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Les grands sinologues français
Paul Pelliot
伯希和
(1878-1945)
Présentation
par Brigitte Duzan, 17 juillet
2022
Philologue,
linguiste, sinologue doublé de tibétologue,
archéologue et explorateur, Paul Pelliot est resté
surtout célèbre pour les manuscrits rapportés de
Dunhuang à l’issue d’une mission de trois ans dans
le « Turkestan chinois », de 1906 à 1909, mais il
serait bien limitatif de s’arrêter là.
Dans sa note biographique le
concernant
,
Nathalie
Monnet, chargée des collections chinoises dans le
département des manuscrits de la BnF, souligne dès
l’abord l’importance exceptionnelle de son œuvre :
« L’œuvre
de Paul Pelliot se compose de plus de huit cents
articles érudits qui constituent une œuvre
protéiforme touchant des domaines très variés. Bien
qu’ils datent de la première moitié du XXe siècle,
ces textes demeurent pour la plupart fondamentaux
pour l’histoire de la Chine, de l’Indochine, de la
Mongolie et de l’Asie centrale jusqu’à l’Iran. »
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Paul Pelliot, « professeur de chinois
», photographie de l’atelier Nadar |
Le personnage lui-même, aussi érudit et savant que courageux et
entreprenant, est tellement hors du commun qu’il est entouré
d’une aura de légende, magnifiée par des anecdotes qui ont la
beauté des évangiles apocryphes tout en étant véridiques
.
De Saint-Mandé à la Chine
Né en septembre 1978 à Saint-Mandé
,
Paul Pelliot se destinait à une carrière diplomatique mais,
après une licence ès lettres et un diplôme de chinois à l’École
des langues orientales vivantes (aujourd’hui INALCO), il est
remarqué par les orientalistes les plus réputés de l’époque, le
sinologue
Édouard Chavannes
et l’indianiste Sylvain Levi, qui le poussent à s’orienter vers
l’étude de l’Asie ancienne.
Première mission
C’est ainsi qu’en 1899, à l’âge
de 21 ans, il est nommé pensionnaire de la Mission archéologique
permanente en Indochine fondée en décembre 1898 à Saïgon par
Paul Doumer ; il a pour tâche de rassembler les documents
fondamentaux de l’histoire de l’Indochine, et tout
particulièrement les textes chinois constituant les plus anciens
textes sur le sujet. Puis, quand la Mission est transformée en
janvier 1900 en École française d’Extrême-Orient (EFEO), il y
est nommé professeur de chinois, en poste à Hanoï.
L’ EFEO l’envoie alors en
mission à Pékin pour y faire l’acquisition d’objets d’art pour
le nouveau musée de l’École ainsi que de livres chinois pour sa
bibliothèque, et il en profite pour prendre des cours de chinois
avec un lettré pékinois. C’est ainsi qu’il se trouve à Pékin le
13 juin 1900 au moment où éclate la révolte des Boxers (义和团起义).
Intervient alors l’un des épisodes de sa vie qui sont entrés
dans la légende, et que l’on pourrait négliger pour être du
domaine du romanesque journalistique s’ils ne révélaient le
caractère du personnage.
Comme le raconte avec un brin d’humour Peter
Hopkirk
,
Pelliot piégé à Pékin
par la Révolte des Boxers s’est trouvé impliqué dans deux
exploits qui lui ont valu autant de critiques que d’éloges. Le
premier a été la capture, avec l’aide de deux matelots, d’un
étendard des Boxers ; dans le journal qu’il a tenu lors de ces
journées mémorables, il a publié une photo de lui arborant ce
trophée de guerre. Mais c’est l’autre exploit qui a été le plus
médiatisé : lors d’un cessez-le-feu temporaire, dans le quartier
des Légations (东交民巷)
,
il escalada une barricade en annonçant qu’il allait prendre un
thé avec les rebelles ; pendant plusieurs heures son sort, dit
Hopkirk, fut discuté par les Européens assiégés et sa vantardise
évidemment condamnée. Finalement il revint en prenant
ostensiblement congé de ses hôtes avec la plus grande
cordialité, les bras chargés de fruits : il leur avait dit,
raconta-t-il, que les Européens avaient le moral, mais que, ce
dont ils manquaient, c’était de fruits frais.
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Le quartier des légations de Pékin en
1912 |
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Cet exploit picaresque lui valut la Légion
d’honneur, mais souligne surtout l’exubérance et la verve du
personnage qui devaient par la suite lui valoir des inimitiés
féroces, de la part de ceux dont il critiqua les œuvres avec cet
art inimitable de se faire des ennemis, comme il le dit lui-même
.
