Nouvelles très courtes (小小说)

 
 
 
     

 

 

Guo Moruo  « Lui »

郭沫若《他》

par Brigitte Duzan, 23 septembre 2016 

 

近来欧西文艺界中,短篇小说很流行。有短至十二三行的。不知道我这一篇也有小说的价值么?

天色已晚,他往街上买柴去了。

回来的时候,他在街道上看见那位二八的月娥1,披着件缟素的衣裳2,好象是新出浴的一般,笑向着他;月娥旁边还有许多的明眸3,也在向他目礼,他默默地望着他们叹道:啊,光呀!爱呀!我要怎样才能够修积得到呀?修积得道的人真是幸福呀!……

  ——喔,K君!你往哪儿去来?

  招呼他的人是他的同学N君。他从mantle底下露出一个柴来示N,说道:你又遇着我买柴!N笑。他也笑。他问N,你要往哪儿去?

  ——往Y君处去耍,你不同去么?

  ——不,抱起柴拜客?

  ——你不往那儿去耍么?

  ——不,我要回去了。

  他们在H神社4分了手。他又默诵起他自家的诗来。

 

1. 月娥 yuè’é = 月中仙子 évocation de Chang’e (嫦娥), personnage mythique qui, séparée de son mari l’archer Houyi 后羿, réside sur la lune dans un vaste palais de jade.

2. 缟素 gǎosù vêtement de soie blanche (de deuil) 衣裳 yīshang vêtements

3. 明眸 míngmóu pupille brillante 

4. 神社 shénshè sanctuaire

 

Ces derniers temps, la nouvelle est très en vogue dans les cercles littéraires et artistiques occidentaux. Il y en a même de très courtes, d’une douzaine de lignes tout au plus. Mais je me demande si mon récit ci-dessous mérite le nom de nouvelle.

 

Comme la nuit tombait, il sortit acheter du petit bois pour faire du feu.

En rentrant chez lui, il vit au-dessus de la rue la jeune beauté de la lune ; enveloppée dans une robe de soie

 

La jeune beauté de la Lune, toute de blanc vêtue…

blanche toute simple, elle semblait juste sortie de son bain, et lui sourit. Il y avait à côté d’elle de nombreuses belles femmes aux yeux brillants qui lui décochèrent aussi des œillades, et il les observa en soupirant : ah ! lumière ! amour ! ah ! comment pourrais-je me rendre digne de vous ? comme ils sont heureux, ceux qui ont gagné vos faveurs ! ……….

 

Ah mais c’est le sieur K ! et où vas-tu donc ainsi ?

Celui qui l’apostrophait de la sorte était son ancien camarade de classe N. Il souleva le bas de son manteau pour lui montrer le bois qu’il rapportait et lui dit : tu me rencontres toujours quand je reviens d’acheter du bois.

N sourit. Lui aussi, et demanda à N où il allait.

-          Je vais voir Y, viens avec moi.

-          Non, je ne peux pas y aller avec ce bois.

-          Tu ne veux vraiment pas venir un moment chez lui ?

-          Non, il faut que je rentre à la maison.

 

Il se séparèrent devant le sanctuaire de H, et il continua en silence, en se récitant ses poèmes à voix basse.

 

 

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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