张爱玲短篇小说《色•戒》
Zhang Ailing
« Lust.Caution »
par Brigitte Duzan, 3
août
2010
I. Présentation
« Lust.Caution » (《色·戒》)
a été
rédigé en 1950, pendant une période ‘creuse’ pour Zhang
Ailing : au début du régime communiste chinois, alors
que les intellectuels commençaient à être contrôlés et
enrégimentés. La nouvelle n’a donc pu
être publiée tout de suite. De toute façon, elle
concernait un sujet particulièrement sensible pour elle,
et elle n’a cessé de la réviser pendant les vingt-huit
années qui ont suivi, comme si jamais elle n’arriverait
à trouver une version suffisamment satisfaisante pour
être considérée comme définitive.
La nouvelle a
finalement été publiée en 1978. Elle peut donc être
considérée comme l’une de ses rares œuvres de maturité.
Dès sa parution, le récit a suscité en Chine une vive
polémique qui tient autant à la personnalité de l’auteur
qu’au thème traité. |
|
Photo Zhang Ailing au moment de la
publication de la nouvelle |
Le cadre
Wang Jingwei
(汪精卫) |
|
Le récit se
passe en 1942, pendant la guerre sino-japonaise, alors
que la Chine était dans une situation chaotique, avec
une partie du territoire occupé par les Japonais, un
gouvernement nationaliste à Chongqing, au Sichuan, et un
gouvernement collaborateur à Nankin, dont le chef, Wang
Jingwei (汪精卫),
apparaît en filigrane dans la nouvelle : le personnage
principal, monsieur Yi, est son chef de la sécurité et
des services spéciaux.
L’histoire se
déroule à Shanghai, alors occupée par les Japonais, et
plus particulièrement dans une zone des concessions
toute proche de la concession française, ces concessions
qui étaient alors relativement isolées au milieu des
zones occupées, et que l’on appelait pour cette raison
« l’île solitaire » (上海孤岛).
Le texte offre une série de références précises qui
permettent de localiser les différents endroits évoqués
(voir les explications et
|
illustrations dans la partie
vocabulaire). En ce sens, la nouvelle permet au lecteur de
s’immerger totalement dans l’atmosphère de la Shanghai des
années quarante, au moins celle d’une frange huppée de la
population chinoise.
Quant à
l’intrigue elle-même, elle est très simple : une jeune
étudiante est désignée par un groupe de ses camarades,
poussés par leur patriotisme, pour « appâter »
l’un des
personnages les plus importants de l’entourage de Wang
Jingwei, l’attirer dans un piège et l’assassiner. Elle
est fondée en partie sur un fait historique, en partie
sur des éléments autobiographiques.
Les
sources historiques
L’histoire
rappelle une histoire vraie, qui s’est passée en 1939 :
un piège semblable tendu au chef des services secrets de
Wang Jingwei, Ding Mocun (丁默村).
Ce Ding Mocun
fut d’abord membre du Parti communiste, puis rallia le
Guomindang (comme Wang Jingwei |
|
Ding Mocun
(丁默村) |
lui-même), mais, accusé de
corruption, en fut expulsé en 1938 à l’occasion d’une
réorganisation des
Zheng Pingru
(郑苹如) |
|
services de renseignement
du Parti. Il passa alors au service du gouvernement dit
fantoche de Wang Jingwei, qui considérait que la Chine
n’avait aucune chance de gagner contre le Japon, et que
la seule chose à faire était de collaborer avec lui.
Ding Mocun prit en charge les activités d’espionnage et
fit de son quartier général à Shanghai, 76 Jessfield
Road, un lieu sinistrement réputé : le "n° 76".
Le 21 décembre
1939, une jeune femme tenta effectivement de
l’assassiner, dans des circonstances très semblables à
celles de la nouvelle. C’était une jeune militante
chinoise d’une grande beauté du nom de Zheng Pingru (郑苹如):
de mère japonaise, elle parlait couramment le japonais
et devint l’une des figures majeures du renseignement
chinois, côté nationaliste. Le complot ayant été
découvert, elle fut exécutée : elle avait 23 ans.
|
Les éléments autobiographiques
Si le
monsieur Yi de la nouvelle,
bien que « traître à la nation » (汉奸hànjiān),
est traité sous un jour
assez sympathique dans la nouvelle, c’est qu’il rappelle
un autre de ces « traîtres » que
Zhang Ailing a
elle-même, pendant ces années troublées, connu, aimé et
épousé : Hu Lancheng (胡兰成).
Leur première rencontre eut lieu en 1943 : elle avait 23
ans, il en avait 37 et était déjà marié, mais était
certainement séduisant, comme monsieur Yi.
En dépit de
son infidélité notoire, elle continua de l’aimer, allant
même jusqu’à l’aider financièrement, lui versant ses
droits d’auteur alors que, réfugié à Wenzhou après la
défaite japonaise, il vivait avec une autre femme. Elle
ne divorça qu’en 1947. Pourtant, quand elle écrivit la
toute première version de sa nouvelle, en 1950, la page
n’était pas encore tournée, elle ne le fut d’ailleurs
sans doute jamais, ce qui explique qu’elle ait si
longtemps hésité à la publier : elle dit l’avoir
révisée plus de soixante dix fois. La |
|
Hu Lancheng 胡兰成
: le crâne légèrement chauve, séduisant, comme dans la
description de monsieur Yi |
nouvelle, en conséquence, est une
de ses plus achevées, de ses plus réussies, et de ses plus
amères.
Un huis clos
très bref
« Lust.Caution » n’est finalement, en effet, que le cadre d’un
drame intérieur.
Ce qui
intéressait Zhang Ailing, ce n’étaient pas les héros, mais les
gens ordinaires, ceux dont elle disait qu’ils portaient le
fardeau de l’époque, c’étaient les conflits personnels et non
ceux des armes. Dans « Lust.Caution » comme dans le reste de son
œuvre, la guerre n’apparaît qu’en toile de fond, un cadre obligé
car il conditionne l’histoire, mais sans plus. Il n’y a pas de
bruit de bottes, pas de coups de feu.
C’est un
huis clos qui se déroule sur quelques heures, le temps d’une
partie de mahjong brièvement interrompue, avec une brève
échappée finale, vite arrêtée. C’est en outre un huis clos où
une grande partie du récit se passe dans la tête des
personnages : Zhang Ailing utilise là à merveille la technique
du monologue intérieur.
Une symbolique complexe
La nouvelle est
construite autour de trois thèmes constituant des sortes de
leitmotivs qui évoluent très subtilement avec le récit :
leitmotiv de la bague, leitmotiv du théâtre (et du jeu), et
leitmotiv du tigre et de sa proie.
Couverture |
|
Le thème de la
bague est sans doute le plus important, mais il est
complexe. C’est en fait le contenu symbolique des
deux caractères du titre qui définit l’ensemble de
l’histoire.
Le
premier caractère,
色
sè,
est ici à prendre tout d’abord comme signifiant le
« plaisir des sens » ; il se réfère au piège monté par
les étudiants pour appâter monsieur Yi :
“美人计
měirénjì”,
un stratagème utilisant la beauté d’une femme. En même
temps, ce plaisir des sens implique quelque chose
d’illusoire,
色
étant alors entendu dans son acception bouddhiste :
“色即使幻
sèjíshǐhuàn”,
le
plaisir est illusion, c’est un leurre qui ne peut
qu’induire en erreur. D’où la défaillance de Wang Jiazhi
au moment
d’agir.
Ce sens est
renforcé par celui du deuxième caractère du
titre -
戒
jiè
- dont la signification profonde se dévoile peu à peu au
cours de la lecture. D’abord, c’est une bague, la
|
bague de diamant -
钻戒
zuànjiè
- qui va
devenir le moteur de l’intrigue : celle que Wang Jiazhi va
tenter de se faire offrir par monsieur Yi, pour l’attirer dans
une petite joaillerie choisie par le groupe
d’étudiants comme lieu
idéal pour l’assassiner.
Le caractère戒
jiè, cependant,
signifie d’abord mettre en garde (d’où la traduction anglaise du
titre), donc prendre garde et s’abstenir (de boire, fumer, et
toute mauvaise habitude en général) ; par extension, il est
utilisé par les bouddhistes pour désigner leur règle monastique,
fondée sur l’abstention, le retrait du monde sensible. De fait,
tout autant que monsieur Yi, Wang Jiazhi est constamment sur ses
gardes.
Au moment fatidique où
son destin se joue, dans la joaillerie, elle a, par ailleurs,
l’impression de vivre un songe, et l’on rejoint là le troisième
sens de 戒 ,
implicite dès le début de la nouvelle et qui rejoint le thème du
théâtre : Wang Jiazhi s’est introduite dans le cercle de madame
Yi comme l’épouse d’un homme d’affaires de Hong Kong pour éviter
les soupçons (les étudiants étant considérés comme de dangereux
extrémistes), elle joue un rôle, comme dans son groupe de
théâtre amateur, et, du coup, le monde autour d’elle finit par
lui paraître illusoire, surtout dans le petit magasin silencieux
où les bruits de la rue ne parviennent qu’estompés. Sur le mur
de la boutique est posé un immense miroir sur lequel est peint
un décor de fleurs de pivoines : elle s’y voit reflétée, ses
pieds foulant les fleurs, superbe image de l’irréalité qu’elle
ressent. Même la bague que le bijoutier lui fait essayer lui
paraît alors un simple accessoire de théâtre, et les deux
Indiens de la boutique renforcent en elle le sentiment que tout
cela n’est guère plus
qu’une histoire fantastique, un conte des Mille et Une Nuits.
Même le coup de
théâtre qui termine la scène de la joaillerie (deux caractères
suffisent pour faire basculer le destin :
"快走"
va-t-en
vite !), en provoquant le départ précipité de monsieur Yi, ne
rompt pas l’illusion. Dans la rue, les gens lui paraissent comme
les mannequins dans la vitrine du magasin de fourrure :
可望而不可及
kěwàngérbúkějí
– on peut les voir mais non les toucher. Et quand finalement elle trouve
un pousse libre, le jeune garçon lui apparaît comme un
chevalier ayant enfourché son cheval blanc pour venir la sauver.
Ce qui rompt l’enchantement, c’est le coup de sifflet du
policier qui est en train de boucler le quartier et force le
pousse à s’arrêter. « 封锁了 fēngsuǒle
» dit
simplement le conducteur en se retournant vers elle : la rue est
coupée, et son destin scellé.
Un message de
tristesse infinie
Madame Yi et ses amies peuvent
tranquillement continuer à jouer au mahjong, et monsieur Yi
méditer les leçons du complot auquel il vient d’échapper. Wang
Jiazhi n’aura été qu’un épisode plutôt heureux dans son
existence, un amour fugace venant égayer ses années d’homme déjà
mûr. Pour les autres, inconscientes de la tragédie qui vient de
se jouer, elle n’est qu’une partenaire de jeu qui les a
abandonnées au milieu d’une partie ; l’une d’elles résume
l’opinion générale : cette Wang Jiazhi,
拆滥污
cālànwū,
trois caractères signifiant à la fois quelle négligence, et donc
quel gâchis ! Il n’y a ni bons ni mauvais, même monsieur Yi ne
pouvait agir autrement : s’il ne supprimait pas les étudiants,
l’affaire pouvait s’ébruiter, et
le mettre lui-même en danger.
*
Zhang Ailing atteint là
un sommet de son art : rien n’est vraiment dit, tout est
suggéré, et en particulier par des descriptions et des images.
Cette nouvelle est une
véritable fête de l’esprit autant que de l’écriture, chaque mot
compte, il faut la lire en les savourant. Pour aider à cette
lecture, le texte a été divisé en six parties ; pour chacune est
donné le vocabulaire très détaillé, avec des explications et
illustrations des lieux évoqués.
Par ailleurs, contrairement à l’habitude sur ce site, il n’est
pas donné de traduction in extenso, on peut pour cela se
reporter à celles existantes, en anglais (par Julia Lovell, chez
Anchor Books) ou en français (par Emmanuelle Péchenart, chez R.
