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Brève histoire du xiaoshuo, de la
nouvelle au roman
VI. Les romans
historiques sous les Ming
par Brigitte
Duzan, 22 juin 2024
1.
Les Trois Royaumes
1.A
L’histoire des Trois Royaumes
La période
dite « des Trois Royaumes » (三国时代)
s’étend, stricto sensu, de la fondation en 220 de l’État de Cao
Wei (曹魏)
qui marque la fin de la dynastie des Han à la fondation en 280
de la dynastie des Jin (de l’Ouest) (晋朝)
qui réunifie pour un temps ce qui était alors le territoire
chinois. La première période – de 220 à 263 – est relativement
stable avec un équilibre fragile entre les trois États de (Cao)
Wei (曹魏)
au nord, de Shu (Han) (蜀汉)
au sud-ouest et de (Sun)Wu (孙吴)
au sud-est.
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Les
Trois Royaumes à leur apogée vers 260
(Wei
au nord en vert, Shu au sud-ouest en jaune, Wu au
sud-est en rose) |
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C’est l’une
des périodes les plus sanglantes de l’histoire chinoise. Mais
elle ne se comprend que si on la considère en partant des
événements qui annoncent la chute de la dynastie des Han, comme
le fait le
« Roman
des Trois Royaumes » (《三国演义》) :
la révolte des Turbans jaunes (黄巾之乱)
à partir de 184 et, l’année suivante, après la mort de
l’empereur Ling (汉灵帝),
la prise du pouvoir par Dong Zhuo (董卓).
1.
La
révolte des Turbans jaunes et ses conséquences
La dynastie
des Han est en déclin dès la fin du règne chaotique de Wang Mang
(王莽),
en 23, mais ce déclin s’accélère après la mort de l’empereur He
(汉和帝)
en 106. Monté sur le trône à l’âge de neuf ans, il a laissé aux
mains des eunuques le pouvoir par ailleurs miné par les
dissensions entre les clans des femmes de la famille impériale.
La faiblesse du pouvoir central joue en faveur des despotes et
bandits locaux, et le chaos atteint un comble sous les empereurs
suivants quand des catastrophes naturelles viennent s’y ajouter.
Des révoltes éclatent, la plus grave et la plus longue étant
celle des Turbans jaunes.
Elle est
lancée en 184 par un illuminé taoïste et ses deux frères, et
prend des accents messianiques. Elle s’étend comme un feu de
paille et a, entre autres, pour conséquence de favoriser
l’émergence de chefs de guerre et d’exacerber les conflits pour
le contrôle du pouvoir. À la mort de l’empereur Ling (汉灵帝),
en 189, He Jin (何进),
frère de l’impératrice, tente de liquider les eunuques qui ont
la mainmise sur les affaires de la cour. Il appelle à la
capitale, pour l’aider, des généraux en poste aux frontières qui
débarquent avec leurs troupes. Les eunuques font assassiner He
Jin, mais l’un des généraux est dans la place : Dong Zhuo (董卓).
À la faveur des troubles, il dépose le successeur de l’empereur,
le remplace par son demi-frère intronisé empereur Xian (汉献帝)
et, se proclamant Premier Ministre, prend les rênes du pouvoir.
Une vaste
coalition est formée contre lui, mais ne dure pas. Après avoir
brûlé et mis à sac Luoyang et transféré la capitale à Chang’an
en emmenant l’empereur avec lui, Dong Zhuo est finalement
assassiné en 192 par son plus brillant général. Son cadavre est
brûlé dans la rue. Mais cela ne fait qu’accentuer la vacance du
pouvoir. Les rivalités s’exacerbent pour restaurer l’empire et
le réunifier. Toute la période 192-220 n’est qu’une suite de
campagnes dévastatrices, de trahisons et d’alliances éphémères,
d’où émergent les trois chefs de guerre qui vont finalement
réussir à contrôler chacun un territoire en s’arrogeant le titre
d’empereur : Cao Cao (曹操)
dans le nord, Liu Bei (刘备)
au sud-ouest, dans le Sichuan et le moyen-Yangzi, et Sun Quan (孙权)
au sud-est, dans la basse vallée du Yangzi.
