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Club de lecture de littérature chinoise (CLLC)

Compte rendu de la séance du 17 septembre 2025

et annonce de la séance suivante

par Brigitte Duzan, 22 septembre 2025 

 

Cette première séance de l’année 2025-2026 était consacrée au grand roman classique : « Au bord de l’eau » (Shuihuzhuan 《水浒传》).

 

 

Le Shuihuzhuan et ses héros

 

 

Au programme était proposée en priorité la version de Shi Nai’an (施耐庵) / Luo Guanzhong (罗贯中) traduite et annotée par Jacques Dars :

- Au bord de l’eau, traduit, annoté et présenté par Jacques Dars, préface d’Étiemble, Gallimard, coll. La Pléiade (2 tomes), 1978.

Mais on pouvait lire aussi (voire comparer) la version de Jin Shengtan (金圣叹), réduite à 70 chapitres et un prologue :

                - Au bord de l’eau, traduit par Jacques Dars, Folio (2 tomes), 1978/1997.

 

Malgré une lecture estivale assidue, il faut bien dire qu’à la fin de l’été tout le monde n’était pas arrivé au bout des deux tomes, même dans la version de Jin Shengtan. Pourtant, il a été reconnu à la quasi unanimité que le roman était d’une lecture addictive, chaque fin de chapitre laissant le lecteur sur un suspense et incitant en termes renouvelés à lire le chapitre suivant pour connaître la suite, reprenant en cela les astuces des conteurs d’autrefois. La traduction de Jacques Dars et ses nombreuses annotations et commentaires ajoutaient au plaisir de lecture.

 

Malgré quelques défections de dernière minute, la séance a été longue et animée, en raison des multiples réflexions qu’a suscitées la lecture.

 

Ø  Giselle a d’entrée de jeu reconnu qu’elle n’avait lu que la première partie (de la version Pléiade), mais faute de temps car elle a trouvé la lecture compulsive, avec ces appels répétés en fin de chapitre, toujours différents, comme des diptyques, et chaque fois introduits par un court poème.

Ainsi à la fin du chapitre I : Si de ces propos étranges vous voulez savoir la raison, continuez à lire vous aurez des détails à foison.

 

Elle n’a pas trouvé facile, bien évidemment, de s’y reconnaître dans les noms des personnages, tous accompagnés en outre d’un surnom. Mais elle a été frappée de voir tous ces personnages jouissant d’un bon statut social dans l’ensemble, voire d’une situation privilégiée, se retrouver poursuivis et emprisonnés, la cangue au cou, en raison de la corruption généralisée de l’administration impériale, n’ayant d’autre recours, de manière récurrente, que de fuir « au bord de l’eau ».

 

[ce qui est clairement dit, ainsi au chapitre 20 : Song Jiang réfléchit sur le sort de Chao Gai et son petit groupe de frères jurés qui ont dérobé les trésors du convoi d’anniversaire, et de fil en aiguille ont tué nombre de gens, « Pareil amas de forfaits a de quoi les faire exterminer jusqu’à la neuvième génération… Bien sûr on les avait acculés à agir de la sorte, et ils ne pouvaient guère faire autrement… »]

 

Giselle a quelques personnages préférés dans cette histoire, en tête desquels le 13e des Esprits célestes : l’ancien chef de garnison devenu moine Lu Zhishen (鲁智深), dit le Bonze-tatoué (花和尚), buveur impénitent et force de la nature dont les exploits animent une demi-douzaine de chapitres.

 

 

Lu Zhishen le Bonze-tatoué,

par Utagawa Kuniyoshi 歌川国芳,

illustration de sa série « 108 Héros du Bord de l’eau »

通俗水滸傳濠傑百八人之内 [1]

 

 

Un autre de ses favoris est Dai Zong (戴宗), le Messager-magique (神行太保), ancien gardien de prison lui aussi, qui peut faire 800 li en un jour grâce à deux talismans attachés à ses pieds, ce qui est bien pratique pour transmettre des messages ou glaner des informations en toute urgence comme il est dit au chapitre 38. C’est une des nombreuses manifestations de la magie dans le roman.

 

 

Dai Zong par Utagawa Kuniyoshi  

 

 

L’histoire repose sur la loyauté et la fidélité entre « frères jurés », ce qu’a retenu pour en faire son titre la traduction en anglais : « All Men are Brothers ».

 

[Il s’agit de la traduction de Pearl Buck, dont la première édition date de 1933 (London: Methuen & Co. Ltd), qui a été révisée en 1937 et rééditée de nombreuses fois par la suite. C’est une traduction de la version en 70 chapitres de Jin Shengtan qui se termine par l’exécution de toute la bande. Elle est restée longtemps une référence, malgré ses erreurs de traduction.