Laffont, en 10-18) ; en revanche, il est donné une synthèse du
texte, avec une traduction des plus beaux passages, les plus
significatifs aussi, qui sont souvent passés sous silence dans
ces traductions pour privilégier la fluidité du texte.
张爱玲短篇小说《色•戒》
Zhang Ailing « Lust.Caution »
II. Texte,
vocabulaire et analyse
一
麻将桌上白天也开着强光灯,洗牌1的时候一只只钻戒光芒四射2。白桌布四角缚在桌腿上,绷紧了3越发一片雪白,白得耀眼。酷烈的4光与影更托出佳芝的胸前丘壑4,一张脸也经得起5无情的当头照射。稍嫌6尖窄的额,发脚也参差不齐7,不知道怎么倒给那秀丽的六角脸更添了几分秀气。脸上淡妆8,只有两片精工雕琢9的薄嘴唇涂得亮汪汪的,娇红欲滴10,云鬓蓬松11往上扫,后发齐肩12,光着手臂,电蓝水渍纹缎13齐膝旗袍,小圆角衣领只半寸高,像洋服一样。领口一只别针14,与碎钻镶蓝宝石的15“纽扣”耳环成套。
左右首两个太太穿着黑呢斗篷16,翻领下露出一根沉重的金链条,双行横牵过去扣住领口。战时上海因为与外界隔绝,兴出一些本地的时装。沦陷区金子畸形的贵17,这么粗的金锁链价值不赀18,用来代替大衣纽扣,不村不俗19,又可以穿在外面招摇过市20,因此成为汪政府21官太太的制服。也许还是受重庆的影响22,觉得黑大氅最庄严大方23。
易太太是在自己家里,没穿她那件一口钟,也仍旧“坐如钟”,发福了24,她跟佳芝是两年前在香港认识的。那时候夫妇俩跟着汪精卫从重庆出来,在香港耽搁了25些时。跟汪精卫的人,曾仲鸣已经在河内26被暗杀了,所以在香港都深居简出27。
易太太不免要添些东西。抗战后方与沦陷区都缺货,到了这购物的天堂,总不能入宝山空手回。经人介绍了这位麦太太陪她买东西,本地人内行,香港连大公司都要讨价还价的28,不会讲广东话也吃亏28。他们麦先生是进出口商,生意人喜欢结交官场29,把易太太招待得无微不至30。易太太十分感激。珍珠港事变后香港陷落31,麦先生的生意停顿了,佳芝也跑起单帮来32,贴补家用33,带了些手表西药香水丝袜到上海来卖。易太太一定要留她住在他们家。
Personnages principaux
:
王佳芝
Wáng
Jiāzhī, jeune femme recrutée pour servir d’appât, en le
séduisant, au chef du service de sécurité du gouvernement
collaborateur de Wāng Jingwei (汪精卫);
présentée sous le faux nom de madame Mai (麦太太),
femme d’un riche négociant de Hong Kong, monsieur Mai (麦先生).
易太太
madame
Yì, femme du chef de la sécurité,
monsieur Yi (易先生)
I
a) Introduction
01
麻将
májiàng
mahjong 洗牌
xǐpái
battre les cartes, ici mélanger les tuiles de mahjong
02
钻戒
zuànjiè
bague de diamant
光芒四射guāngmáng
sìshè
briller à la ronde de tous ses feux
03
绷紧
bēngjǐn
tendre au maximum
04
酷烈
kùliè
excessif,
impitoyable
丘壑
qiūhè
monts et
vaux, sommets et ravins
05
经得起
jīngdeqǐ supporter
06稍嫌
shāoxián un
soupçon de, un tantinet
07
参差不齐
cēncībùqí
irrégulier, inégal
08
淡妆
dànzhuāng
être légèrement maquillé
09
精工雕琢
jīnggōng diāozhuó
ciselé de manière exquise, raffinée
薄
báo
fin
10娇红
jiāohóng
rouge délicat, fragile 欲滴yùdī
litt. avoir envie de, être sur le point de / goutter
Allusion à
l’expression
娇艳欲滴 jiāoyàn yùdī
évoquant des
fleurs rouges ou roses, dégoulinant d’eau :
Par extension,
désignant des vêtements, maquillage, etc… d’un rouge frais,
ravissant.
11云鬓
yúnbìn
(exp. poétique) chevelure féminine
蓬松
péngsōng
légèrement ébouriffé
|
|
Allusion à
l’expression
娇艳欲滴 |
12齐肩
qíjiān
aller jusqu’aux
épaules
齐膝qíxī
jusqu’aux
genoux
13
水渍纹缎
shuǐzìwénduàn
satin moiré
14
别针
biézhēn broche
15
碎钻镶
suìzuànxiāng
serti d’éclats de diamants 蓝宝石lánbǎoshí
saphir
16斗篷
dǒupéng cape/manteau
呢ní
drap /
tissu de laine
17沦陷区
lúnxiànq
ū
zone
occupée
畸形jīxíng
déformé,
anormal
18
价值不赀
jiàzhíbùzī
d’une valeur inestimable, hors de prix
19不村不俗
bùcūnbùsú
ni rustique ni vulgaire
20
招摇过市
zhāoyáo guòshì
aller parader en ville
21
汪政府
Wāng zhèngfù
le gouvernement de Wang Jingwei
(汪精卫) :
gouvernement collaborateur
22 重庆的影响
chóngqìngde yǐngxiǎng
l’influence de
Chongqing (siège du gouvernement nationaliste)
23
庄严大方
zhuāngyán dafāng
imposant, digne et élégant, chic
大氅dàchǎng
cape,
pélerine
24坐如钟
zuòrúzhōng
être
assis droit comme un i
发福fāfú
prendre
du poids
25
耽搁
dāngē
faire halte
26曾仲鸣
Céng Zhòngmíng : assassiné par erreur à la place de
Wang Jingwei en 1939
河内
Hénèi
Hanoi
27
深居简出
shēnjūjiǎnchū
vivre en reclus
28
讨价还价
tǎojiàhuánjià
marchander
吃亏
chīkuī
être perdant
29
结交
jiéjiāo
s’associer avec
官场guānchǎng
les milieux
officiels
30
无微不至
wúwēibúzhì
attentif, méticuleux
31
珍珠港事变
zhēnzhūgǎng shìbiàn
l’incident = bombardement de Pearl Harbour
陷落xiànluò
tomber
32跑单帮
pǎodānbāng
faire du commerce pour son compte
33贴补家用
tiēbǔ
jiāyòng
subvenir
aux finances familiales
[La
nouvelle s’ouvre sur une partie de mahjong dans le salon de
madame Yi. C’est un procédé assez classique pour présenter des
personnages. La première phrase décrit ce qui saute aux yeux de
prime abord : les diamants qui étincellent sous la lumière de la
lampe et ressortent sur le blanc immaculé de la nappe. Suit la
description des personnages, les joueuses de mahjong, toutes
revêtues des accessoires à la mode, mode inspirée de l’entourage
du gouvernement de Wang Jingwei (汪政府),
à moins que ce soit « l’influence de Chongqing » (重庆的影响) :
en quelques caractères est magistralement dessiné le contexte
politique, en pleine guerre sino-japonaise, avec la rivalité
entre le Guomingdang basé à Chongqing et le gouvernement
collaborateur de Wang Jingwei, le tout agrémenté des touches de
luxe mondain et de frivolité d’un groupe social au bord du
gouffre, qui n’a plus d’autre distraction que le mahjong.
Cette introduction sert
également à longuement présenter la jeune « madame Mai », et la
manière dont elle était entrée en contact avec madame Yi à Hong
Kong, deux ans auparavant, pour l’accompagner en ville et
l’aider dans ses achats, en marchandant pour elle, en cantonais.
Puis, « après Pearl Harbour », les affaires de son mari étant au
point mort, elle a rejoint les Yi à Shanghai, officiellement
pour essayer de faire un peu de commerce pour elle-même.]
“昨天我们到蜀腴1去——麦太太没去过。”易太太告诉黑斗篷之一。
“哦。”
“马太太这有好几天没来了吧?”另一个黑斗篷说。
牌声劈啪中2,马太太只咕哝了一声“有个亲戚家有点事”。
易太太笑道:“答应请客,赖不掉的3。躲起来了。”
佳芝疑心马太太是吃醋4,因为自从她来了,一切以她为中心。
“昨天是廖太太5请客,这两天她一个人独赢5,”易太太又告诉马太太。“碰见小李跟他太太,叫他们坐过来,小李说他们请的客还没到。我说廖太太请客难得的,你们好意思不赏光6?刚巧碰上小李大请客,来了一大桌子人。坐不下添椅子,还是挤不下,廖太太坐在我背后。我说还是我叫的条子漂亮!
她说老都老了,还吃我的豆腐。我说麻婆豆腐6是要老豆腐嘛!
嗳哟,都笑死了!笑得麻婆白麻子都红了。”
大家都笑。
易太太还在向马太太报道这两天的新闻,易先生进来了,跟三个女客点头招呼。
“你们今天上场子早。”
他站在他太太背后看牌。房间那头整个一面墙上都挂着土黄厚呢窗帘,上面印有特大的砖红凤尾草8图案,一根根横斜着也有一人高。周佛海9家里有,所以他们也有。西方最近兴出来的假落地大窗10的窗帘,在战时上海因为舶来品10窗帘料子缺货,这样整大匹11用上去,又还要对花11,确是豪举12。人像映在那大人国的凤尾草上,更显得他矮小。穿着灰色西装,生得苍白清秀13,前面头发微秃,褪出一只奇长的花尖;鼻子长长的,有点“鼠相”,据说也是主贵的。
“马太太你这只几克拉——三克拉14?前天那品芬14又来过了,有只五克拉的,光头还不及15你这只。”易太太说。
马太太道:“都说品芬的东西比外头店家好嘛!”
易太太道:“掮客16送上门来,不过好在方便,又可以留着多看两天。品芬的东西有时候倒是外头没有的。上次那只火油钻17,不肯买给我。”说着白了易先生一眼。“现在该要多少钱了?火油钻没毛病的,涨到十几两18、几十两金子一克拉,品芬还说火油钻粉红钻都是有价无市19。”
易先生笑道:“你那只火油钻十几克拉,又不是鸽子蛋,‘钻石’墨,也是石头,戴在手上牌都打不动了。
牌桌上的确是戒指展览会20,佳芝想。只有她没有钻戒,戴来戴去这只翡翠的21,早知不戴了,叫人见笑——正眼都看不得她。
易太太道:“不买还要听你这些话!”说着打出一张五筒22,马太太对面的黑斗篷啪啦摊下牌来,顿时一片笑叹怨尤声23,方剪断话锋24。
大家算胡子25,易先生乘乱里向佳芝把下颏朝门口略偏了偏。
她立即瞥了两个黑斗篷一眼26,还好,不像有人注意到。她赔出筹码27起茶杯来喝了一口,忽道:“该死我这记性!约了三点钟谈生意,会忘得干干净净。怎么办,易先生先替我打两圈,马上回来。”
易太太叫将起来道:“不行!哪有这样的?早又不说,不作兴的28。”
“我还正想着手风转了。”刚胡了一牌25的黑斗篷呻吟着说29。
“除非找廖太太来。去打个电话给廖太太。”易太太又向佳芝道:“等来了再走。”
“易先生替我打着。”佳芝看了看手表。“已经晚了,约了个掮客吃咖啡。”
“我今天有点事,过天陪你们打通宵30。”易先生说。
“这王佳芝最坏了!”易太太喜欢连名带姓叫她王佳芝,像同学的称呼。“这回非要31罚你。请客请客!”