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Une vue du quartier des légations de
Pékin en 1879 (avec encore des maisons d’habitation) |
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Il regagne Saigon en 1901 avec une cargaison
de livres, de peintures et divers objets d’art qui forment le
fonds initial de la bibliothèque et du musée de l’EFEO. C’est
alors que, dans le département de sinologie de l’École, se
développent sous son impulsion des recherches sur la géographie
historique de l’Indochine, à travers les sources chinoises. Ses
propres publications, sur le Cambodge et le « Funan »,
paraissent dans le bulletin de l’École (BEFEO). Au premier
semestre 1904, il y publie un article avec nomenclature
géographique sur « Deux itinéraires chinois de Chine en Inde à
la fin du VIIIe siècle » qui montre la précision de son travail
de recherche philologique
.
A Hué, il inventorie les livres chinois aussi
bien que vietnamiens des collections impériales et en fait faire
des copies qui constituent à leur tour le premier fonds
d’ouvrages vietnamiens de la bibliothèque de l’EFEO. Ce travail
est concrétisé par une autre publication dans le BEFEO, au
dernier trimestre 1904, en collaboration avec le R.P. Cadière :
« Première étude sur les sources annamites de l’histoire
d’Annam »
.
Ébauche d’une idée de
mission dans l’ouest chinois
C’est alors que se profile l’idée d’une
mission d’exploration française dans le « Turkestan chinois », à
la suite des expéditions en Asie centrale d’autres grands
explorateur européens – Allemagne, Royaume Uni et Russie, sans
oublier le Suédois Sven Hedin qui, après quelques aventuriers et
géographes
,
avait dès la fin du 19e siècle, ouvert la voie des
recherches des « cités perdues du désert du Taklamakan » et de
leurs précieux trésors enfouis dans le sable ; ces cités étaient
entourées de légendes qui les peuplaient de fantômes et
d’esprits maléfiques, le désert lui-même étant réputé
infranchissable, mythe que Sven Hedin contribua à détruire mais
en manquant y périr, ayant emporté insuffisamment d’eau lors de
sa première expédition, à partir de Kashgar, en 1895.
Paul Pelliot, « explorateur »,
photographie de l’atelier Nadar |
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La course au trésor commença
véritablement en 1902 avec la première des quatre
expéditions allemandes menées par von Lecoq qui
préleva des fresques entières sur les murs des
ruines ensablées dans le désert pour les envoyer à
Berlin
.
Puis le Britannique Aurel Stein s’appropria une
partie des manuscrits de la grotte secrète de
Dunhuang, mais en découvrit (et emporta) bien
d’autres dans d’autres sites ainsi que des objets et
statues de valeur inestimable.
Ce que ces premiers
explorateurs ont surtout montré, cependant, outre le
fait que l’on pouvait, avec une préparation
adéquate, accéder aux ruines des cités perdues dans
le désert, c’est que, contrairement à l’histoire
officielle chinoise élaborée du temps de l’empereur
Qianlong pour célébrer son alliance avec les tribus
turcophones qui lui avaient permis de vaincre les
Mongols, les oasis du Taklamakan n’étaient pas
musulmanes depuis la nuit des temps : leur première
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civilisation, avant l’invasion
musulmane, avait été bouddhique.
Sous le sable apparurent les vestiges oubliés de leur passé
préislamique, mais encore fallait-il ne pas passer à côté dans
l’immensité du désert et savoir les déchiffrer. Et pour cela,
Paul Pelliot était mieux armé que ses prédécesseurs.
L’expédition de Dunhuang
Prolégomènes
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Itinéraire de Paul Pelliot « du
Turkestan russe au Gansu »
selon la réception de la mission le 10 décembre 1909
(source : revue Conflits) |
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Désireuse de rattraper son retard et de
concurrencer la Grande-Bretagne et l’Allemagne, la France décide
de monter une expédition à la recherche des vestiges de ce passé
bouddhique. Comme l’a indiqué Jean-François Jarrige dans un
compte rendu à
l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à
l’occasion de la sortie des Carnets de route de Paul Pelliot en
2008 (voir Bibliographie), un comité est formé début 1905 pour
préparer la mission ; il est présidé par Émile Senart, de
l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui jouera
jusqu’à sa mort en 1928 un important rôle de soutien aux
expéditions scientifiques patronnées par l’Académie. Senart
confie à Paul Pelliot la direction de l’expédition, qui obtient
par ailleurs le soutien de l’Académie des sciences, du Museum
d’histoire naturelle et de la Société de géographie. Pelliot est
chargé des aspects archéologiques, historiques et
linguistiques. Lui sont adjoints son ami d’enfance le médecin
militaire Louis Vaillant pour les relevés topographiques et
astronomiques et le naturaliste photographe Charles Nouette qui
va réaliser de magnifiques photographies des sites visités.