Cao Cao
dispose du territoire le plus vaste et le plus riche, ainsi que
des restes de l’administration Han et de ses élites
intellectuelles, mais ne parvient pas à soumettre ses deux
rivaux. C’est sa mort, en 220, qui marque une étape décisive. En
effet, son fils Cao Pi (曹丕),
qui lui succède, force l’empereur Xian à abdiquer et se proclame
détenteur du mandat céleste et empereur de Wei. L’année
suivante, Liu Bei réplique en se proclamant à son tour empereur,
de Shu Han, tandis que Sun Quan, dans son fief de Wu, reconnaît
pour un temps la suzeraineté de Wei. Telle est la situation
jusque vers 260.
2.
Les
Trois Royaumes
Aucun des
trois « empereurs » n’est en mesure de l’emporter sur ses
rivaux, mais les empires se délitent de l’intérieur, les
familles impériales les entraînant à leur perte en reproduisant
ce qui avait causé la chute de la dynastie des Han. C’est en
profitant de cette situation que les généraux du clan Sima,
partant de l’État de Wei, parviennent à réunifier l’empire.
o
L’ascension de Sima Yi à Wei
Quand Liu Bei
meurt, en 223, son fils Liu Shan (刘禅)
lui succède, mais Han-Shu est dirigé de fait par le génial
stratège de son père, Zhuge Liang (诸葛亮).
Quand Cao Pi meurt, en 226, son fils et successeur Cao Rui (曹叡)
doit alors faire face à une invasion de Shu et à des campagnes
menées par Zhuge Liang dont il sort victorieux grâce au général
Sima Yi (司马懿).
Zhuge Liang trouve la mort en 234 dans sa dernière campagne
contre Wei, c’est le plus grand stratège de l’époque qui
disparaît, laissant la voie libre à Sima Yi, d’autant plus qu’au
même moment Shu-Han est également privé de chefs de talent.
Il doit
cependant encore faire face à une invasion de Wu et écraser une
révolte de Gongsun Yuan (公孙渊),
un chef militaire qui, jusque-là vassal de Wei dans son fief de
Yan (燕国),
s’allie à Wu en 237 et se proclame roi de Yan. L’année suivante,
Sima Yi l’écrase et le fait exécuter avec tout son clan.
Sima Yi est
victorieux, mais Cao Rui ruine le pays par ses dépenses
somptuaires. Quand il meurt de maladie en 239, son successeur
Cao Fang (曹芳)
n’a que huit ans. Une double régence est instaurée avec son
oncle Cao Shuang (曹爽)
pour régler les affaires administratives et Sima Yi pour les
affaires militaires. Mais Cao Shuang s’empare du pouvoir
militaire. En 244, il tente d’envahir Shu-Han mais il est
vaincu. En 249, alors qu’il est allé avec Cao Fang se recueillir
sur la tombe de Cao Rui, il est victime d’un coup d’État fomenté
par Sima Yi qui le soupçonne d’avoir voulu l’éliminer. Il est
mis à mort et Cao Fang forcé d’abdiquer. À la mort de Sima Yi en
251, ses fils lui succèdent et se débarrassent de leurs rivaux.
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L’une des nombreuses statues de Sima Yi
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o
Vacance de pouvoir, nouvelle dynastie
Pendant ce
temps, à Shu-Han, Liu Shan prend les rênes du pouvoir en 246,
mais passe son temps dans son harem en négligeant les affaires
du royaume laissées aux eunuques, comme du temps des derniers
empereurs Han, et avec les mêmes conséquences. Quant au dernier
des trois grands fondateurs de royaume, Sun Quan, il meurt en
252. Son fils Sun Liang (孙亮)
lui succède dans un contexte de troubles, sous la régence du
ministre Zhuge Ke (诸葛恪),
neveu de Zhuge Liang. Celui-ci est vite destitué par un lointain
cousin de Sun Quan, qui meurt apparemment empoisonné, et la
lutte reprend pour le pouvoir.
Quand Sun
Liang meurt, en 260, les trois royaumes n’ont plus de souverain
exerçant effectivement le pouvoir, et les grands chefs
militaires sont dans le clan des Sima. En 263, Sima Zhao (司马昭)
envahit le Shu-Han et emmène Liu Shan en captivité à Luoyang.
Après sa mort en 265, son fils Sima Yan (司马炎)
se proclame empereur de la nouvelle dynastie Jin (晋朝),
avec Luoyang pour capitale, et honore son père à titre posthume
du titre d’empereur Wen de Jin (晋文帝).
