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徐坤 《厨房》
Xu Kun : « La cuisine »

Par Brigitte Duzan, 10 décembre 2009, révisé 7 juillet 2014

   

Brève présentation
   
Cette nouvelle est très représentative du style de Xu Kun, et a certainement mérité le prix Lu Xun qui lui a été décerné en 2001.
       

 

C’est une œuvre assez longue dans la catégorie des « 短篇小说 » (1), et aussi complexe dans le fond que dans la forme.
   
Elle décrit une soirée, du coucher du soleil à deux heures du matin : un face à face entre deux personnages, un homme et une femme, dont les rapports sont biaisés à la base par le fait que l’un est artiste et l’autre la galeriste, ou agent artistique, à qui il doit sa notoriété. C’est une superbe confrontation entre une femme « arrivée » et un arriviste, prêt à tout pour sa carrière, mais sans aliéner sa liberté. C’est une satire indirecte et doucement ironique de l’élite urbaine émergente de la Chine d’aujourd’hui.
   
L’analyse très fine des états d’âme de chacun des protagonistes, et surtout leur évolution au cours de la soirée, est magnifiée par une écriture très dense, un style très subtil où l’ironie affleure parfois simplement derrière

le choix d’une expression. Par exemple, lorsque l’auteur décrit son personnage féminin comme une femme ayant atteint la quarantaine, elle utilise une expression très spécifique - 已然不惑的女人 yǐrán bùhuòde nǚrén (une femme qui n’a plus de doutes) - qui renvoie à la célèbre phrase de Confucius : à quarante ans je n’avais plus de doutes. Mais l’ironie est évidente quand toute la nouvelle décrit en fait la crise du personnage arrivé à ce stade de son existence et les doutes qui l’assaillent, justement.
   
Il aurait été difficile, dans ces conditions, de détailler le vocabulaire comme d’ordinaire dans ce site. Chaque phrase recèle des difficultés. Comme, par ailleurs, le contenu de la nouvelle est intéressant en soi, on a choisi de traduire le texte, en laissant pour une fois le style de côté. Chacun peut à loisir se référer à l’original chinois pour creuser cet aspect.
   
Comme par ailleurs le texte est très long pour le format retenu pour ce site, les passages essentiels en ont été retenus, les passages supprimés étant résumés, ce qui permet d’ailleurs de mettre en relief la construction du récit (2).
   
(1) Définies comme inférieures à dix mille caractères
(2) La division en cinq parties a été rajoutée pour faciliter la lecture si l’on veut se référer au texte chinois.

       


   
徐坤 《厨房》
Xu Kun : « La cuisine »

   

   
厨房是一个女人的出发点和停泊地。
[...]
   
这个夏天的傍晚,在一阵骤然而至的雷阵雨的突袭过后,懊热和喧嚣全被随风吸附而走。大地逐渐静止了。城市一枚火红的斜阳正从容地在立交桥上燃烧,一层层散漫的红光怕然飘落下,照耀着一个在厨房里忙碌的叫做枝子的女人,女人优美的身体的轮廓被夕阳镶上了一层金边,从远处望去,很是有些耀眼。女人利手利脚无比快活地忙碌,辽不断在切洗烹炸的间隙,抬头向西窗外瞟上一眼。夕阳就仿佛跟她有某种默契,含情脉脉地越过一棵临窗的茂盛玉兰树枝头对她俯首回望。
   
厨房并不是她自己家里的厨房,而是另一个男人的厨房。女人枝子正处心积虑的,在用她的厨房语言向这个男人表示她的真爱。[...]
枝子停下手,幽幽地喘了一口气,转头偷眼向客厅里望了一眼。透过宽大明亮的钢化玻璃厨门,她看见男人松泽正懒散地坐在沙发上,一张报纸遮住了大半个脸。男人的身子、手、脚都长长大大的,t恤的短袖裸露出他筋肉结实的小臂,套在牛仔裤里的两条长腿疏懒地横斜,大腿弯的部分绷得很紧,衬出大腿内侧十分饱满,很有力度——枝子的脸突然莫名其妙地红了,浑身迸过一阵难以自抑的幸福。她赶紧收回自己潮润润的目光,慌慌转回身去放眼观望窗外斜阳。
   
夕阳巨大的圆轮现在只剩下半个,它正在被树梢和钢筋水泥的建筑物奋力衔住,一口一口激情地往下吞吻。枝子的脸庞转瞬间又被烧红,周身辉映起一阵盲目的幸福。
   
我爱这个男人。我爱。
枝子在心里这样迷乱地对自己说。在这样说着的时候她的心里充满了羞涩。
   
枝子是被称作“女强人”的那种已然不惑的女人。爱情到了她这个年纪并不容易那么轻易来临。经过了岁月风尘的磨洗,枝子早年的一颗多愁善感的心,早就像茧子那样硬厚,那样对一切漠然、无动于衷了。多少年过去,一番刻苦的拼搏摔打,早年柔弱、驯顺、缺乏主见、动辄就泪水长流的枝子,如今已经百炼成钢,成为商界里远近闻名的一名新秀。她这棵奇葩,将自己的社会身份和地位向上茂盛的茁茁固定之后,却偏偏不愿在那块烂泥塘里长了,一心一意想要躲回温室里,想要回被她当初毅然决然抛弃割舍在身后的家。
   
不知为什么,就是想回到厨房,回到家。
事业成功后的女人,在一个个孤夜难眠的时刻,真是不由自主地常要想家,怀念那个遥远的家中厨房,厨房里一团橘黄色的温暖灯光。
   
家中的厨房,绝不会像她如今在外面的酒桌应酬那样累,那样虚伪,那样食不甘味。家里的饭桌上没有算计,没有强颜欢笑,没有尔虞我诈,没有或明或暗、防不掉也躲不开的性骚扰和准性骚扰,更没有讨厌的卡拉ok在耳朵边上贴噪,将人的胃口和视听都野蛮地割据强奸。家里的厨房,宁静而温馨。每到黄昏时分,厨房里就会有很大的不锈钢精锅咕嘟咕嘟冒出热气,然后是贴心贴肉的一家人聚拢在一起埋头大快朵颐。
   
能够与亲人围坐吃上一口家里的饭,多么的好!那才是彻底的放松和 休息,可她年轻气盛的时候哪儿懂这些?离异而走的日子,她却只有一个简单的念头:她受够了!实在是受够了!她受够了简单乏味的婚姻生活。她受够了家里毫无新意的厨房。[...]正是厨房里这些日复一日的无聊琐碎磨灭了她的灵性,耗损了她的才情,让她一个名牌大学毕业的女才子身手不得施展,她走。她得走。说什么她也得走。她绝不甘心做一辈子的灶下碑。[...]
果真她义无反顾,抛雏别夫,逃离围城,走了。
   
现在她却偏偏又回来了。回来得又是这么主动,这样心甘情愿,这样急躁冒进,毫无顾虑,挺身便进了一个男人的厨房里。
真正叫人匪夷所思。
假如不是当初的出走,那么她还会有今天的想要回来吗?
她并没有想。
   
此时她只是很想回到厨房,回到一个与人共享的厨房。她是曾经有过婚姻生活,曾经爱和被爱过的人,比较明了单身和已婚的截然不同。一个人的家不能算家,一个人的厨房也不能叫做厨房。爱上一个人,组成一个家,共同拥有一个厨房,这就是她目前的心愿。她愿意一天天无数次地悠闲地呆在自家的厨房里头,摸摸这,碰碰那,无所事事,随意将厨房里的小摆设碰得叮当乱响,她还愿意将做一顿饭的时间无限地延长,每天要去菜市场挑选最时鲜的蔬菜,回来再将它们的每一片叶子和茎秆儿都认真地洗摘。 [...]
   