“哪有行客请坐客的?”马太太说。“麦太太到上海来是客。”
“易太太都说了。要你护着32!”另一个黑斗篷说。
她们取笑凑趣也要留神33,虽然易太太的年纪做她母亲绰绰有余34,她们从来不说认干女儿的话35。在易太太这年纪,正有点摇摆不定36,又要像老太太们喜欢有年青漂亮的女性簇拥的众星捧月一般37,又要吃醋。
“好好,今天晚上请客,”佳芝说。“易先生替我打着,不然晚上请客没有你。”
“易先生帮帮忙,帮帮忙!三缺一伤阴骘的38。先打着,马太太这就去打电话找搭子39。”
“我是真有点事,”说起正事,他马上声音一低,只咕哝了一声。“待会还有人来。”
“我就知道易先生不会有工夫,”马太太说。
是马太太话里有话40,还是她神经过敏41?佳芝心里想。看他笑嘻嘻的神气,也甚至于马太太这话还带点讨好的意味42,知道他想人知道,恨不得42要人家取笑他两句。也难说,再深沉的人,有时候也会得意忘形起来43。
这太危险了。今天再不成功,再拖下去要给易太太知道了。
她还在跟易太太讨价还价,他已经走开了。她费尽唇舌才得脱身44,回到自己卧室里,也没换衣服,匆匆收拾了一下,女佣已经来回说车在门口等着。她乘易家的汽车出去,吩咐45司机开到一家咖啡馆,下了车便打发45他回去。
I b) La partie de
mahjong
01
蜀腴
Shǔyú
Nom d’un
restaurant de cuisine sichuanaise (蜀
Shǔ
nom abrégé du Sichuan)
02
牌声劈啪
páishēng pīpā
le bruit des tuiles de mahjong (劈啪 pīpā
claquer,
cliqueter : pif paf, clic clac)
03
赖不掉
làibúdiào
qu’on ne peut refuser de reconnaître (erreur, dette…)
04
吃醋
chīcù
être jaloux
05
廖太太
Liào tàitài
独赢 dúyíng
gagner (au
jeu)
06
好意思不
hǎoyìsi bù..
ne pas oser , hésiter à
赏光
shǎngguāng
honorer de
sa présence
07
麻婆豆腐
Mápó dòufu
du tofu à
la Mapo (plat du Sichuan, très épicé, sensé avoir été inventé
par une vieille femme avec sur le visage des marques de petites
vérole:
麻子)
08
凤尾草
fèngwěicǎo
fougère aux
feuilles ‘en forme de queue de phénix’ (Chinese brake herb)
|
|
fougère aux
feuilles ‘en forme de queue de phénix’
(Chinese brake herb) |
09周佛海
Zhōu Fóhǎi un des membres fondateurs du Parti communiste à
Shanghai en 1921 ; en 1924, il rejoignit le Guomingdang où il
soutint la faction de Wang Jingwei ; il le suivit lorsque
celui-ci rompit avec Chang Kai-chek et forma son gouvernement
collaborateur à Nankin. Il en fut
l’un des principaux ministres.
10
落地窗
luòdìchuānɡ
porte-fenêtre
舶来品bóláipǐn
produits
importés par bateau
11
(布)匹
(bù)pǐ pièce
(d’étoffe)
对花duìhuā
chutes pour
faire coïncider les motifs
12
豪举 háojǔ action d’éclat, de prestige,
extravagance
13
苍白清秀
cāngbái qīngxiù
au teint pâle et aux
traits fins, délicats
14
克拉
kèlā
carat
品芬Pǐn
Fēn nom d’un marchand de bijoux
15
不及
bùjí
ne pas égaler
|
|
周佛海
Zhōu Fóhǎi
|
16
掮客
qiánkè
courtier,
commissionnaire
17
火油钻
huǒyóuzuàn
diamant jaune
18
两
liǎng
unité de poids = 50
g. donc à peu près deux onces d’or
19
有价无市
yǒujià
wúshì non commercialisé, introuvable (sur le marché)
20
戒指
jièzhi
bague
展览会zhǎnlǎnhuì
(foire-)
exposition
21
翡翠
fěicuì
jadéite
22
五筒
wǔtóng
une tuile de cinq
« cercles »
Schéma d’un jeu de
mahjong avec les diverses tuiles :
23
笑叹怨尤
xiàotàn yuànyóu
rires, soupirs et
plaintes (怨天尤人yuàntiān
yóurén
accuser
le sort)
24
剪断话锋
jiǎnduàn huàfēng
interrompre la
conversation
方fāng
à ce
moment-là (顿时..
方..)
25
算胡子
suànhúzi
compter ses pertes
胡一牌
húyìpái
perdre une partie
26
瞥...一眼
piē
yíyǎn jeter
un coup d’œil
27
赔出筹码
péichū
chóumǎ
payer ses jetons,
c’est-à-dire ses pertes (筹码chóumǎ
jeton)
28
不作兴的
búzuòxīngde
pas correct, quelque chose qui ne se fait pas
29
呻吟
shēnyín
gémir
30
通宵
tōngxiāo
toute la nuit
31
非要
fēiyào
insister sur
32
护
hù
ici =
袒护tǎnhù
protéger
indûment, d’où prendre parti pour
33
取笑凑趣
qǔxiào
coùqū se joindre aux plaisanteries, aux rires
留神
liúshén
faire attention
34
绰绰有余
chuòchuòyǒuyú
être largement
suffisant (pour)
35
干女儿
gānnǚ'ér
fille
adoptive
36
摇摆不定
yáobǎibúdìng
incertain, fluctuant
37
簇拥的众星捧月一般cùyōngde
zhòngxīngpěngyuè
yìbān rassemblées
autour d’elle comme une myriade d’étoiles autour de la lune
38
三缺一伤阴骘
sānquēyī shāngyīnzhì trois joueurs auxquels manque le
quatrième, c’est mauvais signe
39
找搭子
zhào
dāzi chercher quelqu’un pour se joindre au groupe, le quatrième joueur
40
话里有话
huàlǐ
yǒuhuà
parler à mots couverts, faire des insinuations
41
神经过敏
shénjīng guòmǐn
avoir les nerfs à fleur de peau
42
讨好
tǎohǎo
flatter, chercher à plaire
恨不得 hènbúde
brûler
d’envie de
43
得意忘形
déyìwàngxíng
se laisser tourner la
tête par le succès
44
费尽唇舌
fèijìn
chúnshé épuiser ses arguments, terminer une discussion
45
吩咐
fēnfù
ordonner
打发dāfa
renvoyer
[La conversation et une
description plus poussée du salon permettent de préciser ce qui
a été évoqué dans le passage introductif. Zhang Ailing insiste
sur l’importance des bijoux pour ce petit microcosme:
牌桌上的确是戒指展览会 la
table de jeu était une véritable exposition de bagues…
et, ce faisant, elle
annonce l’élément central autour duquel tourne sa nouvelle. La
quasi-totalité du passage concerne les difficultés qu’il y a à
se procurer des pierres de qualité, et en particulier des
diamants roses, devenus introuvables et hors de prix.
La description du salon
est un modèle du genre, avec ses lourdes tentures aux immenses
motifs couvrant la totalité d’un mur, en un temps où le moindre
coupon de tissu coûte une fortune,
l’approvisionnement de
Shanghai étant alors coupé et par mer et par terre, mais un
« must », la mode en ayant été lancée par le second de Wang
Jingwei : on a là, indirectement à nouveau, témoignage à la fois
du contexte historique et des conditions de vie dans Shanghai en
guerre.
Cette première partie
introductive se termine par le départ intempestif de Wang
Jiazhi, sur un signe imperceptible de monsieur Yi, plongeant
toute la table dans l’émoi, le jeu ne pouvant continuer à trois.
Elle quitte la maison dans la voiture des Yi, donne au chauffeur
le nom d’un café, puis le renvoie une fois arrivée.]
二
时间还早,咖啡馆没什么人,点着一对对杏子红百折绸罩壁灯1,地方很大,都是小圆桌子,暗花细白麻布桌布,保守性2的餐厅模样。她到柜台上去打电话,铃声响了四次就挂断了3再打,怕柜台上的人觉得奇怪,喃喃说了声:“可会拨错了号码4?”
是约定的暗号5。这次有人接听5。
“喂?”
还好,是邝裕民6的声音。就连这时候她也还有点怕是梁闰生7,尽管他很识相,总让别人上前。
“喂,二哥,”她用广东话说。“这两天家里都好?”
“好,都好。你呢。”
“我今天去买东西,不过时间没一定。”
“好,没关系。反正我们等你。你现在在哪里?”
“在霞飞路。8”
“好,那么就是这样了。”
片刻的沉默。
“那没什么了?”她的手冰冷,对乡音感到一丝温暖与依恋。
“没什么了。”
“马上就去也说不定。”
“来得及9,没问题。好,待会见。”
她挂断了,出来叫三轮车。
今天要是不成功,可真不能再在易家住下去了,这些太太们在旁边虎视眈眈的10。也许应当一搭上11他就找个什么借口搬出来,他可以拨个公寓给她住,上两次就是在公寓见面,两次地方不同,都是英美人的房子,主人进了集中营12。但是那反而更难下手了——知道他什么时候来?要来也是忽然从天而降13,不然预先约定也会临时有事14,来不成。打电话给他又难,他太太看得紧,几个办公处大概都安插得有耳目15。便没有,只要有人知道就会坏事,打小报告讨好他太太的人太多。
不去找他,他甚至于可以一次都不来,据说这样的事也有过,公寓就算是临别赠品16。他是实在诱惑太多17,顾不过来,一个眼不见,就会丢在脑后。还非得钉着他18,简直需要提溜着两只乳房在他跟前晃。
“两年前也还没有这样哩,”他拥着吻着她的时候轻声说。
他头偎在她胸前18,没看见她脸上一红。
就连现在想起来,也还像给针扎了一下,马上看见那些人可憎的19眼光打量着她,带着点会心的微笑19,连邝裕民在内。
只有梁闰生佯佯不睬20,装作没注意她这两年胸部越来越高。演过不止一回21的一小场戏,一出现在眼前立刻被她赶走了。
到公共租界很有一截子路22。三轮车踏到静安寺路西摩路口23,她叫在路角一家小咖啡馆前停下。万一他的车先到,看看路边,只有再过去点停着个木炭汽车24。
这家大概主要靠门市外卖25,只装着寥寥几个卡位26,虽然阴暗,情调毫无27。靠里有个冷气玻璃柜台装着各色西点,后面一个狭小的甬道灯28点得雪亮,照出里面的墙壁下半截漆29成咖啡色,亮晶晶的凸凹不平;一只小冰箱旁边挂着白号衣30,上面近房顶成排挂着西崽31脱换下来的线呢长夹袍32,估衣铺一般33。
她听他说,这是天津起士林34的一号西崽出来开的。想必他拣中35这一家就是为了不会碰见熟人,又门临交通要道,真是碰见人也没关系,不比偏僻的地段36使人疑心,像是有瞒人的事36。
面前一杯咖啡已经冰凉了,车子还没来。上次接了她去,又还在公寓里等了快一个钟头他才到。说中国人不守时刻37,到了官场才登峰造极了38。再照这样等下去,去买东西店都要打烊了39。
是他自己说的:“我们今天值得纪念。这要买个戒指,你自己拣。今天晚了,不然我陪你去。”那是第一次在外面见面。
第二次时间更逼促40,就没提起。当然不会就此算了,但是如果今天没想起来,倒要她去绕着弯子提醒他41,岂不太失身份42,煞风景43?换了另一个男人,当然是这情形。他这样的老奸巨滑44,决不会认为她这么个少奶奶会看上一个四五十岁的矮子。
不是为钱反而可疑。而且首饰45向来是女太太们的一个弱点。她不是出来跑单帮吗,顺便捞点外快也在情理之中。他自己是搞特工的46,不起疑也都狡兔三窟47,务必叫人捉摸不定48。她需要取信于他,因为迄今是在他指定的地点会面,现在要他同去她指定的地方。
上次车子来接她,倒是准时到的。今天等这么久,想必是他自己来接。倒也好,不然在公寓里见面,一到了那里,再出来就又难了。除非本来预备在那里吃晚饭,闹到半夜才走——但是就连第一次也没在那里吃饭。自然要多耽搁一会49,出去了就不回来了。怕店打烊,要急死人了,又不能催他快着点,像妓女一样。
她取出粉镜子来照了照,补了点粉。迟到也不一定是他自己来。还不是新鲜劲一过,不拿她当桩事了50。今天不成功,以后也许不会再有机会了。
她又看了看表。一种失败的预感,像丝袜上一道裂痕51、阴凉地在腿肚子上悄悄52往上爬。
斜对面卡位上有个中装男子很注意她。也是一个人,在那里看报。比她来得早,不会是跟踪她。估量不出53她是什么路道?戴的首饰是不是真的?不大像舞女,要是演电影话剧的,又不面熟。
她倒是演过戏,现在也还是在台上卖命54,不过没人知道,出不了名。
II Le café
01
罩壁灯
zhàobìdēng
abat-jour
d’applique murale
百折绸bǎizhéchóu
soie
plissée 杏子xìngzi
abricot
02
保守性
bǎoshǒuxìng
de style démodé (保守bǎoshǒu
conservateur)
03
挂断
guàduàn
raccrocher
04
拨错号码
bōcuò
hàomǎ
composer un mauvais numéro, se tromper en composant un numéro
05
约定的暗号yuēdìngde
ànhào code,
signal convenu
接听jiētīng
prendre un appel
06
邝裕民
Kuàng Yùmín : nom d’un jeune, membre du complot visant à assassiner
monsieur Yi.
