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Club de lecture de littérature chinoise (CLLC)

Compte rendu de la séance du 12 février 2025

et annonce de la séance suivante

par Brigitte Duzan, 17 février 2025

 

Cette deuxième séance de l’année 2025 était consacrée à des nouvelles de Liu Na’ou (劉吶鷗/刘呐鸥), tirées de l’unique recueil qu’il nous a laissé, avant de disparaître prématurément à l’âge de 35 ans :

 

-     Scènes de vie à Shanghai, recueil de douze nouvelles sur les quinze du recueil original (Dushi fengjing xian都市風景線/《都市风景线》), sous-titré « Scène », traduit et postfacé par Marie Laureillard, Serge Safran, 2023.

 

1.  Jeu    Yóuxì 游戏

2.  Paysages  Fēngjǐng 风景

3.  Flux  Liú

4.  Un cœur ardent  Rèqíng zhī gǔ  热情之骨

5.  Rituels et hygiène Lǐyí he wèishēng 礼仪和卫生

6.  Deuil  Cánliú  残留

7.  L’équation  Fāngchéng shì  方程式

8.  Sous les tropiques Chìdào xià  赤道下

9.  La couverture ouatinée Mián bèi  绵被

10. Tentative d’assassinat  Shārén wèisuì  杀人未遂

11. A Lady to keep you company 

12. Un éternel sourire  Yǒngyuǎn de wēixiào  永远的微笑

Textes originaux en ligne (en caractères simplifiés) : https://www.kepub.net/book/762039

 

édition originale 1930

 

traduction française*

 

*Illustration de couverture par Guo Jianying (郭建英) [1], rédacteur en chef à partir de janvier 1934 du Furen huabao (婦人畫報 ) où a été publiée la nouvelle « La couverture ouatinée » (Mián bèi  绵被). L’illustration est empruntée au numéro 17 du 25 avril 1934.

 

Une découverte !

 

Personne ne connaissait Liu Na’ou : ce fut donc une découverte totale, et surprenante à bien des titres.

 

La séance a commencé par les impressions de lecture de Zh. Dengyan : elle avait lu les nouvelles dans l’édition originale de 1930 !

Lecture très difficile qui l’a fascinée, mais laissée désorientée : d’abord en raison de l’édition à l’ancienne, en caractères composés en impression verticale, mais surtout en raison du style, allant jusqu’à des phrases carrément incompréhensibles. 

Bien plus, l’effet de surprise passé, c’est un style qui lui a semblé trop « fleuri » (huálì 华丽), avec une tendance un peu artificielle à multiplier les simples majuscules à la place des noms et les mots anglais ou français, voire les transcriptions de mots anglais, au lieu des mots chinois.

 

 

 

 

On peut donc, pour la suite de la séance, distinguer les réactions sur le fond et celles sur la forme, réactions mitigées dans un cas comme dans l’autre. Commençons par le fond.

 

I. Le fond : de l’intérêt au questionnement et au rejet

 

Ø  Pour ce qui est du contenu de ces nouvelles, Dengyan a trouvé qu’il s’agissait là de fantasmes d’un macho caractéristique.

 

Sous sa plume, les femmes sont petites, elles ont des petits pieds, des bouches cerise, des joues d’un bel ovale, des sous-vêtements transparents, et quand, par hasard, l’une d’elles est dépeinte sous un jour différent, avec un corps plus sportif et la peau légèrement tannée, elle est « comme un homme ». En fait, toutes les femmes, chez Liu Na’ou, sont des séductrices, ce sont elles qui vont vers les hommes et elles qui mènent le jeu.

 

[Ce qui était sans doute le reflet de sa vie personnelle et du milieu dans lequel il vivait.

Voir : Shanghai années 1920 : la ville comme laboratoire, entre littérature et cinéma.]

 

Ø  Giselle H. a bien aimé la peinture de Shanghai avec tous les mythes afférents, en particulier celui de la meinü, justement, et tout le monde des concessions. Cela lui a rappelé le film de 1932 de Josef von Sternberg « Shanghai Express », avec Marlène Dietrich dans le rôle de l’aventurière brise-cœurs  Shanghai Lily qui n’aurait pas déparé la galerie de portraits de Liu Na’ou.

 

Si la femme est dangereusement séductrice, la ville, elle, « engloutit les gens dans la foule comme un démon affamé », tel le malheureux personnage à la fin de la nouvelle « Jeu » (Yóuxì 游戏) [他就混在人群中被这饿鬼似的都会吞了进去了]. Quand les personnages tentent un retour à la campagne, dans « Paysages » (风景), la femme est « comme un oiseau libéré de sa cage », l’homme, lui, se sent envahi « d’une ardeur primitive » (同时又觉得一道原始的热火从他的身体上流过去。).

Mais finalement, dit Christiane P., c’est la ville qui a le dernier mot.