 

 

All Men are Brothers, tr. Pearl Buck, 1933

 

 

La traduction de référence en anglais est intitulée « Outlaws of the Marsh » (par Sidney Shapiro, édition illustrée en 3 volumes, Foreign Languages Press, Beijing, 1980) ; l’autre titre anglais de référence est celui de l’adaptation cinématographique de 1972 par Chang Cheh (张彻) « The Water Margin »[2].

 

Nota : le titre « All Men are Brothers » est une citation des « Entretiens » de Confucius (Lunyu《论语》), livre XII, De l’art de gouverner, selon la traduction d’Anne Cheng[3] :

                君子敬而無失,與人恭而有禮,四海之內,皆兄弟也

« L’homme de bien fait son devoir sans faillir, traite les autres avec respect et possède le sens du rituel. Pour lui, entre les Quatre Mers, tous les hommes sont frères…. »  (livre XII, 5)  ]

 

Ø  Dorothée avait d’abord lu le roman dans sa traduction en allemand, dans une édition de poche dont elle avait trouvée le premier tome par hasard … dans la rue. C’est la première traduction en allemand, par le traducteur et sinologue Franz Kuhn (1884-1961), « Die Räuber vom Liang-Schan-Moor », initialement éditée à Leipzig en 1934 [4], mais dont elle avait l’édition de poche de 1975.

 

 

Die Räuber vom Liang Schan Moor,

trad. Franz Kuhn, éd. de poche illustrée 1975

 

 

Le 2ème tome se termine par une postface du traducteur qui l’a particulièrement intéressée car Franz Kuhn y explique ses choix de traduction – une langue populaire correspondant à l’original – et le contexte historique de la réception du roman en Chine : il y est resté longtemps interdit, pour son côté subversif, explique-t-il, et les fonctionnaires qui étaient pris à le lire encouraient des peines allant jusqu’à la retenue de leur salaire pendant un an.

 

Ensuite, pendant l’été, Dorothée s’est plongée dans la traduction de Jacques Dars et elle a particulièrement apprécié tout l’appareil de notes. Mais elle a aussi admiré la précision des descriptions des personnages : tous les détails de leurs vêtements et de leurs armes, dans une profusion de couleurs.

 

Ø  Quant à Christiane, elle a adoré le roman dont elle a lu l’édition de La Pléiade après avoir lu la version de Jin Shengtan qu’elle avait achetée en premier. Elle a trouvé la traduction de Jacques Dars aussi « flamboyante » que le récit lui-même. 

 

Elle aussi a été accrochée par les appels à poursuivre en fin de chapitre, avec des formules différentes chaque fois. Mais elle a également été sensible aux interpellations dans le cours du texte, comme le conteur s’adressant à son auditoire. Ainsi au chapitre 31, lorsque Wu Song trucide une servante qui voulait s’enfuir, l’autre est clouée sur place de frayeur : « D’ailleurs, dit l’auteur, il y avait de quoi … vous-même, lecteur, fussiez resté hébété de terreur… » Elle a trouvé tout aussi remarquable les ruptures dans la narration, pour insérer une explication à partir d’une question soudaine : « À propos, comment Song Jiang, issu d’une famille de propriétaires fonciers, avait-il pu se retrouver au fond d’un souterrain ? » (chapitre 22).

 

Le récit, ensuite, est très bien construit, de manière à amener petit à petit l’arrivée des bandits, les uns après les autres. Et une fois le groupe constitué, le récit bascule vers l’amnistie, puis, après la victoire contre Fang La, vers la disparition et la mort des bandits, sauf ceux utiles à l’empereur, dans un processus qui semble inéluctable.

 

Comme Dorothée, elle a beaucoup aimé les descriptions des personnages, colorées comme dans un manga, et traduites en outre en gardant le rythme et en évitant les clichés, ainsi au chapitre 5 la description du bonze Lu Zhishen : « À la lueur de la lanterne, ils découvrirent un spectacle peu commun : un bonze gras, colossal, et nu comme un ver, assis à chevauchons sur le dos du grand roi écrasé sur le lit … »

[Et quelques pages auparavant est décrit ce « grand roi », avec force détails et dans un chatoiement de couleurs : « coiffé d’un turban vermillon… les tempes ornées d’une fausse fleur de gaze brodée… son corps de tigre  vêtu d‘un pourpoint collant de soie verte à broderies d’or, avec revers de velours, … chaussé de bottes en peau de buffle, à talons ornés de motifs de nuages assortis… »]

 

Les descriptions de troupes et les scènes de bataille ne sont pas en reste (ainsi au chapitre 86). Mais, dans ce contexte, Christiane a apprécié l’humour, comme dans la scène où Li Kui, terrorisé, doit « voler » de concert avec le Messager magique, mais aussi les scènes d’horreur telle qu’elles finissent par en être drôles, ainsi au chapitre 32 où Song Jiang a été fait prisonnier et emmené dans un repaire de brigands qui s’apprêtent à le trucider pour en manger le cœur, et l’aspergent d’eau auparavant : « En effet, le cœur humain baignant pour ainsi parler dans du sang chaud, une aspersion d’eau glacée dissipe cet excès… cela permet d’arracher le cœur qui sera bien croustillant, c’est comme cela qu’il est le meilleur. »

