Actualités

 
 
 
     

 

 

Festival VoVf : Table ronde du dimanche 4 octobre 2020

Nouvelles chinoises, nouvelles persanes

par Brigitte Duzan, 1er octobre 2020

 

Le phénix est l’un des plus anciens symboles chinois, représenté très tôt sous un double aspect, masculin feng et féminin huang , devenant « le roi des oiseaux » fenghuang 鳳凰: mais restant symbole féminin, de l’impératrice. De même, le simorgh, cet oiseau persan légendaire, peut aussi bien se traduire au féminin, la simorgh, comme l’a fait Leili Anvar dans sa traduction du Cantique des oiseaux. Ces deux oiseaux fabuleux ont bien d’autres points communs, tel celui de se consumer dans les flammes pour renaître de leurs cendres.

 

Bien plus, après l’invasion de Baghdad par les Mongols en 1258 de notre calendrier, une grande partie de l’Iran et de l’Iraq étant passée sous domination mongole, les contacts et échanges culturels se sont accrus entre la Perse et la Chine [1], ce qui s’est traduit dans les arts islamiques de la période. C’est ainsi que la simorgh s’est trouvée représentée par les peintres persans sous les traits d’un phénix.

 

 

 

Les littératures persane et chinoise, et les nouvelles en particulier, ont une histoire qui les rapproche tout autant. Dans les deux cas, il s’agit de littératures de vastes empires, la littérature moderne ayant émergé au début du 20e siècle, de situations politiques très semblables : en Iran, après la Révolution constitutionnelle de 1906, en Chine des conséquences de la Première guerre mondiale, après la chute de l’Empire. Et dans les deux cas, dans un contexte de désir contrarié de modernisation (sous les Qadjar en Iran, sous les Qing en Chine, deux dynasties en fin de course), et sous la forme de nouvelles.

 

Le père de la nouvelle persane moderne est réputé être Mohammad Ali Jamalzadeh, avec une première nouvelle publiée en 1916. Le père de la littérature moderne chinoise est Lu Xun, avec la nouvelle « Le Journal d’un fou » publiée en 1918. Dans les deux cas, le renouveau littéraire passe par la modernisation – la « démocratisation » - de la langue, en Chine en particulier où le baihua, ou langue vernaculaire, se substitue à la langue classique.

 

Dans les deux cas, en outre, la forme courte est la source originelle, sur fond de littérature classique où domine la poésie : les contes populaires en littérature persane, les contes à teneur fantastique dits chuanqi en littérature chinoise, tous deux évoluant à partir du 8e siècle, sous les Abbasides d’un côté, les Tang de l’autre.

 

Un autre trait notable est l’émergence parallèle, au début du 20e siècle, d’une littérature féminine liée à l’apparition de la femme sur la scène publique, hors des confins de la maison et de la famille, en lien avec la modernisation de la société. Dans les deux cas, la femme s’émancipe et écrit pour se faire entendre, et plus seulement de la poésie : des nouvelles. Le phénomène est plus lent en Iran qu’en Chine : les premières nouvelles écrites par une femme, Simin Daneshvar, sont publiées en 1948, alors que les écrivaines en Chine publient dès le début des années 1920. Mais la littérature féminine est aujourd’hui en plein essor, dans le domaine chinois comme dans le domaine persan,

 

Derrière ces points communs – auxquels il faudrait ajouter les contraintes de la censure - se cachent bien sûr d’énormes différences. Il est donc intéressant de pouvoir débattre du sujet, d’autant plus qu’on a trop souvent tendance à privilégier le roman et qu’il est très rare d’aborder la nouvelle sous cette double approche.

 

 

Le programme du festival du 2 au 4 octobre :

https://www.festivalvo-vf.com/programme-2020/

En raison des mesures sanitaires, le public pour chaque événement est restreint.

Il faut s’inscrire, sur le site https://www.eventbrite.fr/o/festival-vovf-11265092495

Pour la première fois, pour ceux qui n'auront pu obtenir une place, toutes les rencontres de la salle 1 du Château du Val Fleury seront retransmises en direct sur la chaîne Youtube du festival et tous les enregistrements audio de chaque rencontre seront rapidement disponibles sur le soundcloud et sur le site du festival.

 

 


[1] Contacts et échanges qui ont une longue histoire.

 

 

 

 

     

   

 

 

 

 

     

 

 

 

© chinese-shortstories.com. Tous droits réservés.