[il y a là un aspect caricatural, la caricature de l’époque étant justement l’un des axes de recherche de la traductrice, Marie Laureillard,]

 

Ce qui domine, c’est l’impression de vitesse, comme au tout début de cette même nouvelle : le train file, les champs, les ruisseaux défilent (原野飞过了。小河飞过了), « les gens sont assis sur la vitesse même » (人们是坐在速度的上面的。). Cela a rappelé à Giselle les propos sur la vitesse d’Alain, qui datent aussi de 1932. 

Quant aux mots étrangers qui émaillent le texte, ils lui ont semblé pur snobisme.

 

Ø  Christiane P. a bien aimé ce style très moderne, très vivant, comme kaléidoscopique. Ce n’est pas intellectuel, tout est dans la sensation du moment. Ce sont des fragments de vie, avec la ville moderne en arrière-plan. Et cela change agréablement, dit-elle, de tous les textes confucianistes.

 

Christiane partage l’analyse de la nouvelle « Flux » () faite par Marie Laureillard en postface à sa traduction, concernant la fluidité des images, des lumières et des couleurs, et la sensation de réalité fragmentaire (traduction p. 174).

 

Pour elle, Liu Na’ou est à l’opposé de Tanizaki, et en particulier de son roman « Un amour insensé » qui se passe dans le Japon des années 1920 et qu’elle trouve quasiment névrotique, avec un personnage de jeune serveuse de 15 ans qui rêve de « devenir moderne », c’est-à-dire occidentalisée ; c’est une histoire d’amour destructrice et de désir brutal, qui frôle le sadomasochisme. Rien de cela dans « Flux » - elle a bien aimé, dans cette nouvelle, le portrait de Xiaoying (晓瑛) : cheveux courts, « femme moderne d’allure masculine, au teint mat et aux membres fermes et solides », « comme un animal femelle » (她可以说是一个近代的男性化了的女子。肌肤是浅黑的,发育了的四肢像是母兽的一样地粗大而有弹力。). Et en plus c’est quelqu’un qui lit des livres sérieux, comme la « Théorie du matérialisme historique » de Boukharine dont elle ne comprend pas tout, à commencer par le titre !

 

Christiane a par ailleurs bien aimé « Un cœur ardent » (Rèqíng zhī gǔ  热情之骨) et le portrait du Français Pierre, mais surtout « La couverture ouatinée » (Mián bèi  绵被) pour sa satire sociale dont on trouve aussi un écho dans « Flux » : évocation des mouvements ouvriers à Shanghai, avec manifestants dans la rue brandissant des petits drapeaux rouges, le protagoniste de l’histoire se laissant entraîner dans la foule « pour agir » au lieu de se laisser exploiter !

 

Ø  Françoise J. a elle aussi apprécié l’évocation du prolétariat urbain dans cette nouvelle : « Cette ville n’existait que grâce à ces gens sales, à la peau basanée… Oui, ils étaient le sang de la métropole, ils se tuaient à la tâche pour actionner les machines et permettre aux gens de manger et de s’habiller… Ils avaient bâti de leurs mains tout ce qui s’y trouvait… pourtant on le faisait trimer comme des bêtes de somme… »[2]

 

Elle a bien aimé aussi les pages sur la peinture, et la peinture de nu en particulier, dans « Rituels et hygiène » (礼仪和卫生) : le modèle comme dépourvu de sentiments tenant la pose sans bouger, laissant au visiteur tout loisir de l’observer, comme un paysage. Ce qui lui a rappelé le livre de François Jullien « Le Nu impossible »[3].

 

Etant un monologue intérieur, « Le deuil » (  残留) lui a semblé intéressant dans sa forme, mais aussi dans l’évocation d’une grande solitude, tandis que « L’équation » (方程式), au contraire, lui a paru une caricature très drôle, avec cette femme dont le seul élément de séduction est son talent pour réussir les salades vertes ; le veuf n’est guère éploré, il lui manque juste ses salades, et finalement accepte de se remarier sans broncher ni choisir : la femme est tout juste un élément de confort dans la vie.

 

Dans la nouvelle qui se passe « Sous les tropiques » (赤道下), elle a trouvé drôle aussi que l’homme ait voulu quitter la ville pour éloigner sa femme de ses prétendants, mais juste pour se retrouver aux prises avec la concurrence inattendue du domestique indigène. Françoise a trouvé particulièrement savoureuse la visite du village indigène, avec danses sauvages « à faire rougir une femme civilisée », « bananes du chef » et durians au menu. L’atmosphère de la nouvelle « Tentative d’assassinat » (杀人未遂) lui a rappelé Tanizaki, mais la fin de la dernière, « Un éternel sourire » (永远的微笑), lui a semblé être parfaitement à l’image de tous ces récits : ce ne sont finalement que des impressions fugitives.

 

Ø  Dorothée MS rebondit sur la nouvelle « Rituels et hygiène » : la scène de l’atelier avec le modèle impassible lui a aussitôt rappelé l’Olympia de Manet.