Il ne lui restait comme adversaire que le Wu qui est finalement
envahi et anéanti en 280.
Mais
l’unification sera de courte durée. Dès 291, des dissensions au
sein même du clan Sima fragilisent l’autorité impériale,
favorisant l’émergence de chefs militaires chez les nomades du
nord et de l’ouest, les Xiongnu (匈奴)
et les Xianbei (鲜卑) :
en 317, la Chine du nord passe sous la domination de ces tribus
« barbares », ce qui marque le début d’une nouvelle période de
division, entre le nord et le sud cette fois.
3.
Des
royaumes instables
Ces royaumes
naissent de conquêtes militaires, et des succès remportés par
des chefs prestigieux qui assument le pouvoir sur cette base,
contre leurs rivaux. C’est donc un pouvoir fragile car, privé
d’une administration solide, dépendant du sort des armes et
d’alliances précaires.
o
Réformes administratives et mise en valeur du territoire
Cao Cao comme
Liu Bei sont des personnages ambigus, l’un démonisé par la
tradition surtout à partir des Song, l’autre, parti de rien mais
jouant de son ascendance impériale, loué pour ses qualités
humaines soulignées à de nombreuses reprises dans le
Roman des Trois Royaumes.
Sun Quan est le seul à ne pas avoir été un grand général ; il
doit sa position à la tête de Wu à son père et son grand-père,
mais fait preuve de qualités de chef de gouvernement.
C’est le royaume de Han-Shu qui apparaît le moins ouvert aux
réformes permettant de développer les ressources locales : selon
Rafe de Crespigny
,
les gouvernants du royaume étaient des militaires qui se
considéraient comme exilés sur leur base du Sichuan et n’avaient
pour seule ambition que de reconquérir le nord.
Malgré l’image
peu flatteuse qui est restée de lui, Cao Cao apparaît comme un
administrateur bien plus innovant que ne l’ont dépeint ses
détracteurs confucéens. D’abord, il hérite des territoires de
l’empire Han, et de ce qui reste de son administration, et il
entreprend des réformes pour la réorganiser, en commençant par
le recrutement : il instaure un système méritocratique, le
système de notation des candidats aux postes administratifs dit
des « neuf rangs » ou jiupin (九品官人法).
Cependant, dans la pratique, ce système joue en faveur des
candidats issus de familles locales puissantes si bien qu’il ne
fait que renforcer la succession aux postes administratifs sur
base héréditaire.
En même temps,
Cao Cao réforme le système fiscal hérité des Han en augmentant
les prélèvements en nature, grains et étoffes. Mais ses autres
réformes les plus importantes concernent l’armée, et surtout
l’agriculture, celle-ci étant le nerf de la guerre en
fournissant l’approvisionnement vital des armées qui, à
l’époque, se nourrissent sur le dos des paysans, souvent en
pillant et dévastant les régions où elles passent. Le problème
est d’autant plus grave que les guerres et les massacres, outre
des famines et catastrophes naturelles, ont dépeuplé et dévasté
des régions entières
.
Au chapitre 12 du Roman des Trois
Royaumes, ce sont des nuées de sauterelles qui obligent
les armées à suspendre les combats et à se replier dans des
régions épargnées par le fléau.
Ce problème de
l’approvisionnement des troupes revient de manière récurrente
dans le Roman, en particulier lors de sièges : le problème est
inversé par rapport aux situations classiques des guerres
occidentales, les assiégés se contentant le plus souvent de se
replier calmement dans leurs murs en attendant que l’assiégeant
arrivé à cours de provisions lève le siège.
Pour pallier
ce problème vital, Cao Cao réinstaure le système des colonies
militaires agricoles (tuntuan
屯田)
mis en place sous l’empereur Wudi des Han pour mettre en valeur
les régions frontalières conquises tout en nourrissant les
troupes
.
Ces colonies peuvent être constituées aussi bien de Xiongnu
vaincus et déplacés, que de Turbans jaunes déportés, ces civils
devant accomplir un service militaire et leur charge se
transmettant de manière héréditaire. Ce système de colonies est
également adopté dans le royaume de Wu où y sont intégrés des
réfugiés mais aussi des criminels. Finalement les tuntian
deviennent des concessions à des clans alliés au pouvoir, et
vont accroître le pouvoir des élites locales terriennes en leur
fournissant des travailleurs et des soldats.
