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Brève histoire du xiaoshuo, de la
nouvelle au roman
VI. Les romans historiques sous
les Ming
par Brigitte
Duzan, 15 juillet 2024
1. Les
Trois Royaumes
1.A L’histoire des Trois Royaumes
1.B La Chronique et le Roman des Trois Royaumes
《三国演义》
1.C Les
principaux personnages
a)
Les
trois frères jurés : Liu Bei, Guan Yu et Zhang Fei
Ces trois
héros se jurent fraternité et fidélité dès le premier chapitre
du roman par le « Triple serment du Jardin des Pêchers » (桃园三结义).
D’après ce chapitre introductif, avant leur rencontre, Liu Bei
aurait été vendeur de sandales de paille, Zhang Fei boucher et
Guan Yu un criminel en fuite. Tous trois sont décrits comme
possédant des physiques hors normes.
(les
astérisques indiquent les personnages qui font l’objet d’une
courte biographie par la suite)
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Les
trois frères jurés au Jardin des Pêchers
(peinture du Long Corridor du Palais d’été 颐和园长廊) |
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- Liu Bei
(劉備/刘备),
né dans la commanderie de Zhuo (涿)
[aujourd’hui Zhuozhou (涿州)
dans le Hebei], était un lointain descendant de l’empereur Jing
des Han (汉景帝),
réduit à la pauvreté. Le roman le présente comme un personnage
bienveillant et humain, sachant s’entourer de conseillers de
valeur et adhérant à des principes moraux (confucéens) de
loyauté et de compassion pour le peuple : il est au fil du temps
et des interprétations devenu l’héritier des Han, légitimé à la
fois par son ascendance et par son caractère loyal et droit.
Cependant, malgré l’effort de valorisation du personnage, les
événements le montrent lui aussi prône à changer ses allégeances
et passer d’un bord à l’autre pour sauver sa peau quand les
circonstances le nécessitent.
Enfant, un
diseur de bonne aventure lui promet un brillant avenir. En 175,
sa mère l’envoie étudier avec Lu Zhi (盧植),
et il rencontre là Gongsun Zan (公孙瓒)*
qui jouera un rôle important par la suite. Deux riches marchands
qu’il impressionne lui ayant offert de l’or, il s’en sert pour
rassembler des troupes, et se lie alors d’amitié avec Zhang Fei*
et Guan Yu* qui deviennent ses frères jurés. Leurs premières
victoires sont remportées en 185 contre la rébellion des Turbans
jaunes, puis contre d’autres rebelles. Ses hauts faits d’armes
lui valent d’être nommé commandant de Gaotang (高唐),
dans le nord-ouest du Shandong.
Après la mort
de l’empereur Ling (汉灵帝)
et le chaos qui s’ensuite, il se joint à la campagne contre Dong
Zhuo*, mais, quand il revient à Gaotang, en 190, la commanderie
est aux mains de rebelles. Il se réfugie auprès de Gongsun Zan (公孙瓒)
et se joint à lui pour lutter contre Yuan Shao* pour le contrôle
des provinces de Ji (Jizhou冀州)
et de Qing (Qingzhou
青州)
tout en luttant contre des bandes de Turbans jaunes.
En 194, Cao
Cao* monte une expédition punitive contre Tao Qian (陶谦),
gouverneur de la province de Xu (Xushou
徐州),
plus au sud, qu’il rend responsable de l’assassinat de son père.
Tao Qian fait appel à Liu Bei qui tente d’abord (selon le roman,
chap. 11) de rappeler Cao Cao à la raison, puis lève une troupe
et gagne le soutien de deux des familles les plus influentes de
Xuzhou. À sa mort, peu après, Tao Qian lui lègue
l’administration de la province. Liu Bei, d’abord hésitant,
finit par accepter.
En 196,
cependant, Yuan Shu* envahit la province de Xu tandis qu’un
autre dangereux chef de guerre, Lü Bu*, en profite pour envahir
la commanderie de Xiapi (下邳郡),
dans l’actuel Jiangsu, et capturer la famille de Liu Bei qui s’y
trouve. Liu Bei est vaincu et va se réfugier auprès de Cao Cao
qui contrôle alors l’empereur et le gouvernement central. Cao
Cao l’accueille chaleureusement et, au nom de l’empereur, le
nomme gouverneur de la province de Yu (Yuzhou
豫州). Lü
Bu est le danger à abattre : il renoue en 198 son alliance avec
Yuan Shu pour contrer le pouvoir croissant de Cao Cao, mais il
est finalement vaincu, capturé et exécuté.
Cao Cao se
tourne alors contre Yuan Shao* tandis que Liu Bei, retourné à
Xuzhou, échappe à une purge dans la capitale. Mais Cao Cao se
rend maître de la province. Liu Bei fuit vers le nord pour
rejoindre Yuan Shao et participe à des batailles à ses côtés. Il
se joint à des rebelles pour vaincre les troupes de Cao Cao.
Puis, en 201, va chercher l’appui de Liu Biao (刘表),
gouverneur de la province de Jing (Jingzhou
荊州),
qui l’accueille avec courtoisie, mais en se méfiant de lui. Loin
des batailles, la province était prospère et attirait les
lettrés. C’est là que Liu Bei fait la connaissance de Zhuge
Liang (诸葛亮)*
qui lui concocte un plan à long terme de conquête des provinces
de Jing et de Yi comme avant-postes en tenaille pour conquérir
la capitale.