[on pourrait aussi penser à la « Moderne Olympia » de Cézanne avec son voyeur impénitent comme dans la nouvelle]

 

Elle a bien aimé la description de la ville au printemps comme une promesse, au début de cette même nouvelle, et de même, dans le monologue du « Deuil », l’évocation de l’air revivifiant de la rue, dans la nuit : « Moins il y a de monde, mieux c’est : je peux profiter du silence de la nuit dans la ville déserte ! » (越没有人越好的,干脆的这都市尽变了沙漠吧!让我一个人来领略深夜的寂静。啊,这大气真爽快!这是活力素,很有裨益。)

 

L’atmosphère de la Shanghai de la fin des années 1920 telle qu’elle apparaît dans ces nouvelles lui a rappelé celle de « Berlin Alexanderplatz » d’Alfred Döblin, publié en 1929, avec de manière analogue, une écriture mâtinée de dialecte berlinois qui fut décriée par les professeurs d’allemand et les puristes de la langue allemande, comme le chinois hybride de Liu Na’ou a pu et peut surprendre, voire choquer. Le roman de Döblin fut d’ailleurs la cible des autodafés des nazis dès 1933. Par ailleurs, Döblin a réécrit « Berlin Alexanderplatz » après avoir lu le « Ulysses » de James Joyce (paru en 1922 à Paris), si bien que l’on peut se demander, comme l’a fait Giselle, si ce roman a également influencé Liu Na’ou…

 

[Ce n’est peut-être pas directement « Ulysses » qui a inspiré Liu Na’ou et ses confrères du néosensationnisme. mais plutôt les techniques du flux de conscience (“意识流”). En novembre 1922, Mao Dun a écrit un court article dans le « Mensuel de la fiction » (Xiaoshuo yuebao《 小说月报》) pour présenter « Ulysses ». Et Xu Zhimo (徐志摩) de son côté y a fait allusion dans la préface de son poème « Crépuscule dans la nature sauvage à l’ouest de Cambridge » (《康桥西野暮色》). L’année suivante, en 1923, Lin Ruji (林如稷) a publié, dans la revue littéraire « Asakusa » (《浅草》杂志) qu’il avait fondée, la nouvelle « Le passé » (《将过去》) qui est considérée comme la première nouvelle chinoise écrite en flux de conscience. En 1929, Zhao Jingshen (赵景深) a publié dans le même Xiaoshuo yuebao un article intitulé « La fiction britannique des vingt dernières années » (《二十年来的英国小说》) dans lequel il fait un lien entre Joyce et la psychanalyse, et interprète la théorie du flux de conscience de Virginia Woolf.

Les néosensationnistes ont été les premiers en Chine à écrire des récits en flux de conscience : la nouvelle « Deuil » dans le présent recueil en est un exemple[4].]

 

Ø  Sylvie D. a été attirée par le titre du livre et sa couverture, a aimé les descriptions de Shanghai, mais a été déçue, car rien ne lui évoquait vraiment la ville. Et dans « Paysages », de même, les champs, les chaumières, les ponts de pierre, les saules défilent, mais en fait on ne voit rien. Donc artifice d’écriture sans attrait pour elle. Elle fait une exception pour « Flux », qui l’a intéressée pour son aspect social.

 

Ø  Françoise J. a bien aimé la couverture elle aussi, et comme Giselle elle a apprécié la peinture de Shanghai comme un mythe avec ses « belles femmes » comme sur les cartes postales. C’est toute une époque qui revit dans ces histoires. Mais elle a trouvé excessif l’utilisation récurrente de mots étrangers.

 

Dans l’ensemble, elle n’a pas trouvé la peinture des femmes vraiment négative – après tout ce sont les hommes qui demandent le mariage ! Parmi les caractéristiques des femmes, déjà notées : les petits pieds. Ce n’est pas une nostalgie des pieds bandés ; cela reste un élément de beauté, même chez les hommes, en Asie, dit Françoise en citant un souvenir personnel (d’une amie qui avait été fascinée par son mari parce qu’il avait des petits pieds). Et Christiane d’ajouter que, selon son professeur de qigong, le sourire vient d’abord des pieds…

 

Quant à la scène dans l’atelier de peinture, pour aller dans le sens des nombreuses références à Derain dans ces nouvelles, elle lui a plutôt rappelé le « Nu à la cruche » de 1925 du musée de l’Orangerie, pour le visage atone du modèle.

 

Tous ces couples lui ont évoqué Jules et Jim. Au passage, elle a trouvé amusant que les horoscopes fassent une distinction entre vie affective et vie dans le mariage.

 

Ø  Marion J. avait de son côté, par erreur, lu le livre au programme de la prochaine séance, les Notes diverses sur la capitale de l'Ouest, dans lesquelles elle avait plongé avec délices. C’est donc avec le sentiment de tomber de haut qu’elle a ouvert le recueil de Liu Na’ou, et elle l’a trouvé tellement insupportable qu’elle n’est pas allée au-delà de la quatrième nouvelle.

