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Club de lecture de littérature chinoise (CLLC)

Compte rendu de la séance du 11 décembre 2024

et annonce de la séance suivante

par Brigitte Duzan, 17 décembre 2024

 

À la suite de la séance du 13 novembre consacrée à Qian Zhongshu (钱钟书) et en particulier à son roman « La Forteresse assiégée » (Wéichéng《围城》), la séance du 11 décembre était consacrée à l’œuvre de son épouse Yang Jiang (杨绛), avec au programme :

- Le Bain (《洗澡》), trad. et introduction Nicolas Chapuis, Christian Bourgois, 1992 [1].

 

 

Le Bain, édition originale 1988

                                                                         

Texte chinois : https://www.tianyabooks.com/book/yj01/

 

- Mémoires décousus (souvenirs tirés du recueil d’essais《杂忆与杂写》), trad. Angel Pino et Isabelle Rabut, Christian Bourgois, 1997.

- Sombres nuées, chronique des années Bing Wu et Ding Wei (《丙午丁未年纪事》), trad., introd. et notes d’Angel Pino, Christian Bourgois, 1992.

 

 

 

Texte chinois : https://xiandangdai.xiusha.com/y/yangjiang/000/015.htm

 

La séance a fait ressortir – à une exception près  – combien Yang Jiang suscite toujours d’admiration chaleureuse, encore aujourd’hui, huit ans après sa mort, à l’âge canonique de 105 ans. Sa voix calme et son humour distancié, dans « Le Bain » autant que dans ses essais, ont été finalement bien plus appréciés que les piques à répétition de « La Forteresse assiégée ». Il faut dire en outre que ses ouvrages sont servis en français par de très bonnes traductions – comme souligné par plusieurs lectrices (en particulier celle, bien annotée, du « Bain » de Nicolas Chapuis).

 

Le plus bel éloge vient de Marion J. qu’on n’avait pas vue depuis quelques temps : elle dit avoir traversé une période de « jachère de lecture », et c’est « Le Bain » qui a réussi à l’en sortir !

 

Avis de lecture

 

Ø  W. Lei a ouvert la séance, justement, par un hommage personnel à Yang Jiang, qui est l’une de ses écrivaines favorites et même, au-delà de ses œuvres littéraires, un modèle : modèle de sagesse, de tolérance et de sérénité malgré les souffrances qu’elles a traversées tout au long de sa vie, pour atteindre finalement à la liberté intérieure.

 

W. Lei avait lu in extenso, en chinois, outre « Le Bain », les deux tomes de ses « Mémoires décousus » qui ont été réédités en Chine en 2015 : les textes de la période 1933-1991 et ceux de la période suivante 1992-2013 [2]. Ces textes l’ont confirmée dans sa vision de la personnalité de l’écrivaine (elle en a sélectionné et traduit quelques extraits pour le club de lecture). Et cette personnalité, justement, se reflète dans son écriture, autant dans la forme que dans le fond : style » doux et fluide comme l’eau », débordant de chaleur humaine, vivant, dynamique et empreint d’humour, avec une préférence pour les phrases courtes, claires et faciles à lire. Contrairement à ce que l’on dit parfois, son écriture n’a rien à envier à celle de Qian Zhongshu – pour preuve, en particulier, l’essai intitulé « Vent » (《风》) des « Mémoires décousus (1933-1991) ».

 

Elle a trouvé les personnages très nuancés, et les classe en trois catégories :

- la famille, et le père, en particulier, à l’esprit très ouvert pour son époque, soutenant sa fille célibataire. Les pages sur la jeune sœur Yang Bi (《记杨必》), tôt disparue, sont pour elle parmi les plus émouvantes des « Mémoires décousus ». C’est son personnage préféré, avec Yao Mi (dans « Le Bain »), tellement semblable qu’elle lui semble en être inspirée.

- les intellectuels : ceux du « Bain » présentent de nombreuses similitudes avec ceux de « La Forteresse assiégée », mais Yang Jiang ne se limite pas à des portraits négatifs, elle met aussi en lumière des traits positifs (l’indépendance et l’intelligence pour Yao Mi, la droiture et la sincérité pour Xu Yancheng, l’enthousiasme pour Luo Hou). En outre, dans « Le Bain », elle met en valeur les personnages féminins, avec des caractères bien campés (Yao Mi et sa mère, Du Lilin, Wang Ying, ou encore Shi Nina)

- les gens du peuple, pauvres et malchanceux, nombreux dans les « Mémoires décousus », sont dépeints avec compassion et une grande chaleur humaine. Ils sont aussi vivants qu’attachants sous sa plume.

 

W. Lei a aussi beaucoup apprécié la manière qu’a Yang Jiang de traiter les épisode historiques dans ses récits. En dehors de la peinture de la vie quotidienne, ses œuvres tournent autour d’événements historiques durs et éprouvants : les campagnes des Trois et des Cinq antis, la Révolution culturelle, l’envoi des intellectuels à la campagne pour la réforme par le travail, et la guerre. Cependant, elle aborde ces moments de l’histoire marqués par la souffrance avec une légèreté teintée d’humour. Elle permet ainsi aux lecteurs de découvrir des histoires intéressantes et des personnages attachants dans un contexte pourtant douloureux – ainsi, quand elle décrit la vie rurale et les paysans dans son chapitre « Première fois envoyée à la campagne » (《第一次下乡) des « Mémoires décousus », l’expérience devient à la fois légère et amusante.