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Les deux stupas de Tegurman en 2002
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De Kashgar à Dunhuang
Le trio quitte Paris le 15 juin 1906, en train passant par la
Russie et l’Asie centrale. Après Tachkent, ils s’installent à
Andijan, dans la vallée de la Ferghana, pour préparer le
matériel. Mais, arrivés à Boukhara fin juillet 1906, ils ont été
rejoints par l’agent secret Gustav Mannerheim, mandaté par le
tsar Nicolas II pour espionner le mouvement des troupes
chinoises dans le Turkestan oriental. Pelliot ne peut refuser
car la mission a été montée en lien avec les sinologues de
Saint-Petersbourg, en accord avec l’alliance franco-russe de
1892 ; mais les rapports sont tendus jusqu’à ce que, arrivée à
la fin d’octobre à Kashgar (à l’extrême ouest de l’ancienne
Route de la soie), la mission française puisse continuer seule.
Pelliot s’arrête six semaines à
Kashgar pour des fouilles qui lui permettent de
recueillir ses premiers manuscrits, dans les « trois
grottes » et les ruines de Tegurman, au nord de
l’oasis. Il
repart le 18 octobre pour aller, à 300 kilomètres de
là par la branche nord de l’ancienne Route de la
soie, jusqu’aux ruines du monastère de Tumshuq où
Pelliot met à jour des vestiges bouddhiques que von
Lecoq n’avait pas identifiés. Il s’en explique dans
deux lettres adressées à Émile Senart où il fait
état de sa découverte à Tumshuq d’anciens
sanctuaires bouddhiques dont tout le porte à croire
qu’ils ont été ruinés voire incendiés par les
envahisseurs musulmans
. |
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Un génie de Toqquz-Saraï à Tumshuq
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Paul Pelliot à Kucha (au centre),
avec Louis Vaillant à g. et Charles Nouette à dr. |
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La mission atteint ensuite
Kucha le 2 janvier 1907. De la mi-mars à la mi-mai, ils
commencent par des fouilles au sud de la ville, sur le site de
Duldur-Âqur, près de Kumtura, et là, dans la bibliothèque d’un
monastère incendié, Pelliot découvre quelque 200 fragments de
manuscrits en chinois, mais aussi en écriture brâhmî. En
juin-juillet, c’est au nord-est de Kucha, dans la région de
Subashi, qu’il recueille d’autres fragments, dont plus de 200 en
sanskrit, écrits sur écorce de peuplier : des fragments d’un
ancien texte bouddhique, l'Udānavarga. Non loin de là, à
Saldirang, au pied d’une ancienne tour de garde, il fait une
autre découverte d’importance :
des permis de caravane et des lamelles de bois portant des
inscriptions en tokharien B (ou tokharien occidental), la langue
ancienne, alors inconnue, parlée jusqu’à la fin du 1er
millénaire dans le royaume de Kucha, mais aussi dans les régions
plus à l’est de Qarâchahr et Turfan où elle coexistait avec
l’agnéen ou tokharien A – langues indo-européennes étroitement
apparentées qui ont permis d’affiner les études sur l’évolution
de l’indo-européen.
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Paul Pelliot en janvier 1908 à Hami
avec les mandarins militaires et civils et leur
escorte :
Yang Jinbang au milieu et Liu Runtong à dr. (photo
Charles Nouette) |
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Les grottes de Mogao
Après huit mois de fouilles
dans la région, la caravane repart vers Turfan en passant par
Urumqi. Elle s’installe à Dunhuang du 12 février au 7 juin 1908,
au pied des fameuses grottes de Mogao (Mogaoku
莫高窟).
Pelliot arrive sur les traces d’Aurel Stein, célèbre pour avoir
réussi à tromper la méfiance du moine taoïste Wang Yuanlu (王圆箓),
gardien de la grotte secrète où étaient entreposés les très
précieux manuscrits qu’il avait lui-même découverts par hasard,
et à lui en soutirer pour une somme modique une masse de très
anciens qui seront expédiés au British Museum, dont le
Sutra du Diamant, le plus ancien ouvrage imprimé au
monde (en 868).