 

Elle en a ressenti une véritable antipathie pour les idées exprimées par l’auteur, un désaccord profond avec l'amalgame de deux idées très éloignées : d'une part celle de la femme se libérant du rôle qui lui est assigné par la tradition et la société, de  l'autre le fantasme masculin de liberté sexuelle assumé par la femme, sans indépendance économique. Les femmes ? Un désir primaire au même titre que les bonbons et le foot. La vitesse ? Malraux l’a dit dans ses entretiens des années 1960, elle modifie le rapport à l’écrit, de même qu’Isaac Babel regrettait ne pas avoir le temps d’écrire.

 

Frustrée de ne pas avoir réussi à bien exprimer ce qu’elle ressentait, car sa lecture était trop fraîche, elle a ajouté par mail ensuite que la Shanghai de Liu Na’ou lui rappelait les années Batista à Cuba. Un pays en transition, un exil rural, une ville concentrant une présence étrangère, une cohabitation de mœurs jusqu'alors incompatibles, et la prostitution comme moyen de survie[5]. Ou encore une fin de règne comme celle illustrée par les caricatures grinçantes de George Grosz. Et au Döblin évoqué par Dorothée elle aurait volontiers joint Musil, et Céline pour New York : des écrivains qui ont su voir la détresse au-delà du mirage.

 

[George Grosz, d’ailleurs, est une référence particulièrement intéressante ici, car il a peint (en 1916-1917) deux tableaux intitulés « Metropolis », véhiculant une vision cauchemardesque de la ville aussi bien que le profond dégoût pour l’humanité propre au peintre. Un critique de l’époque a parlé des « rouges d’une palette suicidaire ». Car l’épicentre des deux tableaux se situe aux alentours de la gare de la Friedrichstrasse, haut-lieu de la vie nocturne berlinoise, avec ses cafés… et ses prostituées. Otto Dix poursuivra en 1928 par un triptyque dans son réalisme cynique usuel, simplement intitulé Großstadt ou « La Grande Ville » (mais qui peut aussi se traduire par Metropolis). Le film de Fritz Lang auquel se réfère Liu Na’ou pour sa part est d’une approche totalement différente, conférant à la ville une dimension mythique.]

 

Ø  Laura, pour sa part, avait lu le recueil il y a un an pour préparer la rencontre avec Marie Laureillard et son éditeur Serge Safran à la librairie le 19 janvier 2024. Le recueil s’inscrit dans le cadre des recherches de la traductrice sur la caricature, en particulier à Shanghai dans les années 1930, sujet qui est celui de son prochain ouvrage qui devrait paraître sous peu. 

 

Laura a bien aimé la manière dont Liu Na’ou observe, sans chercher à moraliser ni passer de jugement. Il observe les relations hommes/femmes dans un monde nouveau, où chacun cherche sa place et où se définissent de nouveaux rôles. Ainsi, dans le train (dans « Paysages »), la réaction de la femme est inattendue, et ambivalente. Mais le sentiment qui domine toutes ces nouvelles, c’est la solitude. Solitude au milieu de la foule de la ville, de la foule des bars, des dancings, des restaurants, des cinémas.  

 

La nouvelle que Laura n’a pas aimé – et c’est l’avis général – c’est A Lady to keep you company : tentative d’écriture de scénario ratée. Elle n’a pas beaucoup aimé non plus le personnage de la banquière dans « Tentative d’assassinat ». Mais ce qu’elle a apprécié, c’est qu’il s’agit dans ces nouvelles de quelque chose d’autre, de différent. Avis que partage aussi LLP : c’est rafraîchissant, dit-elle, comme du Murakami.

 

Ø  LLP a été frappée, justement, par plusieurs caractéristiques de l’écriture de Liu Na’ou qui changent sur ce qu’on a l’habitude de lire en littérature chinoise, à commencer par l’omniprésence de l’érotisme et le caractère pictural de l’écriture.

 

- L’érotisme est omniprésent, d’abord dans l’écriture du phantasme masculin de la femme fatale, sans cesse offerte au regard et au désir masculin, et dans une mise en scène d’une sexualité libre : ainsi fait-il dire à une veuve qui vient de perdre son mari « Ah ! Avoir la poitrine dégagée est si agréable. Regardez mes seins reprennent vie comme s’ils avaient reçu la rosée bienfaisante. Qu’ils sont beaux à balloter comme ça !... » (« Deuil », trad. p. 91) – ce qui, paradoxalement, n’empêche pas une représentation féministe de la femme moderne et émancipée dans le sillage du mouvement du 4 mai 1919 :

§   « De caractère intrépide et spontané, elle semblait exprimer à la fois par ses paroles et à travers ses mouvements tout le ressentiment face à l’oppression masculine subie par les femmes depuis des siècles » (« Paysages » p. 18) 

§  : « elle avait plutôt l’air d’une femme moderne d’allure masculine » - elle a une coupe à la garçonne (Xiaoying dans « Flux » p. 32).