 

Dans la troisième partie du « Bain », la description de la campagne des Trois anti est pleine d’humour. Pourtant, dans la réalité, ces expériences ont été profondément éprouvantes. Par exemple, le suicide de Zhu Qianli dans le roman est inspiré des suicides réels de plusieurs amis proches de Yang Jiang. Malgré cela, la tentative de suicide de Zhu Qianli est décrite avec un humour qui rend la scène presque burlesque. De même, la guerre est, elle aussi, abordée avec légèreté, sans descriptions dramatiques de chaos, de souffrance et de désespoir, et en ce sens Yang Jiang se rapproche de la manière dont ce thème est traité dans « La Forteresse assiégée ».

 

Ø  MRC apporte la note discordante de la séance : il a lu « Le Bain » en chinois et parcouru sur internet les articles et forums concernant le roman et son auteur, mais il s’est lassé de sa lecture au milieu du roman.

 

- Concernant la forme, il a trouvé une forte similitude de style (en chinois) entre le roman de Yang Jiang et celui de Qian Zhongshu, mais sans les « satires mordantes », références et allusions multiples de « La Forteresse assiégée ».  A travers leurs livres, on peut deviner – dit-il –  qu’ils vivent dans le même environnement. C'est comme si deux personnes parlaient devant nous : on peut sentir qu'elles viennent sans doute de la même région et exercent la même profession.

 

- Pour le fond, en lisant l'histoire d'amour et la description physique des personnages du « Bain », il a senti une écriture plus féminine que dans « La Forteresse assiégée ». La représentation de l'amour entre Yao Mi et Xu Yancheng lui a semblé plus tendre et subtile et la description physique des personnages moins unidimensionnelle, car présentée sous des angles plus variés. Ce qui nécessiterait des exemple précis, il s’agit là juste d’une impression après lecture. Mais il retrouve dans la description du couple Xu Yancheng/Yao Mi certaines des caractéristiques du couple Qian Zhongshu/Yang Jiang, souvent présenté comme modèle : amour et admiration réciproques avec un espace de liberté mutuelle.

 

- S’il devait résumer le style de Yang Jiang, ce serait par le terme chinois de dàn . Terme généralement traduit par « fade », impliquant un style plat, comme une peinture diluée ou pâle, mais qui peut avoir en chinois des connotations positives (sobre, serein… ) [3]. Cela vient de la représentation des personnages, aux personnalités peu marquées, dont les conflits ne lui ont pas laissé une impression profonde. Ce n’est pas seulement en raison de la lenteur du rythme narratif. Ce n’est pas quelque chose qui lui déplaît a priori, mais il aime les romans traditionnels chinois qui accordent beaucoup d'importance à des intrigues riches en rebondissements. Il cite le dicton chinois: « Un roman est comme une montagne, il ne doit pas être plat pour plaire » (文似看山不喜平). Il lit beaucoup « Les Trois Royaumes » et « Au bord de l’eau » en ce moment, et il préfère la complexité et les rebondissements de leurs intrigues. Provisoirement, ajoute-t-il…

 

Ø  LLP apporte le témoignage vivant qu’il peut y avoir une lecture « provisoire » du « Bain » : elle commence par dire qu’elle non plus n’a pas lu le roman jusqu’à la fin, car trop lent, trop ceci … pas assez cela… et au fur et à mesure qu’elle déroule ses arguments, elle réalise elle-même toute la subtilité qu’elle avait bien perçue, mais comme inconsciemment. Pour conclure, toute étonnée elle-même, que ce sont les qualités mêmes d’écriture qui l’ont rebutée au départ et que cela lui donne en fin de compte terriblement envie de terminer sa lecture – d’autant plus qu’en chinois, le roman est accessible et agréable à lire.

 

Yang Jiang décrit en effet très subtilement la mise au pas des intellectuels après 1949, par petites touches, sans fracas. Elle montre cette progression lente à travers des anecdotes de la vie quotidienne d’une bande de lettrés, inspirées par sa propre expérience en tant que professeur de littérature britannique à Qinghua en 1949 ou au sein du groupe des langues étrangères de l’Institut de recherche en Littérature (文学研究所外文组) de l’Académie chinoise des Sciences sociales (après 1952). Elle retranscrit ainsi l’avancée inexorable de l’idéologie communiste dans le milieu intellectuel après 1949 dans un département de littérature dite « bourgeoise » auprès d’intellectuels fraîchement revenus de pays occidentaux « capitalistes », qui seront les premières victimes des purges du régime. C’est la chronique d’un drame annoncé. Elle montre les inflexions minuscules, les changements de tons et de lexique, de postures, la constitution des clans, la versatilité des allégeances, les changements de valeurs, toute une tectonique des plaques en narrant l’insignifiant, l’infiniment petit de la vie quotidienne de ces professeurs où l’idéologie et les travers communistes infusent progressivement.