 

L’art du dialogue lui a semblé relever presque de Molière, par exemple dans les dialogues de la mère Wang avec Ximen Qing au chapitre 24. Les femmes, en revanche, ne sont guère mises en valeur, elles sont courtisanes ou adultères (à l’exception de la femme de Lin Chong qui préfère se pendre plutôt que perdre sa vertu) ; mais elles peuvent aussi faire des petits pains de chair humaine, et se montrer aussi cruelles que leurs collègues masculins une fois devenues guerrières.

 

[Il y en a tout un détachement au chapitre 63 : « de vrais tigres » menés « par une amazone dont les bannières de commandement portaient en grands caractère d’or… « Vipère d’une toise » (毒蛇) [5]. À sa gauche il y avait la grande sœur Gu, la Tigresse (顾大嫂, 母大蟲 [6]), à sa droite la dame Sun, l’Ogresse (孫二娘, 母夜叉 [7]), avec plus d’un millier de cavaliers… »]

 

 

Sun Erniang, dite l’Ogresse, par Kuniyoshi

 

 

Le récit ne lui a pas semblé révolutionnaire : le seul révolutionnaire, dans l’histoire, c’est Li Kui, Song Jiang ne rêve que de soumission à l’empereur. Elle l’a surtout lu comme une dénonciation de l’arbitraire et des abus de pouvoir, et de la corruption omniprésente dans la société : elle commence au bas de l’échelle sociale, le népotisme et l’usage des pots de vin étant ordinaire à tous les niveaux, y compris dans le système judiciaire et pénal.

 

Christiane a aussi remarqué la place des moines dans le récit de Shi Nai’an / Luo Guanzhong, alors qu’ils ont été supprimé de la version de Jin Shengtan. Ils peuvent être charismatiques, mais aussi paillards, ce qui est expliqué dans le texte (leur luxure étant due à leur oisiveté). De manière générale, elle trouve qu’elle « n’a pas perdu son temps » à se plonger dans la version longue après la version tronquée de Jin Shengtan.

 

En parlant de moines, LLP a trouvé amusant de voir la séance sur les bandits du Liangshan éclairée par l’actualité : toute la controverse autour de « la chute vertigineuse » du moine supérieur du temple de Shaolin, arrêté par la police et démis de ses fonctions pour « malversations et vie dissolue » comme l’a titré Courrier international fin juillet dernier, à la suite du scandale suscité par son arrestation.

 

Ø  Quant à MRC, il développe la question des techniques d’écriture à partir des commentaires de Jin Shengtan qu’il a trouvé très intéressants.

 

Comme le rappelle Christiane, Jacques Dars a fait une synthèse de ces techniques dans son introduction à sa traduction (dans la version de La Pléiade, pp. CXXVII-CXXIX) : il en dénombre quinze qui sont autant d’expressions imagées très colorées. Mais MRC se place d’un autre point de vue ; il distingue deux dimensions : une dimension macro, où il s’agit de choisir le sujet de chaque chapitre et de définir les grandes lignes des caractères des personnages, et une dimension micro pour déterminer la manière concrète de raconter l’histoire, de décrire les traits physiques et psychologiques des personnages, autrement dit de mettre en œuvre de façon précise le plan conçu au niveau macro.

-     Dimension macro : d’une part, l’auteur peut choisir ou non de faire des répétitions ( fàn / éviter), mais les répétitions ne sont jamais strictement pareilles, comme dans le thème du héros luttant contre le tigre : Wu Song le tue en autodéfense, à mains nues, mais Li Kui avec un sabre, par colère et piété filiale, parce que le tigre a tué sa mère ; d’autre part, les personnages sont souvent traités par paires, pour créer des effets de contraste (Lu Zhishen/Lin Chong, Song Jiang/Li Kui différents jusque dans la piété filiale), mais aussi des ressemblances (dans les combats martiaux où les adversaires sont de forces égales).

-     Dimension micro : ce sont des techniques qui rendent le récit plus fluide sans attirer l’attention du lecteur. Par exemple : máng zhōng xián bǐ (忙中闲笔) – expression souvent utilisée aussi dans les commentaires sur le « Rêve dans le pavillon rouge » : lorsque l’intrigue principale atteint un moment de tension (máng), l’auteur choisit de ne pas la faire avancer, mais passe à autre chose et détend ainsi l’atmosphère (xián).

 

Ainsi au chap. 10 : Dans la bise et la neige, l’instructeur Lin va au temple de l’Esprit-de-la-Montagne – dans les granges et greniers, l’officier Lu allume un incendie [8]  林教头风雪山神庙,陆虞候火烧草料场。

 

 

Dans la bise et la neige, l’instructeur Lin

va au temple de l’Esprit-de-la-Montagne ….