Comme dans le cas
d’Aurel Stein, Wang Yuanlu n’est pas là quand
Pelliot arrive. Il en profite pour explorer les
grottes une à une, en les numérotant, en décrivant
l'intérieur et en transcrivant les inscriptions
épigraphiques qui s’y trouvent tandis que Nouette
prend des clichés. Le résultat, publié sous le titre
Les grottes de Touen-Houang à
partir de 1920, tient en six volumes, aujourd’hui
numérisés (voir Bibliographie). C’est une source
irremplaçable de renseignements précis sur les
fresques et la statuaire des grottes.
C’est le 3 mars que
Pelliot pénètre enfin dans la grotte secrète, après
le retour du moine et sans avoir eu trop de mal à le
convaincre du bien-fondé de ses intentions ; Wang
Yuanlu a certainement été impressionné par la
qualité du chinois que parlait Pelliot, sa
connaissance du chinois étant un avantage unique sur
Stein. Quand Pelliot découvre la fameuse grotte, il
est sidéré de voir la masse de rouleaux qui s’y
trouvent encore,
plusieurs milliers de manuscrits |
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Paul Pelliot examinant les manuscrits
dans la grotte 17 de Mogao en 1908,
célèbre photo prise par Charles Nouette conservée au
musée Guimet |
antérieurs au XIe siècle,
alors qu’il s’attendait à voir la cache à moitié vide car
cela faisait huit ans que des explorateurs de toutes provenances
puisaient dans ce stock : « Imaginez ma surprise en me trouvant
dans une niche d’environ 2,50 m en tous sens, et garnie sur
trois côtés plus qu’à hauteur d’homme, de deux et parfois trois
profondeurs de rouleaux. … » explique-t-il dans une lettre à
Émile Senart.
Le moine Wang Yuanlu |
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Il a sur Stein
l’avantage d’être un éminent linguiste et
philologue ; contrairement à son prédécesseur qui
avait embarqué en masse ce qui lui semblait le plus
ancien, Pelliot pratique une sélection rigoureuse en
étudiant les textes à la lumière d’une bougie,
recroquevillé dans la grotte pendant trois semaines,
en procédant selon trois
critères : il veut des textes précisément datés, qui
soient absents du corpus classique, ou rédigés dans
des langues autres que le mandarin. Il sélectionne
quatre mille rouleaux en chinois, presque autant en
tibétain, et d’autres en diverses langues et
écritures anciennes utilisées en Asie centrale. Ses
manuscrits sont certes moins nombreux que ceux des
collections britanniques, mais ils ont une
incomparable valeur scientifique.
Après avoir négocié
l’achat auprès de Wang Yuanlu, il |
expédie le tout à la BnF grâce
au réseau commercial de son père, Charles Pelliot, industriel
chimiste, membre honoraire de la Société de Géographie et de la
Société d’Anthropologie de Paris, qui avait transmis à son fils
sa passion pour l’Orient.
De Dunhuang à Xi’an et
Zhengzhou
L’expédition poursuit ensuite
sa route jusqu’à Xi’an qu’elle atteint le 28 septembre et où
elle s’arrête un mois pour acquérir peintures et objets divers
auprès d’antiquaires, ainsi que des estampages de la « Forêt
de stèles » (Beilin
碑林) de Xi’an – le plus grand musée
lapidaire de ce genre en Chine.
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Une double page des Carnets de route
de Paul Pelliot, 7-8 mars 1908 |
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Elle s’acheva officiellement à
Zhengzhou (郑州),
dans le Henan, mais Pelliot poursuivit encore son périple pour
acheter encore des ouvrages chinois qu’il destinait à la
formation des sinologues français. Ils constituent les fonds
Pelliot A et B conservés à la BnF.
Avant son départ, Pelliot s’arrête à Pékin pour rencontrer des
lettrés chinois de la capitale auxquels il montre quelques-uns
des manuscrits exceptionnels qu’il a découverts, révélant ainsi
l’importance du site, mais suscitant en même temps la conscience
de l’impérieuse nécessité de sa préservation. Le grand
philologue et épigraphiste Luo Zhenyu (罗振玉)
publie en 1909 un rapport sur les manuscrits montrés par
Pelliot. Un comité est créé pour exiger du gouvernement chinois
qu’il récupère les manuscrits encore dans la grotte 17. Mais il
faudra encore du temps, dans un contexte croissant de
xénophobie, pour que le gouvernement chinois mette un terme à la
folle course aux manuscrits des nations occidentales dans les
ruines et grottes des déserts du « Turkestan chinois ».
