Yan Fu
嚴復/严复
1854-1921
Présentation
par Brigitte
Duzan, 18 septembre 2023
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Yan
Fu |
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Écrivain et
surtout traducteur, Yan Fu a été un membre important du
mouvement réformiste de la fin du 19e siècle : ses
traductions ont fait connaître en Chine les grands penseurs
occidentaux comme Thomas Henry Huxley, Adam Smith ou Herbert
Spencer ; son style même, dans une langue classique recherchée,
a contribué à la notoriété de ses traductions et à l’ influence
qu’elles ont exercée sur les grands esprits réformateurs de
l’époque, dont
Liang Qichao (梁啟超)
et son maître Kang Youwei (康有为).
Son parcours montre à quel point les questions de traduction et
de langue étaient importantes dans le contexte de crise de la
fin des Qing.
1. Éléments
biographiques
o
De la marine à la réforme
Yan Fu est né
début janvier 1854 dans une famille de notables de Fuzhou qui
exerçaient la médecine. Yan Fu est bien sûr très jeune orienté
vers la préparation des examens mandarinaux, mais la mort de son
père en 1866 change la situation familiale, et les plans le
concernant. L’année suivante, en 1867, il entre au collège de
l’Arsenal de Fuzhou (福州造船厂),
fondé dans le cadre d’un projet français d’assistance à la Chine
pendant le Mouvement d’auto-renforcement (自强运动)
né des défaites subies par la Chine et du sentiment de crise
nationale qui en était résulté : l’Arsenal était l’un des
projets phares du mouvement, lancé sous l’égide du tout-puissant
vice-roi du Zhili Li Hongzhang (李鴻章)
qui venait de réprimer la Révolte des Taiping avec l’aide
logistique des Britanniques. La construction, dont celle d’un
Collège naval, commença en 1866, sous la direction de deux
officiers de la marine française,
Yan Fu y
reçoit un enseignement occidental. Il y étudie aussi bien
l’anglais que la géométrie, l’algèbre, la physique et la chimie
ainsi que l’astronomie et la navigation. C’est un premier
contact décisif avec la science occidentale.
Après son
diplôme de fin d’études en 1871, il passe cinq ans en mer, sur
un bateau-école puis sur un navire de guerre. En 1877, il part
étudier deux ans en Angleterre, au Royal Naval College de
Greenwich. Il fait alors connaissance de l’ambassadeur chinois
Guo Songtao (郭嵩焘),
l’un des premiers diplomates envoyés en poste à l’étranger à la
suite de la Restauration Tongzhi (同治中兴).
Durablement marqué par ses idées réformatrices, Yan Fu en
restera un proche.
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Guo Songtao, portrait
par le photographe
Walter Goodman, 1877 |
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À son retour
en Chine, néanmoins, n’ayant pas passé les examens mandarinaux
qui étaient encore la voie royale pour entrer dans
l’administration impériale, il ne peut pas entreprendre une
carrière de fonctionnaire. Il obtient un poste de professeur au
Collège de l’Arsenal de Fuzhou, puis à l’École navale Beiyang à
Tianjin – école liée à la flotte Beiyang (北洋舰队)
dont le budget était financé par un « fonds de défense
maritime » partagé avec l’École militaire de Tianjin fondée en
1885 par Li Hongzhang. Yan Fu reste donc dans un milieu tourné
vers l’Occident, en faveur d’une modernisation inspirée de la
technologie occidentale.
C’est à la
suite de la défaite chinoise à l’issue de la première guerre
sino-japonaise, en 1895, qu’il devient célèbre pour ses
traductions de grands textes de la pensée occidentale moderne,
assorties de ses explications et commentaires selon une
tradition bien chinoise. Il influe ainsi sur les esprits, dans
un sens réformateur, bien mieux que s’il avait suivi une
carrière politique.