她真的是不想再在外面应酬做事,整天神经绷紧,跟来来往往形形色色的人虚与委蛇。不知为什么,她有些厌倦人。名利场上各色各样的人:卑鄙的、龌龊的、委琐的、工于心计的、趋利务实的人……看都看得她眼花了。整天的与人打交道也快把她的神经要折磨垮。她想返身逃逸,逃到没有人的地方去,而厨房是避难所。[...]
   
炉上的不锈钢精锅冒出袅袅热气。枝子的想象也随之袅袅,太阳就在她缥缈的想象里一点一点落到树梢下面去,落到她想象的尽头。那个长胳臂长腿的男人松泽看完了报纸,起身伸了一个懒腰,慢慢腾腾挪到厨房里来,再次问枝子需不需要帮什么忙。枝子听到男人满怀关切的问候,赶忙满心欢喜地连连说:“不用,不用。”今天是这个男人松泽的生日,她想独立完成整个操作,让他尽情品尝一番她的烹任手艺。
   
她为什么要主动向这个男人献艺?献艺完了又将会是什么呢?枝子不愿意想,不情愿这样残酷地拷问自己。她愿意在心里给自己的自尊留有一点余地。该是什么就是什么。枝子在心里说。此时她真是觉着自己对这个男人有些过分俯就,甚至有些低三下四。困为照她素常里的做人态度,以一个商界女星的身份来说,对她前呼后拥献殷勤的男人总是数不胜数。而她的鼻孔总是抬得很高,并且,暗中加着千倍的小心,很怕落入某些勾引利用的圈套。如今却这样巴巴地主动送上门来,可真是有些不好对自己的心解释了呢!
   
管它呢。随它去吧!反正来也是来了,还费力解释它干什么?
拖着长头发的高个男人松泽扎煞着两只手,在枝子身边围前围后转了两转,明白自己也实在帮不上什么。看来枝子对于今天的下厨是有过精心准备的,知道他这个单身汉的厨房里可能会七七八八的不全,所有的素菜、荤菜备料都由她亲自从外面带来。连烧菜用的油和醋等佐料,也全被她准备到了。甚至枝子还带来了围裙,[...]。枝子的头发本来可以戴上与围裙配套的棉布帽,以免熏进抽烟味儿。但她想了想,还是将帽子舍弃,将头发挽了几挽,然后向上用一枚鱼形的发卡松松一别,这样,她乌黑发亮的秀发就尽显在男人松泽的视野。
   
Pour une femme, la cuisine est à la fois un point de départ et un point d’ancrage.

[…]
   
En cette soirée d’été, après un brutal orage totalement inattendu, la chaleur et le bruit s’étaient résorbés, comme emportés par le vent. La terre avait peu à peu retrouvé son calme. Dans la ville, les rayons obliques d’un soleil couleur de feu éclairaient paisiblement l’échangeur de la voie rapide de lueurs rouges qui tombaient sans hâte en vagues successives après avoir flotté un instant dans l’air, illuminant une femme du nom de Zhizi en plein travail dans sa cuisine ; le soleil couchant dessinait autour de sa silhouette élégante une auréole d’or éblouissante qui se voyait de loin. Extrêmement affairée, la jeune femme s’activait sans répit, occupée à couper, laver, faire mijoter et frire, tout en levant la tête, de temps en temps, pour jeter un bref coup d’œil par la fenêtre donnant sur l’Ouest. Le soleil couchant semblait avoir conclu un accord tacite avec elle ; passant à travers les branches d’un superbe magnolia près de la fenêtre, il semblait se retourner pour abaisser vers elle un regard plein de tendresse.
   
La cuisine où elle se trouvait n’était pas la sienne, c’était celle d’un homme. Cette femme nommée Zhizi était en train d’exécuter un plan bien pensé : en utilisant le langage culinaire qui lui était propre, elle voulait manifester à cet homme l’amour qu’elle lui portait. […]

   

Zhizi fit une pause dans son travail, soupira doucement, et, tournant la tête, jeta un regard furtif vers le salon. A travers la porte de verre trempé de la cuisine, large et lumineuse, elle pouvait voir l’homme, Songze, nonchalamment assis sur le sofa, le visage à moitié dissimulé derrière un journal. Le corps, les mains, les pieds, tout chez lui était très long ; les manches courtes de son t-shirt laissaient apparaître des avant-bras musclés, solides, et ses longues jambes, aux cuisses bien en chair serrées dans un jean, étaient étendues en travers du sofa dans une attitude paresseuse ; il s’en dégageait une impression de force qui fit soudain rougir Zhizi de manière incontrôlée ; toute entière envahie par une vague de bonheur difficile à réprimer, les yeux brillants, elle se détourna très vite, pour jeter nerveusement un coup d’œil par la fenêtre, sur le coucher de soleil.
   
Du cercle immense du soleil couchant, il ne restait plus maintenant qu’une moitié, engloutie peu à peu par les cimes des arbres et les constructions de béton armé qui semblaient l’aspirer dans d’ardentes étreintes. Le visage de Zhizi en fut un bref instant embrasé, tout son corps resplendissant d’une vague de bonheur aveugle.
   
J’aime cet homme. Je l’aime, se disait Zhizi dans son trouble. Mais, en même temps, elle en ressentait un grand embarras.
   
Elle était de ces femmes qui ont atteint la quarantaine dont on dit que ce sont de « fortes femmes ». Elle n’avait pas connu l’amour si aisément ; son âge ne rendait pas les choses faciles. Zhizi avait été une enfant sensible dès son plus jeune âge, mais, avec l’usure du temps et les fatigues de la vie, son cœur s’était très tôt durci, comme un cocon dans son enveloppe, et elle était devenue d’une totale indifférence envers le monde autour d’elle. Enfant, elle était délicate et docile, sans beaucoup de personnalité et prône à verser des torrents de larmes, mais, d’année en année, elle avait assidûment travaillé à s’endurcir au maximum, si bien qu’elle était maintenant comme de l’acier bien trempé et son talent avait fait d’elle une célébrité dans le monde des affaires. Véritable fleur exotique, après avoir connu une prospérité qui lui avait permis une rapide ascension sociale, elle n’avait pas envie de continuer à grandir dans ce bourbier, et aspirait corps et âme à retourner dans sa serre et retrouver un foyer auquel elle avait au départ résolument tourné le dos.
   
Sans savoir pourquoi, elle voulait retourner vers une cuisine, vers une famille.
   
Dans ses nuits solitaires, à chaque moment d’insomnie, cette femme qui avait réussi professionnellement ne pouvait s’empêcher de songer à la famille, à la lointaine cuisine qu’elle recélait, et à la chaude lueur safran de son éclairage.
   