 

Le langage change aussi progressivement, la marxisation des noms « réformés » rappelant la rectification des noms (正名) de Confucius autant que la rectification de Yan’an. Ce n’est qu’au début de la deuxième partie que l’on voit les procommunistes s’emparer des postes à responsabilité, même s’ils n’ont pas les compétences requises, l’idéologie primant le reste. Telle Shi Nina bombardée directrice du département de littérature étrangère alors qu’elle a attribué « Le rouge et le noir » à Balzac et « Les Fleurs du mal » à Mallarmé…  Le champ lexical communiste (y compris les invectives) est de plus en plus présent, tandis que l’origine de classe devient un problème, que disparaissent les « vêtements anciens » et qu’il faut cacher les livres. On voit peu à peu s’instaurer une logique perverse fondée sur la surveillance mutuelle des uns et des autres, les dénonciations justifiant les enquêtes sauvages.

 

LLP voit finalement dans la lente dissection de ces mécanismes insidieux une véritable « prouesse littéraire ». La satire du système communiste est subtile dans sa prudence même, les plus fervents défenseurs de l’abolition des privilèges ne font qu’en créer de nouveaux dont ils deviennent les heureux bénéficiaires. Yang Jiang met en scène des communistes qui se veulent modernes mais qui ne font que reproduire les normes confucéennes dont ils sont pétris : lors de la constitution des groupes de travail, ils s’accordent sur une organisation fondée sur le binôme « maître-disciple » (2ème partie, p. 126).

 

Elle a retrouvé dans « Le Bain » des traits du roman de Qian Zhongshu : le diplôme étranger de Xu Yancheng obtenu dans une université fantoche (comme Feng Hongjian), les propos oiseux et discours creux, la vacuité du badinage en totale déconnection du contexte historique gravissime, la mauvaise foi des intellectuels, leur opportunisme, leur paresse, leur malhonnêteté intellectuelle et leur lâcheté…  En déroulant tous ces arguments, elle souligne la qualité du texte, sa progression narrative toute de lenteur voulue, reflétant l’étroitesse des existences de ces intellectuels revenus de l’étranger.

 

Plus que Qian Zhongshu, Yang Jiang livre en outre une réflexion critique sur la place de la femme dans la société en en dénonçant les travers misogynes tout en montrant les femmes bien plus « dégourdies » que les hommes sur le plan pratique. Les petites filles, on le sait, sont considérées comme enfants de second ordre (« Yancheng n’éprouvait pas le moindre intérêt à l’égard de cette fille qu’il n’avait jamais vue »), mais en outre ces intellectuels ont des attitudes déplacées, voire grivoises. Yu Nan est même dépeint comme un « parfait obsédé » (p. 79). Yao Mi considérée comme « aguicheuse » aux yeux de Yancheng rappelle la Lolita du roman de Nabokov (publié à Paris en 1955)… Le récit qu’elle fait de la tentative de viol de son fiancé frustré, qu’elle repousse avec une « paire de ciseaux à ongles » (p. 111), évoque le fait divers de 2009 repris par Jia Zhangke en 2013 dans « A Touch of Sin » (《天注定》) (où une hôtesse d’accueil dans un sauna finit par poignarder avec un couteau à dessert un cadre local qui tentait de la violer).

 

Donc, finalement, dit-on à LLP, tu as apprécié le roman bien plus que tu ne disais au départ….

Eh bien, oui, dit-elle, cela m’a donné envie de le lire jusqu’au bout, d’autant plus que le texte chinois est agréable à lire…

 

Ø  Zh. Lingling poursuit dans le même sens. Elle avait lu « Nous trois » (《我们仨》) quand elle était au lycée. Ce sont les souvenirs de leur vie, elle, son mari et sa fille, publiés par Yang Jang en 2003, et Lingling se rappelle avoir pleuré quand Yang Jiang décrit la mort de de sa fille (en 1997), puis celle de son mari (en 1998)…

 

« Le Bain » ne l’a pas fait pleurer, mais elle a retrouvé dans le roman le style délicat de l’auteure, son art de raconter avec détachement les malheurs de la vie, mais en soulignant toujours les côtés positifs. Sans doute parce que, ayant reçu beaucoup d’amour dans sa vie, Yang Jiang en avait gardé un esprit paisible, au-dessus des malheurs,, jusque dans sa vieillesse. « Le Bain », Lingling y est entrée tout de suite, dès le début de sa lecture, en le trouvant bien plus facile à lire que le roman de Qian Zhongshu. C’est volontairement « plat », dàn comme l’a dit MRC, mais le style est soutenu, cultivé, c’est wěi wěi dào lái (娓娓道来), dit-elle : subtil et raffiné, dont on ne se lasse pas.