Cependant,
quand Liu Biao meurt en 208, son fils cadet lui succède et se
rend à Cao Cao. Pris par surprise, Liu Bei fuit vers le sud.
Mais Cao Cao le rattrape et anéantit ses troupes à la bataille
de Changban (长坂坡之战),
dans l’actuel Hubei. Liu Bei réussit à s’enfuir en abandonnant
sa famille. Sur les conseils d’un proche de Sun Quan*, il charge
Zhuge Liang de rechercher une alliance avec lui contre Cao Cao.
Résultat : la célèbre bataille de la Falaise rouge (Chibi zhi
zhan
赤壁之战).
Cao Cao est battu à plate couture et sa flotte anéantie. Liu Bei
établit son camp à Youjiangkou (油江口),
au sud de la province de Jing. Il renforce son alliance avec Sun
Quan en épousant sa sœur, Sun Furen*. Mais il résiste à la
proposition de Sun Quan de conquérir avec lui la province de Yi
(Yizhou
益州) [à
l’endroit actuel du Sichuan et de Chongqing].
En 213, Cao
Cao passe à l’attaque et prend la ville de Hanzhong (汉中)
qui était contrôlée par un chef taoïste de la troisième
génération des Maîtres célestes du nom de Zhang Lu (张鲁),
menaçant le reste de la province de Yi. Appelé à l’aide par le
gouverneur, un de ses parents, Liu Bei en profite pour conquérir
la quasi-totalité de la province, avant de reprendre Hanzhong à
Cao Cao en 219 à l’issue de la campagne de Hanzhong (汉中之战).
Au début de
l’hiver 219, les forces de Sun Quan envahissent les territoires
de Liu Bei dans la province de Jing et tuent Guan Yu*. Furieux,
Liu Bei prépare ses troupes pour attaquer Sun Quan et le venger.
Mais, au début de 220, Cao Cao meurt et son successeur Cao Pi (曹丕)
met fin au règne de l’empereur Xian et à la dynastie des Han en
établissant l’État de Wei ou Cao Wei (曹魏)
et en se proclamant empereur. Liu Bei ne réagit pas tout de
suite, son fils adoptif ne peut résister à une attaque de Cao
Pi : trahi, il est poussé au suicide.
Finalement, en
221, Liu Bei se déclare empereur à son tour et annonce la
fondation du royaume de Shu ou Shu Han (蜀漢/蜀汉),
en proclamant son intention de poursuivre la lignée des Han.
Puis il mène une armée contre Sun Quan pour venger Guanyu et
récupérer les territoires de la province de Jing. Zhang Fei à
son tour est assassiné. Les camps de Liu Bei sont incendiés, ses
troupes assiégées et vaincues. Liu Bei meurt de maladie en 223
après avoir nommé Zhuge Liang et son général Li Yan régents de
son fils Liu Shan (刘禅).
Zhuge Liang s’attache ensuite à faire la paix avec Sun Quan en
consolidant leur alliance contre Cao Pi…
Si les
opinions des historiens modernes sur Liu Bei sont divisées, il
est l’objet d’un culte populaire local à Chengdu où il est le
patron des marchands de chaussures, avec un temple construit en
1845 en son honneur.
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Représentation traditionnelle de Liu Bei,
empereur de Shu Han
蜀汉皇帝,
par
Yan Liben
阎立本
(dynastie des Tang) |
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- Zhang Fei
(張飛/张飞)
est dépeint dans le roman comme quasiment invincible, mais
fougueux et porté sur l’alcool. Il est le « petit frère » des
trois, suit Liu Bei* dans sa lutte contre les Turbans jaune puis
contre Lü Bu*, et se voit offrir en retour le titre de « général
émérite » (zhong lang jiang
中郎将).
Mais, en 199, Liu Bei se retourne contre Cao Cao* qui l’oblige à
s’enfuir. Presque rattrapé, Liu Bei abandonne femme et enfants
et ordonne à Zhang Fei de couvrir ses arrières. Zhang Fei suit
l’ascension de Liu Bei, et en 221 est promu « général de la
cavalerie et des chariots » (cheqi jiangjun
车骑将军).
Mais, étant tyrannique envers ses hommes, deux d’entre eux
finissent par le trahir et l’assassiner pendant son sommeil
alors que Liu Bei l’avait chargé d’une expédition punitive
contre Sun Quan* qui avait exécuté Guan Yu*.
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Zhang Fei à l’opéra de Pékin |
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- Guan Yu
(關羽/关羽),
originaire du district de Xie (解)
[aujourd’hui district de Linyi (临猗)
dans le Shanxi]. En l’an 200, Cao Cao capture Guan Yu et,
voulant le garder à son service, le nomme lieutenant- général (pian
jiangjun
偏将军).
Guan Yu reste fidèle à Liu Bei mais ne repart qu’après avoir
repayé sa dette envers Cao Cao. C’est un rare exemple de
droiture et de loyauté dans cette période troublée. Après ses
victoires sur Cao Cao, Liu Bei le nommera « général qui
extermine les bandits » (dang kou jiangjun
荡寇将军)
et, en 219, « général de l’avant-garde » (qian jiangjun
前将军).