 

 

a) Le chapitre 9 se terminait sur le conflit entre Lin Chong et le gouverneur de la forteresse et le geôlier. Le lecteur brûle donc de savoir ce qui va arriver à Lin Chong. Or, dès la fin du chap. 9, la narration bifurque vers un autre personnage rencontré dans la même prison, Li le Cadet,李小二, propriétaire d’un cabaret que Lin Chong avait tiré d’un mauvais pas dans le passé. L’intrigue principale est ainsi suspendue pour laisser place à une intrigue secondaire. Pourtant, si l’on poursuit la lecture, on comprend que cette intrigue secondaire sert en réalité l’intrigue principale. Li surprend dans son cabaret une conversation entre trois clients qui complotent contre Lin Chong ; comme il avait bénéficié de la générosité de Lin Chong auparavant, il lui transmet cette information et ainsi averti, Lin Chong commence à porter une arme sur lui, ce qui prépare le terrain pour l’épisode où il tuera ces trois hommes. Li le Cadet est un personnage dit "fonctionnel" : il intervient pour faire avancer l’intrigue, puis ne réapparaîtra plus jamais.

b) Cependant, le récit n’explique pas tout de suite qui sont les trois hommes et en quoi consiste leur complot. Il passe à des choses apparemment anodines, et en particulier la grande chute de neige qui force Lin Chong à se réfugier dans le temple de l'Esprit-de-la-Montagne… il y a ici un effet de retardement qui prolonge l’attente et renforce le suspense : autre exemple de máng zhōng xián bǐ.

 

Une autre expression a intrigué MRC car elle revient quatre fois dans les commentaires de Jin Shengtan :

Du récit naissent les émotions, des émotions naît le récit

              Wén shēng qíng, qíng shēng wén  “文生情,情生文

                (également écrit : 文生于情,情生于文)

MRC propose son interprétation : le récit a pour but de susciter des émotions chez le lecteur comme chez l’auteur ; et ce sont des émotions qui constituent le premier moteur poussant l’auteur à écrire ses histoires, tandis que le récit doit rester en accord avec les émotions des personnages.

 

Par ailleurs, en lisant l’interview de Yan Geling (严歌苓) par Zhang Guochuan sur chinese-shortstories, MRC a remarqué qu’elle disait avoir été «  influencée par "Au bord de l’eau", pour sa représentation des personnages masculins ». Ce qui l’a surpris : est-ce que les mêmes techniques peuvent servir à décrire les femmes aussi bien que les hommes ? En fait, dans le Shuihuzhuan, les descriptions des personnages mettent souvent l’accent sur leur apparence, leur langage et leur actions, mais on trouve rarement une introspection psychologique profonde. Ce qui pourrait être étendu à beaucoup de romans classiques chinois.

 

Ø  LLP  a été sensible à l’écriture. Elle avait lu la version Folio à vingt ans, c’était l’une des ses lectures « fondatrices ». Pour cette séance du club, elle en a relu 450 pages cet été, mais avec beaucoup de difficultés. Il faut attendre le chapitre 18 pour voir arriver Song Jiang, selon une narration très structurée, et qu’il soit présenté alors qu’il est question des poursuites contre la bande qui a volé les cadeaux d’anniversaire.

[alors que l’audience matinale a été close, on attend sa reprise et le « registreur »[9], que l’on voit alors sortir de la préfecture : « Cet homme avait pour nom Song, pour prénom Jiang, et pour nom social Gong-ming (公明). C’était le troisième enfant de sa famille… un bomme trapu, au teint noirâtre, ce pourquoi tout le monde le surnommait Song Jiang le Noir (黑宋江). … » Et comme il était généreux et venait en aide aux miséreux et aux gens en détresse, il était surnommé Pluie-opportune (及時雨).]

 

LLP était intéressée par les adaptations au cinéma, et elle a trouvé le film de Chang Cheh (张彻) dans la médiathèque à côté de chez elle : il correspond aux chapitres 61 à 64, c’est-à-dire essentiellement, après la mort de Chao Gai (晁盖), l’histoire de la mystification de Lu Junyi (卢俊义) la Licorne-de-jade (Yu qilin玉麒麟) par Wu Yong (吴用) pour le contraindre à se joindre à la bande du Liangshan grâce à un stratagème mené de main de maître.