Retour en France
Campagne de dénigrement
Pelliot est de retour à Paris
le 24 octobre 1909. S’il arrive auréolé de prestige, il doit
tout de suite faire face aux critiques et aux doutes sur
l’authenticité des manuscrits, critiques qui dégénèrent en une
véritable campagne de lynchage dirigée non seulement contre lui,
mais contre son mentor
Édouard Chavannes
et contre l’ensemble de l’EFEO. Ce sont ses lettres à Senart,
publiées dans le Bulletin de l’École avec leurs commentaires,
qui ont enflammé les esprits, mais les critiques en profitent
pour attaquer l’École et mettre en doute la compétence de toute
l’institution. Pelliot est en première ligne, attaqué pour son
élitisme et son arrogance intellectuelle. Il n’avait que 33 ans
et en avait agacé plus d’un, dont un bibliothécaire plus âgé
responsable des fonds orientaux de la BnF qui s’était vu refuser
l’accès aux manuscrits déposés dans un local fermé à clef, sa
rage se trouvant encore attisée par l’annonce que le Louvre
avait ouvert une « Salle Pelliot » pour exposer les objets
d’art, peintures et bannières sur support textile rapportés de
l’expédition
.
Autant oublier son nom. En
revanche, on se souviendra de celui de Fernand Farjenel qui
publia en décembre 2010 une virulente attaque de 23 pages contre
Pelliot, Chavannes et l’École entière dans la revue
anticolonialiste La Revue indigène, en accusant Chavannes
d’erreurs de traduction, et le « jeune explorateur » Pelliot de
gaspillage des fonds publics et d’altération de ses capacités
mentales. Citant la lettre à Senart où Pelliot faisait état de
sa stupéfaction en entrant dans la grotte secrète en voyant tous
les manuscrits alors qu’il s’attendait à voir la grotte à moitié
vide après le passage d’Aurel Stein, Farjenel en concluait que
la grotte avait été remplie de nouveau avec de faux manuscrits
en se fondant sur l’exemple du faussaire Islam Akhun que Stein
avait démasqué… Le fait que les manuscrits restaient sous clef
ne faisaient, selon lui, que corroborer ses assertions.
C’est finalement la publication en 1912 de
l’ouvrage de Stein « Ruins of Desert Cathay »
qui mit un point final à
cette misérable campagne de presse en ridiculisant Farjenel :
Stein y dit clairement qu’il n’avait prélevé qu’une petite
partie des manuscrits de la grotte en en laissant « une masse »
derrière lui. En outre, il explique qu’il ne lui avait pas été
possible de choisir les manuscrits qu’il voulait emporter, car
il était limité aux rouleaux que Wang Yuanlu voulait bien lui
montrer. Stein reconnaissait en outre la supériorité de Pelliot
qui avait été aidé dans son travail de sélection par son
« exceptionnelle maîtrise de la littérature et de la
bibliographie chinoises » alors que lui-même ne connaissait pas
le chinois. Au courant de la campagne de dénigrement contre
Pelliot, Stein s’empressa de rendre hommage à son jeune collègue
en louant non seulement ses vastes connaissances et son
érudition, mais en outre ses méthodes de fouille.
Finalement, le Collège de
France lui décerna ses éloges en créant pour lui une chaire de
« Langues, histoire et archéologie de l’Asie centrale ». Pelliot
délaissa alors un temps la sinologie pure pour se livrer à
l’étude de des langues turque et mongole ainsi qu’aux récits de
voyageurs chinois et européens ayant traversé l'Asie ou s’étant
rendus en Chine.
La Première Guerre mondiale
et après
Mais bientôt c’est la guerre.
Il est mobilisé,
à 36 ans au 13e régiment
d’artillerie. Attaché
comme interprète à la mission française auprès des armées
britanniques, il suit le corps expéditionnaire anglais aux
Dardanelles de janvier 1915 à janvier 1916. De retour en France,
il est affecté au 2e Bureau
– le service de renseignement – avant d’être nommé attaché
militaire adjoint à Pékin où il part en mai 1916.
En 1918, il se retrouve impliqué dans une expédition
franco-anglaise en Sibérie auprès de
l’ataman cosaque
antibolchévique Grigori Semenov, soutenu par le gouvernement
français qui a refusé de reconnaître le gouvernement soviétique.
Le 25 mars, Pelliot est nommé commissaire délégué auprès de
l’ataman, chargé de recueillir des renseignements sur ses
troupes et ses chances de constituer une force capable de
résister aux bolchéviques. Épisode plus singulier encore que
celui des Boxers, Semenov étant aussi brutal et incontrôlable
que les seigneurs de guerre chinois de l’autre côté de la
frontière, et multipliant ses exactions redoutées jusqu’en
Mandchourie.