Sun Quan tente de le rallier à sa cause, mais finalement met sa
tête à prix. Guan Yu est exécuté avec son fils, sa tête est
envoyée à Cao Cao. En 263, lorsque le royaume de Wei, ou Cao Wei
(曹魏),
envahira le Shu, son clan entier sera exterminé, par un homme
qui voulait venger son père exécuté par Guan Yu.
Il est
aujourd’hui divinisé, comme dieu de la guerre, mais aussi bien
de la richesse, vénéré à la fois par les forces de l’ordre, et
les commerçants, et par les organisations du crime organisé.
C’est l’une des principales divinités protectrices locales, en
Chine, aussi bien dans le taoïsme et le bouddhisme que dans le
confucianisme, où il est souvent confondu avec Wenchang Dijun (文昌帝君),
protecteur des lettres, et des lettrés.
Guan Yu est
décrit et représenté avec un visage rouge, symbole de sa dignité
et de sa loyauté,
une longue barbe et des yeux de phénix.
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Guan
Yu à l’opéra de Pékin |
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b)
Dong
Zhuo, Lü Bu et leurs adversaires
- Dong Zhuo
(董卓)
est le type même de l’usurpateur devenu tyran, sans une once de
moralité, cruel et corrompu. Gouverneur militaire des franges du
nord-ouest, en 189, après la mort de l’empereur Lingdi (汉灵帝),
il est appelé à la capitale par He Jin (何进),
frère de l’impératrice, pour aider à liquider les eunuques de la
cour impériale. Une fois à Luoyang, il dépose l’héritier du
trône, intronise à sa place son demi-frère qui devient
l’empereur Xian (汉献帝)
et se nomme Premier Ministre en prenant le contrôle du
gouvernement. Pour échapper à la coalition montée contre lui, il
s’enfuit de Luoyang avec l’empereur après avoir incendié la
capitale, pillé les tombes impériales et les riches demeures de
la ville, et déménage la capitale à Chang’an. Menant une vie de
débauche, d’une cruauté extrême, il est assassiné en 192 par son
âme damnée Lü Bu*, au terme d’un complot orchestré par le
ministre de l’intérieur Wang Yun (王允)
se servant de sa fille adoptive Diaochan (貂蝉)
comme appât.
Tous les membres du clan Dong sont exécutés.
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Dong
Zhuo entre dans la capitale
(bande
dessinée [lianhuanhua]
adaptée du roman) |
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- Lü Bu
(呂布)
a une première biographie dans « La
Chronique des Trois Royaumes »
(Sanguozhi《三国志》)
écrite par Chen Shou (陳壽/陈寿)
au 3e siècle et annotée par Pei Songhzi (裴松之)
deux siècles plus tard ; une deuxième biographie se trouvant
dans le « Livre des Han postérieurs » (Houhanshu《后汉书》),
l’une des premières
annales dynastiques,
compilée également au 5e siècle.
Surnommé le
« général volant » (飞将)
pour ses prouesses martiales, il est décrit dans « La Chronique
des Trois Royaumes » comme un formidable guerrier, impétueux et
martial, mais manquant des talents élémentaires du stratège, et
surtout de loyauté et de morale : ainsi, recruté et bien traité
par Ding Yuan (丁原),
commandant de la cavalerie de la province de Bing (Bingzhou
并州), il
se laisse convaincre par Dong Zhuo* de trahir Ding Yuan et de le
tuer.
Devenu bras
droit de Dong Zhuo, il participe au complot de Wang Yun (王允)
pour éliminer Dong Zhuo ; après quoi, de 192 à 195, il erre dans
le nord et dans les plaines centrales en cherchant refuge auprès
de différents chefs de guerre, en forgeant des alliances
éphémères car tout le monde se méfie de lui. En 194, il réussit
à prendre temporairement à Cao Cao* le contrôle de la province
de Yan (Yanzhou
沇州). En
195, il se tourne contre Liu Bei qui lui avait offert asile dans
la province de Xu (Xuzhou
徐州) et
s’empare de la province. En 198, il doit affronter les forces
conjointes de Liu Bei et de Cao Cao, confrontation qui se
termine par sa défaite à la bataille de Xiapi (下邳之战)
en 199. Cao Cao le fait exécuter par strangulation (yì
缢) puis
décapiter.
Chen Shou dit
de lui qu’il n’y a jamais eu dans l’histoire de personnage tel
que lui (c’est-à-dire sans morale) qui n’ait pas mal fini. Le
roman ne fait que souligner et dramatiser ses défauts, en
ajoutant une note sentimentale avec l’histoire de Diaochan.
|
Lü
Bu dans l’opéra « Lü Bu et Diaochan »
《吕布与貂蝉》 |
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- Yuan Shao
(袁绍),
puissant seigneur de guerre du nord, élimine en 189 les eunuques
qui ont assassiné He Jin. En 190, il est élu chef d’une brève
coalition contre Dong Zhuo*. Ayant obtenu par ruse le contrôle
de la province de Ji (Jizhou
冀州) aux
dépens de Gongsun Zan*, il projette d’étendre son pouvoir en
l’éliminant, en soumettant les nomades du nord, et en levant une
grande armée pour unifier les territoires du nord et restaurer
l’empire. Il fait exécuter tous les membres d’une délégation
envoyée par Dong Zhuo qui en retour fait exécuter tous les
membres du clan Yuan. Il refuse les avances de Cao Cao* et, en
199, gagne une victoire décisive sur Gongsun Zan, renforce son
armée puis, en 200, lance une campagne contre Cao Cao qui vient
d’infliger une cuisante défaite à Liu Bei ; mais il est vaincu à
la bataille décisive de Guandu (官渡之战).