 

 

Lu Junyi la Licorne-de-jade par Kuniyoshi

(dans le film de Chang Cheh, le personnage

est interprété par un acteur… japonais)

 

 

[C’est un film qui s’intègre particulièrement bien dans l’univers très masculin de Chang Cheh, et qui mériterait une analyse plus poussée dans une approche comparative littérature-cinéma. ]

 

LLP s’est particulièrement intéressée au nombre 108, dans ses divers aspects symboliques. C’est un nombre sacré dans l’hindouisme, le jaïnisme, le bouddhisme et autres, et en particulier dans la cosmologie védique. Le 1 représente une chose, le 0 rien, et le 8 l’infini, ce qui représente la totalité de la réalité de l’univers : les divinités ont ainsi 108 noms et les chapelets rudrakshas comme ceux ornant le cou de Shiva ont 108 grains, comme les chapelets mani tibétain qui ont 9 perles mais 108 (12x9) dans leur version mala. 108 est le nombre d’étoiles sacrées dans l’astrologie chinoise (zhan xing shu 占星术) dont le principe est d’associer un tronc céleste et une branche terrestre pour déterminer une année, un mois ou un jour ; dans le bouddhisme tibétain, la voie du nirvana est pavée de 108 tentations. Mais 108 est aussi le nombre… des prétendants de Pénélope dans l’Odyssée.

 

Elle a été frappée de voir que tout commence par le serment des gardes assignés à la protection du convoi du cadeau d’anniversaire, serment d’aide mutuelle et de loyauté qui rappelle le serment des trois frère jurés au Jardin des pêchers (地桃园结义) au début du « Roman des Trois royaumes » (Sanguo Yanyi《三国演义》), d’ailleurs attribué lui aussi à Luo Guanzhong. Mais cela rappelle aussi l’Iliade et le « serment de Tyndare », père d’Hélène qui sacrifia un cheval et fit monter les prétendants de sa fille sur sa peau pour prêter le serment solennel de porter secours à celui qui serait choisi si quiconque tentait de lui ravir son épouse ; c’était pour éviter une guerre entre eux, mais c’est justement ce serment qui a provoqué la guerre de Troie.

 

Les nombreux surnoms des bandits, en lien avec un astre, lui ont donné l’impression d’un récit mythologique. Mais peut-on parler de mythologie ? Comment définir le roman ?

C’est un sujet qui a déclenché un débat qui s’est conclu par la négative : non, il est fait appel à des éléments mythologiques, surtout au début, dans le récit-cadre qui introduit l’histoire, mais le roman  n’est ni mythologique, ni d’ailleurs une épopée. C’est ce que Lu Xun appelle « la tradition des récits légendaires » à partir des Song du Sud (南宋以來流行之傳說) et qu’il range dans sa « Brève histoire du roman chinois » (《中国小说史略》) parmi les « romans historiques » des Yuan et des Ming (Chapitre 15/II 第十五篇 元明傳來之講史(下)). On est donc dans le domaine de la légende sur fond de récit historique (ou vice versa).

 

[Voir en complément : Mythe, légende, épopée … et roman classique dans la tradition chinoise ].

 

Enfin, de la même manière que le roman trouvait un écho dans l’actualité du procès du chef du temple de Shaolin, elle le voit de même conserver une charge subversive aujourd’hui. Car le thème central est celui de la loyauté. Cette même loyauté à toute épreuve que le Parti communiste réclame pour lui. Et la dénonciation, dans le roman, de la corruption généralisée du pouvoir comme de la société qui pousse les bandits dans la rébellion trouve aussi son écho dans la lutte anti-corruption menée par le président actuel.

 

En fait, le Shuihuzhuan comporte une double thématique : celle de la subversion par des rebelles poussés à la révolte par les injustices dont ils sont victimes, mais aussi celle de l’ordre et de sa nécessité, l’ordre qui prévaut dans l’assemblée des bandits, dans le respect d’une stricte hiérarchie et dans une parfaite discipline sur le champ de bataille. C’est la thématique de la rébellion qui a fait que le roman a été longtemps interdit, chaque fois que le régime impérial se trouvait menacé, par des révoltes justement ; c’est aussi ce qui en a fait un modèle révolutionnaire pour Mao[10]. Mais c’est l’ordre, finalement, qui est principalement retenu aujourd’hui.

 

Le débat sur ce sujet se conclut par la remarque finale de MRC : le Shuihuzhuan n’est pas interdit en Chine aujourd’hui, au contraire ; il est considéré comme un modèle qui propose une vision très traditionnelle d’organisation hiérarchique, et autocratique, du pouvoir, et en ce sens anti-démocratique.

 

Ø  UB avait déjà lu le roman et a pris plaisir à s’y replonger, retrouvant la fluidité de la narration, une construction progressive avec une focale sur divers personnages, d’un personnage à l’autre, finissant par cette zone de non-droit où tous finissent par se retrouver. C’est un texte « sans gras », qu’il a lu en passant du chinois à la traduction de Jacques Dars pour progresser un peu plus vite, et en revenant au chinois, chinois vernaculaire avec des incidences de dialecte du Shandong et de langue de wu.