 

J’ignorais, dit LLP, que la littérature chinoise moderne pouvait abordait ces thématiques de manière aussi libre, et pouvant aller jusqu’à des scènes de tentative de viol ou carrément de viol (viol de la banquière dans la chambre forte, dans « Tentative d’assassinat » p. 138 ; dans « L’éternel sourire »  Luo Kuang se met à boire et « tenta de déshonorer la jeune fille » p. 163-164, etc.). Et cela peut même aller jusqu’à des phantasmes pédophiles (Jingqiu, dans « Flux », est ému d’entendre une fillette lui déclarer son amour : « Il eut brusquement une envie irrépressible d’enlacer ce corps frêle » et il finit par l’embrasser p. 36) ; on a des personnages de prostituées mineures de 14-15 ans, et Mister Y quant à lui « a une préférence pour les teens »

 

- L’écriture picturale donne des descriptions impressionnistes : « Le clair de lune faisait danser sur l’onde des écailles de poisson dorées » (« Un cœur ardent » p. 54). On trouve de nombreuses références picturales occidentales : Derain et les expressionnistes allemands dans « Paysages » et dans « Rituels et Hygiène », mais aussi Gauguin dans « Sous les tropiques » (« Quiconque aurait vu la scène sans connaître Zhen aurait eu le sentiment de voir une peinture de Gauguin », p. 117). Mais, dans « Rituels et Hygiène », c’est la peinture orientale qui devient métaphore de l’écriture : « Il n’en va pas de même pour la peinture orientale : ces lignes et ces formes imprécises ne stimulent-elles pas l’imagination ? L’imagination évoque la réalité comme l’ombre révèle le corps » (p. 74).

 

LLP a été frappée par l’ouverture sur l’étranger, mais aussi par la bonne connaissance du Paris underground de l’époque. Ainsi dans « Un cœur ardent » : « Au Bois de Boulogne, il déflorait les étudiantes à la belle étoile » p. 50, ou « les femmes peinturlurées dansant frénétiquement le charlestone sur les tables » p.51. En revanche la pléthore d’anglicismes lui a rappelé les personnages dont se moque Qian Zhongshu (钱钟书 dans « La Forteresse assiégée » (《围城》). C’est un humour différent que celui de Liu Na’ou, mais qui peut être très drôle, comme dans « L’équation », quand il ironise sur l’amour des salades vertes de Mister Y.

 

Enfin, malgré le modernisme, LLP a noté des éléments de merveilleux empreints de tradition : présence d’un esprit-renard dans « Rituels et Hygiène » et dans « Flux » (Jingqiu est « comme ensorcelé par un esprit-renard » p. 38, « Deux renards jaunes bondirent et se perchèrent sur les épaules d’une fille aux yeux bleus. Alors Jingqiu entra soudain dans un conte de fées. » p. 39). Et ce conte de fées se retrouve dans « Un cœur ardent » (« Une jolie fille surgit de cet environnement floral telle une fée » p. 48, « Vous semblez venir tout droit du jardin du dieu du printemps » p. 49). Elle a même cru noter une allusion au Mudanting (《牡丹亭》) et au personnage de la Fée des fleurs, outre la mention de la « mélancolie printanière » (chūnchóu春愁) dans « Rituels et Hygiène », en latin puis en anglais.

 

Ces nouvelles sont dénuées de dimension politique, même dans la mise en scène des prostituées contrairement à l’écriture de Lao She (老舍) [et en particulier la nouvelle « Le croissant de lune » (《月牙儿》)]. La nouvelle la plus politique est « Flux » avec les allusions aux mouvements de grève à Shanghai dans les années 1920.

  

Les autres membres du club présents avaient lu les nouvelles en chinois, mais, contrairement à Zh. Dengyan,  dans des éditions plus récentes, en caractères simplifiés. Elles se sont elles aussi étonnées des bizarreries d’une langue fortement teintée de termes japonais, mais aussi souvent grammaticalement « exotique » et d’une lecture malaisée.

 

II. La forme : un chinois étrange, mâtiné de japonais

 

Ø  L’impression première ressentie par MRC en lisant ces nouvelles en chinois, sur WeChat-lecture comme précédemment celles de Lao She, a été « d’avoir déjà lu ce style d’écriture quelque part ». Il s’est dit que c’était un style fortement japonais, et quelques noms d’écrivains lui sont venus à l’esprit : Kawabata pour « Pays de neige », Dazai Osamu pour la ressemblance entre les personnages, perdus dans leur émotions.