 

Et puis, elle a découvert dans la troisième partie du roman la signification du « Bain » (洗澡) qu’elle ne connaissait pas, et qui est très peu connue, car c’est une spécificité de la campagne dont il est question à la fin du roman : double campagne, des « trois antis » en 1951, complétée par les « cinq antis » en 1952 (三反五反), visant à consolider le pouvoir de Mao en ciblant ses opposants politiques et les « capitalistes ». Mais Yang Jiang distingue avec humour trois types d’opposants ayant à passer par trois sortes de « bain », petit, moyen et grand, selon leur statut social et leur autorité, pour en ressortir lavés et purifiés [4]. Ce qui l’a surtout frappée, ce sont les subtilités de l’autocritique : il faut savoir rester dans le juste milieu car si on exagère ou si on n’en dit pas assez, ce ne sera pas accepté. Il y a donc des gradations dans l’autocritique pour rester crédible.

 

Ø  Dorothée MS est entrée tout de suite dans le roman, avec un grand plaisir, en savourant les histoires du travail et celles des couples, entre mesquineries et rivalités. Mais aussi certains détails qui l’ont ramenée au temps présent – ainsi (p. 21) a-t-elle constaté que l’on donnait déjà des postes honorifiques à l’UNESCO à l’époque, ce qui a contribué au fil du temps à tuer cet organisme…

 

 Elle a quand même trouvé que le récit traînait un peu en longueur, mais son intérêt s’est ravivé dans la dernière partie et elle a beaucoup aimé le récit des confessions forcées. Le roman a fini là par l’émouvoir.

 

Ø  Sylvie D. a commencé par lire « Sombres nuées » et a apprécié dans ces sept brefs récits la capacité de l’auteure à apporter une vision sereine et positive de situations pourtant horribles – en particulier l’épisode de la confiscation du manuscrit de sa traduction du « Don Quichotte » et de ses efforts pour le retrouver.

 

Elle s’est ensuite plongée dans la traduction des seize textes tirés des « Mémoires décousus » et les a appréciés comme des « petites merveilles ciselées ». Elle a beaucoup aimé la peinture des personnages, et les scènes de vie comme un puzzle, avec une touche d’émotion larvée, car ce sont des vies toujours un peu dérisoires. Ainsi cette madame Lin du deuxième récit : blanchisseuse consciencieuse, qui s’occupe de sa belle-mère, pousse son fils à faire des études secondaires, et élève la fille de sa belle-sœur, qui économise jusqu’à pouvoir s’acheter une maison… réquisitionnée pendant la Révolution culturelle, puis rasée… toujours travaillant et économisant, construisant une maison pour son fils, puis pour sa fille… et finalement tombant malade, et mourant à l’hôpital sans même que sa fille se soit déplacée.

 

« Le Bain » lui a semblé plus difficile à suivre, et elle a un peu décroché. Elle a surtout aimé le début, le récit de la création du Centre d’études dont elle a trouvé l’atmosphère semblable à celle de l’université Sanlü dans « La Forteresse assiégée ».

 

Ø  Françoise J. a lu « Sombres nuées » en trouvant pénible d’avoir les notes à la fin du livre, et encore plus pénible de ne pas avoir d’appel de notes. Ce qui ne l’a malgré tout pas empêchée d’apprécier ces textes empreints de délicatesse et d’un « grand poids d’humanité » (en particulier dans le texte des « agneaux déguisés en loups »), avec l’impression de rencontrer une personne modeste et simple, d’une extrême bienveillance.

 

Quant au « Bain », elle en a bien plus apprécié le style que celui du roman de Qian Zhongshu. Aucune lourdeur chez Yang Jiang : elle procède par petites touches bien plus légères, et en outre la construction de son roman, en trois parties, est bien équilibrée. Elle montre l’adaptation graduelle des personnages dans leurs recherches, les jalousies et rivalités, comme dans « La Forteresse assiégée », mais avec une montée en charge progressive.

 

Ce qui l’a frappée, c’est la description des rapports humains, sans distinction entre vie privée et vie publique. Cela tient évidemment au fait qu’il n’y a pas de différence entre lieu de vie et lieu de travail, donc pas de rupture entre vie et travail, donc pas de vie personnelle, au point que l’on peut tranquillement aller fouiller dans les papiers de quelqu’un d’autre, et qu’il n’y a pas non plus de notion de bibliothèque privée.

 

Ø Giselle H. a lu « Le Bain » avec plaisir car elle en a trouvé la lecture facile et agréable. Mais elle a aussi trouvé très intéressante la description de la campagne des Trois antis, des luttes et des débats qui l’ont accompagnée. La lecture de « Sombres nuées » lui a donné une impression de satire en douceur, et de simplicité toute apparente.

 

Dans « Le Bain », elle a été frappée en particulier par les rivalités féroces entre les intellectuels, qui lui ont rappelé un livre de littérature anglaise qu’elle a lu dans le passé, un roman de C. P. Snow intitulé « Strangers and Brothers » [en fait une série de onze romans publiés entre 1940 et 1970 qui traitent des mécanismes de l’exercice du pouvoir et des questions d’intégrité personnelle et politique].