Il meurt de maladie en 202 en laissant Cao Cao bientôt maître de
tout le nord de la Chine.
- Yuan Shu
(袁術),
commandant de la Garde impériale et demi-frère (ou deuxième
cousin) de Yuan Shao qu’il aide à éliminer les eunuques. Mais,
Dong Zhuo voulant le nommer général, il s’enfuit à la
commanderie de Nanyang (南陽郡)
dont il prend le contrôle, puis participe à la campagne contre
Dong Zhuo. Cependant, il entre en conflit avec Sun Jian (孙坚)*,
l’homme fort de Nanyang dont il craint le pouvoir. Lui coupant
les vivres, il retarde sa progression vers Luoyang où Sun Jian
arrive après le départ de Dong Zhuo. La capitale est en ruines.
Par un heureux hasard, Sun Jian y trouve le sceau impérial qui
avait disparu, mais doit le remettre à Yuan Shu. Celui-ci se
lance alors dans une série d’alliances, en rivalité avec Yuan
Shao, pour le contrôle du nord. Au début de 193, il subit une
série de défaites, contre les forces conjointes de Yuan Shao et
de Cao Cao. De 194 au début de 197, il s’allie au fils de Sun
Jian, Sun Ce (孫策)*,
et à son beau-frère Wu Jing (吴景),
pour conquérir des territoires au sud de la rivière Huai, mais
il est en lutte contre Liu Bei* et Lü Bu* pour le contrôle de la
province de Xu (Xuzhou
徐州).
Finalement,
début 197, en fondant sa légitimité sur sa possession du sceau
impérial, il se proclame empereur d’une éphémère dynastie
Zhongshi (仲氏),
ce qui, joint à son arrogance et à son mode de vie extravagant,
suscite des désertions en chaîne, dont celle de Sun Ce. Après
des défaites désastreuses contre les armées de Cao Cao, Lü Bu et
Liu Bei, Yuan Shu tente d’obtenir de l’aide auprès de Yuan Shao,
qui lui envoie son fils aîné Yuan Tan (袁谭).
Mais celui-ci arrive trop tard : acculé à la retraite par Liu
Bei, Yuan Shu meurt de faim en 199.
- Gongsun
Zan (公孙瓒)
est originaire de Zhuo, comme Liu Bei avec lequel il a étudié
sous la tutelle de Lu Zhi (盧植).
Il est mandaté par He Jin pour écraser une rébellion et, à la
tête d’une cavalerie d’élite restée dans les annales car montée
sur des chevaux blancs (Baima yicong“白马义从”),
il mène des campagnes contre les tribus Wuhuan (乌桓)
et Xianbei (鲜卑),
mais doit abandonner en 189 car les Han ont conclu une paix avec
eux.
Posté à Beiping, il se joint à la coalition contre Dong Zhuo* et
repart sur ses terres quand la coalition est dissoute. En 191,
il va combattre les derniers rebelles Turbans jaunes puis, dans
le roman, il attaque la province de Ji (Jizhou
冀州)
après s’être entendu avec Yuan Shao* pour se partager le
territoire. Mais il est floué par Yuan Shao qui s’empare de la
totalité. Gongsun Zan lui déclare donc la guerre en s’alliant
avec Yuan Shu et mobilise une armée avec l’aide de Liu Bei.
Défaites et victoires se succèdent.
En 192, après
la mort de Dong Zhuo, Gongsun Zan contrôle toute la province de
You (Youzhi
幽州),
mais son pouvoir est fragile : il ne sait pas s’attacher la
loyauté de ses subordonnés. Il fait ériger une imposante
forteresse à Yijing (易京)
où il se retranche. Il y est assiégé par Yuan Shao en 199. À
bout de ressources, il tue toute sa famille, sœurs, femme et
enfants, et se suicide.
c)
Cao Cao
et le royaume de Wei
Toute
l’histoire des Trois Royaumes tourne cependant autour du
personnage de Cao Cao.
- Cao Cao
(曹操),
fils d’un officier de la cour impériale, fait ses premières
armes en 184 contre les Turbans jaunes, dont la rébellion,
cependant, ne cesse de renaître sporadiquement – au printemps
196 encore, Cao Cao est obligé de mater une nouvelle révolte et
de faire exécuter ses meneurs, ce qui lui vaudra le titre
glorieux de « général établissant la vertu » (jiàn
dé jiānjūn
建德将军)
qui lui sera conféré par l’empereur, avant celui bien plus
ronflant octroyé trois mois plus tard de « général gardien de
l’est » (zhèn
dōng jiānjūn
镇东将军).
Des Turbans
jaunes à l’unification du nord
Il est Premier
Ministre de l’empereur Xiandi (汉献帝)
placé sur le trône en 189 par Dong Zhuo. Après la mort de
celui-ci, en 192, l’empereur se retrouvant isolé passe sous le
contrôle de Cao Cao qui, à partir de 196, fait la pluie et le
beau temps à la cour en émettant des décrets au nom de
l’empereur et en éliminant ceux qui se risquent à le critiquer –
y compris l’impératrice Fu qu’il fera exécuter avec une centaine
de membres de son clan.