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Cao
Cao récitant un poème avant
la bataille de la Falaise rouge
(peinture décorant le Long Couloir 长廊
du Palais d’été de Pékin) |
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o
Le
pouvoir des élites locales
Ces élites ont
affermi leurs bases sous les Han en profitant de
l’appauvrissement des paysans. Leurs richesses sont
essentiellement rurales et leur autorité tient à celle d’un
ancêtre prestigieux. Elles constituent de véritables dynasties
locales avec temple des ancêtres pour affirmer leur statut.
C’est une aristocratie terrienne de serviteurs de l’Etat chez
lesquels le goût des lettres vient souvent doubler l’art de la
guerre. Dans tous les cas, les chefs de guerre recherchent une
assise territoriale, dans une province ou une autre, avec une
différence souvent faite entre Cao Cao et le clan des Sima :
l’un s’appuyant sur des hommes remarqués pour leur talent et
leur mérite, indépendamment de leur origine, le second cherchant
au contraire l’appui des riches familles locales, ce qui reflète
aussi les différences de contexte socio-économique, avec la
puissance montante des grands domaines du sud.
Les femmes
sont des éléments fondamentaux, de véritables pions dans ces
jeux de lignages où les alliances matrimoniales sont de première
importance. Mais c’est aussi à double tranchant quand des
conflits éclatent entre les deux familles, ou entre leurs chefs,
comme le montre à plusieurs reprises le
Roman des Trois Royaumes.
C’est le cas de la sœur de Sun Quan, Sun Furen (孙夫人),
donnée comme épouse à Liu Bei, mais tellement redoutable que Liu
Bei la craignait autant que son frère ; comme il l’avait laissée
derrière lui en partant en campagne à Shu, Sun Quan envoya un
bateau la récupérer, et elle tenta d’emmener avec elle le fils
héritier de Liu Bei
…
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Sun
Furen, représentée en héroïne
martiale, l’épée à la main |
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Mais ce qui
caractérise ces trois royaumes et en fait la faiblesse, c’est le
manque d’appareil étatique qui impose la poursuite des succès
militaires. Le pouvoir ne repose qu’entre les mains des chefs de
guerre, et tant qu’ils sont capables d’être victorieux sur les
champs de bataille, ce qui suppose aussi de gérer
l’approvisionnement, dépendant, lui, de l’économie locale. Le
prestige du chef et sa popularité dans le peuple sont
essentiels. On voit, au chapitre 17 du Roman, Cao Cao protéger
les moissons de la région où passent ses troupes en intimant
l’ordre à ses soldats de ne pas abîmer les champs, au prix de
leur tête… et se couper les cheveux (symboliquement) pour
n'avoir pu retenir son cheval…
o
Et
malgré tout essor des lettres et de la pensée
Ce n’est pas
l’une des moindres contradictions de la période de voir fleurir
un renouveau littéraire, dans le domaine de la poésie tout
particulièrement. Mais c’est aussi, dans l’histoire chinoise,
l’une des caractéristiques des périodes de trouble : le pouvoir
central s’étant effondré et avec lui une pensée dominante, la
dispersion des centres d’autorité favorise l’essor de divers
courants, de pensée, de culture et de littérature, comme à la
fin des Royaumes combattants. À la suite des luttes de pouvoir à
la cour, de l’incendie et du sac de la capitale impériale, y
compris sa bibliothèque, par Dong Zhuo, les lettrés eux-mêmes se
sont dispersés et ont cherché refuge ici et là.
Poésie
Cao Cao et son
clan sont des mécènes auprès desquels se développe un courant
poétique poursuivant l’essor de la poésie lyrique de la fin des
Han. La période 196-220, baptisée « ère Jian’an » (建安)
,
est restée comme un âge d’or de la poésie, avec des formes
variées, mais des accents communs pour exprimer des réflexions
teintées de tristesse sur la brièveté de la vie et le caractère
illusoire des plaisirs et des joies que l’on peut en attendre.
Cao Cao lui-même et ses fils sont des poètes de renom, Cao Pi
pour sa part étant en outre l’auteur du premier ouvrage chinois
de critique et de théorie littéraire (《典论‧论文》) :
il y fait de la littérature l’art par excellence de guider les
hommes, y compris pour diriger un royaume.