o
Engagement en faveur des réformes
En 1895, il
s’engage pourtant dans l’arène politique en adhérant au
mouvement Gongche Shangshu (公车上书)
ou « Pétition au trône des candidats aux examens impériaux »
,
mouvement opposé au traité de Shimonoseki qui, le 17 avril,
avait conclu la guerre sino-japonaise de manière désastreuse
pour la Chine : elle devait céder au Japon les îles Pescadores
(ou Penghu
澎湖群岛),
la péninsule du Liaodong et l’île de Taiwan, lui payer de
lourdes indemnités de guerre et lui ouvrir les ports de
Chongqing, Suzhou et Hangzhou… La Pétition demandait
l’abrogation du traité, la modernisation de l’armée impériale et
la mise en œuvre de réformes. Les signataires de la Pétition se
retrouvent peu de temps plus tard dans les rangs des promoteurs
de la Réforme des Cent Jours. Le mouvement est considéré comme
le premier mouvement politique en Chine ; il est précurseur de
celui du 4 juin 1919, lui aussi motivé par un traité.
Il n’eut aucun
effet direct mais entraîna une prise de conscience de
l’importance de réformes, suscitant une floraison de journaux
pour les promouvoir. En 1895, Yan Fu lui-même devient rédacteur
en chef d’un journal, le Zhibao (《直报》),
fondé au début de l’année à Tianjin par un Allemand, Constantin
von Hannecken, qui avait été conseiller de Li Honghzang – le nom
du journal est une référence à la province du Zhili (直隶)
dont Li Hongzhang était le vice-roi. C’est dans ce journal que
Yan Fu publie alors plusieurs articles en faveur de
réformes, dont :
- De l’urgence
des changements dans le monde (《论世变之亟》),
- Les sources
de la force (《原强》),
- Réfutation
de Han Yu (《辟韩》),
- Propos
décisifs sur le salut national (《救亡决论》).
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Publication du Yuanfu
dans le journal Zhibao |
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En 1896, il
fonde le Bureau de la langue russe (俄文馆)
qui est en fait la première école de russe en Chine, précurseur
du Collège de langues Tongyi (通艺学堂)
fondé en 1897 à Pékin. En 1897, Yan Fu participe, avec son ami
Xia Zengyou (夏曾佑)
,
à la fondation et à la rédaction du Guowen Bao (《国闻报》)
basé à Tianjin mais possédé par un Japonais, et édité avec des
fonds du gouvernement japonais pour promouvoir une action
conjointe de la Chine et du Japon en opposition aux puissances
occidentales.
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Le Guowen Bao,
octobre 1897 |
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Dans
l’éditorial du numéro du 10 novembre 1897, les deux rédacteurs
annoncent un supplément littéraire. C’est là que Yan Fu va
publier en feuilleton sa première grande traduction, celle de
l’ouvrage de Huxley publié en 1893 : « Evolution and Ethics »…
Mais le journal est interdit en septembre 1898 pour avoir publié
des détails du coup par lequel Cixi avait balayé les réformes et
pris le pouvoir.
Début 1900,
quand la Révolte des Taiping se propage à Tianjin, Yan Fu va se
réfugier à Shanghai. En 1901, il retourne à Tianjin pour prendre
en charge le Bureau des affaires minières de Kaiping (开平矿务局),
mais dès l’année suivante il va à Pékin où il est nommé à la
tête du Bureau de traduction et d’édition (译书局)
rattaché à l’Université de la capitale (京师大学堂)
.
Mais il en démissionne en 1904 et repart à Shanghai. À la fin de
l’année, il part à Londres régler un litige concernant le Bureau
des affaires minières ; en 1905, il y rencontre Sun Yat-sen
lui-même de passage à Londres.
À son retour à
Shanghai, il participe à la fondation de l’école qui deviendra
l’université Fudan (复旦大学),
école dont il devient le doyen. En janvier 1910, la cour
impériale lui décerne le titre de Jinshi honoraire en
lettres et arts (文科进士)
– c’est-à-dire le niveau supérieur des examens impériaux.
o
Retour au passé après la révolution de 1911
Après la
Révolution de 1911 et la fondation de la République, Yan Fu est
nommé en 1913 conseiller diplomatique et juridique du président
Yuan Shikai. En janvier 1914, il est élu membre de la Conférence
constitutionnelle (约法会议)
et en mai membre du Sénat (参政院).