Le monde extérieur, fait de relations mondaines, lui semblait indéniablement bien plus ennuyeux, vain et sans saveur que la cuisine familiale. A la table familiale, il n’y a pas d’intention cachée, pas de sourire forcé, pas de paroles trompeuses, pas de nuances d’ombre et de lumière, pas d’inéluctable harcèlement sexuel auquel on ne peut se soustraire, pas ce bruit insupportable de karaoke qui viole sauvagement vos sens gustatifs aussi bien qu’auditifs. La cuisine familiale est un endroit calme et douillet. Tous les soirs, un peu avant la tombée de la nuit, quand les grands autocuiseurs d’acier inoxydable ont fini de cracher leur vapeur avec un petit bruit rythmé, le groupe familial se rassemble dans la plus grande intimité autour du dîner, pour l’avaler à toute vitesse.
   
C’est tellement bien de se retrouver avec ses proches autour de la table familiale au moment des repas ! Il n’y a vraiment que là que l’on puisse se détendre et se reposer. Mais, dans sa jeunesse, dans l’ambiance de compétition qui régnait alors, comment aurait-elle pu le comprendre ? Divorcer et partir, c’était cela, la vie ; elle n’avait qu’une idée en tête : elle en avait assez ! Vraiment assez ! Assez de cette vie de femme mariée, fade et monotone, et de cette sempiternelle cuisine.

   

[…]

   

Toutes ces petites choses minables et ennuyeuses, répétées jour après jour, lui usaient l’esprit, gâchaient son talent, l’empêchaient de développer ses capacités, elle, brillante diplômée d’une université renommée. Alors elle était partie. Il lui fallait le faire, quoi qu’on pût en dire. Elle ne se voyait pas passer toute son existence derrière un fourneau. […]

   

Elle avait quitté le nid et son mari sans un regard en arrière, avait fui la forteresse assiégée. Elle était partie.
   
Mais maintenant, elle était revenue. Et c’était résolument, de sa propre initiative, avec une joyeuse impétuosité et sans appréhension, qu’elle était revenue à la cuisine, dans la cuisine d’un homme. C’était vraiment incroyable.
Bien sûr, si elle n’était pas d’abord partie, elle n’aurait pu aujourd’hui songer à revenir. Mais cette pensée ne l’effleurait même pas.
   
La seule chose dont elle était consciente, c’est qu’elle voulait retrouver une cuisine, retrouver une cuisine à partager avec quelqu’un. Elle avait eu dans le passé une vie maritale, elle avait aimé et été aimée, elle pouvait apprécier la différence entre célibat et mariage. Une personne seule ne peut compter pour une famille, de même que la cuisine d’une personne seule ne peut être vraiment considérée comme une cuisine. Lorsqu’on s’éprend de quelqu’un, on fonde un foyer, et on jouit alors d’une cuisine en commun ; tel était maintenant son plus profond désir. Elle souhaitait pouvoir chaque jour traîner à loisir dans la cuisine de son foyer à elle, y vaquer, sans but précis, à grand bruit de poêles et de casseroles, elle voulait aussi pouvoir à son gré prolonger indéfiniment le temps de préparation d’un repas, aller tous les jours au marché acheter des légumes frais, puis rentrer pour en laver et trier soigneusement les feuilles et les tiges.  […]
   

Elle n’avait vraiment plus l’intention de se rendre à toutes ces soirées, après avoir été sous pression toute la journée, faisant à tout bout de champ assaut de fausse courtoisie avec toutes sortes de gens. Inconsciemment, elle en avait assez de tous ces gens, chacun, d’une manière ou d’une autre, en quête de gloire et d’argent : méprisables, étroits d’esprit, vains, calculateurs et profiteurs…. Leur spectacle lui était insupportable, et les contacts à longueur de temps avec eux lui usaient aussi les nerfs. Elle voulait tourner le dos et s’enfuir, fuir vers un endroit désert : la cuisine lui apparaissait ainsi comme un refuge. […]
   

Sur le feu, l’autocuiseur dégageait des volutes de vapeur, au gré desquels se mouvait la pensée diffuse de Zhizi, tandis que la lumière du soleil tombait du haut de l’arbre, aux confins de sa pensée. Ayant achevé la lecture de son journal, l’homme aux longs bras et longues jambes nommé Songze se leva en s’étirant, et se dirigea lentement vers la cuisine pour demander encore une fois à Zhizi si elle n’avait pas besoin d’un coup de main. A cette question pleine de sollicitude, elle se sentit aussitôt déborder de joie et répondit : « Non, non, ce n’est pas la peine. » C’était son anniversaire, aujourd’hui, et elle avait l’intention de faire le travail toute seule du début à la fin, pour qu’il pût apprécier à plein ses dons culinaires.
   
Pourquoi avait-elle pris l’initiative d’exhiber ainsi ses talents ? Quel résultat en attendait-elle ? Elle préférait ne pas y penser, pour ne pas se torturer inutilement. Elle voulait aussi laisser, au fond d’elle-même, un peu de place pour son amour-propre. Ce qui doit arriver arrivera fatalement, se disait-elle. Elle se sentait exagérément attirée par cet homme, au point d’en être presque obséquieuse. En fait, dans ses relations habituelles, en tant que star du monde des affaires, elle était entourée d’une foule innombrable d’admirateurs pleins d’attentions pour elle. Mais elle les regardait de haut, et, qui plus est, avec énormément de défiance, de crainte de tomber dans un piège, victime de manœuvres intéressées. Aujourd’hui, cependant, cette initiative aussi osée de débarquer chez cet homme était quelque chose qu’elle avait du mal à s’expliquer.
   
Tant pis, c’était comme ça, elle était là, de toute façon, à quoi cela servirait-il de gaspiller son énergie à tenter d’expliquer ?
   
Rejetant des deux mains ses long cheveux en arrière, le dénommé Songze promena une ou deux fois autour de Zhizi sa haute silhouette, et vit bien qu’il ne pouvait pas, effectivement, l’aider à grand-chose. Zhizi avait soigneusement préparé son affaire ; sachant qu’une cuisine de célibataire était toujours plus ou moins chaotique, elle avait apporté tous les plats de légumes et de viandes déjà préparés, même l’huile de friture, le vinaigre et l’assaisonnement.

   

Elle était allée jusqu’à apporter un tablier,  […].
   


   

   
松泽盯着这个体态窈窕的女人,心里怦怦怦乱动了几动。当然,他是艺术家。艺术家面对美没有下动心的,他和她一直都算得上是很亲密的朋友,亲密的最初原因是枝子出资帮他举办个人画展的成功。从合作的愉快到亲密友好的交往,俩人的关系大致上就是走的这样一个过程。但是,再友好,他也不敢说是劳动她的大驾来给自己庆贺什么生日,尤其是没想到她还要亲自下厨。[...]
   