C’est dans ces circonstances
que Pelliot rencontre en 1918 à Vladivostok Marianne Skoupenska
qu’il épouse le 20 octobre. Sa mission se termine en février
1919 alors qu’il est en poste au consulat d’Irkoutsk, que le
Ministère des Affaires étrangères lui a confié après la débâcle
des troupes de Semenov.
Pelliot continue pendant ce temps de publier des articles de
sinologie et linguistique chinoise dans le
BEFEO, dans le Journal
asiatique, publication de la Société asiatique, et dans le
T’oung Pao (《通報》),
la plus ancienne revue internationale de sinologie fondée en
1890 à Paris par Henri Cordier et Gustave Schlegel
puis dirigée
conjointement par Cordier et
Édouard Chavannes auquel succède Paul Pelliot après
sa mort, en 1918.
En 1921, Pelliot devient
membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il est
également vice-président de la Société asiatique,
présidée jusqu’en 1928 par
Émile Senart,
présidence à laquelle il accède, après Sylvain Levi, en 1935.
Entretemps, en 1932, il a été chargé par le ministère des
Affaires étrangères d'une mission en Extrême-Orient.
Directeur d’études à l’École
pratique des hautes études, il est aussi professeur de
philologie, littérature et art chinois à l’Institut des hautes
études chinoises à la Sorbonne. En 1930, il est nommé directeur
du musée asiatique d’Ennery. En septembre 1931, lors du 18e Congrès
international des orientalistes à l’université de Leiden, il
réclame la publication d’un nouveau dictionnaire chinois en se
félicitant de la création à l’Institut national central de Pékin
d’une commission ah hoc présidée par le linguiste, traducteur et
poète Liu Bannong (刘半农),
membre de la société de linguistique de Paris et auteur en 1920
d’une étude sur les manuscrits de Dunhuang.
La Seconde Guerre mondiale
Il continue de batailler avec
son courage habituel. En 1941, sous l’Occupation, il vole à la
défense du Collège de France qui est l’objet de délations,
accusé de judéo-marxisme puis de communisme. « Qui continue
d’appartenir à notre maison se doit de demeurer fidèle à
l’esprit de liberté et de tolérance qui lui a permis d’y
entrer. » Leçon qui vaut toujours.
Paul Pelliot meurt le 26
octobre 1945, et il est enterré dans le petit cimetière de La
Haye de Routot en Normandie, province de ses ancêtres, telle une
« feuille tombée revenue à ses racines » (叶落归根),
comme disent les Chinois.
Après sa mort,
le
travail de catalogage des manuscrits qu’il avait entamé fut
poursuivi par Wang Zhongmin (王重民),
remarquable bibliothécaire de la BnF né en 1903 qui résida à
Paris entre 1934 et 1939. Après la Seconde Guerre mondiale, de
nombreux sinologues ont poursuivi la rédaction de ce catalogue,
dont
Jacques Gernet,
puis
Paul Demiéville
qui créa une équipe d’une dizaine de chercheurs au CNRS afin
d’achever le travail. Les notices de ce catalogue accompagnent
maintenant les images numériques des manuscrits chinois de
Dunhuang, entièrement numérisés depuis 2004 et accessibles en
ligne sur Gallica (voir Publications ci–dessous).
Il est à noter que, dans l’esprit même de Pelliot qui a
constamment collaboré avec les chercheurs chinois, une copie des
images numérisées en haute définition est également conservée à
l’Académie de Dunhuang et à la Bibliothèque nationale de Chine,
suite à un don de la BnF en 2015.