En juillet 1915, avec Liang Qichao et dix autres personnes, il
est nommé membre de la commission chargée de rédiger la
constitution. En août, il soutient l’initiative en faveur de
l’établissement d’une commission préparatoire pour le changement
du système étatique.
Le chaos de
l’époque, cependant, pousse Yan Fu à revenir vers un
conservatisme garant de stabilité sociale, et en l’occurrence
vers Confucius et Mencius. Après la mort de Yuan Shikai en 1916,
Yan Fu s’enfuit à Tianjin par peur des représailles. En 1917, il
se déclare, comme Kang Youwei, en faveur du mouvement de
Restauration de l’empereur initié par Zhang Xun (张勋复辟).
Mais le mouvement est traité comme une rébellion et écrasé manu
militari.
En 1918, Yan
Fu est attaqué par les intellectuels du
mouvement du 4
mai.
Deux rédacteurs de la revue « La Jeunesse » (Xin qingnian《新青年》),
le phonéticien Qian Xuantong (钱玄同),
promoteur du baihua, et le poète et linguiste Liu Bannong
(刘半农),
le critiquent pour son style, mais aussi pour son appropriation
et sa « naturalisation » des concepts occidentaux, arguant que,
si Huxley et Montesquieu étaient vivants et lisaient le chinois,
ils lui intenteraient un procès. C’est une autre Querelle des
Anciens et des Modernes.
Yan Fu,
cependant, est malade et le traitement de son asthme sans effet.
En 1920, il rentre chez lui à Fuzhou et y meurt le 27 octobre
1921.
2.
Traductions, de Huxley à Spencer et Montesquieu
Ses
traductions – une dizaine entre 1894 et 1914 – ont ouvert des
horizons nouveaux aux réformateurs de la fin du 19e
siècle. Elles sont célèbres pour l’importance des œuvres
qu’elles ont fait connaître en Chine à un moment crucial de
crise nationale incitant à des réformes fondamentales, mais
aussi pour la langue concise et élégante utilisée par Yan Fu :
elle a contribué à donner aux textes traduits l’aura de textes
chinois classiques.
o
Tianyanlun : Evolution et éthique
C’est sa
traduction de « Evolution and Ethics » (Tiānyǎnlùn
《天演論》)
de T.H. Huxley, publiée entre 1896 et 1898, qui donne le coup
d’envoi. À un moment où la Chine venait de subir défaite sur
défaite, rébellion intérieure et invasion étrangère, les idées
exposée dans son livre par Huxley, ami de Darwin, de sélection
naturelle et de survie du plus apte (survival of the fittest),
arrivaient à point pour renforcer la volonté de réforme des
intellectuels chinois.
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Tianyanlun |
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Le livre est
une défense de la théorie de l’évolution, Huxley étant connu
comme « Darwin’s Bulldog ». Mais Yan Fu y a aussi trouvé des
idées en faveur d’une réforme sociale, en particulier dans le
domaine éducatif. Par ailleurs, si les humains sont soumis à la
loi de l’évolution, ce sont les principes moraux, selon Huxley,
qui sont la clé du bonheur et du succès de l’humanité. Cette
idéal de réformisme moral correspondait parfaitement à un idéal
de lettré chinois.
Dès le titre,
Yan Fu joue sur les termes pour replacer la théorie de
l’évolution dans un contexte classique bien chinois : ce
tiānyǎn (天演)
par lequel il choisit de traduire l’idée d’évolution fait
référence au changement naturel auquel est soumis le monde des
hommes. Aujourd’hui, le terme est obsolète, évolution se traduit
par
jìnhuà
(进化),
mais avec une idée de progrès, alors que
tiānyǎn
évoque la
soumission aux lois imprévisibles de la nature et du « ciel ».
Yan Fu utilise aussi habilement des expressions tirées du
Yijing, le Livre des changements, comme si la théorie
de l’évolution en était une émanation.
o
Yuanfu : La Richesse des nations
Dans le titre
chinois (Yuánfù
《原富》),
les nations ont disparu, il n’est pas besoin de préciser puisque
c’est la richesse de chacun qui fait la richesse nationale. Ce
que le titre chinois annonce, c’est un discours sur les
origines de la richesse, sur ses sources (Yuán
原).