 

[On pourrait quasiment faire une analyse comparée de ces romans (anglais et chinois) et de leurs thèmes qui recoupent principalement la même époque, celle de la guerre et de l’après-guerre, avec une peinture décapante du milieu universitaire. On trouve par exemple dans « The Masters », qui se passe en 1937, l’élection d’un nouveau « maître » à Cambridge, avec des manœuvres politiques qui ressemblent beaucoup à ce que l’on trouve à l’université Sanlü et dans l’Institut de recherche de Yang Jiang]

 

Ø  Marion J. avait donc réussi à mettre un terme à sa période de « jachère de lecture » et retrouvé le plaisir de lire avec « Le Bain », tout en regrettant d’avoir raté la séance sur le roman de Qian Zhongshu qu’elle avait lu, mais trouvé plus ardu et bien moins agréable. N’ayant pas de connaissances de chinois, elle a toujours des problèmes avec les noms propres qui gênent souvent sa lecture, mais pas pour « Le Bain ».

 

Elle a été touchée par l’humour, la délicatesse de l’écriture, la description subtile de l’évolution des sentiments et des réactions, chez ces intellectuels pris peu à peu dans l’engrenage des événements avec une sorte de naïveté, voire d’immaturité. Elle a trouvé savoureuse la description des autocritiques qui montre que, jusqu’à la fin, ils n’ont toujours rien compris, qu’ils considèrent cela comme un jeu.

 

La mise au pas des intellectuels dans l’institut de recherche du « Bain » lui a paru très proche des diatribes, intrigues  et luttes pour le pouvoir dans le milieu de la recherche en France – voire dans l’audiovisuel.

 

Elle n’a pas trouvé, en lisant « Le Bain », la lenteur qui lui a été reprochée. Elle a au contraire apprécié la complexité de la narration et les mille détails précis et pleins d’humour dans la description de la vie quotidienne : mère et fille couchant dans le même lit, mais tête-bêche, ou ce dîner se voulant « informel » mais affichant quand même une dizaine de plats… Malgré tout c’est un humour universel.

 

De même, elle a été touchée par la peinture pleine d’humanité des personnages, et pas forcément ceux en première ligne : dans « Le Bain », elle a trouvé attendrissant le personnage de Luo Hou (罗厚), en retrait, peinant à trouver son orientation et sa place dans la société ; dans les « Mémoires décousus », elle a beaucoup aimé le portrait du vieux Wang, le tireur de pousse (《老王》), ou encore celui, haut en couleur, de la femme de chambre Shunjie et de sa « grande sœur », c’est-à-dire l’épouse principale, dans « L’"amour libre" de Shunjie » (chap. 14 de la traduction et en chinois 《顺姐的“自由恋爱” ). Autant d’humbles personnages décrits avec un grand respect, y compris de leur position de classe.

 

Ø  Zh. Guochuan revient sur le rapprochement que l’on ne peut s’empêcher de faire entre « Le Bain » et « La Forteresse assiégée », rapprochement qui s’impose naturellement, parce que les auteurs sont mari et femme, avec des parcours similaires — études et séjours à l’étranger, postes de professeurs d’université en Chine —, mais aussi parce que leurs œuvres ont un sujet commun : une satire du milieu intellectuel. Les deux romans partagent un cadre similaire et se déroulent à des époques proches ; on y retrouve des personnages comparables, ainsi qu’une certaine atmosphère de luttes sournoises (勾心斗角) dans les universités, où les promotions dépendent moins des compétences professionnelles que de l’habileté dans les relations humaines.

 

Par ailleurs, les titres des deux romans sont révélateurs. Forteresse assiégée est une métaphore qui peut renvoyer au mariage comme au milieu universitaire ; quant au titre du « Bain », il offre une double interprétation : évocation de la « campagne des Trois-Anti » lancée en 1951, mais également de la transformation des personnages. La société, et plus particulièrement le cadre universitaire, est ici décrite comme un creuset : ceux qui y entrent subissent une sorte de « baptême » qui les change profondément, en bien ou en mal.

 

Cependant, ces deux romans présentent des différences marquées. Yang Jiang n’adopte pas le style de satire acerbe de Qian Zhongshu, son écriture est plus douce, et son roman met en lumière des personnages attachants et positifs, Yao Mi, bien sûr, mais également Xu Yancheng, qui évoque Qian Zhongshu lui-même. Tous deux sont titulaires d’un doctorat obtenu à l’étranger, travaillent dans l’Institut de recherche littéraire (文学研究院), et partagent une même maladresse dans les relations humaines. Incapables de flatteries, ils restent fidèles à leur véritable nature, refusant toute forme de dissimulation.