07
梁闰生
Liáng Rùnshēng : un autre du même groupe
识相shíxiàng
sensé,
raisonnable
08
霞飞路
xiáfēilù (今淮海中路 :
aujourd’hui partie centrale de la rue Huaihai) : c’était une
grande rue commerçante à la mode : avenue Joffre, dans le
quartier de la concession française. |
|
霞飞路
xiáfēilù |
09来得及
láidejí il y a encore le temps
待会见
dàihuìjiàn
à plus tard
10
虎视眈眈
hǔshìdāndān
observer comme un tigre guettant sa proie
11
应当
yīngdān il
faudrait / aurait fallu
一搭上yìdāshàng
dès le
contact établi
12
集中营
jízhōnɡyínɡ
camp de
concentration
Note :
allusion à la disparition des Concessions à la suite de Pearl
Harbour : quelques heures après
l’attaque, le 8 décembre 1941 à
l’aube, les troupes japonaises envahissent les Concessions qui
étaient restées jusque là des enclaves de liberté dans la ville
occupée. Au début, les résidents étrangers sont simplement
astreints au port d’un brassard rouge, puis, en février-mars
1943, la plupart sont internés dans des camps à Zhabei (闸北),
Pudong (浦东),
Xujiahui (ou Zikawei,
徐家汇),
Longhua (龙华)
et dans les quartiers
ouest, les réfugiés juifs d’Allemagne et d’Europe centrale étant
rassemblés dans ce qu’on a appelé le « ghetto de Hongkou » (上海虹口隔都).
13
从天而降
cóngtiān'érjiàng
tomber du ciel
14
临时有事
línshí
yǒushì
avoir à faire (un empêchement) au dernier moment
15
安插得有耳目ānchāde
yǒuěrmù
être placé sous surveillance, sous écoute
16
临别赠品
línbié
zèngpǐn
cadeau de départ
17
诱惑
yòuhuò tenter, séduire
18
偎在
wēi
zài..
blottir, enfouir dans
19
可憎的
kězēngde
détestable / obscène
会心的微笑
huìxīnde wēixiào
sourire entendu
20
佯佯不睬
yángyángbùcǎi
feindre de ne pas faire attention, de ne pas remarquer
21
不止一(回)
bùzhǐ
yì (huí)
plus d’un (chapitre)
22
公共租界
gōnggòng zūjiè
concession
étrangère
一截子路yìjiézilù
un bout de chemin (= loin)
23
静安寺路
Jìng'ānsì lù
rue du temple de
Jing’an / encore appelée Bubbling Well road (du nom de la source
à côté du temple), aujourd’hui Nanjing Xilu (南京西路)
西摩路
Xīmólù
Seymour
road , aujourd’hui Shaanxi Beilu (陕西北路) |
|
Ancienne
maison sur Seymour road |
24
木炭汽车
mùtàn
qìchē voiture fonctionnant au charbon de bois (charcoal-fueled car : inventé
aux Etats-Unis en 1933) : ce genre de voiture s’est développé,
pour pallier le manque de carburant, dès la fin des années
trente dans la zone pacifique occupée par les Japonais et
ensuite pendant la seconde guerre mondiale un peu partout.
25门市外卖
ménshì wàimài
vente au détail à
emporter
26
装几个卡位zhuāng
jǐgè kǎwèi
avoir quelques places dans un box
(=厢座)
寥寥
liáoliáo
très peu
27情调毫无
qíngdiào háowú
sans aucun style
|
|
voiture fonctionnant au
charbon de bois |
28
狭小的甬道
xiáxiǎode yǒngdào
un étroit corridor
29
下半截漆
xiàbànjiéqī
la peinture/laque de la moitié inférieure (du mur)
30
号衣
hàoyī
livrée, uniforme
31
西崽
xīzǎi
personnel du
restaurant, serveurs et domestiques
(旧时对欧美侨民在中国的洋行(yángháng)、餐馆等雇用的中国男仆的轻视称呼 :
appellation péjorative pour les immigrants qui travaillaient
avant 1949 dans les firmes étrangères en Chine, et en
particulier ceux qui étaient employés dans les restaurants)
32
线呢长夹袍
xiànní
chángjiápáo
longue robe doublée en épais coton
33
估衣铺
gùyī
pū boutique de vêtements d’occasion
34
天津起士林
Tiānjīn Qǐshìlín l’hôtel
Kiessling de Tianjin
Note : Tianjin a été
occupée dès le début du mois
d’août 1937, au début de la guerre
sino-japonaise. Beaucoup d’habitants ont alors fui vers
Shanghai, mais le flot de réfugiés avait commencé dès les
premiers affrontements, au début des années trente.
35
想必
xiǎngbì
probablement, vraisemblablement
拣中jiǎnzhōnɡ
choisir
36
偏僻的地段
piānpìde dìduàn
quartier isolé,
éloigné 瞒人的事
mánréndeshì
affaire louche
37
不守时刻
búshǒu
shíke pas ponctuel, toujours en retard
38
登峰造极
dēngfēngzàojí
atteindre son point culminant, le summum
|
|
L’hôtel
Kiessling
dans les années trente |
39
打烊
dǎyáng
fermer boutique
40
逼促
bīcù
pressé
41
绕弯子
ràowānzi
tourner autour du pot
提醒tíxǐng
rappeler
42
岂不..
qǐbù.. ne serait-ce pas …
失身份shīshēnfèn
perdre sa
dignité, se rabaisser
43煞风景
shāfēnɡjǐnɡ
en
terminer, mettre un point final à l’affaire
44
老奸巨滑
lǎojiānjùhuá
vieux renard, vieux
filou
45
首饰
shǒushi
bijoux
46
搞特工
gǎo
tegōnɡ
travailler
pour les services spéciaux
47
狡兔三窟
jiǎotùsānkū
un lièvre rusé a plus d’un terrier, un vieux filou a plus d’une
échappatoire
48
捉摸不定
zhuōmō
búdìng insaisissable, imprévisible
49
耽搁
dāngē
s’attarder
50
一桩大事
yìzhuāng dàshì
une affaire importante
51
一道裂痕
yídàolièhén
une fente 丝袜上...sīwàshàng…
une maille
filée sur un bas en soie
52
腿肚子
tuǐdùzi
mollet
悄悄 qiǎoqiǎo
lentement,
tout doucement
53估量不出
gūliàng bùchū
ne pas arriver à
déterminer, à estimer
54
卖命
màimìng se
tuer au travail
[Brève description d’un
petit café sans charme. Jiazhi se dirige tout de suite vers le
téléphone pour passer un coup de fil. Elle laisse sonner quatre
fois, raccroche, recommence : un signal convenu. Les discrètes
allusions de la première partie sont confirmées : Jiazhi joue
double jeu. La conversation est anodine, en apparence : elle
sert juste à Jiazhi à préciser à son interlocuteur, Kuang Yumin
(邝裕民),
où elle se trouve, sans pouvoir donner plus de précision. On
sait désormais qu’il se trame quelque chose de sérieux :
今天要是不成功,可真不能再在易家住下去了,这些太太们在旁边虎视眈眈的。
Si elle ne réussissait pas aujourd’hui, elle ne pourrait pas rester chez
les Yi, avec toutes ces femmes à l’épier comme un tigre sa
proie.
On ne sait trop encore
de quoi il s’agit, mais l’image du tigre et de sa proie
introduite ici crée une atmosphère de sourde inquiétude : elle
sera reprise et développée à la fin, dans un paragraphe
conclusif.
Ce passage est typique
de l’art de Zhang Ailing : plein d’images et d’allusions qu’il
faut lire entre les lignes, en particulier en ce qui concerne
les détails historiques et les aspects de la ville : le café
Kiessling, fondé par des anciens de l’hôtel de Tianjin (天津起士林
Tiānjīn Qǐshìlín,
voc.34),
les voitures au charbon de bois (木炭汽车mùtàn
qìchē, voc.
24), les
appartements des étrangers envoyés en camp de concentration (集中营jízhōnɡyínɡ,
voc. 12), et toutes les rues qui
évoquent
le quartier chic des concessions (voc. 8 et 23).
Jiazhi attend, se
remémorant leur première rencontre ; ce soir-là, au moment de se
séparer, il lui avait dit :
“我们今天值得纪念。这要买个戒指,你自己拣。今天晚了,不然我陪你去。”
« Aujourd’hui, nous avons quelque chose à fêter. Je veux t’acheter une
bague en souvenir, tu la choisiras toi-même. Il est trop tard,
maintenant, autrement je t’y aurais accompagnée tout de suite. »
Maintenant elle
l’attend pour lui faire honorer sa promesse, en craignant qu’il
n’arrive trop tard et que le magasin soit déjà fermé. Elle
ressent un sentiment d’angoisse croissant à l’idée que monsieur
Yi puisse avoir décidé de la laisser tomber et ne pas venir :
一种失败的预感,像丝袜上一道裂痕51、阴凉地在腿肚子上悄悄52往上爬。
Elle
ressentait une sorte de pressentiment d’échec, comme une maille
qui file sur un bas de soie, et que l’on sent confusément
remonter très lentement le long du mollet… ]
三
在学校里演的也都是慷慨激昂的爱国历史剧。广州沦陷前,岭大搬到香港,也还公演过一次,上座居然还不坏。下了台她兴奋得松弛不下来,大家吃了宵夜才散,她还不肯回去,与两个女同学乘双层电车游车河。楼上乘客稀少,车身摇摇晃晃在宽阔的街心走,窗外黑暗中霓虹灯的广告,像酒后的凉风一样醉人。
借港大的教室上课,上课下课挤得黑压压的挨挨蹭蹭,半天才通过,十分不便,不免有寄人篱下之感。香港一般人对国事漠不关心的态度也使人愤慨。虽然同学多数家在省城,非常近便,也有流亡学生的心情。有这么几个最谈得来的就形成了一个小集团。汪精卫一行人到了香港,汪夫妇俩与陈公博等都是广东人,有个副官与邝裕民是小同乡。邝裕民去找他,一拉交情,打听到不少消息。回来大家七嘴八舌,定下一条美人计,由一个女生去接近易太太——不能说是学生,大都是学生最激烈,他们有戒心。生意人家的少奶奶还差不多,尤其在香港,没有国家思想。这角色当然由学校剧团的当家花旦担任。
几个人里面只有黄磊家里有钱,所以是他奔走筹款,租房子,借车子,借行头。只有他会开车,因此由他充当司机。
欧阳灵文做麦先生。邝裕民算是表弟,陪着表嫂,第一次由那副官带他们去接易太太出来买东西。邝裕民就没下车,车子先送他与副官各自回家——副官坐在前座——再开她们俩到中环。
易先生她见过几次,都不过点头招呼。这天第一次坐下来一桌打牌,她知道他不是不注意她,不过不敢冒昧。她自从十二三岁就有人追求,她有数。虽然他这时期十分小心谨慎,也实在别狠了,蛰居无聊,心事重,又无法排遣,连酒都不敢喝,防汪公馆随时要找他有事。共事的两对夫妇合赁了一幢旧楼,至多关起门来打打小麻将。
牌桌上提起易太太替他买的好几套西装料子,预备先做两套。佳芝介绍一家服装店,是他们的熟裁缝。“不过现在是旺季,忙着做游客生意,能够一拖几个月,这样好了,易先生几时有空,易太太打个电话给我,我去带他来。老主顾了,他不好意思不赶一赶。”临走丢下她的电话号码,易先生乘他太太送她出去,一定会抄了去,过两天找个借口打电话来探探口气,在办公时间内,麦先生不在家的时候。
那天晚上微雨,黄磊开车接她回来,一同上楼,大家都在等信。一次空前成功的演出,下了台还没下装,自己都觉得顾盼间光艳照人。她舍不得他们走,恨不得再到那里去。已经下半夜了,邝裕民他们又不跳舞,找那种通宵营业的小馆子去吃及第粥也好,在毛毛雨里老远一路走回来,疯到天亮。
但是大家计议过一阵之后,都沉默下来了,偶尔有一两个人悄声叽咕两句,有时候噗嗤一笑。
那嗤笑声有点耳熟。这不是一天的事了,她知道他们早就背后讨论过。
“听他们说,这些人里好像只有梁闰生一个人有性经验,”
赖秀金告诉她。除她之外只有赖秀金一个女生。
偏偏是梁闰生!