能有一个漂亮女人主动来家里给自己过生日,真是一个求之不得的美事情。男人一方面惴惴,觉得女人枝子给他的面子太大了;一方面又稍嫌累赘,觉得整夜晚在自己家里吃上一顿饭,太缺乏新意。艺术家,总是爱好推陈出新。就在枝子下厨期间,就有三四个女孩子的电话打来,邀他出去派对。他不得不柔声细语轻声回绝。与呆在家里传统的吃生日饭相比,当然ok包间或派对沙龙里搂搂抱抱的扭捏抚摸更能激发创造力。但若从长远的角度看,比起跟那些小女崇拜者玩玩白相,跟女老板的关系处理好对他将来的用途更大一些。男人在考虑问题时,往往从最实利的目的想。所以他决定还是死心塌地,留在家里与女老板亲近感情。
   
这样心里边一踏实下来,男人也就专注移情于厨房中的枝子身上 [...]。
   
枝子意识到了男人的注视,略微有些慌乱..。她一面竖起耳根,悉心倾听男人粗长的呼吸,一面竭力命令自己镇定,尽量掩饰住狂乱心跳..。她所企望的,不就是这个男人的这样一种目光吗?如今已经等到了,那么她还紧张什么?这么想着,她手里切菜的动作就有了几分表演性质。
   
厨房不大,容不得俩人同时在里面转身,只要一动,就势必会发生身体上某些部位的接触。所以他们就在各自位置站着,..身体里却不免都暗暗生出几分紧张。主要是男主人还没有拿摸得好女老板的意图。松泽虽说已是风情老手,但在从来都很端庄的枝子面前,毕竟也是不敢造次,不知道她想要他做什么,要他做到什么程度。他时时没有忘记她是投资人。所以他只是听之任之,一边散漫无际地调着情,一边还要暂时做出温文尔雅,这种孤男寡女同一屋独处的情境,终归还是需要有一些半真半假调情意味的。不然,艺术家就显得太不艺术,大寡淡无味了些。
   
而女人枝子也还没想好该如何开始。她也很希望能有一些情调,并且,最好由这情调本身给她一个循序渐进、顺理成章、水到渠成的过程。她倒是很希望示爱能由松泽一方主动开始。可一旦他真的主动了,说不定她反而会变得厌恶他,拒斥他。见他站在原地兀自不动,她不禁有些既希望又失望的心理。她看上他,经营他,是看中他的画风里的野气和灵活。[后来单相思瞄上他,也是因为在相处过程里发现他已将这野气和灵活全然融合、发挥殆尽,在各种场合都圆熟,灵动,洒脱,很符合她眼里真正艺术家的气质。她以为四周围到处都是被文明过分文明化了的衰人,他的画里未曾混灭的人类远古的粗旷之气,还有与神明相通的灵性。而这一切,正是她内心所深深需要的。]
   
在女老板的得力赞助经营下,松泽果然就大获成功且声名远扬。而她则以画推人,认为理所当然人如其画,画如其人,她便因此而爱上了自己的经营品。
   
两个身体持久的紧张让他们都有些承受不住。枝子在男人松泽的目光里已经汗流泱背。[...]她不停地用眼角余光扫射着身旁男人,脸蛋儿烧得厉害,肢体以一种柔和的弧度微微向他倾斜过去,那种身段中分明表示着一丝丝鼓励、期盼和犹豫不决。男人在承受温软的肉体倾斜过来的弯度同时也同样是犹疑不定、优柔寡断。他的身体不易察觉地晃了两晃,终于什么也没有能够做得出来。
   
就这样又沉默了一会儿,枝子的手指在水盆里游动时漫不经心地挑起“哗哗”的水声,听起来略微显出了一点烦躁,过分的紧张和犹疑终于把松泽自己调情的兴致破坏了,松泽说了一句:“我去布置餐桌,”借机急忙把自己从厨房打发开。
   
伎子的身体这才有空隙松弛下来。她抬起脂臆时悄悄抹了一把头上的细汗,松泽到厅里叮哩当卿地去拿碗筷、摆酒,布置餐桌。餐桌就由一个矮脚茶几临时串演。画家的客厅里一切当然都不正规,[几个绣着花儿的软垫子散乱地扔在手工绘绣的波斯地毯上,床铺比正常人的矮去半截,只由一层席梦思垫子铺在地上充当,靠墙的一圈转角水牛皮沙发无比宽大,舒适,倒仿佛画家的一切日常活动都要依靠在沙发里展开似的。]
   
松泽把枝子买来的油蜜蜜的生日蛋糕摆在桌子中央。巧克力奶油在灯下沁出浓浓的甜色,样子极其诱人。松泽盯着蛋糕上的奶油想了几想,终究也没想出个子午卯西来.
[...]
   

Les yeux fixés sur cette femme si belle et si douce, Songze avait le cœur qui battait la chamade. Il était un artiste, et les artistes ne sont bien sûr jamais insensibles à la beauté. Ils étaient devenus des amis intimes, la première raison étant que Zhizi avait contribué, en les finançant, au succès des expositions individuelles de ses œuvres. Ils étaient donc passés, dans leurs relations, de la joie de la collaboration à une intimité amicale. Mais, même ainsi, il n’aurait jamais pensé qu’elle pût se donner autant de mal pour lui souhaiter son anniversaire, et encore moins qu’elle se mît en personne à cuisiner. […]
   
Qu’une jolie femme prenne l’initiative de venir passer une soirée avec vous pour fêter votre anniversaire est en soi une chose agréable que l’on ne peut qu’appeler de ses vœux. Songze, cependant, trouvait que Zhizi en faisait trop, et cela le rendait mal à l’aise ; par ailleurs, il éprouvait un léger ressentiment et quelque ennui en pensant qu’ils allaient passer toute la soirée à dîner chez lui, cela manquait trop d’originalité. Les artistes, dans leur ensemble, aiment la nouveauté. Pendant que Zhizi travaillait à la cuisine, il avait reçu trois ou quatre coups de téléphone d’amies qui l’invitaient à une réception, et il avait dû refuser gentiment., La perspective d’aller dans un bar de karaoke ou à une réception privée se livrer à toutes sortes de contorsions, étreintes et caresses recélait pour lui bien plus de potentiel créatif que de rester chez soi pour un repas d’anniversaire traditionnel. Mais, dans une vision à long terme, il était bien plus utile pour son avenir de cultiver ses relations avec sa "patronne", que d’entretenir des rapports d’une parfaite vanité avec les jeunes filles qui le vénéraient. Quand il réfléchissait à un problème, Songze adoptait toujours un point de vue pragmatique. Il était donc résolument décidé à rester chez lui dans une tendre intimité avec sa patronne.
   
Sur quoi, l’esprit rasséréné, il concentra toute son attention sur Zhizi, dans la cuisine [… ]

   

Celle-ci prit conscience du regard de l’homme fixée sur elle, ce qui la troubla légèrement… D’un côté elle était aux aguets, écoutant avec attention le rude souffle de l’homme, de l’autre elle s’efforçait de garder son calme, et, dans la mesure du possible, de dissimuler les battements effrénés de son cœur… Ce qu’elle espérait, n’était-ce pas justement un regard de ce genre ? Alors maintenant qu’elle l’avait obtenu, pourquoi être aussi tendue ? Elle continuait à couper les légumes tout en réfléchissant, et ses gestes exprimaient assez bien le cours de ses pensées.
   