 

Tous ces récits sont des histoires d’amour entre hommes et femmes, chacun ayant au moins un personnage qui est plus ou moins fou d’amour, ou obsédé par l’amour. Si on compare les personnages, cependant, les femmes paraissent plus riches et complexes ; certaines peuvent être réalistes et pragmatiques (« Un cœur ardent » ), d’autres ambivalentes, avec un rien de mystère, comme dans « Tentative d’assassinat ». La description des femmes est celle d’un regard masculin, avec deux exceptions : « La couverture ouatinée » et « Deuil », écrites d’un point de vue féminin. Malgré tout, MRC rejoint l’avis général dans le groupe : on sent toujours que c'est une vision de la femme imaginée par un homme.

 

Sa nouvelle préférée est « Tentative d’assassinat ». parce qu’il aime ce genre de description détaillée, un peu psychanalytique. L’héroïne est adorable, mais a aussi un côté froid et inconstant, ce qui la rend mystérieuse. En même temps, le héros semble morbide et hystérique. Toutefois, le personnage féminin lui a semblé malgré tout « un peu incomplet, comme un trépied auquel il manquerait un pied ». Mais le style ne l’a pas gêné, au contraire.

 

C’est cependant ce qui a le plus surpris Zh. Guochuan et W. Lei, comme Zh. Dengyan.

 

Ø  Guochuan avait lu les nouvelles dans l’édition de 1997 trouvée à la Bulac[6], et elle a tout de suite été arrêtée par ses phrases aux tournures bizarres qui demandent un effort de compréhension.

 

Ainsi dans la nouvelle « Paysages » (风景) :

夫人直线的地请我,我只好直线的地从命是了。

  Si une dame me sollicite aussi directement, je ne peux qu'obtempérer.

Dans l’expression "直线的地", on reconnaît l’idée de "打直球", qui signifie exprimer son souhait de manière directe, sans détour. Mais ce n’est pas usuel.

 

Le recueil est préfacé, et l’auteur de la préface (Zhang Guo’an 张国安) explique l’écriture de Liu Na’ou en l’opposant à celle de Shen Congwen (沈从文), grand maître du courant littéraire opposé, le jingpai  :

沈从文的单纯和全然,是自然而然的。刘呐鸥的则矫揉造作,是造作人为的单纯和全然。

      « La simplicité de Shen Congwen est d’un grand naturel ; celle de Liu Na’ou est artificielle. »

Ce qui est normal, ajoute le préfacier : l’une est celle de la nature du Xiangxi, l’autre a le côté artificiel de la ville. Bien plus : Liu Na’ou a fait ses études au Japon, il maîtrise mal le chinois et quand il écrit, c’est en s’appuyant sur sa propre traduction d’un recueil de nouvelles japonaises (« Culture érotique » 《色情文化》). Et Zhang Guo’an de conclure : « Lire ses nouvelles sans y percevoir toute leur étrangeté serait anormal ».

 

[On notera ici que cette édition des nouvelles de Liu Na’ou, en 1997, est à replacer dans un contexte où Shen Congwen représentait un modèle inégalé. C’est en 1995 qu’est parue, entre autres, aux Etats-Unis la traduction d’un recueil de ses nouvelles, éditée et présentée par Jeffrey C. Kinkley (« Imperfect Paradise : 24 stories by Shen Congwen », University of Hawai Press). Shen Congwen lui-même s’était élevé contre une littérature où il voyait un risque de dégénérescence de l’esprit créatif, demandant aux écrivains comme aux éditeurs de « balayer cette influence néfaste » (扫荡这种海派的坏影响).]

 

Cela reste une tendance générale dans la critique chinoise, telle cette appréciation relevée par W. Lei :

« M. Na’ou est un citadin hypersensible qui, avec une précision chirurgicale, dissèque le monde moderne dominé par l’aviation, le cinéma, le jazz, les gratte-ciel, l’érotisme effréné…. À travers ses œuvres, on distingue nettement les silhouettes d’une bourgeoisie décadente, corrompue et malsaine, tout en devinant l’émergence imminente d’une nouvelle force en gestation. » (Nouvelle Littérature, vol. 2, n°1) [7]

 

Ø  W. Lei, justement, n’avait jamais entendu parler de cet écrivain auparavant, elle a donc ouvert le recueil avec curiosité – dans l’édition plus récente de 2004.

 

Elle y a trouvé « un portrait saisissant de la décadence de la métropole de Shanghai » : l’ivresse du luxe, la quête effrénée des plaisirs, la vacuité et la déchéance de la bourgeoisie, mais aussi la misère tragique des classes populaires et l’éveil progressif d’une conscience de révolte chez certains groupes marginalisés (dans « Flux »). Mais la place accordée aux descriptions de la sensualité lui a semblé parfois excessive, au point de générer une certaine lassitude. À force de lire, elle a fini par se demander : “À part le désir charnel, y a-t-il autre chose qu’il puisse aborder ?”