当然是他。只有他嫖过。
既然有牺牲的决心,就不能说不甘心便宜了他。
今天晚上,浴在舞台照明的余辉里,连梁闰生都不十分讨厌了。大家仿佛看出来,一个个都溜了,就剩下梁闰生。于是戏继续演下去。
也不止这一夜。但是接连几天易先生都没打电话来。她打电话给易太太,易太太没精打彩的,说这两天忙,不去买东西,过天再打电话来找她。
是疑心了?发现老易有她的电话号码?还是得到了坏消息,日本方面的?折磨了她两星期之后,易太太欢天喜地打电话来辞行,十分抱歉走得匆忙,来不及见面了,兼邀她夫妇俩到上海来玩,多住些时畅叙一下,还要带他们到南京去游览。想必总是回南京组织政府的计划一度搁浅,所以前一向销声匿迹起来。
黄磊拖了一屁股的债。家里听见说他在香港跟一个舞女赁屋同居了,又断绝了他的接济,狼狈万分。
她与梁闰生之间早就已经很僵。大家都知道她是懊悔了,也都躲着她,在一起商量的时候都不正眼看她。
“我傻。反正就是我傻,”她对自己说。
也甚至于这次大家起哄捧她出马的时候,就已经有人别具用心了。
她不但对梁闰生要避嫌疑,跟他们这一伙人都疏远了,总觉得他们用好奇的异样的眼光看她。珍珠港事变后,海路一通,都转学到上海去了。同是沦陷区,上海还有书可念。她没跟他们一块走,在上海也没有来往。
有很久她都不确定有没有染上什么脏病。
在上海,倒给他们跟一个地下工作者搭上了线。一个姓吴的——想必也不是真姓吴——一听他们有这样宝贵的一条路子,当然极力鼓励他们进行。他们只好又来找她,她也义不容辞。
事实是,每次跟老易在一起都像洗了个热水澡,把积郁都冲掉了,因为一切都有了个目的。
III Hong kong, deux
ans auparavant
[Ce passage est un
flash back au cours duquel Wang Jiashi se remémore la période
où, étudiante, elle était venue à Hong Kong, parce que Canton,
où elle étudiait, était tombée aux mains des Japonais. Elle
avait fait partie de la troupe d’opéra amateur de l’université ;
ce qu’ils montaient étaient des pièces sur des thèmes
historiques d’un patriotisme passionné (慷慨激昂的爱国历史剧)
et monter sur scène était quelque chose qui l’avait
enthousiasmé.
On a là le troisième
leitmotiv de la nouvelle : Jiazhi continue à jouer la comédie,
mais cette fois dans une courte pièce qui se terminera en drame.
L’université de Hong
Kong avait prêté quelques salles exiguës aux étudiants cantonais
qui ne pouvaient oublier leur condition de réfugiés, choqués par
l’indifférence de la population locale envers le désastre
national. Un petit groupe extrémiste s’était donc formé. Lorsque
Wang Jingwei passa à Hong Kong avant d’aller négocier avec les
Japonais la formation d’un gouvernement collaborationniste, ils
découvrirent que l’un des leurs, Kuan Yumin (邝裕民),
était originaire de la même ville que l’un de ses aides. Ils
réussirent
ainsi à obtenir des informations sur Wang Jingwei et
son entourage, et décidèrent d’appâter monsieur Yi avec une
jolie femme, choisie parmi les étudiantes, pour l’attirer dans
un piège et l’assassiner.
L’étudiante se présenterait comme
l’épouse d’un négociant, gens en général apolitiques, et devrait
devenir l’ami de sa femme afin d’entrer en contact avec lui.
Huang Lei (黄磊),
un étudiant d’une riche famille financerait l’affaire et
servirait de chauffeur. Wang Jiazhi se transforma ainsi en
madame Mai.
Tout avait bien marché
jusqu’à ce que, par un coup du sort, monsieur Yi soit obligé de
repartir à Shanghai impromptu, les négociations avec les
Japonais étant au point mort. Wang Jiazhi avait cru sa mission
terminée, mais finalement, après Pearl Harbour, les étudiants
avaient pu rejoindre Shanghai, et elle aussi. Ils avaient été
contactés par un certain Wu (吴) qui les avait convaincus de reprendre
l’affaire. Et Wang Jiazhi était
repartie dans sa son rôle dangereux de séductrice auprès de
monsieur Yi.]
四
这咖啡馆门口想必有人望风1,看见他在汽车里,就会去通知一切提前。刚才来的时候倒没看见有人在附近逗留2。横街对面的平安戏院3最理想了,廊柱下的阴影中有掩蔽4,戏院门口等人又名正言顺5,不过门前的场地太空旷,距离太远,看不清楚汽车里的人。
有个送货的单车,停在隔壁外国人开的皮货店门口,仿佛车坏了,在检视修理。剃小平头6,约有三十来岁,低着头,看不清楚,但显然不是熟人。她觉得不会是接应的车子7。有些话他们不告诉她她也不问,但是听上去还是他们原班人马8。——有那个吴帮忙,也说不定搞得到汽车。那辆出差汽车要是还停在那里,也许就是接应的,司机那就是黄磊了。她刚才来的时候车子背对着她,看不见司机。
吴大概还是不大信任他们,怕他们太嫩9,会出乱子带累人。他不见得一个人单枪匹马10在上海,但是始终就是他一个人跟邝裕民联络。
许了吸收11他们进组织。大概这次算是个考验11。
“他们都是差不多枪口贴在人身上开枪的,哪像电影里隔得老远瞄准12。”邝裕民有一次笑着告诉她。
大概也是叫她安心的话,不会乱枪之下殃及池鱼13,不打死也成了残废14,还不如死了。
这时候到临头,又是一种滋味。
上场慌,一上去就好了。
等最难熬。男人还可以抽烟。虚飘飘空捞捞的15,简直不知道身在何所。她打开手提袋,取出一瓶香水,玻璃瓶塞连着一根小玻璃棍子16,蘸了香水在耳垂背后一抹17。微凉有棱18,一片空茫中只有这点接触18。再抹那边耳朵底下,半晌才闻见短短一缕栀子花香19。
脱下大衣,肘弯里面20也搽了17香水,还没来得及再穿上,隔着橱窗里21的白色三层结婚蛋糕木制模型21,已见一辆汽车开过来,一望而知是他的车,背后没驮着那不雅观的烧木炭的板箱22。
她捡起大衣手提袋,挽在臂上走出去。司机已经下车代开车门。易先生坐在靠里那边。
“来晚了,来晚了!”他哈着腰喃喃说着23,作为道歉。
她只看了他一眼。上了车,司机回到前座,他告诉他“福开森路”24。那是他们上次去的公寓。
“先到这儿有爿店,”她低声向他说,“我耳环上掉了颗小钻,要拿去修。就在这儿,不然刚才走走过去就是了,又怕你来了找不到人,坐那儿傻等,等这半天。”
他笑道:“对不起对不起,今天真来晚了——已经出来了,又来了两个人,又不能不见。”说着便探身向司机道:“先回到刚才那儿。”早开过了一条街。
她噘着嘴25喃喃说道:“见一面这么麻烦,住你们那儿又一句话都不能说——我回香港去了,托你买张好点的船票总行?”
“要回去了?想小麦了?”
“什么小麦大麦,还要提这个人——气都气死了26!”
她说过她是报复丈夫玩舞女。
一坐定下来,他就抱着胳膊27,一只肘弯正抵在她乳房最肥满的南半球27外缘。这是他的惯技28,表面上端坐,暗中却在蚀骨销魂29,一阵阵麻上来。
她一扭身伏在车窗上往外看,免得又开过了。车到下一个十字路口方才大转弯折回30。又一个U形大转弯,从义利饼干行过街到平安戏院,全市唯一的一个清洁的二轮电影院,灰红暗黄二色砖砌的31门面,有一种针织粗呢的32温暖感,整个建筑圆圆的朝里凹32,成为一钩新月切过路角,门前十分宽敞33。对面就是刚才那家凯司令34咖啡馆,然后西伯利亚皮货店35,绿屋夫人时装店36,并排两家四个大橱窗,华贵的木制模特儿在霓虹灯37后摆出各种姿态。隔壁一家小店一比更不起眼,橱窗里空无一物,招牌上虽有英文“珠宝商”字样,也看不出是珠宝店。
他转告司机停下,下了车跟在她后面进去。她穿着高跟鞋比他高半个头。不然也就不穿这么高的跟了,他显然并不介意38。她发现大个子往往喜欢娇小玲珑的女人39,倒是矮小的男人喜欢女人高些,也许是一种补偿的心理39。知道他在看,更软洋洋地凹着腰40。腰细,婉若游龙游进玻璃门41。
01
望风
wàngfēng
surveiller, faire le guet
02
逗留
dòuliú
être arrêté
03
平安戏院
Píng'ān Xìyuàn
le théâtre Ping’an
(construit en 1923, le bâtiment existe encore : c’est une
structure de sept étages à façade de briques rouges ; il a été
transformé en cinéma en 1939 ; il abrite aujourd’hui des
magasins occidentaux)
04
廊柱
lángzhù
arcades
掩蔽yǎnbì
abri,
refuge
05
名正言顺
míngzhèngyánshùn
légitime
06剃小平头
tì
xiǎopíngtóu
les cheveux coupés en brosse
07
接应
jiēyìng
venir au secours, en renfort
|
|
le théâtre Ping’an |
08
原班人马
yuánbānrénmǎ
les membres de
l’ancienne équipe
09
太嫩
tài
nèn trop
délicat, pas assez résistant
10
不见得
bújiàndé
vraisemblablement pas
单枪匹马dānqiāngpǐmǎ
faire
cavalier seul
11
吸收
xīshōu
recruter
考验kǎoyàn
mettre à
l’épreuve
12
瞄准
miáozhǔn
viser
隔得老远
géde lǎoyuǎn
de très loin
13
殃及池鱼
yāngjíchíyú
causer le malheur des poissons de l’étang, toucher des innocents
14
残废
cánfèi
handicapé,
estropié
15
虚飘飘
xūpiāopiāo
instable, incertain
空捞捞kōnglāolāo
vide, désœuvré
16
瓶塞
píngsāi
bouchon
d’une bouteille
棍子 gùnzi
bâton
17
蘸 zhàn tremper dans
耳垂ěrchuí
lobe de l’oreille
抹mǒ
appliquer =
搽chá
18
有棱
yǒuléng
litt. ‘qui a des arêtes’ = mordant, vif
19
半晌
bànshǎng la moitié de la journée = un long moment
栀子zhīzi
gardénia
20
肘弯
zhǒuwān
courbe, creux du coude
21
橱窗
chúchuāng
vitrine
木制模型mùzhì
móxíng moule
/ modèle en bois
22
木炭的板箱mùtànde
bǎnxiāng
réservoir de charbon de bois (voir photo en II.24)
驮 tuó
porter (sur le dos)
23
哈腰
hāyāo
se baisser,
s’incliner
喃喃
nánnán
murmurer
24福开森路
fúkāisēn lù
Ferguson road =
武康路wǔkāng lù
25
噘嘴
juē
zuǐ faire
la moue, pincer les lèvres
26
气死
qìsǐ exaspérer
|
|
Ancienne maison rue
Ferguson |
27
抱胳膊
bào
gēbo plier
et joindre les bras
南半球nánbànqiú
hémisphère sud / partie inférieure
28
惯技
guànjì
vieille habitude, vieille tactique
29
蚀骨销魂
shígǔ
xiāohún être en extase
30
转弯折回
zhuǎnwān zhéhuí
faire demi-tour
31
砖砌
的
zuhānqìde
construit en briques (voir photo ci-dessus 3)
32
针织粗呢
zhēnzhī cūní
pull en laine
grossièrement tricotée
朝里凹
cháolǐ’āo
convexe
33
宽敞
kuānshǎng
vaste
34
凯司令
kǎisīlìng
Kiesling (variante de起士林,
voir II.34)
35
西伯利亚皮货
Xībólìyà píhuò
peaux / fourrures de Sibérie – le magasin est celui où s’est
effectivement passé la tentative
d’assassinat de Ding Mocun.