 

Cependant, Guochuan souligne un aspect qui n’a pas été abordé jusque-là : le parallèle subtil entre « Le Bain » et « Le Rêve dans le pavillon rouge » (红楼梦). Dans son roman, Yang Jiang fait explicitement référence au « Rêve » à deux reprises, et le parallèle entre les deux romans peut être établi pour plusieurs raisons :

- D’une part, Yang Jiang a étudié « Le Rêve dans le pavillon rouge » et a écrit deux articles à son sujet : d’abord « L’art et le triomphe sur les difficultés - notes occasionnelles sur le " Rêve dans le pavillon rouge" » 《艺术与克服困难——<红楼梦>偶记》en 1959, puis « Propos à bâtons rompus sur le " Rêve dans le pavillon rouge" »《漫谈<红楼梦>en 2010 (à l’âge de 99 ans) [5]. Dans le premier article, en particulier, elle analyse en détail les relations entre les principaux personnages, et surtout Jia Baoyu et Lin Daiyu.

 

Dans « Le Bain », l’intrigue amoureuse entre Xu Yancheng d’une part et Yao Mi et Du Lilin de l’autre est un triangle amoureux similaire à celui du « Rêve dans le pavillon rouge », Xu Yancheng correspondant à Jia Baoyu (贾宝玉), Yao Mi et Du Lilin respectivement à Lin Daiyu (林黛玉) et Xue Baochai (薛宝钗). Même la différence d’âge entre les personnages renforce le parallèle : Du Lilin est d’un an plus âgée que Xu Yancheng, qui lui-même a quelques années de plus que Yao Mi, comme dans le roman classique où Xue Baochai est l’aînée et Lin Daiyu la cadette par rapport à Jia Baoyu.

 

- Une autre similitude réside par ailleurs dans la structure narrative. Si l’on examine attentivement les 120 chapitres du « Rêve dans le pavillon rouge », il apparaît que, dans les 80 premiers [6], Cao Xueqin prend le temps de décrire minutieusement une multitude de personnages, en multiples scènes de vie aux dialogues riches, sans se précipiter vers une fin. En revanche, dans les 40 derniers chapitres, ceux qui sont d’une autre plume, les événements s’accélèrent (concours impériaux, décès, retraites monastiques…) pour donner une conclusion à l’histoire de tous les personnages. De la même manière, dans les deux premières parties du « Bain », on ne distingue pas de personnages principaux ; l’auteure consacre une attention équivalente à chacun d’entre eux, en multipliant les descriptions détaillées et les scènes de vie. Cette approche a d’ailleurs été critiquée par certains lecteurs, qui trouvent le roman trop fragmenté, avec trop de personnages et l’absence d’une intrigue centrale, ce qui contribue à l’impression de « fadeur ».

 

Ce qui a surtout séduit Guochuan dans « Le Bain », c’est l’histoire d’amour entre Yao Mi et Xu Yancheng. Leur relation, platonique, est décrite avec une grande subtilité. Fait intéressant : peu avant son décès, Yang Jiang a écrit une suite en forme de novella intitulée « Après Le Bain » (《洗澡之后》), où elle fait de ces deux personnages un couple marié, ajoutant ainsi une conclusion inattendue à leur histoire. Dans la préface du « Bain », Yang Jiang a bien précisé : « Ce roman n’a ni structure épique, ni protagonistes. »(既没有史诗性的结构,也没有主角)Dans « Après Le Bain », en revanche, elle déclare : « Yao Mi et Xu Yancheng sont des personnages appréciés des lecteurs ; ils sont donc devenus les protagonistes du présent récit. »(姚宓和许彦成是读者喜爱的角色,就成为书中的主角)Elle précise également que son intention, en l’écrivant, était de « conclure l’histoire, afin que personne ne puisse tenter d’y ajouter quoi que ce soit. » (把故事结束了,谁也别想再写什么续集了)Des extraits de cette suite peuvent être consultés ici :

https://www.whb.cn/zhuzhan/bihui/20140717/10533.html

 

 

Le Bain et Après le bain

 

 

Ø  D. Yanzhao a vu dans « Le Bain » - qu’elle a lu en chinois - une suite du roman de Qian Zhongshu en raison des nombreuses analogies (personnages, situations et détails) [7], mais elle a apprécié le ton personnel et le rythme propre au roman de Yang Jian passant d’une lenteur initiale dans les deux premières parties à un tempo plus rapide ensuite.

 

Au passage, étant enseignante, elle a souri à la progression des choix professionnels proposés (ironiquement) dans le roman, comme dans « La Forteresse assiégée » : la voie royale, c’est de devenir fonctionnaire, faute de quoi on peut travailler pour un journal ; sinon il reste toujours l’enseignement…

 

Plus fondamentalement, « Le Bain » lui est apparu comme un récit morcelé, construit comme une série d’anecdotes triviales, de bribes sans conséquences (suosui 琐碎), mais suscitant la réflexion, et une attention soutenue. Elle y voit une histoire d’amour non advenu, non finalisé, dans un contexte débordant de libido, mais corrompu – tous ces intellectuels de retour au pays n’ont de cesse de se débarrasser de leur première épouse pour en prendre une plus jeune. En fait, le problème de Xu Yancheng et de Yaomi est qu’ils n’ont pas d’espace intime où puisse s’épanouir leur relation.