 

Ce qu’il a trouvé de nouveau, c’est que l’empereur Song Huizong (宋徽宗), connu pour son art raffiné, est l’un des personnages du roman, qui se passe vers 1120. En revanche, il a trouvé que les personnages féminins sont sans profondeur, contrairement à ceux du Jinpingmei (《金瓶梅》) qui sont au contraire pleins de vie et d’originalité ; on y retrouve Pan Jinlian (潘金莲) et Ximen Qing (西门庆), mais Pan Jinlian occupe une place centrale.

 

Le Shuihuzhuan est surtout une satire de la nature mafieuse du pouvoir ; en fait il n’y a pas de différence marquée entre pouvoir et brigandage, on passe de l’un à l’autre constamment et sans hiatus, et il y a une reconnaissance mutuelle, un respect des uns pour les autres. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le saint patron des policiers (à Hong Kong) est le guerrier Guan Yu (关羽), immortalisé dans le « Roman des Trois royaumes » et divinisé quelques siècles après sa mort.

 

Pour la petite histoire, UB s’est demandé comment tous ces bandits pouvaient boire autant : ils sont constamment en train de festoyer, et de boire. Mais l’alcool du roman, d’après ce qu’il a pu lire, n’est pas de l’alcool de riz, c’est de l’alcool de blé ou de millet, qui n’a donc pas la même teneur d’alcool.

 

[D’ailleurs les gens du Shandong sont réputés pour boire beaucoup, par obligation sociale, en quelque sorte. Ce que confirme Guochuan qui est du Shandong et cite cette expression typique de la province :

大碗喝酒,大块吃肉”  dà wǎn hējiǔ, dà kuài chīròu

(litt. ) Boire de l’alcool à grands bols, manger de la viande à gros morceaux

Ce qui s’applique parfaitement à ces valeureux guerriers, dit-elle, toujours à festoyer. ]

 

Ø  Lei n’était pas très attirée par le roman quand elle était jeune. En fait, parmi les quatre grands classiques chinois, y compris toutes leurs adaptations, c’était celui qui l’intéressait le moins. Elle avait l’impression que ce n’était que des histoires violentes de combats et de tueries. Mais, comme il s’agit d’un chef-d’œuvre incontournable, les séries adaptées du roman passaient à la télévision presque tous les étés et hivers quand elle était en maternelle et au collège ; de plus, dans la vie quotidienne ou à l’école, les gens en parlaient, et en parlent toujours, très souvent. Peu à peu, elle s’est donc familiarisée avec les histoires célèbres et les personnages marquants.

 

Ce qu’elle aime particulièrement, ce sont les surnoms des cent huit héros. Ils sont à la fois imagés, vivants, et correspondent au caractère et au destin de chacun. Beaucoup sont connus de tous en Chine : « Song Jiang, la Pluie opportune » (宋江,及时雨), « Chai Jin, le Petit Ouragan » (柴进, 小旋風), « Lu Zhishen, le Moine fleuri » (鲁智深, 花和尚), « Lin Chong, la Tête de léopard » (林冲, 豹子头), etc. On les mentionne presque toujours avec leurs surnoms. D’autres surnoms sont devenus si célèbres qu’ils sont encore utilisés comme expressions figées aujourd’hui, alors même que les personnages qui les portent ne sont pas forcément très connus. À titre d’exemple : 拼 命 三 郎 « le Fou prêt à mourir » (Shi Xiu 石秀) est désormais une expression pour désigner quelqu’un qui se donne corps et âme, qui est prêt à se sacrifier pour atteindre un objectif ; 笑面虎 « le Tigre au visage souriant » (Zhu Fu 朱富) est utilisé pour parler d’une personne qui semble aimable mais cache de mauvaises intentions. Enfin, certains personnages sont extrêmement célèbres sans faire partie des cent huit, comme Pan Jinlian, devenue figure récurrente de nombreuses œuvres littéraires et audiovisuelles.  

 

Elle a relu le roman en se concentrant sur les personnages qui l’intéressent le plus (Chao Gai, Lin Chong, Song Jiang, Wu Song, Chai Jin, Wu Yong), y compris les personnages féminins (Yan Poxi, Sun Erniang, Hu Sanniang), en se demandant qui sont les 108 héros et à quels astres ils sont associés, pourquoi Song Jiang a été choisi comme chef, si l’œuvre dénigre les femmes, quelles sont les relations avec « Les trois royaumes », et en réfléchissant sur les problèmes sociaux soulevés dans le roman et leurs échos aujourd’hui.

 

-1/ De manière générale, elle apprécie beaucoup la manière dont sont dépeints les personnages, et la grande beauté littéraire de ces descriptions. Dès le début, la mise en place des « 36 Esprits célestes » et des « 72 Démons terrestres » donne à l’ouvrage une aura mystérieuse. Elle a trouvé que le destin de certains personnages correspondait parfaitement à l’astre qui leur était attribué. Par exemple, Chai Jin est « l’Étoile précieuse du Ciel » (Tiangui xing 天贵星) : issu d’une famille impériale, il est né riche et noble, et son destin dans le roman est l’un des plus favorables.