Car c’est bien ce qui intéressait alors Yan Fu et ses amis
réformateurs : comment redonner à la Chine la richesse sur
laquelle fonder une nouvelle puissance.
D’après son
fils aîné
,
Yan Fu a commencé cette traduction en 1897, à l’âge de 45 ans.
Dans une lettre à l’éditeur de février 1902, il annonce l’envoi
de la préface et espère voir bientôt la traduction imprimée. Il
en a d’abord fait paraître les premiers chapitres en feuilleton
en 1897-1898 dans le supplément littéraire de la revue Guowen
Bao (《国闻报》)
dont il était rédacteur en chef. Puis elle a été publiée en
1901-1902 par le Nanyang Gongxue (南洋公学)
de Shanghai (aujourd’hui Université des communications
Jiaotong).
Il est à noter
que l’édition a été faite dans un style d’impression et de
reliure traditionnel – et en particulier sans ponctuation. La
réédition par la Commercial Press de Shanghai en 1931 a repris
une ponctuation à l’ancienne, avec juste des points à la fin des
phrases. Le plus intéressant est que cette édition comportait un
glossaire de 80 pages donnant des explications, et leur
équivalent anglais, des principaux termes chinois qui posaient
des problèmes de compréhension car non seulement le texte de
Huxley n’était pas d’un abord facile pour un lecteur chinois,
mais en outre les termes nouveaux étaient déroutants. Comme l’a
dit un des amis de Yan Fu lui écrivant après avoir lu sa
traduction : « Le style est si élégant qu’on pourrait se
demander si cela n’a pas été écrit par un ancien lettré… Mais je
me demande s’il n’aurait pas été mieux de traduire dans un style
plus coulant pour que ce soit plus facile à comprendre par tout
le monde. »
La Commercial
Press a édité au total une « Collection de traductions de Yan
Fu » qui comporte les huit principales traductions de textes
occidentaux. Cette collection a été rééditée par la Commercial
Press à Pékin avec une ponctuation à l’occidentale et le
glossaire présenté en notes en bas de page.
o
Style et commentaires
Les autres
traductions présentent les mêmes caractéristiques, et reflètent
les mêmes efforts pour adapter le texte original à l’intention
du traducteur, dans un but didactique en ligne avec la tradition
chinoise. Ainsi le titre du traité de John Stuart Mill « On
Liberty » est traduit « Des limites des droits entre groupe et
individu » (Qúnjǐ quánjiè lùn
《群己权界论》),
avec l’accent mis sur le problème bien chinois du rapport de
force entre l’individu et la collectivité. Quant à l’ouvrage
d’Edward Jenks « A History of Politics », il est devenu un
« Rapport complet [ou « commentaires exhaustifs » ] sur la
société » (Shehui tongquan 《社会通诠》)
; or Jenks était un juriste qui écrivait sur l’histoire des lois
et leur rapport avec la politique au sens historique où la loi
devient source d’ordre social. Yan Fu en a retenu ce qui
l’intéressait.
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Le Qúnjǐ quánjiè lùn,
éd. illustrée 1904 |
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Le Qúnjǐ quánjiè lùn,
éd. 2009 |
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Shehui tongquan,
éd. Commercial Press déc. 1903 |
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Comme Liang
Qichao critiquait Yan Fu pour la langue qu’il utilisait, Yan Fu
lui a répliqué que les textes qu’il traduisait n’étaient pas
faits pour être lus par des écoliers (xuétóng
学童),
mais par les lettrés ayant une culture classique. Liang Qichao,
justement, regrettait que seuls des lettrés ayant lu des
classiques d’avant les Qin puissent comprendre ses traductions :
il prônait la traduction de textes qui puissent profiter aux
écoliers, donc des romans. Mais les lettrés qui étaient le
public de Yan Fu n’étaient attirés par ses traductions que parce
qu’elles étaient traduites dans une langue qui valorisait le
contenu.