Aux côtés des
poètes de l’époque nous est aussi resté le nom d’une poétesse,
fille de Cai Yong (蔡邕),
un éminent lettré de la fin des Han mort en prison : Cai Yan (蔡琰)
ou Cai Wenji (蔡文姬).
Mariée à 15 ans mais vite veuve, elle est capturée vers 194 par
les Xiongnu ; mariée à l’un de leurs chefs, elle reste captive
pendant 12 ans et donne naissance à deux enfants. En 206, Cao
Cao paie une rançon pour la libérer… afin qu’elle donne une
descendance à son père qu’il admirait – ce qui semble juste un
argument avancé auprès des ministres Han pour payer la rançon
car Cai Yong aurait eu deux autres filles (et peut-être un
fils) : il n’était pas sans descendance. Cai Wenji aurait
ensuite contribué à la reconstitution de la bibliothèque de son
père en partie détruite en en couchant par écrit, de mémoire,
des volumes disparus…
Il nous reste
d’elle trois poèmes où elle exhale une longue plainte sur sa vie
de captive et la douleur d’avoir dû abandonner ses enfants. Ce
thème de la captivité sera populaire sous les Song du Sud, les
empereurs Huizong et Qinzong et leur concubines étant retenu en
otages de la même manière par les Jin.
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Wenji retourne dans son pays natal (文姬归汉图),
tableau
attribué à un peintre des Song du Sud |
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Cai Wenji,
nommée là Cai Yan, a sa biographie parmi celles des Femmes
exemplaires dans le Livre des Han postérieurs (《後漢書》/《后汉书》)
.
Elle apparaît au chapitre 71 du
Roman des Trois Royaumes,
au moment où
Cao Cao part au combat contre Liu Bei pendant la campagne de
Hanzhong (en 218). Reçu par Cai Yan alors qu’il passe devant
chez elle, Cao Cao remarque une formule énigmatique sur une
tablette, énigme conçu par le père de la jeune femme que résout
l’un des hommes de Cao Cao. C’est l’une des nombreuses
digressions narratives qui foisonnent dans le Roman.
Étude du
mystère
C’est sous le
patronage du régent Cao Shuang, ensuite, en pleine période de
décomposition du pouvoir à la cour impériale de Wei après la
mort de Cao Rui, qu’émergent les grands penseurs He Yan (何晏)
et surtout Wang Bi (王弼),
tous deux morts en 249, la même année que Cao Shuang :
initiateurs du courant Xuanxue (玄学)
ou d’ « étude du mystère »
,
ils reprennent les concepts développés dans le
Zhuangzi
et le Laozi en cherchant à les intégrer à la pensée confucéenne,
mais en reprenant aussi une interprétation du vide de la
tradition bouddhiste proche du wu de la pensée taoïste.
Ce courant de
pensée en parallèle avec la montée du taoïsme religieux et du
bouddhisme intéresse les hommes de pouvoir que sont les Cao car
il s’agit de dépasser le confucianisme qui n’a pas réussi à
sauver la dynastie Han du désastre, et avec lui les normes de
conduite qui définissaient les talents nécessaires au souverain.
Les lettrés retirés des cercles du pouvoir sont posés modèles
taoïstes de sages en retrait du monde, incarnés dans le groupe
des « Sept Sages de la forêt de bambous » (竹林七贤),
idéalisés à partir du 5e siècle autour de la figure
centrale de Xi Kang (嵇康),
auteur d’un traité sur la musique, exécuté en 262 sur ordre de
Sima Zhao pour avoir refusé le poste qui lui était proposé.
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Les
Sept Sages de la forêt de bambous
selon le relief mural d’une tombe princière des Liu
Song ou Song du Sud (deuxième moitié du 5e
siècle) |
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Bibliographie
-
The Three Kingdoms and Western Jin: A History of China in the
Third Century AD, Rafe de Crespigny,
East Asian History, Vol. 1, June 1991, pp. 1-36
Disponible en
ligne :
https://eastasianhistory.org/sites/default/files/article-content/01/EAH01_01.pdf
À lire en
complément :
B. La Chronique et le Roman des Trois Royaumes.
C. Les principaux personnages.
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