 

Au fur et à mesure de sa lecture, un certain malaise a commencé à s’installer, avec le sentiment, diffus mais insistant, d’une possible misogynie sous-jacente dans ces récits. En général, ce sont les femmes qui éveillent et attisent le désir des hommes, et elles semblent considérer cette quête de plaisir comme une banalité du quotidien, aussi ordinaire que boire du thé ou prendre un repas. Cette légèreté excessive confère aux figures féminines une superficialité déconcertante. Même aujourd’hui, ce serait exagéré, alors en faire le modèle dominant du monde urbain de l’époque le semble d’autant plus. La nouvelle « Deuil », en ce sens, lui a paru sortir du lot par la finesse et la profondeur de son analyse psychologique.

 

Malgré tout, chaque nouvelle a un ton différent et un intérêt propre : expérience immersive pour « Jeu », retournement de situation habilement mené pour « Coeur ardent », ironie mordante pour « Rituels et hygiène », chaleur humaine et tragique pour « La couverture ouatinée », intrigue dramatique et chute inattendue pour « Tentative d’assassinat », écriture scénaristique condensée pour « Un éternel sourire ». On peut cependant regretter un manque de profondeur descriptive, dû sans doute au rythme trop rapide.

 

Le style, cependant, n’a pas aidé sa lecture, en ajoutant au manque de profondeur ressenti. Elle a remarqué une technique d’écriture récurrente : l’accumulation de qualificatifs précédant un nom dont ils sont épithètes, formant une structure du type “........... + N”. Si cette méthode peut témoigner d’une certaine maîtrise linguistique, elle donne parfois l’impression d’une affectation stylistique excessive, rendant certains passages inutilement alambiqués. Il lui est arrivé de devoir relire un paragraphe plusieurs fois pour en identifier le sujet principal et en comprendre pleinement le sens des phrases.

Par exemple :

泊拉达那斯疏叶间漏过来蓝青色澄空,掠将颊边过去和暖气流,和这气流里不知从何处带来烂熟栗子芳香,都使着比也尔薰醉在一种兴奋的快感中,早把出门时的忧郁赶回家里去了。(热情的骨,第一段)

Le ciel d’azur à travers les feuillages clairsemés des platanes, l’air chaud caressant les joues, le doux parfum des châtaignes mûres venu de nulle part, tout cela enivrait Pierre d’un plaisir exaltant qui chassait la mélancolie qu’il avait ressentie en sortant de chez lui » (Un cœur ardent, trad. ML, p. 47)

 

启明是不愿意一个愉快有美丽妇人茶会时间被他那不大要紧的艺术论占了去。” (礼仪与卫生)

“Qiming ne souhaitait pas qu’un agréable moment passé à prendre le thé en compagnie de jolies femmes fût accaparé par ses propos sur l’art qui n’avaient que bien peu d’importance.”(Rituels et hygiène, trad. WL/BD)

 

[La traduction en français ne permet pas de ressentir tout ce que les phrases comportent d’alambiqué et de répétitif, comme un hoquet. Même si en français on alignait les adjectifs, on n’aurait pas le même effet.

Outre les à répétition, on notera aussi, dans le premier exemple, le terme boladanas  (泊拉达那斯)  pour platane, qui est la translittération du latin platanus, selon une méthode courante dans les années 1920 pour importer des mots étrangers en chinois au lieu de les traduire, avec un effet d’ « exotisme » comme celui ressenti par Qiming dans « Rituels et hygiène »

 

Par ailleurs, un autre aspect frappant du style de Liu Na’ou est l’usage fréquent de mélanges de termes sino-anglo-français et l’insertion de nombreux termes étrangers, translittérés comme platane ci-dessus, mais le plus souvent de l’anglais, par exemple mìsītuō (密斯脱) pour Mr. ou bóte (鲁伯特) pour robot. Cependant, dans certains cas, l’emploi d’anglicismes paraît artificiel, voire superflu. Ces mots viennent briser l’harmonie du texte et semblent parfois en décalage avec le reste du récit, rendant la lecture plus laborieuse.

 

En ce sens, au-delà de l’aspect narratif « décadent » et de la peinture des femmes « modernes », Lei a trouvé dans ces nouvelles l’une des caractéristiques stylistiques notée dans un ouvrage récent sur la littérature des années 1930[8] : « Une écriture plurilingue et hybride qui met en exergue son aspect transculturel. ».

 

[Ce style mérite des précisions complémentaires. Il est dû en grande partie à l’éducation japonaise de Liu Na’ou qui, rentré en Chine, de l’avis même de ses proches, ne maîtrisait pas bien le chinois. On en a fait une marque d’originalité, mais c’est resté une expérience isolée. Voir à cet égard l’analyse d’un chercheur chinois que j’ai ajoutée à la fin de la présentation de Liu Na’ou et qui est d’autant plus intéressante que l’auteur élargit la réflexion au contexte de l’évolution de la langue chinoise dans les années 1920.]