La cuisine n’était pas grande, deux personnes pouvaient difficilement s’y mouvoir en même temps, et, au moindre mouvement, il était inévitable que leurs corps se frôlent ; ils restaient donc tous les deux debout à leur place, mais il en résultait inéluctablement une tension palpable. Le point essentiel, c’est que l’homme n’avait pas encore bien saisi les intentions de la ‘patronne’. Songze prétendait bien être un expert en sentiments amoureux, mais il n’avait jamais eu de face à face sérieux avec Zhizi, et, en sa présence, il n’aurait pas osé agir à la légère sans savoir ce qu’elle attendait de lui, et jusqu’où il pouvait aller. Il ne pouvait oublier qu’elle était pour lui un investisseur. C’est pourquoi il ne pouvait que voir venir, d’une part en flirtant un peu, de l’autre en faisant preuve de courtoisie ; si un homme et une femme tous deux célibataires sont amenés à partager la même pièce, on ne peut, finalement, éviter un flirt, mi sincère, mi mensonger. Autrement, l’artiste apparaîtrait trop peu artiste, et tout serait fade et sans intérêt.
   
Zhizi, cependant, n’avait pas encore trouvé comment commencer ; elle aussi souhaitait flirter, cela permettrait en outre une approche progressive et rationnelle, avec la possibilité de laisser mûrir la situation. Elle aurait aimé manifester ses sentiments pour que l’initiative vînt de Songze, mais s’il l’avait vraiment fait, rien ne disait qu’elle ne l’aurait pas détesté et repoussé. En le voyant debout, immobile, au même endroit, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir un sentiment à la fois d’espoir et de déception. Si l’artiste l’avait séduite, et qu’elle l’avait pris en charge, c’est pour le souffle sauvage et le caractère vivant de son style pictural […]
   

Grâce à son patronage et à son soutien pratique, Songze avait glané de nombreux succès et acquis la célébrité. Mais, en faisant la promotion de l’artiste, elle avait fini par penser tout naturellement que l’homme était tout dans sa peinture et par confondre les deux ; elle était ainsi tombée amoureuse du produit de sa fabrication.
   
La tension latente finit par devenir insupportable. Sous le regard de Songze, Zhizi sentait la sueur lui couler dans le dos. […] Du coin de l’œil, elle lançait constamment des regards à l’homme, à côté d’elle ; son visage était terriblement brûlant, et son corps avait tendance, imperceptiblement, à obliquer vers lui en une sorte de courbe douce qui exprimait clairement un soupçon d’encouragement, d’expectative et d’indécision. L’homme, de son côté, face à cette douce inclination, montrait la même hésitation, la même irrésolution. Il oscilla sur lui-même, mais sans bouger d’un pouce, et cela ne suffit pas, en fin de compte, à changer la situation.
   
Ils continuèrent ainsi en silence pendant un moment. […] Songze annonça : « Je vais mettre la table pour le dîner » et en profita pour s’éclipser à toute vitesse.
   
Il fallut encore un instant à Zhizi pour se détendre, puis, levant les bras, elle essuya doucement la fine sueur qui perlait sur son visage. Dans le salon, Songze se saisit des bols et des baguettes et se mit à grand bruit à arranger la table pour la fête. C’était une table basse qui faisait office de table à manger. Dans un salon d’artiste, évidemment, rien n’est arrangé de façon très orthodoxe.  […]
   

Songze mit au milieu de la table le gâteau d’anniversaire que Zhizi avait apporté. A la lumière des lampes, la crème au chocolat prit une couleur sombre, très douce, qui exerçait un attrait fascinant. […]

   

Fixant la crème du gâteau, Songze se mit à penser, mais n’en tira aucune conclusion. …]
   


   

   
太阳这时已经完全落下去了。晚霞收起她最后一轮艳丽,渐渐沉没于幽暗之中。夜的幕布开启,一切的人与物转眼之间变得脖陇。灶台上的累累成果现在彼移到了餐桌上,香气淋漓,色泽也眩目。紧张和等待了大半晌的松泽这会儿真感到体能被消耗得够呛,确实需要补充营养了,可饥饿之后见到琳琅满目的这么……大桌子,却又有了几分惴惴和惶惶,愈发不知嘴从哪里下比较合适。抬眼再望枝子,枝子这会儿已经面目一新地端坐在他对面,脉脉合情地抬头凝望他。忙完了厨房里活计的枝子没忘了到卫生间里隆重地整修了一下自己 [...]
套服大呆板,僵硬,笨手笨脚,不大使人容易介人,而丝绸可就相对质感,也简捷轻快得多了。这些都是力今晚的爱情特地准备的。虽然烦琐,但在她满心都是甜蜜憧憬之时,也并不觉得有什么费周折。
   
再从房里出来时,枝子就已经是黑色真丝长裙飘逸,身体上最值得称赞的部位——修长的脖颈和光洁的臂膊全都从领口和袖口裸露出来,它们在灯下泛起象牙色的皮肤光泽[...]
松泽再怎么上不来情绪,也还是不免枝子的这一身装扮眼皮跳了几跳。饱览美景尔后再将其饱尝,本来就是他作为画家的特长。这时的松泽他赶忙表示惊艳,表情夸张地一手扶杯,一手将握着倒酒的瓶子停在半空,眼含赞许地盯住枝子,仿佛哺哺自语他说,“晤,我的上帝!真漂亮,你真漂亮!”
   
枝子有些激动,又不好意思流露,只很含蓄他说:“谢谢。”说完便用眼光四下里斜了一下,思忖着自己该落座哪儿,松泽正很舒服地陷落在沙发里,把住了桌子的一方。枝子此刻也很想陷到沙发里去坐,跟松泽并排紧挨着……那样就比较方便多了,枝子脸一红,暗中瞬时一转念:可那样是不是显得自己过分主动了呢?她又把眼光偷偷膘向松泽,可恨松泽那家伙此时并不给她一个在身边坐下的台阶,他若是能拍拍身边的席位,再半开玩笑半正经他说上一句,“此处正虚除以待。”那么她也就顺水推舟地坐下来了,可现在他除了假装惊艳,别的一点表示都不呈现,害得她只好溜溜地错过他的身边,绕到对面去,隔着一张桌子,带着好大的失望装出款款落座。[...]
   
红葡萄酒在高脚杯子里幽幽的泛情。顶灯、壁灯、落地灯都被男主人了盏一盏地熄掉,只留下烛台上几支红红的蜡烛闪烁的。[隐藏进棚顶四角的音箱放送出柔柔的软歌。那是一种从异腔送出来的哼唱,绵绵无骨地含在一管萨克斯里头。]枝子姿态软软地给松泽一小块一小块切了生日蛋糕,将带有粉红色玫瑰花的那块儿送进了他的碟子,而自己只留一枚嫩绿色的奶油叶子,祝福的话语一说就落入了俗套,远没有喝酒更能展示出新意,枝子和松泽俩人就频频地碰杯,你一杯,我一杯,你再敬我一杯,我再还你一杯。看架势好像都要成心把自己灌醉。
   

Le soleil, maintenant, avait totalement achevé sa descente. Les nuages, au couchant, brillèrent d’un dernier éclat, et l’astre s’engloutit peu à peu dans l’obscurité ambiante. La nuit étendit son voile et, en un instant, tout devint fantomatique. Les exploits culinaires péniblement réalisés sur le fourneau étaient maintenant sur la table, d’où ils répandaient leur arôme et attiraient le regard de leurs couleurs brillantes. Après sa longue attente et la tension précédente, Songze avait le sentiment qu’il n’aurait pas même pas la force physique de manger ; pourtant, il avait vraiment besoin de se sustenter, sa faim étant décuplée par le plaisir suscité par la vue de tous ces plats. A table cependant, il se sentait gêné et mal à l’aise, de plus en plus incapable de trouver quelque chose d’approprié à dire.
   
