ou trois choses » du titre, et en particulier l’amour, vu comme une émanation de la bonté.

 

Après un recueil d’essais, paru en octobre 2004, elle publie ensuite, en mars 2006, l’un de ses romans les plus populaires : « Lotus » (《莲花》), histoire d’amour située au Tibet. C’est l’histoire de deux jeunes, Shansheng (善生) and Qingzhao (庆昭), qui, s’étant rencontrés par hasard, entreprennent un voyage chargé de souvenirs et d’émotion sur les routes du Tibet, vers le village perdu dans les montagnes de Motuo (墨脱; c’est là que  vit Neihe (内河) que Shansheng a connue dans le passé et dont il reconstitue peu à peu la vie chaotique.

 

Le roman est bâti en flashes back autour d’une histoire centrale, au gré des souvenirs qui émergent au fil du trajet. Les trois personnages sont emblématiques de toute une génération, de ses difficultés d’adaptation et problèmes existentiels dans un pays en profonde mutation, l’image du lotus, qui ne fleurit qu’en se détachant du milieu aquatique où il a poussé, étant évidemment symbolique. Le succès du livre tient en grande partie à l’empathie qu’il a

 

« Deux ou trois choses » (《二三事》)

 

« Lotus » (《莲花》)

 

 suscitée chez les jeunes de cette génération auxquels il s’adressait directement et qui se reconnaissaient dans les personnages. On attend une adaptation cinématographique…

 

En septembre 2007 a suivi un recueil d’essais ‘au fil de la plume’ (素年锦时), puis, en 2009, un ouvrage collectif original et plein d’humour : « Principes d’une vie heureuse » (《选择之道:幸福的生活法则》).

 

Plus récemment, en avril 2009, elle a publié un autre ouvrage original, fruit d’une collaboration interdisciplinaire avec un musicien, le pianiste et compositeur de chansons Yan Yue (闫月), et le photographe Hansey. L’œuvre se présente comme une nouvelle ‘de taille moyenne’ (中篇小说) intitulée « Lune » (《月》), illustrée par des photos et accompagnée d’un CD. Elle a été publiée dans un numéro spécial du magazine « Alice » (爱丽丝).

 

Autant son travail de rédactrice dans divers magazines, internet etautres, que ses expériences de publications alliant diverses formes artistiqueslui ont permis de réfléchir pendant près de dix ans sur le sujet. C’est cette réflexionet ces expériences qui se sont traduites par la création, en mars 2011, d’un nouveau magazine littéraire fondé sur les mêmes principes, « Da Fang » (《大方》), malheureusement interdit au bout de deuxnuméros.

 

« Lune » (《月》)

   
 

 

« Principes d’une vie heureuse »

(《选择之道:幸福的生活法则》)

 

 

A lire en complément :

 
- Da Fang, le nouveau magazine littéraire d’Annie Baobei

 
- L’article de Bernard Mialaret, axé plus spécialement sur lestraductions en anglais de ses œuvres :
http://mychinesebooks.com/franni-baobei-une-fleur-dans-la-pnombre/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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