 

Conclusion

 

La séance s’est donc terminée sur des questions concernant le style autant que l’écrivain. Il a brièvement été question aussi de son engagement dans le milieu du cinéma, dont on sait peu de choses, au-delà du film de  Li Pingqian (李萍倩) inspiré de « La Dame aux camélias » (《茶花女》) qu’il a produit en 1938 et des quelques scénarios qu’il a écrits.

 

On peut, sur ce sujet, se référer à l’article d’une chercheuse de l’université de Hong Kong sur « Liu Na’ou et le "Soft Film Movement" des années 1930 à Shanghai » - le concept de « soft film » étant en opposition avec les  « hard films », c’est-à-dire les films dits « de gauche » qui se sont développés à partir du début des années 1930, en parallèle avec la littérature.

 

En même temps, la fin des années 1920 est le moment charnière du passage du muet au parlant, le premier film « sonore » chinois étant « La Chanteuse Pivoine rouge » (《歌女红牡丹》) de Zhang Shichuan (张石川) sorti en 1931. Cependant, le cinéma parlant était en mandarin. Or beaucoup des actrices du muet parlaient… le dialecte de Shanghai ; certaines ont appris le mandarin, beaucoup ont abandonné le cinéma. Ce qui pose à nouveau le problème de la langue…

 


 

Prochaine séance :

Le mercredi 12 mars 2025

 

Séance consacrée aux Notes diverses sur la capitale de l'Ouest, de Liu Xin (劉歆/刘歆), texte établi et traduit par Jacques Pimpaneau, Les Belles Lettres, Bibliothèque chinoise, 2016.

 

En lien ou non avec l’exposition du Musée Guimet initialement intitulée Chang’an, resplendissante capitale de l’empire Tang (jusqu’au 3 mars 2025).

 

 


[1] Voir Manhua Artists and the Pictorial Magazine – Guo Jianying, Huang Miaozi and Ye Qianyu, in  ‘Intoxicating Shanghai’ – An Urban Montage’, Brill, 2020, chapter 6.

[2]这个都市不是有了这些肮脏的棕色的人们才活着的吗?是的,他们是这都市的血液,他们驱使着全身使机械活动,使人们吃着东西,穿着东西,使这都市有寿命,有活力。这都市的一切都是出于他们的手里的,谁说这都市的全财产不是他们的呢。但是他们却不时都像牛马似的被人驱使。

[3] François Jullien, Le Nu impossible, Seuil, coll. Points, 2005.

Le nu comme sujet artistique « légitime » a longtemps été interdit en Chine. Il n’a été autorisé qu’après un procès intenté dans les années 1920 par un peintre formé au Japon et en France, Liu Haisu (刘海粟 1896-1994), qui a été directeur de l’Institut des Beaux-Arts de Shanghai. Cependant, comme l’affirme Zhang Zhen dans son ouvrage « Amourous History of the Silver Screen » (University of Chicago, 2005, p. 277), son triomphe « coïncidait avec la présence croissante des femmes en public, dans une société en plein changement qui en faisait des sujets à part entière, avec une conscience croissante de cette évolution. » Cette évolution se reflète dans la vie et l’œuvre de Pan Yuliang (潘玉良 1895-1977), peintre, sculptrice et graveuse rachetée en 1913 à une maison close par un riche fonctionnaire chinois qui en fait sa seconde épouse ; elle entre aux Beaux-Arts de Paris en 1923 et en 1929 enseigne aux Beaux-Arts de Shanghai. Les premières études de nus (par elle-même et d’autres artistes chinoises) sont exposées à Nankin en 1929, la nudité (féminine) devenant alors un sujet de controverse dans un débat plus général sur la beauté. 

 

   

Pan Yuliang,

Nu assis au peignoir rouge, 1955,

 musée Cernuschi Paris.

 

[4] Sur le flux de conscience en Chine, voir : https://www.bilibili.com/opus/776090299877294085

et https://m.fx361.cc/news/2022/1121/11286510.html qui analyse plus particulièrement, sous l’angle du flux de conscience, un roman de l’autre écrivain néosensationniste Shi Zhecun (施蛰存) : « Le soir de la pluie des prunes » (《梅雨之夕》).

[5] Avec en toile de fond une scène des Misérables « qui lui a toujours semblé emblématique de la "liberté" des courtisanes » : la scène où Fantine reçoit la lettre de rupture de son amant, lettre collective présentée comme une « surprise », avec une chute en trois lignes tout à fait dans le ton des nouvelles de Liu Na’ou.

[6] Une publication dans une collection spéciale d’un éditeur de Shanghai dédiée à « la culture du haipai »  (上海学林出版社, 1997 12 / 海派文化长廊).

[8] 浪蕩子美學與跨文化現代性:一九三年代上海、東京及巴黎的浪蕩子、漫遊者與譯者 p. 80-81. Soit : L’esthétique du flâneur et la modernité transculturelle : Les flâneurs, les vagabonds et les traducteurs à Shanghai, Tokyo et Paris dans les années 1930.

 

     

 

 

 

 

     

 

 

 

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