 

Quant à l’histoire des Trois et des Cinq antis, elle est dite tout en douceur, et avec humour, mais cela « fait froid dans le dos » rétrospectivement. Parce que, finalement, toutes ces réunions du Parti, ces séances d’autocritique, cela reste le schéma actuel, sur fond de dénonciations, y compris des parents (comme Yu Nan dénonçant son père dans « Le Bain ») – mais aussi de compromissions juste pour survivre, tel Qian Zhongshu participant à une équipe de traduction de poèmes de Mao. Et quand on considère l’histoire de la Chine maoïste, ce n’est qu’une suite ininterrompue de campagnes politiques. Les intellectuels, et les écrivains en particulier, ont tenté de se protéger en renonçant à écrire et en se réfugiant dans la recherche – beaucoup, comme Shen Congwen (沈从文), tentant de se suicider.

 

On utilise aujourd’hui sans réfléchir des expressions qui viennent de cette époque et se perpétuent, comme celles utilisant le terme « les masses » (qúnzhòng 群众). Les masses, ce sont les inconnus, le peuple des anonymes qui ont raison, et qui portent sur tout un regard auquel on est soumis (qúnzhòng yǎnjing 群众眼睛). Finalement, il faut se considérer heureux de ne pas avoir vécu l’époque du « Bain », dit Yanzhao. En se demandant ce qu’on aurait fait.

 

Mais, dit Marion, c’est là le problème de toutes les dictatures, et le sujet du livre de Pierre Bayard à mettre en parallèle : « Aurais-je été résistant ou bourreau ? » Ce qui est aussi la problématique du film de Louis Malle  « Lacombe Lucien », qui a suscité une immense polémique à sa sortie, en 1974. Lucien Lacombe, c’est l’ado un peu paumé devenu collabo faute d’avoir été admis dans le maquis, mais qui tombe amoureux d’une jeune femme juive… Et nous, on aurait fait quoi ?

 

Yanzhao en revient pour finir aux titres des trois parties du « Bain », tous trois extraits de poèmes chinois classiques, porteurs d’un sens emblématique qui ne lui a pas semblé très clair.

 

Note complémentaire sur les titres des trois parties

 

On a quelques indications données en notes par Nicolas Chapuis dans sa traduction, mais cela demande quelques explications supplémentaires.

 

第一部 Première partie                采葑采菲    cǎi fēng cǎi fēi

                                                        « Il effeuille le radis / Comme il effeuille le navet »*

第二部 Deuxième partie              如匪浣衣    rú fěi huànyī

                                            « Du linge trop souillé pour être lavé »*

第三部 Troisième partie              沧浪之水清兮 cānglàng zhī shuǐ qīng xī

         « Quand l’eau est si claire… »*

* Traduction Nicolas Chapuis.

 

1) Il s’agit d’un extrait d’un poème du « Classique de la poésie » : « Le vent de la vallée » des « Airs de Bei »  (《诗经·邶风·谷风》). Ces « Airs de Bei » (Bèifēng 谷风, poèmes 26-44) figurent dans la première partie de ce Classique : les « Airs des États » (Guófēng 國風/国风), Bei étant le nom d’un ancien État féodal. Le poème « Le vent de la vallée » fēng 谷风 dépeint une femme abandonnée qui dénonce l’attitude de son mari et se plaint en réfléchissant sur le triste sort d’une femme. Le poème est en six séquences de huit vers de quatre caractères, le tout exprimé dans une langue qui joue des contrastes et des métaphores.

Le début dit : 习习谷风  un vent doux souffle dans la vallée, 以阴以雨 apportant avec lui nuages et pluie.

Nous devrions (nous, maris et femmes) garder un cœur uni 黾勉同心sans céder à la colère 不宜有怒。

Lorsqu’on ramasse radis et navets采葑采菲, cueille-t-on les feuilles en laissant les racines 无以下体 ?

 

Ces « racines » sont la partie cachée de ces plantes, mais celle qui en est la plus recherchée. Dans le poème, c’est l’image métaphorique des qualités cachées de l’épouse que néglige le mari volage. Dans le contexte de cette première partie du « Bain », il s’agit des qualités des intellectuels négligées par le Parti.

 

2) Le deuxième titre est un extrait d’un autre poème de la même partie du « Classique de la poésie », le premier poème des « Airs de Bei » : « La barque de pin [8] » (Bǎi zhōu《柏舟》). Ce poème est aussi l’expression de la tristesse et du ressentiment d’une femme noble [9], délaissée, qui n’a personne auprès de qui se plaindre, et qui en perd le sommeil. Dans la préface du Classique, il est dit que ce « bateau de pin » est une image métaphorique représentant les qualités non appréciées par le pouvoir – le Parti dans le contexte du « Bain ».

La citation choisie par Yang Jiang pour le titre de sa deuxième partie est la conclusion du poème :

心之忧矣,如匪浣衣。静言思之,不能奋飞。

Cette tristesse que j’ai au cœur, c’est comme un vêtement que l’on ne peut laver.

J’ai beau y songer calmement, je ne peux étendre mes ailes et m’en dégager.