36
绿屋夫人时装
lùwū fūren
shízhuāng
mode féminine de la Maison verte
37
霓虹灯
níhóng
dēng éclairage au néon
38
不介意
bùjièyì se
moquer de, ne pas faire cas de
39
娇小玲珑
jiāoxiǎo línglóng
petit et mignon, délicat
补偿
bǔcháng
compenser
|
|
The Siberian Fur
Store :
老上海西伯利亚皮货店
|
40
软洋洋
ruǎnyángyáng
souple, languide
凹腰āoyāo
rouler des
hanches
41
婉若游龙
wǎnruó yóulóng gracieux comme un dragon en vol
(l’expression courante
est plutôt
矫若游龙 jiǎoruó
yóulóng
puissant comme un
dragon en vol)
IV Retour au café
[Après ce flash back
explicatif, la narration nous ramène à l’attente dans le café,
devenue insupportable (等最难熬).
Un homme aurait pu tromper son ennui en fumant, elle non :
虚飘飘空捞捞的15,简直不知道身在何所。
L’inaction lui donnait le sentiment de flotter dans un vide immatériel,
au point d’en oublier où elle se trouvait.
Puis, finalement, elle
voit arriver la voiture, ramasse ses affaires et sort
précipitamment. Monsieur Yi est assis sur le siège arrière, lui
fait prendre place en s’excusant vaguement de son retard, et la
voiture repart. Mais Jiazhi a une autre idée en tête : le faire
revenir à la petite joaillerie en face du café. Le prétexte est
un rubis tombé de l’une de ses boucles d’oreilles qu’il s’agit
de remplacer. Une fois sur place, le piège se refermera…
Quand ils arrivent à la
boutique, et qu’elle en franchit la porte, avec Yi sur ses
talons, c’est avec un sentiment de triomphe :
知道他在看,更软洋洋地凹着腰。腰细,婉若游龙游进玻璃门 ...
Sachant qu’il la regardait, elle accentua la souplesse de son mouvement
de hanches, et, la taille fine, franchit la porte de verre avec
la grâce d’un dragon en vol…]
五
一个穿西装的印度店员上前招呼。店堂虽小,倒也高爽敞亮,只是雪洞似的光塌塌一无所有,靠里设着唯一的短短一只玻璃柜台,陈列着一些“诞辰石”——按照生日月份,戴了运气好的,黄石英之类的“半宝石”,红蓝宝石都是宝石粉制的。
她在手提袋里取出一只梨形红宝石耳坠子,上面碎钻拼成的叶子丢了一粒钻。
“可以配,”那印度人看了说。
她问了多少钱,几时有,易先生便道:“问他有没有好点的戒指。”他是留日的,英文不肯说,总是端着官架子等人翻译。
她顿了顿方道:“干什么?”
他笑道:“我们不是要买个戒指做纪念吗?就是钻戒好不好?要好点的。”
她又顿了顿,拿他无可奈何似地笑了。“有没有钻戒?”
她轻声问。
那印度人一扬脸,朝上发声喊,叽哩哇啦想是印度话,倒吓了他们一跳,随即引路上楼。
隔断店堂后身的板壁漆奶油色,靠边有个门,门口就是黑洞洞的小楼梯。办公室在两层楼之间的一个阁楼上,是个浅浅的阳台,俯瞰店堂,便于监督。一进门左首墙上挂着长短不齐两只镜子,镜面画着五彩花鸟,金字题款:“鹏程万里巴达先生开业志喜陈茂坤敬贺”,都是人送的。还有一只
横额式大镜,上画彩凤牡丹。阁楼屋顶坡斜,板壁上没处挂,倚在墙根。
前面沿着乌木栏杆放着张书桌,桌上有电话,点着台灯。
旁边有只茶几搁打字机,罩着旧漆布套子。一个矮胖的印度人从圈椅上站起来招呼,代挪椅子;一张苍黑的大脸,狮子鼻。
“你们要看钻戒。坐下,坐下。”他慢吞吞腆着肚子走向屋隅,俯身去开一只古旧的绿毯面小矮保险箱。
这哪像个珠宝店的气派?易先生面不改色,佳芝倒真有点不好意思。听说现在有些店不过是个幌子,就靠囤积或是做黑市金钞。吴选中这爿店总是为了地段,离凯司令又近。刚才上楼的时候她倒是想着,下去的时候真是瓮中捉鳖——他又绅士派,在楼梯上走在她前面,一踏进店堂,旁边就是柜台。柜台前的两个顾客正好拦住去路。不过两个男人选购廉价宝石袖扣领针,与送女朋友的小礼物,不能斟酌过久,不像女人蘑菇。要扣准时间,不能进来得太早,也不能在外面徘徊——他的司机坐在车子里,会起疑。要一进来就进来,顶多在皮货店看看橱窗,在车子背后好两丈处,隔了一家门面。
她坐在书桌边,忍不住回过头去望了望楼下,只看得见橱窗,玻璃架都空着,窗明几净,连霓虹光管都没装,窗外人行道边停着汽车,看得见车身下缘。
两个男人一块来买东西,也许有点触目,不但可能引起司机的注意,甚至于他在阁楼上看见了也犯疑心,俄延着不下来。略一僵持就不对了。想必他们不会进来,还是在门口拦截。那就更难扣准时间了,又不能跑过来,跑步声马上会唤起司机的注意。——只带一个司机,可能兼任保镖。
也许两个人分布两边,一个带着赖秀金在贴隔壁绿屋夫人门前看橱窗。女孩子看中了买不起的时装,那是随便站多久都行。男朋友等得不耐烦,尽可以背对着橱窗东张西望。
这些她也都模糊地想到过,明知不关她事,不要她管。这时候因为不知道下一步怎样,在这小楼上难免觉得是高坐在火药桶上,马上就要给炸飞了,两条腿都有点虚软。
那店员已经下去了。
东家伙计一黑一白,不像父子。白脸的一脸兜腮青胡子楂,厚眼睑睡沉沉半合着,个子也不高,却十分壮硕,看来是个两用的店伙兼警卫。柜台位置这么后,橱窗又空空如也,想必是白天也怕抢——晚上有铁条拉门。那也还有点值钱的东西?就怕不过是黄金美钞银洋。
却见那店主取出一只尺来长的黑丝绒板,一端略小些,上面一个个缝眼嵌满钻戒。她伏在桌上看,易先生在她旁边也凑近了些来看。
那店主见他二人毫无反应,也没摘下一只来看看,便又送回保险箱道:“我还有这只。”这只装在深蓝丝绒小盒子里,是粉红钻石,有豌豆大。
不是说粉红钻也是有价无市?她怔了怔,不禁如释重负。
看不出这爿店,总算替她争回了面子,不然把他带到这么个破地方来——敲竹杠又不在行,小广东到上海,成了“大乡里”。其实马上枪声一响,眼前这一切都粉碎了,还有什么面子不面子?明知如此,心里不信,因为全神在抗拒着,第一是不敢朝这上面去想,深恐神色有异,被他看出来。
她拿起那只戒指,他只就她手中看了看,轻声笑道:“嗳,这只好像好点。”
她脑后有点寒飕飕的,楼下两边橱窗,中嵌玻璃门,一片晶澈,在她背后展开,就像有两层楼高的落地大窗,随时都可以爆破。一方面这小店睡沉沉的,只隐隐听见市声——战时街上不大有汽车,难得揿声喇叭。那沉酣的空气温暖的重压,像棉被捣在脸上。有半个她在熟睡,身在梦中,知道马上就要出事了,又恍惚知道不过是个梦。
她把戒指就着台灯的光翻来复去细看。在这幽暗的阳台上,背后明亮的橱窗与玻璃门是银幕,在放映一张黑白动作片,她不忍看一个流血场面,或是间谍受刑讯,更触目惊心,她小时候也就怕看,会在楼座前排掉过身来背对着楼下。
“六克拉。戴上试试。”那店主说。
他这安逸的小鹰巢值得留恋。墙根斜倚着的大镜子照着她的脚,踏在牡丹花丛中。是天方夜谭里的市场,才会无意中发现奇珍异宝。她把那粉红钻戒戴在手上侧过来侧过去地看,与她玫瑰红的指甲油一比,其实不过微红,也不太大,但是光头极足,亮闪闪的,异星一样,红得有种神秘感。可惜不过是舞台上的小道具,而且只用这么一会工夫,使人感到惆怅。
“这只怎么样?”易先生又说。
“你看呢?”
“我外行。你喜欢就是了。”
“六克拉。不知道有没有毛病,我是看不出来。”
他们只管自己细声谈笑。她是内地学校出身,虽然广州开商埠最早,并不像香港的书院注重英文。她不得不说英语的时候总是声音极低。这印度老板见言语不大通,把生意经都免了。三言两语讲妥价钱,十一根大条子,明天送来,份量不足照补,多了找还。
只有一千零一夜里才有这样的事。用金子,也是天方夜谭里的事。
太快了她又有点担心。他们大概想不到出来得这么快。她从舞台经验上知道,就是台词占的时间最多。
“要他开个单子吧?”她说。想必明天总是预备派人来,送条子领货。
店主已经在开单据。戒指也脱下来还了他。
不免感到成交后的轻松,两人并坐着,都往后靠了靠。这一刹那间仿佛只有他们俩在一起。
她轻声笑道:“现在都是条子。连定钱都不要。”
“还好不要,我出来从来不带钱。”
她跟他们混了这些时,也知道总是副官付帐,特权阶级从来不自己口袋里掏钱的。今天出来当然没带副官,为了保密。
英文有这话:“权势是一种春药。”对不对她不知道。她是最完全被动的。
又有这句谚语:“到男人心里去的路通过胃。”是说男人好吃,碰上会做菜款待他们的女人,容易上钩。于是就有人说:“到女人心里的路通过阴道。”据说是民国初年精通英文的那位名学者说的,名字她叫不出,就晓得他替中国人多妻辩护的那句名言:“只有一只茶壶几只茶杯,哪有一只茶壶一只茶杯的?”