Dong Zhuo
avait emmené l’empereur et la cour à Chang’an. En septembre 196,
Cao Cao ramène l’empereur à Luoyang, où il se rend lui-même pour
y assurer l’ordre. Mais la capitale est dévastée et en ruines.
Sur avis de son conseiller Dong Zhao (董昭),
Cao Cao transfère la capitale à l’est, à Xu (许,
aujourd’hui Xuchang
许昌 dans
le Henan). Le conseiller et historien-astrologue de l’empereur
voit alors dans Cao Cao le détenteur du mandat céleste, capable
de réunifier et pacifier l’empire. Cao Cao lui répond que les
voies du ciel sont impénétrables, mais il garde l’empereur sous
sa coupe et part en campagne.
Ce sont ces
circonstances qui justifient sa prétention à réunifier l’empire.
De défaites en victoires et vice versa, et d’une alliance à
l’autre, il devient peu à peu maître de tout le nord de la
Chine.
Le tournant du
siècle est déterminant, avec la victoire sur Yuan Shao, vaincu
en 200 à la bataille de Guandu (官渡之战).
En 208, le nord-est est « pacifié ». Cao Cao part à la conquête
du sud. Liu Biao (刘表),
qui gouvernait la province de Jing (荆州),
soit le Hubei et Hunan actuels, meurt ; son fils terrifié se
rend. Cao Cao poursuit son avance, défait Liu Bei à la bataille
de Changban (长坂之战),
mais, l’hiver 208-209, il subit une défaite désastreuse à la
bataille de la Falaise rouge (Chibi zhi zhan
赤壁之战) :
son armée est décimée et sa flotte incendiée.
La bataille
est devenue légendaire. D’après la première version de la
Chronique, se voyant perdu, Cao Cao aurait préféré mettre le feu
à ses bateaux plutôt que de les voir tomber aux mains de ses
ennemis et aurait battu en retraite. Mais les conteurs se sont
emparés de l’histoire et ont brodé une série de stratagèmes, que
l’on retrouve dans le Roman, expliquant le triomphe de Sun Quan
et Liu Bei secondés par de brillants généraux et stratèges :
celui des « bateaux enchaînés » et celui de l’escadron d’attaque
(méngchōng
dòujiàn
蒙冲斗舰)
transformé en bateaux incendiaires ; les premiers attachés les
uns aux autres pour réduire le roulis, et le mal de mer ressenti
par les soldats de Cao Cao, sans expérience sur l’eau ; les
deuxièmes transformant les premiers en un immense brasier,
attisé par le vent du sud. L’armée de Cao Cao périra en partie
par le feu, en partie par noyade.
Mais ce n’est
pas fini : voyant la situation désespérée, Cao Cao donne aux
quelques forces qui lui restent l’ordre de la retraite, et
celle-ci les mène à travers une zone marécageuse qui s’étendait
alors au nord du lac Dongting (洞庭湖).
Or de fortes pluies avaient transformé la zone en une vaste
tourbière impraticable pour les chevaux comme pour les hommes,
épuisés et malades.
C’est une
véritable déroute, étonnante pour le nombre d’erreurs
stratégiques commises, sans doute dues à la mort l’année
précédente du stratège conseiller de Cao Cao, Guo Jia (郭嘉).
Et pourtant, on est surpris de voir Cao Cao très vite à la tête
d’une nouvelle armée – les soldats se « prêtent » autant qu’ils
se mobilisent. Au printemps 210, en quête de nouveaux talents,
aussi importants que l’infanterie, il émet un décret pour qu’on
lui en recommande. Et il repart à l’offensive dès 211. Il est
duc de Wei (魏公)
en 213 puis, en 216, se proclame « roi de Wei » (魏王)
contre les règles de la dynastie des Han.
Mais il meurt
soudain en mars 220, peut-être d’une tumeur au cerveau – il est
souvent dépeint souffrant de violents maux de tête. Et cette
mort apparaît comme une autre déroute : son second fils, Cao Pi
(曹丕),
lui succède et, après avoir officiellement déposé le malheureux
empereur Xian et mis ainsi fin à plus de quatre siècles de règne
des Han, proclame en décembre la fondation de la dynastie Wei,
conférant à son père, à titre posthume, le tire d’empereur Wu de
Wei (魏武帝).
Mais Cao Pi meurt six ans plus tard, en 226, après une série de
défaites. Son fils Cao Rui (曹叡)
lui succède, mène une série de campagnes militaires mais ruine
l’Etat en faisant construire de grandioses palais. Malade, il
meurt en 239 à l’âge de 34 ans. Son fils Cao Fang n’a que huit
ans ; il tombe sous la coupe du clan des Sima qui le forcent
finalement à abdiquer en 254.
L’empereur
Xian, lui, a vécu encore quatorze ans après sa déposition avec
le titre de duc de Shanyang (山阳公) ;
il est mort en 234 sur ses terres, à l’âge de 53 ans.
Un
personnage de légende plein de contradictions
C’est un
personnage de légende, fascinant par ses contradictions, dont
les biographies fourmillent d’anecdotes et dont la tombe même
reste un mystère, mais dont l’image a évolué au fil du temps.