Le nom de Paul Pelliot reste indissociable de
celui de Dunhuang, mais son importance ne s’arrête pas là. Comme
l’a souligné Nathalie Monnet :
« À Dunhuang, Pelliot fit œuvre de pionnier en établissant le
premier inventaire scientifique du site des grottes de Mogao, en
relevant minutieusement les moindres inscriptions murales et en
faisant photographier les principales fresques et sculptures. De
retour en France, il s’efforça malgré une suite de contretemps
de publier ces clichés inédits. Ses carnets de voyage furent
publiés beaucoup plus tard. Ses travaux scientifiques menés aux
grottes de Dunhuang, qui consignent ses observations du site
dans l’état où celui-ci se trouvait au début du XXe siècle,
continuent à servir de matériaux privilégiés pour les
historiens. »
Mais il est aussi
« reconnu pour ses contributions inestimables aux études
extrême-orientales. Entre autres, il s’attacha à déterminer avec
précision les lieux de passage qui permirent au bouddhisme de
s’implanter en Chine et à analyser les récits des moines
itinérants qui
empruntèrent la « Route de la Soie ». Parmi ses premiers
travaux, on peut mentionner qu’il explora le rapport entre le
taoïsme, un système de pensée authentiquement chinois, et le
bouddhisme aux premiers temps de son acculturation en Chine,
relevant les emprunts mutuels ou les efforts de récupération des
tenants d’une doctrine à l’autre. Il s’intéressa au syncrétisme
entre bouddhisme et taoïsme tel qu’il apparaît dans un récit
devenu populaire, la Conversion
des Barbares par Lao Tseu (Laozi Huhuajing 老子化胡經)
qui raconte comment le saint fondateur du taoïsme disparut un
jour à la frontière occidentale de la Chine tandis que sa
doctrine reparaissait plus tard, précisément depuis l’Ouest,
pour se répandre sous le nom de bouddhisme dans tout l’Empire
chinois. »
Publications
Générales
- Trois ans dans la Haute
Asie, conférence donnée dans le grand amphithéâtre de la
Sorbonne le 10 décembre 1909, extrait du Bulletin du Comité de
l’Asie française, janvier 2010.
Numérisé dans le cadre du
Digital Silk Road Project/Tokyo Bunko :
http://dsr.nii.ac.jp/toyobunko/VIII-5-B2-12/V-1/
- Un traité manichéen
retrouvé en Chine, coécrit avec
Édouard Chavannes,
Journal Asiatique, 1911.
Compte rendu dans le Bulletin
de l’École française d’Extrême-Orient, 1912/12, pp. 53-63 :
https://www.persee.fr/doc/befeo_0336-1519_1912_num_12_1_4109
- Les influences iraniennes
en Asie centrale et en Extrême-Orient,
Revue d'Histoire et de Littérature Religieuses, N.S. 3, 1912, p. 97-119.
Texte en ligne :
https://www.aefek.fr/wa_files/Pelliot02.pdf
- Sur quelques mots d’Asie
centrale attestés dans les textes chinois, Journal
Asiatique, 1913, série 11 t. 1, pp. 451-469. Numérisé sur
Gallica :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k932828/f453
- Mo-ni et manichéens,
Journal Asiatique, 1914, pp. 461-470.
-
Le 'Cha-tcheou-tou-fou-t'ou-king' et la colonie sogdienne de
la région du Lob Nor,
Journal Asiatique,
1916, p. 111-23.
-
Le sûtra des causes et des effets du bien et du mal,
édité‚ et traduit d’après les textes sogdien,
chinois et tibétain,
(avec Robert Gauthiot et la collaboration d’Emile
Benveniste), Paris, P. Geuthner, 1920, 2 tomes.
Compte rendu dans
le Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient,
1930/30, pp. 161-162
https://www.persee.fr/doc/befeo_0336-1519_1930_num_30_1_3182
- Neuf notes sur
des questions d'Asie Centrale, T'oung Pao, 24,
1929, p. 201-265.
- Notes on Marco
Polo, ouvrage posthume publié sous les auspices
de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et
avec le concours du CNRS, Imprimerie nationale,
1963.
Numérisé :
http://dsr.nii.ac.jp/toyobunko/III-2-F-c-104/V-2/page/0011.html.en |
|
Notes on Marco Polo (I, II et III) |
Dunhuang
-
Les grottes de Touen-Houang Paris,
Librairie Paul Geuthner, 6 vol. :
vol. 1 à 4 1920 , vol. 5 1921, vol. 6 1924.
(avec des planches détaillées pour chaque grotte)
Vol. 1 (grottes 1 à 30)
http://dsr.nii.ac.jp/toyobunko/VIII-5-B6-3/V-1/
Vol. 2 (grottes 31 à 72)
http://dsr.nii.ac.jp/toyobunko/VIII-5-B6-3/V-2/
Vol. 3 (grottes 73 à 111)
http://dsr.nii.ac.jp/toyobunko/VIII-5-B6-3/V-3/
Vol. 4 (grottes 111 à 120 N)
http://dsr.nii.ac.jp/toyobunko/VIII-5-B6-3/V-4/
Vol. 5 (grottes 120 N à 146)
http://dsr.nii.ac.jp/toyobunko/VIII-5-B6-3/V-5/
Vol. 6 (grottes 146 à 182)
http://dsr.nii.ac.jp/toyobunko/VIII-5-B6-3/V-6/
- Bulletin Archéologique du
Musée Guimet. Fascicule II. Asie Centrale et Tibet. Missions
Pelliot et Bacot (Documents exposés au Musée Guimet), Librairie
Nationale d'Art et d'Histoire G. Van Oest & Cie, Éditeurs, Paris
et Bruxelles, 1921
- Catalogue des manuscrits chinois de
Touen-Houang [Dunhuang] (Fonds Pelliot chinois),
Vol. 1 (n°s 2001-2500), BnF, 1970, 457 p.