Levant les yeux, il regarda Zhizi qui venait de s’asseoir, bien droite, en face de lui, une Zhizi complètement transformée qui fixait sur lui un regard plein de tendresse. Après avoir terminé son travail dans la cuisine, elle n’avait pas omis de passer dans la salle de bains pour se changer et se faire une beauté. […].

   

Raide, empesée, la robe lui donnait un air maladroit, et n’avait rien pour faciliter les contacts ; la soie naturelle, pourtant, apportait une note de luxe, et un soupçon de gaieté. Tout cela avait été très spécialement préparé pour cette soirée. C’était, il est vrai, un tantinet trop recherché, mais, toute à l’attente du doux bonheur espéré, elle n’en était pas consciente.
   
Zhizi sortit avec une grâce éthérée de la salle de bains, vêtue de sa longue robe de soie naturelle noire, mais, surtout, avec un décolleté et des manches laissant apparaître son cou très fin et la peau délicate de ses bras qui, dans la lumière de la pièce, prenait un éclat d’ivoire…
   
Songze n’arrivait toujours pas à se mettre dans l’ambiance, mais il fut malgré lui assez impressionné par l’élégance de Zhizi. Après tout, s’abîmer dans la contemplation de la beauté et en tirer la plus profonde jouissance était sa spécialité d’artiste. Sa stupéfaction s’exprima par une pose exagérée alors qu’il s’apprêtait à servir le vin : les mains figées en l’air, l’une tenant un verre, l’autre la bouteille, le regard béat d’admiration fixé sur Zhizi, il murmura comme pour lui-même : « Ah mon dieu ! Que tu es belle, tu es vraiment très belle ! »
   
Quelque peu troublée et manifestant un certain embarras, Zhizi lui répondit simplement, avec une grande réserve : « Merci, merci. » Puis elle jeta un regard autour d’elle en se demandant où elle allait s’asseoir ; Songze s’était confortablement installé dans le sofa, occupant tout un côté de la table. Zhizi aurait aimé aller elle aussi s’y asseoir, tout près de lui… Cela aurait été très pratique ; mais elle rougit et reconsidéra la situation : ne donnerait-elle pas ainsi l’impression d’être excessivement directe ? Elle lorgna du côté de Songze, mais le malotru n’avait pas fait le moindre geste pour lui faire de la place à ses côtés ; il aurait pu taper gentiment sur le sofa à côté de lui, et dire sur un ton mi enjoué mi formel : « il y a justement une place pour vous », elle aurait pu alors profiter de l’occasion offerte ; mais, une fois qu’il eut exprimé sa surprise et ses louanges, Songze ne dit plus rien ; mal à l’aise, elle pensa qu’il valait mieux abandonner l’idée de s’asseoir à côté de lui et alla, d’un pas volontairement mesuré, s’asseoir en face de lui, de l’autre côté de la table. Elle était certes profondément déçue, mais ne voulait pas agir à la légère avant le début formel des opérations. […]
   
Le vin rouge dans les verres à pied diffractait une lueur sombre. Le propriétaire des lieux avait en effet éteint une à une toutes les lumières, lustre, appliques murales et lampadaires ; il ne restait que quelques bougies rouges qui tremblotaient dans leurs bougeoirs, […] Après avoir tout doucement coupé le gâteau d’anniversaire en tranches fines, Zhizi choisit pour l’assiette de Songze un morceau décoré d’une rose de couleur rose, tandis que son morceau à elle portait la feuille qui restait, d’une tendre couleur verte. Si les vœux d’anniversaire en restèrent aux clichés usuels, pour boire il n’est pas besoin non plus de formules innovantes ; Zhizi et Songze trinquèrent donc plusieurs fois, à ta santé, à la tienne, trinquons encore… Ils donnaient la nette impression de vouloir s’enivrer.

   


   

   
其实枝子才没想把自己灌醉,她只想借酒壮胆,把自己灌出几分将过程进行到底的勇气来。松泽暂时还没有想到那么多,他一边不辜负枝子的手艺,大快朵颐,一边还要腾出嘴,抽空把枝子的手艺表扬,[一些称赞的话语落到枝子的耳垂儿上便款款粘住下下,湿乎乎的受用动听。而枝子手中的筷子却难得一动,一来是厨师从来就吃不下经自己手做出的美味佳肴,二来嘛,枝子的心思也完全不在这上头。枝子的眼睛在酒的滋润下,酒汪汪,直勾勾的,几乎是目不转睛地盯着对面的松泽,盯盯地瞧着他咀嚼时腮帮肌肉的漂亮泛动看着他对女人说赞美话的时候口吐莲花,满头的艺术家长发一甩一甩的,还有他四十多岁男人刮得铁青的有力的下巴,枝子真是看得又怜又爱,脸蛋儿烧得要起人,连眼珠儿都吨啦咆啦的要冒出火星子来]。
   
这个时候的枝子就有些恨,有些爱,有些无奈,有些牙根儿发痒。她就只好又恨又无奈地猛往自己嗓子眼里灌酒,也不知道松泽对她是怎么感觉的,反正,是直到了这会儿他还没有动作。[...]
   
枝子..摇摇晃晃起身,说:“来,我们为今夜晚干杯。”
松泽说好,为今晚干杯。
没等松泽的杯子递过去,枝子的杯子却直伸过来,摇摇欲坠地往他的酒杯上碰。但却因为目标不准,杯子直探向他的怀中而来。松泽下意识伸手一搪,“噗”,一杯酒碰洒,全洒在他的t恤和裤子上。
   
枝子慌忙说声,“对不起,对不起。”松泽说:“没关系,没关系"说完回身要找东西去擦。枝子忙说:“我来,我来。”说着就晃晃地伸手把他拦住,又晃晃地起身,慢慢蹩到厨房里,找来抹布和纸巾,欲替他擦拭身上的酒滴。她从厨房径直过到他的身旁,倚在沙发上,不等他客气拒绝,曲下身,半蹲半跪倚下去,伸手替他在裤子上擦。他就姿势艰难地曲在沙发上承受着,她现在已经跟他靠得这样近了,她的头发已经刮着了他的下巴,他们的身体也几乎完全要贴上,她已经间到了他身上的体香和酒香。她这时在半晕半醒的脑子里划过一瞬间的迟疑和恍懈:要不要就势投到他的怀里去?
   
但是就在她这样稍一迟疑的时候,那个可以自然而然投怀送抱的两秒钟已倏忽而过。过了这个时间差,再想要投人进去就显得生硬,扭曲... 恋爱真是不可以用脑子的,只听凭本能去行动就行了。她想,恋爱的时候脑子真是多余啊。她想。她这样想着的时候心里边说不出有多么的沮丧,沮丧得简直就要流出眼泪来了。
   
还好,就在这当口,一双热乎乎的大手终于伸了出来,渴情地顺势将她揽了过去。..松泽就这样做了一个顺水人情,顺势揽过了枝子的腰,让她靠在他身上。枝子听到了男人有力的心跳。她将头紧紧贴在他前胸上,闭着眼,两行委屈的泪水顺着眼缝悄悄流出了一点,但她没有顾得上去擦。她的身子这会儿全软了,软得一塌糊涂,什么也动不了。直到这会儿她被男人搂进怀里,这才觉得所有的骨头立刻都酥化,所有的矜持的饱甲也都立即崩塌。这会儿她想,她只想,我爱这个男人,我爱。跟我爱的男人在一起,这就行了。行了。
[...]
   