Le commentaire
final de l’auteur de la
Chronique des Trois Royaumes,
Chen Shou, est un éloge de ses faits d’armes, en mettant
l’accent sur sa capacité à utiliser les talents des mandarins
autour de lui pour élaborer des stratégies supérieures. Pei
Songzhi qui compléta la Chronique deux siècles plus tard le
présente sous un aspect tyrannique et cruel, mais un peu à la
manière d’un évangile apocryphe :
lorsqu’il faisait exécuter quelqu’un, il pleurait mais jamais ne
suspendait l’exécution. … lors d’une campagne il donna
l’ordre d’exécuter quiconque aurait détruit du blé [en le
piétinant],
mais son cheval s’étant enfui dans un champ sans qu’il arrive à
le retenir, il reconnut avoir violé la loi et, pour se punir, se
coupa les cheveux (au lieu de se couper la tête) … un autre
jour, voulant faire une sieste, il ordonna à une concubine de le
réveiller, mais celle-ci n’ayant pas osé le déranger, à son
réveil il la fit battre à mort.
Malgré tout, le personnage était encore perçu positivement sous
les Tang, mais la personnalité des principaux acteurs de cette
histoire a été
reconfigurée
dans un sens confucéen à partir du 12e siècle. Dans
ce contexte, le roman de Luo Guanzhong a contribué à forger de
Cao Cao une image de personnage machiavélique qui lui est restée
dans la tradition populaire : celle de « Héros perfide des temps
de chaos » (乱世之奸雄)
préférant « trahir plutôt que d’être trahi » (寧我負人,毋人負我!).
Chaque époque de trouble, et de division, a apporté une raison
supplémentaire au niveau symbolique pour démoniser Cao Cao et
valoriser Liu Bei.
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Masque de Cao Cao datant de la dynastie des Qing
(Musée de Shanghai) |
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Politique
agraire et œuvre littéraire
On finirait
par en oublier les côtés positifs du personnage, comme
administrateur d’abord, soucieux du bien-être de ses troupes et
de la population, et en particulier de l’approvisionnement à une
époque où les disettes étaient fréquentes, et ralentissaient la
progression des armées comme le mentionne le Roman à plusieurs
reprises (chap. 13, chap. 17, etc.). Ainsi, à l’automne 209, à
quelques mois de la bataille de la Falaise rouge, Cao Cao émet
un décret pour offrir de la nourriture aux familles dans le
besoin. Et en même temps, il ordonne d’établir dans la région
des
túntián (屯田),
système de mise en culture de terres par l’armée, voire des
paysans sans terre ou des réfugiés, qui reste attaché à son
nom : c’est en grande partie la clé de ses succès militaires,
mais c’est une véritable politique agraire qui a permis à
l’économie chinoise de ne pas sombrer totalement pendant ce
siècle de chaos, car le système sera repris aussi par ses
adversaires, dont Zhuge Liang.
On ne peut pas
non plus passer sous silence son œuvre littéraire : il a laissé
des journaux de guerre ainsi qu’un commentaire sur « L’art
de la guerre »
de Sun Zi (Sūn
Zǐ bīngfǎ《孙子兵法》) :
« Brèves annotations sur le Sun Zi » (Sūn
Zǐ
lüè jiě《孫子略解》).
Mais surtout il était un grand poète, et ce n’est pas là l’une
de ses moindres contradictions. Avec ses fils Cao Pi et Cao Zhi,
il a contribué à créer un style de poésie dit « de
Jian’an » (建安文学),
du nom de l’ère 196-220.
L’un de ses
poèmes les plus célèbres est celui qu’il a composé, et chanté,
la veille de la bataille de la Falaise rouge, lors d’un ultime
festin sur le fleuve, et l’événement va à son tour inspirer
poèmes et peintures sur le thème de
la Falaise rouge.
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Illustration du chapitre 48 du Roman des Trois
Royaumes :
Cao
Cao, glaive en main, déclamant un poème à la veille
de la bataille de la Falaise rouge.
Peinture du Long Corridor du Palais d’été. |
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d)
Le clan
des Sun et le royaume de Wu
Au royaume de
Wei au nord s’oppose le royaume de Wu au sud, aux mains du clan
des Sun.
- Sun Jian
(孙坚)
est originaire de la commanderie de Wu (吴郡)
établie en 129 sous l’empereur Shun des Han (汉顺帝),
qui couvrait ce qui est aujourd’hui le nord du Zhejiang et le
sud du Jiangsu, dans la province de Yang (Yangzhou
扬州)
[voir les neuf provinces n. 4]. En 184, quand éclate la révolte
des Turbans jaunes, Sun Jian rejoint le général Zhu Jun dans la
province centrale de Yu (Yuzhou
豫州). Au
même moment, dans la province de Liang (Liangzhou
涼州), au
nord-ouest, deux officiers alliés aux nomades Qiang (羌)
se soulèvent ; Sun Jian est invité comme conseiller, puis une
autre se produit à la commanderie de Changsha dont Sun Jian est
nommé administrateur. Un mois plus tard, il a écrasé la
rébellion, mais il doit encore en écraser deux autres dans des
commanderies voisines. Ce sont ses premiers faits d’armes.
Après la
campagne contre Dong Zhuo, Sun Jian lève une armée et rejoint
Yuan Shu qui le nomme « général destructeur des barbares » (pòlǔ
jiāngjūn
破虏将军)
et inspecteur de la province de Yu. Dong Zhuo tente de le
supprimer, puis de le rallier à sa cause en lui proposant un
mariage avec sa fille. Plus tard, Sun Jian entre dans Luoyang en
ruine après la fuite de Dong Zhuo et trouve par hasard le sceau
impérial. Mais il est forcé de le donner à Yuan Shu qui détient
sa femme en otage.