至于什么女人的心,她就不信名学者说得出那样下作的话。她也不相信那话。除非是说老了倒贴的风尘女人,或是风流寡妇。像她自己,不是本来讨厌梁闰生,只有更讨厌他?
当然那也许不同。梁闰生一直讨人嫌惯了,没自信心,而且一向见了她自惭形秽,有点怕她。
V a) La joaillerie
[L’intérieur de la
petite boutique est sans prétention ; y règne une atmosphère un
peu étrange, feutrée, impression renforcée par les deux
propriétaires, des Indiens. Lorsque Wang Jiazhi demande un rubis
pour remplacer celui qu’elle a perdu, monsieur Yi se rappelle sa
promesse antérieure de lui offrir un diamant. Et le piège se
referme : pour cela, il leur faut monter dans une mezzanine à
mi-étage, par un petit escalier sombre qui peut ensuite servir
de souricière. D’en haut, en attendant les diamants que l’Indien
est allé lui chercher, elle aperçoit dehors la voiture qui
attend monsieur Yi, avec le chauffeur, et cela
l’inquiète car il
sera difficile à ses amis d’agir sans qu’il les repère. Elle
sent l’angoisse monter en elle :
在这小楼上难免觉得是高坐在火药桶上,马上就要给炸飞了,两条腿都有点虚软。
Dans ce petit entresol, il lui était difficile d’éviter la sensation
qu’elle était assise au-dessus d’un baril de poudre qui pouvait
exploser d’un moment à l’autre, et elle en avait les jambes qui
tremblaient légèrement…
Voyant son indécision,
le joaillier lui sort alors un écrin de velours bleu sombre dans
lequel apparaît un diamant… rose, gros comme un pois, justement
ce que les amies de madame Yi avaient déclaré hors de prix, et
même introuvable. Dommage, pense-t-elle, que ce ne soit qu’un
vulgaire accessoire de scène (à nouveau le leitmotiv du
théâtre). La négociation se fait très rapidement, le prix
débattu en quelques phrases, onze lingots d’or à apporter le
lendemain. Elle a l’impression de vivre un rêve, dans ce décor
où les bruits de la ville n’arrivent qu’étouffés :
有半个她在熟睡,身在梦中,知道马上就要出事了,又恍惚知道不过是个梦。
Une moitié d’elle-même était profondément endormie, son corps plongé
dans un rêve, elle savait qu’il allait arriver quelque chose,
là, maintenant, et pourtant elle avait l’impression confuse que
ce n’était qu’un rêve…
Comme la petite pièce
est obscure, elle a l’impression d’assister d’une loge à un
film en noir et blanc projeté sur l’écran lumineux de la
vitrine, mais le genre de film qui lui faisait peur quand elle
était petite : une histoire d’espion et d’assassinat sanglant.
Pendant que le
joaillier part rédiger le certificat de vente, elle songe…]
那,难道她有点爱上了老易?她不信,但是也无法斩钉截铁地说1不是,因为没恋爱过,不知道怎么样就算是爱上了。
从十五六岁起她就只顾忙着抵挡各方面来的攻势2,这样的女孩子不大容易坠入爱河,抵抗力太强了。有一阵子她以为她可能会喜欢邝裕民,结果后来恨他,恨他跟那些别人一样。
跟老易在一起那两次总是那么提心吊胆3,要处处留神3,哪还去问自己觉得怎样。回到他家里,又是风声鹤唳4,一夕数惊5。他们睡得晚,好容易回到自己房间里,就只够忙着吃颗安眠药,好好地睡一觉了。邝裕民给了她一小瓶,叫她最好不要吃,万一上午有什么事发生,需要脑子清醒点。但是不吃就睡不着,她是从来不闹失眠症的人6。
只有现在,紧张得拉长到永恒的这一刹那间6,这室内小阳台上一灯荧然8,映衬着8楼下门窗上一片白色的天光。有这印度人在旁边,只有更觉得是他们俩在灯下单独相对9,又密切又拘束9,还从来没有过。但是就连此刻她也再也不会想到她爱不爱他,而是——
他不在看她,脸上的微笑有点悲哀。本来以为想不到中年以后还有这样的奇遇10。当然也是权势的魔力11。那倒还犹可12,他的权力与他本人多少是分不开的。对女人,礼也是非送不可的,不过送早了就像是看不起她。明知是这么回事,不让他自我陶醉一下,不免怃然13。
陪欢场女子买东西,他是老手了,只一旁随侍14,总使人不注意他。此刻的微笑也丝毫不带讽刺性,不过有点悲哀。他的侧影15迎着台灯,目光下视,睫毛像米色的蛾翅16,歇落在瘦瘦的面颊上17,在她看来是一种温柔怜惜的神气。
这个人是真爱我的,她突然想,心下轰然一声,若有所失18。
太晚了。
店主把单据递给他,他往身上一揣。
“快走,”她低声说。
他脸上一呆,但是立刻明白了,跳起来夺门而出19,门口虽然没人,需要一把抓住门框,因为一踏出去马上要抓住楼梯扶手20,楼梯既窄又黑赳赳的21。她听见他连蹭带跑,三脚两步下去,梯级上不规则的咕咚嘁嚓声22。
太晚了。她知道太晚了。
01
斩钉截铁地
zhǎndīngjiétiěde
catégoriquement, avec certitude
02
抵挡
dǐdǎng
résister à
攻势gōngshì
attaque, offensive
03
提心吊胆
tíxīndiàodǎn
être angoissé, sur les charbons ardents
留神
liúshén
être sur ses gardes
04
风声鹤唳
fēngshēng hèlì
s’alarmer pour un rien (du bruit du vent et du cri des grues)
05一夕数惊
yìxī
shùjīng
avoir de nombreuses frayeurs pendant la nuit
06
闹失眠症
nào
shīmiánzhèng
souffrir d’insomnies
07
永恒的
yǒnghéng
éternel
刹那间
chànàjiān
moment
08荧然
yíngrán
lumineux
映衬yìngshèn
faire
ressoertir
09
单独相对
dāndú
xiāngduì
isolés,
l’un face à l’autre 拘束
jūshù
gêné
10
奇遇
qíyù
rencontre heureuse, due
au hasard
11
权势的魔力
quánshìde mólì
charme, attrait exercé
par le pouvoir
12
还犹可
háiyóukě
être encore possible
13
自我陶醉
zìwǒtáozuì
être grisé par ses
propres succès
怃然wǔrán
être
déprimé
14
一旁随侍
yìpáng
suíshì attendre sur le côté (domestique…)
15
侧影
cèyǐng
profil, silhouette
16
睫毛
jiémáo
cils
米色 mǐsè
couleur
crème 蛾翅
èchì
ailes de papillon
de nuit
17
歇落
xiēluò
se poser pour se
reposer
面颊 miànjiá
joue
18
轰然一声
hōngrán yìshēng
un grand fracas
若有所失ruòyǒusuǒshī
se sentir
désemparé
19
夺门而出
duómén'érchū
se ruer dehors
20
楼梯扶手
lóutīfúshǒu
rampe
d’escalier
21
黑赳赳
hēijiūjiū
noir profond
22
不规则的
bùguīzéde
irrégulier,
erratique
咕咚嘁嚓gūdōng
qīcā
(onomatopée)
V b) Le retournement
[Jiazhi se demande s’il
est possible qu’elle soit tombée amoureuse, mais n’en a aucune
idée, n’ayant aucune expérience de ce genre de chose. Lui,
pendant ce temps ne la regarde pas, il a le regard baissé, et
semble absorbé dans ses pensées :
此刻的微笑也丝毫不带讽刺性,不过有点悲哀。他的侧影15迎着台灯,目光下视,睫毛像米色的蛾翅16,歇落在瘦瘦的面颊上17,在她看来是一种温柔怜惜的神气。
这个人是真爱我的,她突然想...
A cet instant-là, son sourire n’avait rien d’ironique, il avait au
contraire quelque chose de triste. Son profil se détachant sur
la lumière de la lampe, il avait les yeux baissés, et ses cils
rappelaient les ailes crème d’un papillon de nuit, au repos sur
ses joues maigres, ce qui lui donnait un air à la fois tendre et
touchant.
Cet homme
m’aimait vraiment, pensa-t-elle brusquement…
Elle sait aussi que
c’était trop tard, elle se le répète :
太晚了。Mais cela ne
l’empêche pas de se laisser emporter par l’émotion :
“快走,”她低声说。
« Va-t-en
vite, » lui dit-elle tout bas…]
店主怔住了。他也知道他们形迹可疑,只好坐着不动,只别过身去看楼下。漆布砖上哒哒哒一阵皮鞋声,他已经冲入视线内,一推门,炮弹似地直射出去。店员紧跟在后面出现,她正担心这保镖身坯的印度人会拉拉扯扯,问是怎么回事,耽搁几秒钟也会误事,但是大概看在那官方汽车份上,并没拦阻,只站在门口观望,剪影虎背熊腰堵住了门。只听见汽车吱的一声尖叫,仿佛直耸起来,砰!关上车门——还是枪击?——横冲直撞开走了。
放枪似乎不会只放一枪。
她定了定神。没听见枪声。
一松了口气,她浑身疲软像生了场大病一样,支撑着拿起大衣手提袋站起来,点点头笑道:“明天。”又低声喃喃说道:“他忘了有点事,赶时间,先走了。”
店主倒已经扣上独目显微镜,旋准了度数,看过这只戒指没掉包,方才微笑起身相送。
也不怪他疑心。刚才讲价钱的时候太爽快了也是一个原因。她匆匆下楼,那店员见她也下来了,顿了顿没说什么。她在门口却听见里面楼上楼下喊话。
门口刚巧没有三轮车。她向西摩路那头走去。执行的人与接应的一定都跑了,见他这样一个人仓皇跑出来上车逃走,当然知道事情败露了。她仍旧惴惴,万一有后门把风的不接头,还在这附近。其实撞见了又怎样?疑心她就不会走上前来质问她。就是疑心,也不会不问青红皂白就把她执行了。
她有点诧异天还没黑,仿佛在里面不知待了多少时候。人行道上熙来攘往,马路上一辆辆三轮驰过,就是没有空车。车如流水,与路上行人都跟她隔着层玻璃,就像橱窗里展览皮大衣与蝙蝠袖烂银衣裙的木美人一样可望而不可及,也跟他们一样闲适自如,只有她一个人心慌意乱关在外面。
小心不要背后来辆木炭汽车,一刹车开了车门,伸出手来把她拖上车去。
平安戏院前面的场地空荡荡的,不是散场时间,也没有三轮车聚集。她正踌躇间,脚步慢了下来,一回头却见对街冉冉来了一辆,老远的就看见把手上拴着一只纸扎红绿白三色小风车。车夫是个高个子年青人,在这当日简直是个白马骑士,见她挥手叫,踏快了大转弯过街,一加速,那小风车便团团飞转起来。
“愚园路,”她上了车说。
幸亏这次在上海跟他们这伙人见面次数少,没跟他们提起有个亲戚住在愚园路。可以去住几天,看看风色再说。
三轮车还没到静安寺,她听见吹哨子。
“封锁了。”车夫说。
一个穿短打的中年人一手牵着根长绳子过街,嘴里还衔着哨子。对街一个穿短打的握着绳子另一头,拉直来拦断了街。有人在没精打采的摇铃。马路阔,薄薄的洋铁皮似的铃声在半空中载沉载浮,不传过来,听上去很远。
三轮车夫不服气,直踏到封锁线上才停止了,焦躁地把小风车拧了一下,拧得它又转动起来,回过头来向她笑笑。
V c) Le bouclage
[Le joaillier est resté
figé. Après les pas précipités de monsieur Yi en bas, on entend
une portière de voiture claquer, des crissements de pneus, et le
calme revient. Jiazhi retrouve peu à peu ses esprits, et sort, à
la recherche d’un pousse. Elle est étonnée de voir qu’il fait
encore jour. La rue est grouillante de monde, mais les passants
lui semblent appartenir à un autre monde, coupés d’elle par un
mur de verre imperceptible, comme les mannequins dans la vitrine
du grand magasin de la Green House. Les pousses, cependant, sont
tous pleins. Elle se dirige vers la place du théâtre Ping’an. Et
là, Zhang Ailing nous livre une de ses images originales : sur
la place déserte devant le théâtre (c’est l’heure d’une séance
de cinéma), le seul pousse que Jiazhi voit arriver est un drôle
d’engin comme sorti tout droit de l’imagination délirante d’un
Tim Burton :
...冉冉来了一辆,老远的就看见把手上拴着一只纸扎红绿白三色小风车。车夫是个高个子年青人,在这当日简直是个白马骑士,见她挥手叫,踏快了大转弯过街,一加速,那小风车便团团飞转起来。
… [elle en aperçut un] arriver tout doucement (冉冉rǎnrǎn :
un coup de pédale après l’autre) ; même de loin, on pouvait voir
le petit moulin à vent de papier tricolore, rouge, vert et
blanc, qu’il avait accroché à son guidon. Le conducteur était un
jeune homme très grand, qui, en la circonstance, lui apparut
comme un chevalier monté sur un blanc destrier ; voyant qu’elle
lui faisait signe et l’appelait, il accéléra pour traverser la
rue en décrivant une grande courbe, et son petit moulin se mit
aussitôt à tourner frénétiquement….