Quand il
traduit le « System of Logic » de John Stuart Mill, par exemple,
il adapte deux termes tirés du Yijing, neizhou (内籀)
et waizhou (外籀),
pour traduire « induction » et « déduction » ; ces termes furent
ensuite traduits par guina (归纳)
et yanyi (演绎),
mais Yan Fu, en utilisant des termes de textes classiques pour
traduire des concepts occidentaux, donnait l’impression que les
derniers étaient liés aux premiers, ou qu’ils « existaient
depuis longtemps en Chine » (古已有之).
Cela aidait les conservateurs à accepter les théories
occidentales, comme du sucre pour faire passer un médicament
amer.
Yan Fu a
exprimé son idéal de traduction dans la préface de Tianyanlun :
fidélité, expressivité et élégance (xin, da, ya
信達雅).
C’est devenu par la suite un standard de toute bonne traduction
chinoise. Mais bien sûr, l’élégance, dans son cas, celle des
anciens textes en guwen (古文),
pose le problème de l’accessibilité pour le lecteur moyen de
l’époque, et surtout les jeunes. C’est un style qui sera balayé
par le développement concomitant du baihua (白话),
mais au début du 20e siècle, c’est d’abord par son
style ancien que Yan Fu a gagné l’appréciation des lecteurs.
Au-delà du
style, par ailleurs, ce qui caractérise surtout les traductions
de Yan Fu, malgré sa revendication de fidélité au texte, c’est
qu’il le modifie à sa guise et ajoute ses commentaires
explicatifs, dans la grande tradition classique chinoise.
Au bout du compte, le texte étranger sous sa plume prend une
coloration de texte classique chinois, écrit dans un style
concis et recherché, aussi difficile à comprendre qu’un
classique. En même temps, il a contribué à créer des termes pour
pouvoir traduire au mieux les textes occidentaux ; ses
traductions, en ce sens, restent des modèles, reflétant une
étape dans l’évolution de la langue chinoise vers une langue
moderne, en phase avec le monde, un monde rendu accessible grâce
à la traduction.
C’est aussi
une première étape dans l’histoire de la traduction en Chine.
Yan Fu est en ce sens indissociable de son contemporain
Lin Shu (林紓)
qui, lui, était traducteur littéraire, mais qui a lui aussi
interprété autant qu’il a traduit les grands romans de
littérature étrangère qu’il a contribué à faire connaître.
Principales traductions
T. H. Huxley, Evolution and Ethics : Tiānyǎnlùn
《天演論》,
1898.
Adam Smith, The Wealth of Nations : Yuánfù
《原富》,
1901.
John Stuart Mill, A System of Logic : Mùlè Míngxué
《穆勒名學》,
1902.
John Stuart Mill, On Liberty : Qúnjǐ quánjiè lùn
《群己權界論》,
1903.
Herbert Spencer, The Study of Sociology : Qúnxué Sìyán
《群學肆言》,
1903.
Edward Jenks, A History of Politics : Shehui tongquan 《社会通诠》,
1903.
Montesquieu, De l'esprit des lois : Fǎyì
《法意》,
1904-1909.
Éléments
bibliographiques
- Les
manifestes de Yen Fou, trad. François Houang, Fayard, 1977.
- L’éthique de
l’évolution selon Yan Fu, in : Évolution et civilisation en
Chine. Le darwinisme dans la culture politique chinoise,
Lilian Truchon, Classiques Garnier, 2020, pp. 43-143.
-
Adam Smith and Yan Fu: Western Economics in Chinese Perspective,
Lai Cheng-chung,
San Ming Book, 2022.
-
Compte rendu de « In Search of Wealth and Power, Yen Fu and the
West » by Benjamin Schwartz, Harvard UP, 1964, Revue française
de Science politique, 1965/15-1.
Compte rendu
en ligne :
https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1965_num_15_1_392842_t1_0140_0000_000
-
Yan Fu, Individualism and Social Order: Translating Western
Ideas at the Dawn of the 20th Century, Yang Cui/ Evelyn L.
Forget, conf. Wuhan University, Oct. 2010. Full text :
https://www.researchgate.net/publication/275650092_Yan_Fu_Individualism_and_Social_Order_
Translating_Western_Ideas_at_the_Dawn_of_the_20th_Century
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