 

3) Le titre de la troisième partie est tiré d’un ancien chant populaire du nord de la rivière Han pendant la période des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants, « Le chant de la rivière Canglang » (《沧浪歌》), qui a été repris dans plusieurs classiques, dont le Mencius (《孟子·离娄》) et le Chuci (《楚辞·渔父》). Dans le Mencius, il est dit que Confucius aurait entendu un enfant le chanter, d’où le titre : « Chant d’un enfant » (rúzǐ gē 孺子歌).

 

沧浪之水清兮,可以濯我缨。Si l’eau de la Canglang est claire, j’y lave mon bonnet.

沧浪之水浊兮,可以濯我足。Si l’eau de la Canglang est trouble, j’y lave mes pieds.

Il faut donc s’adapter à la nature de l’eau – s’adapter aux changements du monde, éventuellement en s’en retirant.

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La conclusion de la séance a été donnée in fine par Christiane P., tout juste de retour de Taipei, qui était venue bien que n’ayant rien pu lire : « Eh bien tout cela me donne terriblement envie de lire ces livres ! »

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Prochaine séance :

Le mercredi 15 janvier 2025

 

Après la trêve des confiseurs, la séance du 15 janvier sera consacrée aux nouvelles de Lao She (老舍), pour apprécier un autre style d’humour :

- L’homme qui ne mentait jamais (《不说谎的人》), trad. Claude Payen, éd. Philippe Picquier, 2003, Picquier poche 2021.

 

Recueil de 14 nouvelles datant de 1934 à 1939 :

1/ L'homme qui ne mentait jamais (《不说谎的人》). 1936

2/ Vieille tragédie pour temps modernes (《新时代的旧悲剧》). 1936

3/ L’ordonnance (《抓药》). 1934

4/ Le crachoir de maître Niu (《牛老爷的痰盂》). 1937

5/ Les lunettes (《眼镜》). 1934

6/ Notice nécrologique (《哀启》). 1936

7/ Un vieillard romantique (《老年的浪漫》). 1935 

8/ Ménage à trois (《也是三角》). 1934

9/ La chenille (《毛毛虫》). 1935

10/ Li le noir et Li le blanc (《黑白李》). 1934

11/ La mort d’un chien (《杀狗》). 1939

12/ Buffle de fer et canard malade (《铁牛和病鸭》). 1934

13/ Le nouveau Hamlet (《新哈姆雷特》). 1936

14/ Le nouvel Emile (《新爱弥儿》). 1936

  [pastiche de « Émile ou De l’éducation » (《爱弥儿:论教育》)]

 

On pourra lire en complément :

- Écrits de la maison des rats, essais publiés entre 1934 et 1959, trad. Claude Payen, Philippe Picquier, 2010, Picquier poche 2016.

- La philosophie de Lao Zhang (《老张的哲学》), trad. Claude Payen, Philippe Picquier, 2009, Picquier poche 2011.


 

[1] Livre épuisé chez l’éditeur mais que l’on trouve d’occasion, dans une belle traduction de Nicolas Chapuis, également traducteur des « Cinq essais de poétique » de Qian Zhongshu, et qui est actuellement en train de traduire l’intégralité de l’œuvre poétique de Du Fu, dont trois premiers tomes ont été publiés aux Belles Lettres.

[2] Soit : Mémoires décousus (1933-1991) et (1992-2013), sous-titré « Vie, lectures, nouvelles connaissances » (生活.读书.新知). La traduction française, comme le précise l’avertissement des traducteurs au début du livre, ne concerne que les souvenirs de la période 1984-1991. À l’exclusion donc, entre autres, de la préface (代前言) qui ouvre le deuxième tome.

[3] Voir le livre de François Jullien « Éloge de la fadeur. À partir de la pensée et de l’esthétique en Chine » (Philippe Picquier, 1991) où l’auteur, justement, développe subtilement les différentes composantes de cette « fadeur ».
Voir le
compte rendu de Danielle Elisseeff
dans Études chinoises (1992, 11/2) – compte rendu élogieux, mais critique, et d’autant moins … fade.

[4] D’ailleurs en anglais le titre du roman a été traduit « Baptism ».

[6] C’est-à-dire ceux qui sont attribués à part entière à Cao Xueqin, les 40 derniers ayant vraisemblablement été écrits par deux autres auteurs sur la base de plans élaborés laissés par l’auteur.

[7] Le critique et biographe des deux écrivains Wu Xuezhao (吴学昭) a qualifié les deux romans d’ « œuvres-sœurs » (jiemei pian 姐妹篇). Judith M. Amory, pour sa part, a vu une différence de maturité dans l’écriture, due au fait que « La Forteresse assiégée » est une œuvre de jeunesse, tandis que « Le Bain » est plutôt une œuvre de maturité. Voir Self-Deception and Self-Knowledge in Yang Jiang’s Fiction, in : China’s Literary Cosmopolitans, Christopher Rea ed., Brill, July 2015 (chapter 3).

[8] Selon la traduction de Nicolas Chapuis (bǎi étant un cyprès).

[9] Peut-être, selon certains, l’épouse du duc Zhuang de Wei, qui avait perdu la faveur du duc.


 

     

 

 

 

 

     

 

 

 

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