En 191, Yuan
Shu l’envoie attaquer le gouverneur de la province de Jing (Jingzhou
荆州).
Mais il est vaincu et a une fin tragique : tombé dans un
traquenard, il est tué d’une flèche et écrasé sous des pierres
en poursuivant le commandant ennemi. Son neveu Sun Ben rapporte
sa dépouille à Yuan Shu qui le nomme en remplacement de son
oncle inspecteur de Yuzhou.
- Sun Ce
(孙策)
est le fils aîné de Sun Jian, qui n’avait que seize ans à la
mort de son père. Il se lance dans des conquêtes militaires avec
l’aide de troupes « prêtées » par Yuan Shu, luttant contre les
bandits et les tribus rebelles de montagnards Shanyue (山越)
que les Han n’avaient jamais réussi à contrôler.
Cependant, il
rompt avec Yuan Shu en 197 lorsque celui-ci se proclame
empereur. Sun Ce part alors au « sud du fleuve » (dans le
Jiangdong
江东)
pour établir sa propre base d’opérations. Il y fonde les bases
de l’Etat de Wu (吴),
ou Wu de l’Est pour le distinguer de l’Etat éponyme des
Printemps et Automne. En 199, il semble pouvoir contrôler tout
le sud du territoire chinois. Son principal rival est Yuan Shao*
au nord. Cao Cao, lui, renforce son alliance avec lui par
mariages croisés.
Cependant, en
200, au moment de la bataille de Guandu opposant Yuan Shao à Cao
Cao, Sun Ce conçoit le plan d’attaquer la base de Cao Cao à
Xuchang laissée avec une garde réduite, mais il est assassiné
avant d’avoir pu le mettre en œuvre. Il est honoré de manière
posthume du titre de « Prince Huan de Changsha » (长沙桓王)
par son frère cadet Sun Quan devenu empereur fondateur de l’État
de Wu.
Le roman
dramatise une version apocryphe de sa mort faisant intervenir un
prêtre taoïste du nom de Yu Ji (干吉)
que Sun Ce aurait fait exécuter en raison de sa popularité comme
sorcier, Yu Ji devenant alors un fantôme vengeur.
À l’opéra, Sun Ce est une figure tragique, tandis que certains
opéras font de son frère son assassin.
- Sun Quan
(孙权),
frère cadet de Sun Ce, hérite à sa mort du territoire que
celui-ci a conquis au sud-est du Yangtsé, ainsi que de ses
officiers et conseillers. En 207, il remporte une victoire
finale sur Huang Zu (黃祖)
qui, sous la tutelle de Liu Biao (劉表/刘表),
gouverneur de la province de Jing (Jingzhou
荆州),
dominait la région du moyen-Yangtsé. Huang Xu est tué au combat.
Mais, l’hiver suivant, Cao Cao lance une vaste offensive pour
conquérir le sud et réunifier la Chine. Avec l’aide de Liu Bei,
il remporte la bataille de la Falaise rouge (赤壁之战)
qui freine temporairement les ambitions de Cao Cao.
En 211, Sun
Quan transfère sa capitale à Moling (秣陵)
dont il reconstruit les fortifications de manière à mieux
contrôler l’estuaire du Yangtsé et qu’il rebaptise Jianye (建康)
en 212. Cao Cao tente une attaque en 213, il est battu à la
bataille de Ruxu (濡须口之战).
Mais Sun Quan le reconnaît en 217 comme représentant légitime du
gouvernement central. Dans ces conditions, l’alliance avec Liu
Bei est fragile. En 219, Guan Yu est vaincu par Cao Ren et
exécuté. Le province de Jing repasse sous le contrôle de Sun
Quan…
Après la mort
de Cao Cao, à la fin de 220, son fils et successeur Cao Pi (曹丕)
se proclame empereur Wen de Wei (魏文帝).
Sun Quan en est nominalement le vassal sous le titre de roi de
Wu. Mais il refuse la requête de Cao Pi d’envoyer son fils Sun
Deng (孫登)
en otage à Luoyang. En novembre 222, Sun Quan se déclare
indépendant, puis se proclame empereur en 229. Les combats
continuent. Cependant, la mort de Sun Deng en 241 provoque une
crise dynastique entre deux factions rivales. Sun Quan règle la
question en exilant l’un des prétendants et en forçant l’autre à
se suicider. Il meurt en 252 à l’âge de 70 ans, le plus long
règne de la période. Son plus jeune fils Sun Liang (孙亮)
lui succède. Mais il est déposé en 258 par le régent… et les
luttes reprennent, entre régents successifs et leurs protégés.
e)
Et du
côté des femmes…
- Sun Shi
(孙氏),
sœur de Sun Jian, est la mère de Xu Kun (徐琨),
devenu conseiller de Sun Ce après la mort de Sun Jian. C’est
elle qui, accompagnant l’armée, aurait suggéré à son fils la
stratégie qui permit la victoire de Sun Ce à Danglikou (當利口)
en 195.
- La fille de
Xu Kun, Dame Xu (徐夫人),
devient vers 200 la concubine de Sun Quan dont la première
épouse tombe alors en disgrâce et meurt peu après ; Sun Deng,
l’héritier de la couronne de Wu, est son fils adoptif, né d’une
femme de moindre statut. Cependant, Sun Quan refusa de proclamer
Dame Xu impératrice, préférant réserver le titre à une autre
femme, nommée Bu Lianshi (步练师),
mais à titre posthume (大帝步皇后,
孙吴追尊皇后).