他忽然间心中一动:莫非她是很认真,真的是跟他动了真情?她今天的表现,好像有点不大对劲啊!她为他所做的一切,她的所有厨房语言,好像都在向他示意:她愿意做他这个厨房的女主人,她是做他这个房间女主人的最好人选……
   

En réalité, Zhizi n’en avait pourtant pas l’intention ; elle voulait juste boire quelques verres pour se donner le courage dont elle avait besoin. Songze, pour sa part, n’était pas encore allé aussi loin dans ses réflexions ; faisant honneur à l’art culinaire de Zhizi, il se mit à dévorer à toute vitesse, tout en essayant, par ailleurs, de trouver les mots pour la louer  […].
   

A ce stade, Zhizi se trouvait partagée entre la haine, l’amour, l’impuissance et le désir. Ne sachant pas quels étaient les sentiments de Songzi envers elle, vu qu’il n’avait jusqu’alors esquissé aucun geste, elle en était réduite à exprimer sa haine et son impuissance en buvant.  […]
   

Zhizi leva son verre, le vin coulant autour du bord, se redressa en vacillant et dit : « Allez, trinquons à cette soirée ! »
D’accord, dit Songze, trinquons.
Sans attendre qu’il ait avancé son verre, Zhizi tendit le sien d’un geste incertain. Sa tentative de trouver le verre de Songze pour trinquer manquant de précision, dans un réflexe inconscient, celui-ci tendit la main pour se protéger, mais elle renversa tout le vin sur son t-shirt et son pantalon.
   
« Pardon, pardon ! » s’exclama-t-elle aussitôt.
« Ce n’est pas grave, ce n’est pas grave ! » lui répondit Songze qui voulut aussitôt aller chercher de quoi s’essuyer. Mais Zhizi l’arrêta précipitamment en lui disant « J’y vais, j’y vais » tout en tendant une main tremblante pour l’arrêter, puis elle s’en fut clopinant et titubant jusqu’à la cuisine chercher un chiffon et du sopalin. Revenue près de lui, malgré ses dénégations polies, elle se pencha vers lui en s’appuyant sur le sofa, et, à moitié agenouillée, à moitié accroupie, entreprit d’essuyer son pantalon. Il était tordu sur le sofa, dans une position inconfortable, mais elle était maintenant si près de lui que ses cheveux lui frôlaient le menton, et que son corps semblait sur le point de se coller au sien, dont elle captait les effluves et l’odeur du vin. Son esprit embrumé par l’alcool connut alors un bref instant de détente et une hésitation fugace : pouvait-elle tenter de se lover sur sa poitrine, se glisser naturellement dans ses bras et l’enlacer ?
   
Mais ce moment d’hésitation ne dura que quelques secondes. L’instant d’après, déjà, cela lui parut artificiel et alambiqué… L’amour ne peut être dirigé par le cerveau, pensa-t-elle, le mieux est de laisser l’instinct agir. Elle pensa que, quand on est amoureux, le cerveau est vraiment tout ce qu’il y a de plus superflu. Mais cette pensée la déprima tellement qu’elle eut envie de pleurer.
   
Par bonheur, à ce moment précis, deux grandes mains chaleureuses se tendirent enfin, et Songze lui fit, sans qu’il lui en coûtât beaucoup, la grande faveur de lui enlacer la taille et de l’attirer contre lui. Collant la tête contre sa poitrine, elle entendit les battements très forts de son cœur, et, fermant les yeux, versa des larmes amères qui coulèrent tout doucement. Elle ne se sentait plus la force de continuer à essuyer le vin, elle était au bord de la défaillance, incapable de faire le moindre mouvement. Dès le moment où l’homme l’avait enlacée et attirée sur sa poitrine, elle avait eu l’impression que ses os ramollissaient, toute la réserve qui la protégeait s’était effondrée. Elle n’avait plus qu’une idée en tête : j’aime cet homme, je l’aime. Etre avec l’homme que j’aime, c’est cela qu’il me faut, c’est cela qui est bien.
   
[…]
   

Une idée lui vint brusquement à l’esprit : et si elle était sincère, et si elle nourrissait à son égard des sentiments vrais ? Son attitude aujourd’hui était quelque peu insolite ! Tout ce qu’elle avait fait, tout son travail à la cuisine, tout cela avait un sens qu’elle lui signifiait ainsi : elle voulait devenir la maîtresse de cette cuisine, donc la candidate idéale pour devenir la maîtresse de cet appartement.
   


   

   
一意识到这里,男人烧着的身体“忽悠”就打了一个激灵,热度瞬间就冷了下来。原来女人是认真了。这会儿他忽然明白了女人今天不是来玩的,女人今天是来认真的。女人今天来的目的性非常明确。她想要的是结果。她可不光光玩的是情调,而是想要一个实实在在的结果。从她的接吻态势上他已经就品味出来了。她的那些厨房用语的艰苦卓绝,无不在表明着一个实实在在真的心迹,直到这会儿他才把她破译开来。
   
男人突然感到懊丧。男人的这份懊丧一下子就灌满了他自己的周身,让他刚刚膨胀起来的身体很快就软化了。真不好玩,实在是不好玩。他能领受假意,却要拒绝真情。他不愿意有负担。在这个人人都趋功近利的时代,谁还想着给自己上套,给自己找负担?尤其是对于他一个艺术家来说,更不愿有任何形式的羁绊。[...] 关键是她选错了人,挑错了对象。艺术家松泽他一点都不想有什么负担,一点都不想去对别人负责。[...]
   
但是他又不能淬然把这一场游戏结束,装作冷冰冰的拒绝。得罪一位对他有用的女出资人,怎么说也划不来。况且他一贯以怜香借玉著称,在一位风姿绰约的女人面前也不能显得太缺乏风度。再说,跟一个漂亮女人做一场稍微有一点危险的游戏,有什么不好?在悬崖边上玩,才会来得过痛,比平常有刺激。再怎么说,他也不至于被她强奸成婚吧?
   
[...]
   
这样玩着闹着,几个大起大落下去,不知不觉,夜已经深了,当女人又一次滚倒在他的怀中,沉醉于他中音共呜区的声情并茂时,却听得他咬着她的耳垂,..在耳边叮咛:“宝贝,你看,已经两点钟了。我该送你回去了!
   
女人一愣,像没听清似的,手臂从他脖子上掉下来,呆呆地仰起脸来看着他,两只盈满秋水的大眼睛里露出迷茫。回去?什么回去?为什么要回去?他这是什么意思?是在下逐客令吗?
   
女人的思绪半天没有回过神儿来。她的自尊与自信受了格外的打击。这是怎么回子事?难道这个样子就算完了?他这个态度表明的是什么?
可是她能说不走吗?她能说主动要求留下来过夜吗?那样她成什么了?
   
