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Zuo Fei 昨非

Présentation

par Brigitte Duzan, 10 juin 2024

 

 

Zuo Fei

 

 

Poétesse originaire de Wenzhou, dans le Zhejiang (浙江温州), Zuo Fei (昨非) a publié en février 2024 son premier recueil d’essais : « Les Sagneurs » (Gē lúwěi derén《割芦苇的人》)[1].

 

Lectrice avide depuis l’enfance, elle écrit depuis ses années de collège, des poèmes, des essais et des nouvelles publiés dans des revues universitaires et des journaux locaux. En 2000, elle a obtenu un master de l’Université des langues étrangères de Pékin (北京外国语大学). Mais elle n’a véritablement fait des traductions qu’à partir de 2016. Puis, en 2017, elle a lancé sur WeChat la plateforme « Sélection de poèmes étrangers » (Wàiguó shīgē jīngxuǎn 外国诗歌精选) pour faire connaître la poésie étrangère aux lecteurs chinois.

 

Depuis 2018, elle est rédactrice en chef de la revue littéraire en ligne Spittoon Literary Magazine et anime divers événements liés à la revue.

 

« Les Sagneurs » regroupe des essais écrits pour la plupart entre 2016 et 2018, outre quelques-uns datant du début des années 1990. Ils ont pour thème la campagne et la ville (et le passage de l’une à l’autre dans la vie de l’auteure, de l’enfance à la jeunesse), avec cinq essais sur les cinq villes qui ont eu une importance particulière pour elle : Wenzhou, sa ville natale, puis Pékin, Shanghai, Hangzhou et Suzhou. Sa vision des changements intervenus en Chine au cours des quarante dernières années, à travers son expérience personnelle, passe bien sûr par l’urbanisation et l’industrialisation, mais aussi, au cours des vingt dernières années, par le développement d’internet, devenu le point d’ancrage du quotidien. La Chine du passé, dans le souvenir de bien des gens, n’existe plus que dans les livres.

 

 

Les sagneurs, photo The Beijinger

 

 

L’idée du livre est née de ce qu’elle raconte dans l’essai intitulé, justement, « Les sagneurs » : l’impression d’être une étrangère dans sa ville natale quand elle y est revenue, il y a quelques années, pour la fête du Printemps – sentiment d’aliénation semblable à celui de Giuliana dans « Le désert rouge » d’Antonioni. La campagne avait disparu pour laisser place à une jungle de béton et d’acier. En se promenant le long du canal qui était autrefois un endroit sauvage, elle a vu un homme couper des roseaux pour faire place à un nouveau projet d’urbanisation[2].

 

Le recueil a été très peu censuré, mais reflète une réalité qui date déjà de près d’une décennie ; Zuo Fei est devenue plus pessimiste… et cherche à préserver l’écrit, comme reflet d’une certaine liberté de l’esprit. Pour cela, le livre imprimé est essentiel[3].

 

La traduction de sa nouvelle « Notes from the Consulting Room » (诊疗室手记)[4] a inauguré la nouvelle série de Read Paper Republic, le 6 juin 2024.

 


[1] Ou reed-cutters en anglais : ceux qui coupaient les roseaux dans les roselières pour faire des paillassons et des toits de chaume.

[2] Selon l’interview donnée au Beijinger à Pékin lors de la sortie de son livre.

[3] Fragilité des publications sur internet menaçant la pérennité de la mémoire collective soulignée par David Bandurski dans un article du 27 mai 2024 .

     

 

 

 

 

     

 

 

 

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