Shi Tiesheng nous a
quittés
par Brigitte Duzan, 6 janvier
2011
Shi Tiesheng (史铁生)
est décédé d’une hémorragie cérébrale dans la nuit du 30
au 31 décembre dernier, à l’hôpital
Xuanwu de Pékin.
Il a eu un
malaise après le traitement de dialyse que nécessitait
son insuffisance rénale ; tombé dans le coma, il a été
emmené d’urgence à l’hôpital, mais ne s’est pas
réveillé. Il n’avait que cinquante neuf ans.
La souffrance
fut son lot quotidien après qu’une paralysie des jambes
l’eut confiné dans une chaise roulante dès l’âge de
vingt et un ans, puis qu’une maladie des reins l’eut
obligé à une dialyse régulière.
La souffrance et la
mort sont d’ailleurs des thèmes récurrents dans son œuvre, mais
sans que jamais elles n’y prennent un accent doloriste.
C’étaient plutôt chez lui deux connaissances familières avec
lesquelles il avait appris à vivre, et qu’il nous dépeignaient
avec une philosophie sereine qui ne pouvait laisser personne
indifférent.
« La maladie est ma
profession, a-t-il dit, l’écriture mon occupation à temps
partiel. »
Le 4 janvier, dans le
quartier d’artistes 798 à Pékin, a eu lieu une manifestation
commémorative qui a réuni un millier de personnes. Dans la haute
tradition des hommages aux grands hommes disparus ont été
disposés sur un mur du souvenir, autour de sa photo, des
témoignages émus ornés de roses rouges.
La présidente de
l’Association nationale des écrivains de Chine, Tie Ning, est
venu en personne rendre à l’écrivain son hommage
personnel : « condamné à une chaise roulante, a-t-elle dit, il
avait une gentillesse et une profondeur de pensée qui lui
faisaient appréhender la vie avec plus d’acuité que les gens
ordinaires. »
La tristesse palpable
qui planait sur l’assemblée était le meilleur hommage que l’on
pouvait lui rendre ; chinese shortstories s’y joint, a
posteriori.
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