 

Parmi les héros du Liangshan, celui qu’elle apprécie le moins reste Song Jiang. Même après cette relecture, son avis n’a pas changé. Elle continue à trouver que son personnage n’est pas très convaincant : il n’est ni le plus riche, ni le mieux né, ni le plus haut placé dans la fonction publique avant sa rébellion, ni le plus habile au combat. Surtout, il ne dégage pas de véritable charisme de chef : il est hésitant, parfois lâche, et souvent calculateur et hypocrite. Pourtant, chaque fois qu’il apparaît dans le roman, c’est accompagné tout de suite d’une aura universelle, comme si tout le monde le connaissait et l’admirait. En réalité, il n’était au départ qu’un simple greffier. Son surnom de « Pluie opportune » vient de ce qu’il aidait généreusement quiconque se trouvait en difficulté, même des inconnus. Mais d’où provenait donc sa fortune ? De plus, nombre de ses erreurs de jugement ont causé de graves pertes parmi les membres du groupe. Pour Lei, il ressemble au moine Tang Sanzang dans le Xiyouji ou à Liu Bei dans les Trois Royaumes : des personnages vertueux mais hésitants et timorés. Pas ce qu’elle apprécie le plus.

 

Son personnage préféré est Chai Jin (柴进), qui semble également être l’un des favoris de l’auteur. Issu d’une lignée impériale, il est généreux, intelligent, posé et d’une grande droiture. Nombre de héros, y compris Song Jiang, ont bénéficié de sa protection à leurs débuts. Pourtant, Chai Jin ne s’en vante jamais. Plus tard, il occupe une fonction importante au Liangshan qu’il accomplit avec sérieux. Lors de la campagne contre Fang La, il devient même gendre impérial et contribue à la victoire finale contre le bandit. À la fin, alors que beaucoup de héros meurent après l’amnistie, il fait partie des rares à pouvoir se retirer en paix et à revenir à une vie discrète. En revanche, elle trouve particulièrement regrettable le destin de Chao Gai (晁盖), le « roi céleste » (晁天王) : homme de grande valeur, il a apporté une contribution non négligeable, mais il meurt tôt, d’une flèche empoisonnée, et il n’apparaît pas dans le décompte des cent huit héros

 

Quant à la représentation des femmes, il est indéniable qu’elle comporte une part de mépris, voire de dénigrement. Beaucoup de personnages féminins sont décrits comme vulgaires, lubriques, ou de basse condition (souvent prostituées ou chanteuses), et finissent tragiquement, souvent de façon violente. Pourtant, il existe aussi des héroïnes, comme Hu Sanniang (扈三娘) ou Fang Jinzhi (方金芝), fille du rebelle Fang La. Elles sont courageuses, loyales et redoutables au combat, dignes des héros du Liangshan. De plus, l’auteur décrit leur beauté avec des louanges appuyées. Comparées à la condition des femmes de l’époque, généralement confinées à la maison, ces représentations étaient très en avance. Même si « Au bord de l’eau » est essentiellement un roman masculin, on y recense tout de même entre soixante-dix et quatre-vingts personnages féminins.

 

 

Hu Sanniang par Utagawa Kuniyoshi

 

 

- 2/ Lei a par ailleurs trouvé des résonances et des parallèles avec d’autres romans classiques :

- des parallèles avec « La Pérégrination vers l’Ouest » (Xiyouji 《西游记》). L’histoire des héros du Liangshan, qui suivent Song Jiang pour franchir mille épreuves, établir leur repaire, défendre la justice et combattre le mal, n’est pas sans rappeler Sun Wukong et ses compagnons protégeant Tang Sanzang dans sa quête. Mais il y a aussi des détails parallèles : les 72 transformations de Sun Wukong sont appelées les « 72 métamorphoses des Démons terrestres », tandis que Zhu Bajie maîtrise les « 36 transformations des Esprits célestes » - bien que Sun Wukong ait de nombreux talents, sa magie est en réalité plus faible que celle de Zhu Bajie, ce qui correspond à leur origine respective : Sun Wukong n’était qu’un singe sauvage, tandis que Zhu Bajie avait été maréchal des armées célestes.

 

- et des résonances avec des personnages du « Roman des Trois Royaumes ». En lisant, Li Kui, Lu Zhishen et Lin Chong lui rappelaient Zhang Fei – d’ailleurs l’un des surnoms de Lin Chong est « Petit Zhang Fei » (小张飞), Wu Yong et Chai Jin lui évoquaient Zhuge Liang, et Song Jiang lui semblait un autre Liu Bei. Guan Sheng (关胜) est présenté dans le roman comme un descendant de Guan Yu (关羽) et il lui ressemble.  Lü Fang (吕方), quant à lui, a des similarités avec Lü Bu (吕布), même cheval, même arme, d’où son surnom de « Petit marquis de Wen » (小溫侯). Mais rien de très étonnant : Shi Nai’an était le maître de Luo Guanzhong auquel est attribué « Le roman des Trois Royaumes », qui aurait été écrit après « Au bord de l’eau » ; certains disent même que Luo Guanzhong aurait poursuivi l’écriture de Shi Nai’an.