Préface de Marie-Roberte
Guignard, conservateur de la Section orientale du Département
des manuscrits.
Numérisé :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k213897p/f3.item
- Les carnets de route 1906-1908 de Paul Pelliot, sous la
direction de Jérôme Ghesquière, responsable des collections
photographiques, musée des arts asiatiques Guimet, 2008, 488 p.
Un document exceptionnel
enfin publié,
article de Jean-François Jarrige, comptes rendus des séances de
l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2008/152-3/pp.
1273-1282
https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2008_num_152_3_92356
- Les
manuscrits de Dunhuang
numérisés du
département des manuscrits, division orientale, de la BnF
(Pelliot chinois et Pelliot tibétain). Total : 6 483.
Certains de ces manuscrits,
concernant la vie quotidienne et souvent datés, permettent de
mieux comprendre les conditions de vie de l’époque. Ainsi ce
contrat de vente
nu pu
奴僕 daté mai 923, d’un
« esclave » chinois de dix ans nommé San nu
三奴 (Pelliot
chinois 3573) :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b83054490.r=Pelliot%20chinois%203573?rk=85837;2
Bibliographie
- Maxime Guérin, Paul Pelliot, archéologue de l’extrême-Asie,
Conflits, revue de géopolitique, 21.09.2019
https://www.revueconflits.com/maxime-guerin-paul-pelliot-linguiste-sinologue/
- Jean-Pierre Drège, Paul Pelliot, de l'Histoire à la
légende, La lettre du Collège de France 2009/25, pp.
30-31 (colloque international des 2-3 octobre 2008 organisé au
Collège de France et à l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, actes publiés par la Librairie de Boccard, 2013, 598
p)
https://journals.openedition.org/lettre-cdf/532
- Jean-Pierre Drège, Paul Pelliot, recenseur et polémiste,
comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et
Belles-Lettres, Année
2008/152-3,
https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2008_num_152_3_92333
-
Philippe Flandrin, Les sept vies du mandarin français :
Paul Pelliot ou la passion de l'Orient,
Monaco/Paris, Éditons du Rocher, 2008, 255 p.
- Peter Hopkirk, Foreign Devils on the Silk Road, the
Search for the Lost Treasures of Central Asia, Oxford University
Press, 1984 (1st edition 1980).
À
lire en complément
La compte rendu
de la communication de Jean-François Jarrige à l’Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, le 3 octobre 2008, sur l’apport
de Paul Pelliot aux collections du musée Guimet et son rôle dans
l’évolution du musée en un établissement consacré à l’histoire
des civilisations asiatiques :
https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2008_num_152_3_92331
[Cet article est basé sur
les recherches effectuées pour un voyage en Chine « sur les
traces de Paul Pelliot » qui devait avoir lieu quand a commencé
l’épidémie de covid19 et qui est depuis lors repoussé aux
calendes grecques. Il fait figure de voyage virtuel]
Voir :
Répertoire des « Collections Pelliot A » et « B » du
fonds chinois de la Bibliothèque nationale, par Paul
Pelliot :
https://www.jstor.org/stable/4526373
(deux listes des titres
d’ouvrages rapportés en 1909 qui ne comportent ni les
manuscrits de Dunhuang ni les estampages)
Sir Aurel Stein,
Ruins of
Desert Cathay,
Personal Narrative of Explorations in Central Asia and
Westernmost China, pub. 1912 (Macmillan), reed.
Dover Publications,
1989, 517 p.
Le Fonds Pelliot
conservé à la BnF comporte les manuscrits rapportés
d’Asie centrale par Paul Pelliot au début du 20e
siècle. Il est divisé en « sous-fonds » en fonction des
langues dans lesquelles ces textes sont écrits :
sanskrit, tokharien, ouïgour, tibétain, chinois. Le
fonds sanskrit (8e– 9e siècles)
est considéré comme le plus ancien, voir :
https://manuscripta.hypotheses.org/2944
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