Elle
donne l’adresse de parents qui habitent non loin de là, mais,
quelques rues plus loin, le pousse doit
s’arrêter : le quartier
est bouclé -
封锁了fēngsuǒle.]
六
牌桌上现在有三个黑斗篷对坐。新来的一个廖太太鼻梁上有几点俏白麻子。
马太太笑道:“易先生回来了。”
“看这王佳芝,拆滥污
(1),还说请客,这时候还不回来!”
易太太说:“等她请客好了!——等到这时候没吃饭,肚子都要饿穿了!”
廖太太笑道:“易先生你太太手气好,说好了明天请客。”
马太太笑道:“易先生你太太不像你说话不算话,上次赢了不是答应请客,到现在还是空头支票,好意思的?想吃你一顿真不容易。”
“易先生是该请请我们了,我们请你是请不到的。”另一个黑斗篷说。
他只是微笑。女佣倒了茶来,他在茶杯碟子里磕了磕烟灰,看了墙上的厚呢窗帘一眼。把整个墙都盖住了,可以躲多少刺客?他还有点心惊肉跳的。
明天记着叫他们把帘子拆了。不过他太太一定不肯,这么贵的东西,怎么肯白搁着不用?
都是她不好——这次的事不都怪她交友不慎?想想实在不能不感到惊异,这美人局两年前在香港已经发动了,布置得这样周密,却被美人临时变计放走了他。她还是真爱他的,是他生平第一个红粉知己。想不到中年以后还有这番遇合。
不然他可以把她留在身边。“特务不分家”,不是有这句话?况且她不过是个学生。他们那伙人里只有一个重庆特务,给他逃走了,是此役唯一的缺憾。大概是在平安戏院看了一半戏出来,行刺失风后再回戏院,封锁的时候查起来有票根,混过了关。跟他一块等着下手的一个小子看见他掏香烟掏出票根来,仍旧收好。预先讲好了,接应的车子不要管他,想必总是一个人溜回电影院了。那些浑小子经不起讯问,吃了点苦头全都说了。
易先生站在他太太背后看牌,揿灭了香烟,抿了口茶,还太烫。早点睡——太累了一时松弛不下来,睡意毫无。今天真是累着了,一直坐在电话旁边等信,连晚饭都没好好地吃。
他一脱险马上一个电话打去,把那一带都封锁起来,一网打尽,不到晚上十点钟统统枪毙了。
她临终一定恨他。不过“无毒不丈夫”。不是这样的男子汉,她也不会爱他。
当然他也是不得已。日军宪兵队还在其次,周佛海自己也搞特工,视内政部为骈枝机关,正对他十分注目。一旦发现易公馆的上宾竟是刺客的眼线,成什么话,情报工作的首脑,这么糊涂还行?
现在不怕周找碴子了。如果说他杀之灭口,他也理直气壮:不过是些学生,不像特务还可以留着慢慢地逼供,榨取情报。拖下去,外间知道的人多了,讲起来又是爱国的大学生暗杀汉奸,影响不好。
他对战局并不乐观。知道他将来怎样?得一知己,死而无憾。他觉得她的影子会永远依傍他,安慰他。虽然她恨他,她最后对他的感情强烈到是什么感情都不相干了,只是有感情。他们是原始的猎人与猎物的关系,虎与伥的关系,最终极的占有。她这才生是他的人,死是他的鬼。
(1) L’un de nos lecteurs, Joaquim
Zenha Rela (李先立),
nous communique de Lisbonne le commentaire suivant pour lequel
nous le remercions :
«
L’expression 拆滥污
cālànwū signifie à l’origine « souffrir de diarrhée »
dans le dialecte de Shanghai. Par dérivation, elle en est venue
à désigner l’attitude lâche de quelqu’un se limitant à observer
une personne en difficulté sans lui offrir le moindre soutien. »
(notre traduction)
Source : Shanghai Daily
www.phrasebase.com/archive2/mandarin/17875.html
Signification qui illustre parfaitement le jugement des
partenaires de mahjong de Wang Jiazhi.
VI : fin
[On retrouve le salon
de madame Yi et la partie de mahjong que Jiazhi avait abandonnée
au début de la nouvelle. Madame Liao vient juste d’arriver pour
faire la quatrième. Monsieur Yi rentre à son tour. On se rend
compte que toute l’histoire s’est déroulée en un laps de temps
très court, quelques heures, et la futilité du babillage de
madame Yi et de ses amies souligne en retour la futilité de la
démarche de Jiazhi, mais dramatique, elle.
La préoccupation
essentielle des femmes est, comme auparavant, de savoir qui va
inviter à dîner. Quant à monsieur Yi, il se remet de sa frayeur
en fumant une cigarette avec une tasse de thé : il se dit qu’il
va lui falloir faire enlever les tentures :
...把整个墙都盖住了,可以躲多少刺客?他还有点心惊肉跳的。
…[ces épaisses tentures] tapissant la totalité du mur, combien
d’assassins pourraient se cacher derrière ?
Puis il repense à ce
piège, tellement bien préparé, depuis deux ans, et à cette jeune
femme qui lui avait sauvé la vie au dernier moment :
...她还是真爱他的,是他生平第一个红粉知己。想不到中年以后还有这番遇合。
不然他可以把她留在身边。“特务不分家”,不是有这句话?况且她不过是个学生。
… elle l’avait donc vraiment aimé, malgré tout ; lui, c’était la
première passion secrète de toute son existence (红粉知己hóngfěn
zhījǐ). Il
n’aurait jamais cru que l’on pût avoir une telle chance passé la
cinquantaine. En d’autres circonstances, il aurait pu la garder
auprès de lui, les espions n’ont pas de famille, mais ce n’était
qu’une étudiante.
Dans toute la bande, il
n’y avait qu’un véritable espion, envoyé par Chongqing (siège du
gouvernement nationaliste), et c’était le seul qui lui avait
échappé.
Suit un flash back sur
le coup de filet qu’il a organisé dès son départ de la
joaillerie, en téléphonant pour faire boucler la zone : il avait
intérêt à faire disparaître tout le groupe, pour éviter que ne
se propage la rumeur qu’il avait lui-même hébergé une
informatrice d’assassins dans sa résidence et s’était laissé
duper ; son rival auprès de Wang Jingwei en aurait profité pour
le liquider. Ces considérations rétrospectives se concluent par
une réflexion amère mais impitoyable :
他对战局并不乐观。知道他将来怎样?得一知己,死而无憾。他觉得她的影子会永远依傍他,安慰他。虽然她恨他,她最后对他的感情强烈到是什么感情都不相干了,只是有感情。他们是原始的猎人与猎物的关系,虎与伥的关系,最终极的占有。她这才生是他的人,死是他的鬼。
Il n’était pas optimiste sur l’issue de la guerre. Qui sait comment il
s’en sortirait ? Ayant vécu une telle passion, il mourrait sans
regret. Il sentait que son ombre serait toujours à ses côtés,
comme un réconfort éternel. Il est vrai qu’elle l’avait détesté,
mais les sentiments qu’elle avait éprouvés envers lui avaient
fini par être d’une telle force, au bout du compte, quelle qu’en
ait pu être la nature, ces sentiments avaient existé, c’était là
l’important. Leur relation avait été au départ celle du chasseur
avec sa proie, du tigre avec sa victime, âme damnée possédée
sans partage. Vivante, son être lui avait appartenu, morte, son
âme était à lui.
Note : allusion à un
chengyu :
为虎作伥wèihǔzuòchāng.
L’histoire raconte que, un jour, un tigre dévora un homme, mais
ne consentit à libérer son âme qu’à la condition qu’il l’aide à
trouver une autre victime à dévorer. D’où l’expression
伥鬼chāngguǐ
âme damnée.
“易先生请客请客!”三个黑斗篷越闹越凶,嚷成一片。
“那回明明答应的!”
易太太笑道:“马太太不也答应请客,几天没来就不提了。”
马太太笑道:“太太来救驾了!易先生,太太心疼你。”
“易先生到底请是不请?”
马太太望着他一笑。“易先生是该请客了。”她知道他晓得她是指纳宠请酒。今天两人双双失踪,女的三更半夜还没回来。他回来了又有点精神恍惚的样子,脸上又憋不住的喜气洋洋,带三分春色。看来还是第一次上手。
他提醒自己,要记得告诉他太太说话小心点:她那个“麦太太”是家里有急事,赶回香港去了。都是她引狼入室,住进来不久他就有情报,认为可疑,派人跟踪,发现一个重庆间谍网,正在调查,又得到消息说宪兵队也风闻,因此不得不提前行动,不然不但被别人冒了功去,查出是走他太太的路子,也于他有碍。好好地吓唬吓唬她,免得以后听见马太太搬嘴,又要跟他闹。
“易先生请客请客!太太代表不算。”
“太太归太太的,说好了明天请。”
“晓得易先生是忙人,你说哪天有空吧,过了明天哪天都好。”
“请客请各!请吃来喜饭店。”
“来喜饭店就是吃个拼盆。”
“嗳,德国菜有什么好吃的?就是个冷盆。还是湖南菜,换换口味。”
“还是蜀腴——昨天马太太没去。”
“我说还是九如,好久没去了。”
“那天杨太太请客不是九如?”
“那天没有廖太太,廖太太是湖南人,我们不会点菜。”
“吃来吃去四川菜、湖南菜,都辣死了!”
“告诉他不吃辣的好了。”
“不吃辣的怎么胡得出辣子?”
喧笑声中,他悄然走了出去。
Il est tiré de sa
rêverie par les cris des femmes qui lui demandent de les
inviter. L’une d’elles glisse une insinuation :
“易先生是该请客了。”她知道他晓得她是指纳宠请酒。
« Monsieur Yi se doit d’inviter. » Elle savait qu’il comprendrait ce
qu’elle voulait dire : l’invitation à un vin d’honneur pour
fêter l’arrivée d’une concubine.
Madame Ma s’est
parfaitement rendu compte que Jiazhi et lui étaient partis
ensemble, et qu’il était visiblement revenu sous le coup d’une
forte émotion. La déduction allait de soi. Lui comprend
parfaitement, et décide aussitôt, en lui-même, de raconter à sa
femme qu’il avait découvert que Jiazhi appartenait à un réseau
d’espionnage, de manière à lui faire peur et éviter qu’elle ne
vienne lui demander des comptes sur sa relation avec elle.
Sur quoi la discussion
se porte sur le choix du restaurant où ils vont bien pouvoir
aller, et tout se termine par des plaisanteries et des rires.
(张爱玲
一九五○年)
(Zhang
Ailing, 1950)
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