男人却根本不顾女人情绪的空顿,不由分说,起身离开她去衣橱里取外衣。男人的这一动作果断,坚决,不容置疑,不容商量,仿佛在用他的形体语言在提示她:他并无意于接纳她。他已经玩够了,不想再继续玩下去。他对她已经够负责的了,耐心陪了她一个晚上,且还让她囫囵的样子..。
[...]
   
到了小区的楼门口,女人下车,男人也跟下来,假意跟她拥抱握别,握别完了,男人又返身低头钻进出租车,跟着车子往来时的路上走。女人目送着载着他的红色皇冠在夜幕中一点一点远去,毕竟,他还不是个坏人,她这样想,她愿意尽量往好的方面想。毕竟他还是有责任感的。哪怕这责任感只是在他最后护送她回家的这短短的一程。短短一程中的呵护和温暖,也足够她凭吊一生。
   
夜风猛劲地从楼门口吹了过来。女人的头发又乱了,几丝长发贴到脸上来,遮住了她的双眼。她抬手将发梢掠向脑后,无意间手指触到了脸上潮乎乎的东西。她转回身,扭亮了楼道里的廊灯,准备快速上楼。刚一抬脚,一大包东西碰着了她的腿。她低头一看,原来是厨房里的那一袋垃圾。直到现在她还把它紧紧地提在手里。
   
眼泪,这时才顺着她的腮帮,无比汹涌地流了下来。
   

Sous le coup de cette prise de conscience soudaine, l’homme vacilla, son corps brûlant eut soudain un frisson, et sa fièvre se calma d’un coup. Ainsi, cette femme était sincère. Il comprit brusquement, à cet instant-là, qu’elle n’était pas en train de s’amuser, et son objectif de la journée en devint très clair : elle voulait un résultat. Non seulement elle était sérieuse, mais, en plus, elle voulait un résultat concret. Cela transparaissait dans sa manière de l’embrasser. Il venait tout juste de déchiffrer le rébus : tout ce combat mené à l’aide du langage culinaire révélait que, du fond du cœur, elle était sincère.
   
L’homme se sentit soudain consterné, sentiment de consternation qui le gagna tout entier et fit retomber d’un coup son excitation. Ce n’était pas drôle, pas drôle du tout, vraiment. Il pouvait accepter des relations factices, mais pas des sentiments vrais. Il ne voulait pas de charges. A une époque où tout le monde court après la réussite et le profit, qui songerait à se laisser mettre la corde au cou ? C’était tout particulièrement vrai pour lui, un artiste, il voulait encore moins avoir d’entraves. […]

   

Le point crucial, dans cette histoire, c’est qu’elle avait choisi le mauvais cheval, qu’elle s’était trompée dans le choix de son partenaire. En tant qu’artiste, Songze ne voulait pas avoir de charge et ne voulait avoir de responsabilités envers personne. Les jeux sans conséquence, très bien, mais se lancer dans une affaire sérieuse, ça non. Elle voulait se mettre sous sa tutelle, mais il n’était pas la bonne personne pour cela….
   
Il ne pouvait cependant pas pour autant mettre abruptement fin à ce jeu, et le terminer sur un refus glacial. Il ne pouvait envisager d’offenser une femme utile qui lui apportait des capitaux. Qui plus est, il était renommé pour ses relations affectueuses avec les femmes, face à une femme d’un port aussi gracieux, il ne pouvait paraître manquer autant de manières. Par ailleurs, jouer un jeu impliquant un risque extrêmement faible avec une jolie femme, qu’y a-t-il de mal à cela ? Ce n’est qu’en jouant au bord du gouffre que l’on court des risques, et c’est plus excitant que l’ordinaire. Seulement, il ne pouvait pas non plus aller jusqu’à accepter d’être violé et contraint au mariage.

   

[…]
   

Pendant que se prolongeaient ces jeux et ces ébats, avec leurs hauts et leurs bas, insensiblement, on en était arrivé au milieu de la nuit. Alors que la femme, une nouvelle fois, retombait sur sa poitrine, enivrée par son parfait jeu de scène, elle l’entendit cependant lui susurrer à l’oreille tout en lui en mordillant le lobe : « Trésor, regarde, il est presque deux heures du matin, il faut que je te raccompagne chez toi ! »
   
La femme en resta sidérée, comme si elle n’avait pas bien entendu ; laissant retomber ses bras qui enlaçaient le cou de l’homme, elle leva vers lui un visage interloqué pour le regarder, ses yeux limpides exprimant la perplexité. Rentrer ? Comment cela, rentrer ? Et pourquoi rentrer ? Que voulait-il dire ? Est-ce qu’il la congédiait ?
   
Il fallut un bon moment à la femme pour recouvrer ses esprits ; son amour-propre et sa confiance en elle en avaient pris un coup terrible. Que se passait-il ? Etait-il possible que tout se terminât de la sorte ? Que voulait-il signifier par une telle attitude ?
Pouvait-elle dire qu’elle ne partait pas ? Prendre l’initiative de dire qu’elle restait passer la nuit ? Mais qu’y gagnerait-elle ?
   
L’homme ne se laissa pas toucher par le vide affectif qu’elle ressentait, et ne donna aucune explication ; il se leva pour aller chercher un manteau dans sa penderie. Ses gestes étaient résolus, fermes, et ne laissaient place ni au doute ni à la discussion ; il semblait utiliser un langage gestuel pour lui signifier qu’il n’avait aucunement l’intention de l’admettre dans sa vie. Il s’était lassé de ce jeu et n’avait pas envie de continuer. Il avait déjà suffisamment assumé de responsabilité envers elle ce soir, avait fait preuve de suffisamment de patience en lui tenant compagnie toute la soirée, et, qui plus est, sans lui faire perdre la face et sans prononcer de paroles définitives.

   

[…]
   

Arrivée à la porte de l’immeuble de sa résidence, la femme descendit de la voiture, l’homme fit de même, l’étreignit hypocritement et prit congé en lui serrant la main, sur quoi il se retourna et, tête baissée, remonta dans le taxi… La femme suivit du regard sa Toyota rouge qui s’éloignait peu à peu dans l’obscurité de la nuit. Ce n’est pas vraiment un mauvais homme, se dit-elle, souhaitant voir les choses sous le jour le plus favorable possible. Peut-être aussi ressentait-elle un certain sentiment de responsabilité, qui ne lui était venu que lors du très court trajet pendant lequel il l’avait raccompagné chez elle. Avec la chaleur et l’attention qu’il lui avait témoignés ce soir-là, elle aurait de quoi penser tout le restant de sa vie.
   
Une violente rafale de vent s’engouffra dans la porte de l’immeuble, ébouriffant ses cheveux dont quelques mèches vinrent se coller sur ses yeux. Comme elle levait la main pour ramener ses cheveux en arrière, ses doigts rencontrèrent au passage quelque chose d’humide sur son visage. Se retournant, elle alluma la lumière dans le couloir, et se prépara à vite monter chez elle. Mais, au moment où elle s’apprêtait à poser le pied sur la première marche de l’escalier, un objet volumineux vint lui heurter la jambe. Baissant la tête, elle vit que c’était le sac d’ordures de la cuisine, qu’elle avait tenu, bien serré, jusque là.
   
Ce n’est qu’alors qu’elle s’effondra en larmes.

   
   

   

   

 

 

     

 

 

 

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