- Sun Furen
(孙夫人),
ou Sun Ren (孙仁)
dans le Roman des Trois Royaumes, également appelée Sun
Shangxiang (孙尚香)
à l’opéra, est la fille de Sun Jian, sœur cadette de Sun Ce et
Sun Quan. Vers 209, son frère Sun Quan la donne en mariage à
Liu Bei pour renforcer l’alliance avec lui. Elle est réputée
avoir été brillante et pleine de talent, mais, formée aux arts
martiaux dès l’âge de huit ans, aussi audacieuse et dangereuse
que ses frères. Elle aurait été entourée d’une centaine de
femmes armées, et d’après Zhuge Liang,
Liu Bei la considérait comme un danger : quand il était à
Jingzhou, il redoutait la menace de Cao Cao au nord et celle de
Sun Quan à l’est, mais chez lui il avait également peur des
manigances de sa femme. Pour cette raison, il avait nommé le
général Zhao Yun (赵云)
responsable de la supervision des affaires domestiques et du
maintien de l’ordre à Jingzhou.
Les
circonstances montrent que Liu Bei n’avait pas tort. En 212,
lorsqu’il part en campagne dans la province de Shu, il laisse
Sun Furen à Jingzhou. Sun Quan envoie alors un bateau chercher
sa sœur, et elle tente d’emmener avec elle Liu Shan (刘禅),
le fils que Liu Bei avait eu d’une autre femme.
Zhuge Liang dut envoyer Zhao Yun et Zhang Fei ramener Liu Shan…
il sera le deuxième et dernier empereur de Shu-Han (223-263).
Sun Shangxiang
est un personnage d’opéra et de feuilletons télévisés. Au
cinéma, son rôle est interprété par
Zhao Wei (赵薇)
dans le
film de 2008 de
John Woo (吴宇森)
« Red
Cliff » (《赤壁》)
ou « La Falaise rouge ». Dans la première partie (de la version
en deux parties sortie en Chine), elle attire Cao Cao dans une
embuscade avec les femmes de sa garde. Et dans la deuxième
partie, elle s’infiltre dans le camp de Cao Cao et parvient à
dresser une carte de la formation de l’armée ennemie…
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Sun Furen, ou
Shangxiang, représentée
comme une héroïne d’arts martiaux
(ill. d’une édition du Roman des
Trois Royaumes datant des Qing) |
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En 214, sur
les conseils de ses ministres, Liu Bei prendra ensuite comme
deuxième épouse la sœur de Wu Yi (吴懿),
veuve du troisième fils d’un gouverneur de la fin des Han qui,
délaissant l’empereur, était l’un des premiers à s’être rallié à
lui…
C’est elle qui deviendra ensuite impératrice.
Liste des
personnages des Trois Royaumes (par ordre alphabétique de la
transcription pinyin)
https://en.wikipedia.org/wiki/Lists_of_people_of_the_Three_Kingdoms
Liste des
personnages fictifs chapitre par chapitre
https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_fictional_people_of_the_Three_Kingdoms
Diaochan (貂蝉)
est l’une des « quatre beautés » (四大美女)
légendaires de la Chine ancienne, célèbres pour avoir
influé sur le cours de l’histoire en suscitant des
passions dévastatrices chez des souverains et des
empereurs. La première de ces beautés, Xi Shi (西施),
est mentionnée dans le chapitre 2 (Qí
wù lun 齐物论)
du
Zhuangzi,
mais
c’est pour dire que la beauté est relative et dépend du
regard de chacun : « {comme une tige mince et un gros
pilier,] une femme laide et la belle Xi Shi se résorbent
dans l’unité du dao. » (lài
yǔ Xī Shī,dào
tōng wéi yī
厉与西施,道通为一).
L’histoire de Diaochan avait auparavant été adaptée au
cinéma par
Bu Wancang (卜万苍)
à la fin des années 1930. Commencé à Shanghai en 1937,
le tournage du film a été interrompu par l’invasion de
la ville par les Japonais. Bu Wancang a réussi à
terminer son film à Hong Kong l’année suivante et il y
est sorti sous le titre « Sable Cicada » (《貂蝉》).
Brièvement courtisé par Cao Cao, Yuan Tan finira, dans
le roman, tué au combat par Cao Hong (曹洪)
– jeune cousin de Cao Cao auquel il avait sauvé la vie
en lui donnant son cheval lorsque Cao Cao avait été
capturé dans l’attaque contre Dong Zhuo. C’est un
soutien indéfectible de Cao Cao qui ira jusqu’à faire
pression sur l’empereur Xiandi pour qu’il abdique en
faveur de Cao Pi après la mort de Cao Cao.
Alliés
au clan des Yuan, les Wuhuan recommenceront à faire des
raids dévastateurs au début de la décennie 200, et c’est
Cao Cao qui leur infligera une cuisante défaite à la
Bataille de la Montagne du Loup blanc (白狼山之战)
en 207. Cette victoire entraîne des déplacements de ces
populations qui sont absorbées par les Xianbei et les
populations locales et détruisent en fait leur identité.
Cette pacification des frontières nord apporte un
immense prestige à Cao Cao.
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