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Adaptation au cinéma d’une nouvelle de Liu Cixin : « The Wandering Earth »

par Brigitte Duzan, 22 février 2017  

 

L’adaptation cinématographique du roman « Les Trois Corps » (《三体》) est toujours en panne [1], sans que l’on sache exactement la nature des problèmes rencontrés, qui semblent être plutôt de nature technique, entraînant des dépassements budgétaires.

 

Mais Liu Cixin (刘慈欣) est maintenant à la mode, et les amateurs d’adaptations de ses

 

Le projet de film : Liu Cixin à droite, le réalisateur Frant Gwo à gauche

œuvres nombreux. C’est l’une de ses nouvelles, finalement, qui est en cours d’adaptation : « The Wandering Earth » (《流浪地球》), nouvelle de science-fiction de longueur "moyenne" (中篇科幻小说) couronnée du prix Galaxy en 2000.

 

Une nouvelle de hard sci-fi

 

La nouvelle est en quatre parties [2] et débute par une phase critique où le soleil est en train de se transformer en géante rouge bien avant la période normalement prévue, ce qui menace l’humanité d’extinction.

 

L’histoire est contée par un narrateur anonyme qui commence ainsi :

我没见过黑夜,我没见过星星,我没见过春天、秋天和冬天。 我出生在刹车时代结束的时候,那时地球刚刚停止转动...

Je ne connais pas la nuit et n’ai jamais vu d’étoiles, n’ai jamais vu non plus de printemps, d’automne ou d’hiver. Je suis né à la fin de la période de freinage, alors que la Terre venait de s’immobiliser.

 

The Wandering Earth, la nouvelle

 

La Terre est à la veille d’être engouffrée dans une gigantesque onde d’hélium émise par le soleil. Plutôt que de construire des engins spatiaux pour transporter les hommes sur une autre planète, le gouvernement terrestre a fait construire douze mille engins surpuissants pour propulser la Terre en dehors du système solaire, vers Proxima du Centaure, un voyage interplanétaire qui ne prendra pas des siècles, mais une centaine de générations.

 

Le problème est que ces engins dégagent une chaleur épouvantable, qui oblige les hommes à porter des tenues protectrices quand ils doivent sortir, et c’est encore pire quand il pleut. En outre, la chaleur a fait fondre les glaces des pôles, et l’océan a englouti les deux tiers des villes des littoraux, dont Shanghai. Mais ces engins sont le seul espoir qu’il reste aux hommes d’échapper à l’anéantissement.

 

La nouvelle part de faits récusés par la science, et les astronomes en particulier : d’une part le soleil ne se transformera en géante rouge que dans quelque cinq milliards d’années, ce qui laisse une marge, et la lumière met plusieurs milliers d’années pour s’en échapper. Par ailleurs, Proxima du Centaure, d’après les astronomes, est effectivement l’étoile la plus proche du Système solaire, d’où son nom, mais c’est une naine rouge, dont les caractéristiques sont loin de celles du Soleil, et peu propices à éclairer ou réchauffer la Terre, même tout près.

 

Mais, une fois acceptées les données posées par Liu Cixin, comme on accepte la mutation en insecte de Gregor Samsa dans « La Métamorphose », ou la couleur de la Jument verte chez Marcel Aymé, la nouvelle dégage un sentiment de tristesse et une certaine poésie, qui viennent du narrateur et des personnages autour de lui ; elle a aussi du rythme, mais surtout elle est imbue du sentiment, très présent dans les nouvelles de Liu Cixin, de la fragilité de notre planète dans l’univers, et de la vulnérabilité de l’humanité qui en découle. On pourrait presque réduire la nouvelle à une réflexion mélancolique sur l’homme et sa place dans l’univers.

 

On comprend qu’on ait voulu l’adapter au cinéma.

 

Adaptation au cinéma

 

La nouvelle va demander des effets spéciaux importants, mais sans doute moins que « Les trois corps ». Ce qui surprend dès l’abord, tout autant que pour l’adaptation cinématographique du roman, c’est le choix du réalisateur, qui n’a guère fait ses preuves jusqu’ici pour justifier d’une telle entreprise.

 

Comme celui des « Trois corps », il est quasiment inconnu. Il s’appelle Frant Gwo (郭帆) ; né en décembre 1980, il est sortien 2009 de l’Institut du cinéma de Pékin. Il a principalement deux films à son actif : un film coréalisé avec Li Yang (李阳), « Lee’s Adventures » (《李献计历险记》), sorti en octobre 2011, et un film qui a eu un certain succès au box-office en avril 2014 car il est dans le genre ‘amours d’étudiants’ à la mode, avec deux acteurs à la mode aussi : « My Old Classmate » (《同桌的你》), avec Zhou Dongyu (周冬雨) et Lin Gengxin (林更新) [3].

 

Ce choix de réalisateur semblerait indiquer une volonté de traiter le sujet de la nouvelle, et donc la science-fiction, comme un sujet destiné aux jeunes, qui forment aujourd’hui de toute façon le principal public du cinéma chinois. On court le risque de perdre le plus profond de la nouvelle.

 

 


[1] Le film est en panne depuis la mi-2016 et la sortie est maintenant repoussée à une date indéfinie.

  Voir : http://www.chinesemovies.com.fr/actualites_270.htm

[2] 1. L’âge du freinage 刹车时代2. L’âge de l’exode 逃逸时代

3. La rébellion 叛乱 4. L’âge de l’errance流浪时代

Texte : http://www.kanunu8.com/book3/6639/

[3] Trailer :

 

 

   

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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