 

Mais Lei a également trouvé des échos du Shuihuzhuan dans la société actuelle. Car, si « Au bord de l’eau » met en avant la fraternité chevaleresque, il dénonce aussi les défaillances du système judiciaire qui poussent les innocents à la rébellion. On y voit des paysans ou des fonctionnaires, victimes d’injustices, réduits à une impasse et contraints de se révolter par la violence. Cela fait penser à certaines situations dans la société chinoise contemporaine. Derrière ces récits transparaissent des questions profondes sur les institutions sociales et judiciaires, ainsi que sur les faiblesses humaines. Ces problèmes ont-ils reçu une attention suffisante ? Quelle influence « Au bord de l’eau » pourrait-il exercer sur la Chine d’aujourd’hui et de demain pour que ces questions soient mieux prises en compte ?

 

Telles sont les réflexions que lui a inspirées cette lecture et qu’elle voit reflétées dans la société chaque fois qu’elle revient chez elle en Chine, en particulier chez les jeunes en échec scolaire, rejetés par la société et l’école, et qui n’ont d’autre choix que la révolte. Ils forment des groupes liés, comme les héros du Liangshan, par l’amitié fraternelle et la loyauté à toute épreuve (zhōngyì 忠義/忠义).

 

Au total et en conclusion de cette longue séance : « Au bord de l’eau » apparaît comme le miroir d’une société figée entre stricte hiérarchie du pouvoir et rébellion latente parmi les oubliés et victimes du système.

 


 

Prochaine séance

 

Le mercredi 15 octobre 2025

 

Autres histoires de bandits, par Jia Pingwa (贾平凹) :

- Le porteur de jeunes mariées, trois nouvelles de 1990, trad. Lu Hua, Gao Deku, Zhang Zhengzhong, Stock, coll. « La bibliothèque cosmopolite », 1995/1998 :

Le porteur de jeunes mariées Wǔkuí《五魁》/ Le Tout-Blanc Bái Lǎng白朗/  

Le géomancien amoureux Měi xué dì 美穴地

En lien, l’adaptation de Wǔkuí par Huang Jianxin (黄建新) : « The Wooden Man’s Bride » (《五魁》), 1994.

 

Et éventuellement, sur le banditisme moderne :

- Broken Wings (Jihua《极花》), trad. Nicky Harman, ACA Publishing, 2019 (Jia Pingwa 2016).


 

[1] Série très célèbre qui a contribué à la notoriété du roman au Japon au 19e siècle.

Voir Le Shuihuzhuan et sa postérité.

Brigitte Duzan avait apporté un recueil de ces illustrations : « Outlaw Death Swords. Suikoden Heroes by Kuniyoshi ».

 

 

 

 

[2] Le film est sorti en France sous le titre malencontreux de « La Légende du lac ».

[3] Entretiens de Confucius, traduction, introduction et notes d’Anne Cheng, Seuil, coll. Points/Sagesse, 1981.

[4] Kuhn a commencé à traduire la littérature chinoise classique après la Première guerre mondiale. Avant le Shuihuzhuan, il a traduit le Hongloumeng (« Der Traum der roten Kammer », Leipzig 1932).

C’est à lui que Borges attribue sa découverte de la liste fictive d’animaux consignée dans son article de 1942 « El idioma analítico de John Wilkins”. Liste fantaisiste reprise au début de la préface de « L’ordre des choses » de Michel Foucault. (Voir l’ouvrage Borges et la Chine”).

[5] C’est Hu la troisième (胡三).

[6] / signifie littéralement ‘insecte’, voire ‘serpent’, mais est à entendre ici comme euphémisme littéraire pour signifier ‘tigre’. C’est elle qui fabriquait les petits pains farcis à la chair humaine avec son mari.

[7] Littéralement « yaksha femelle » ou yakṣiṇī, les yaksha étant des êtres célestes de la mythologie hindoue et bouddhique, gardiens des trésors naturels cachés sous terre et dans la racine des arbres, mais aussi, dans une autre version, des esprits malveillants qui hantent les lieux sauvages et dévorent les voyageurs – ils sont dans cet aspect-là assimilés aux rākṣasas.

[8] Selon la traduction de Jacques Dars.

[9] Terme qui ne figure pas dans le glossaire de Jacques Dars, mais qui est un terme du Moyen Français.

[10] Avant qu’il le dénonce, à la fin de la Révolution culturelle, quand il tente de rétablir l’ordre.

Voir Le Shuihuzhuan et sa postérité.


 

     

 

 

 

 

     

 

 

 

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