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Pan Haitian 潘海天

Présentation

par Brigitte Duzan, 16 juillet 2019

 

Né en 1975, Pan Haitian appartient à ce qu’il est convenu d’appeler la « troisième génération » des auteurs de science-fiction chinois : des auteurs qui ont dépassé la science-fiction au sens traditionnel du terme pour écrire des récits qui brouillent les genres.

 

Première originalité pour un auteur de science-fiction : il a un diplôme d’architecture, de l’université Tsinghua à Pékin, mais il se présente comme philosophe. Ensuite ses récits tiennent autant de la fantasy, ou littérature de l’imaginaire (huanxiang 幻想), que de la science-fiction (kehuan 科幻) qui, par sa terminologie même, d’ailleurs, semble avoir vocation de l’englober.  Mais surtout ils tiennent aussi bien de la fable ou du conte.

 

Fables

 

Pan Haitian

  

Da Jiao, cours vite

 

« Le Cité des clones » (《克隆之城》) est proche de la science-fiction « hard », bien que le cœur de la nouvelle soit constituée de réflexions de type classique sur la nature humaine. Mais c’est l’une de ses premières histoires publiées, en 1996. Pan Haitian a ensuite diversifié ses styles et ses sources.

 

Parmi ses œuvres les plus représentatives, on trouve le genre fable, comme « Dajiao, cours vite ! » (《大角,快跑!), publiée en 2007 : l’histoire d’un enfant que la recherche d’un médicament entraîne dans des contrées féériques.

 

Certaines de ses histoires peuvent être inspirées par l’actualité : ainsi « L’histoire d’un cochon au printemps » (《春天的猪的故事》) part du tremblement de terre de Wenchuan (汶川大地震), le 12 mai 2008, tout en se rattachant au genre de la fable animalière, dans un registre

satirique comique : des cochons qui ont survécu au tremblement de terre partent à la conquête du monde. On verrait très bien le récit adapté en film d’animation.  

 

Inspiration littéraire

 

Mais, pour les passionnés de littérature chinoise, et pas seulement de science-fiction, Pan Haitian a l’intérêt supplémentaire de s’inspirer parfois de la mythologie chinoise, ou de littérature ancienne, pour bâtir ses histoires. Il a d’ailleurs commencé ainsi, en 1998 : l’une de ses premières nouvelles, la nouvelle "moyenne" « La légende de Maître Yan » (Yanshi chuanshuo (《偃师传说》) est inspirée d’un récit du Liezi (《列子》), un recueil de fables et aphorismes taoïstes qui est l’un des trois grands classique taoïstes et serait antérieur au Zhuangzi. Le Yanshi chuanshuo se rattache au genre des chroniques de l’étrange et apparaît au chapitre 5, « Questions de Tang » (Tang wen 《湯問》) [1].

 

Le maître Yan de l’histoire était un artisan (gongren 工人) qui fabriquait des automates, tellement trompeurs que l’empereur Mu s’y laissa prendre, et, voyant qu’ils faisaient

 

Yanshi chuanshuo

des œillades aux femmes de son harem lors de leur présentation au palais, faillit, de fureur, faire décapiter l’artisan. C’est évidemment, dans le Liezi, pour servir une réflexion sur les limites floues entre apparence et réalité, sur le pouvoir créateur de l’homme, et bien d’autres thèmes selon les intérêts de chacun. Pan Haitian en fait une fable moderne sur un homme qui construit des automates d’horloges. 

 

Pan Haitian peut aussi mêler l’humour à ses évocations littéraires : ainsi dans une nouvelle de 2010, « Lu Xun chasseur de démons » (《恶魔猎手鲁迅》), il fait du grand écrivain Lu Xun (鲁迅) un chasseur de démons à la Zhong Kui (钟馗) [2] et un avatar de héros de wuxia (lui qui détestait le genre) ; il doit affronter un dangereux rival, en l’occurrence nul autre que Liang Shiqiu (梁实秋), écrivain, traducteur,

théoricien littéraire et autres - né en 1903, membre de la société du Croissant de lune (新月社) fondée par le poète Xu Zhimo en 1923 et tenante d’un courant de « l’art pour l’art », Liang Shiqiu en a décousu avec les « gauchistes » de la Ligue des écrivains de gauche, dont Lu Xun… d’où la satire très drôle de la nouvelle de Pan Haitian qui commence… par une nuit de la pleine lune !

 

Novoland

 

Dans les années 2000, il a écrit une série de quatre romans situés dans l’univers de Novoland ou Jiuzhou (九州) : un univers (chinois) de fantasy couvrant dix mille ans (dix ères) et comportant neuf provinces (d’où le nom de Jiuzhou) sur trois continents, dont un Royaume oriental prospère et huit Tribus nomades. Novoland/Jiuzhou est constitué d’une trentaine de livres écrits par cinq auteurs principaux, dont Pan Haitian. Il est inspiré du Seigneur des anneaux, mais

   

La revue China Fantasy/Jiuzhou huanxiang en 2005 (alors appelée Novoland Fantasy)

encore bien plus de l’histoire chinoise, les Royaumes combattants en particulier. 

 

Les quatre romans ont été publiés de 2006 à 2012 :

-          Le moineau blanc et la tortue céleste (《白雀神), 2006

-          Le stupa de fer (《铁浮图》), 2007

-          Discussions nocturnes sur les morts (《死者夜谈》), 2008

-          L’approche de la lune sombre (《暗月将临》) [3], 2012.

 

China Fantasy

 

Pan Haitian édite par ailleurs une revue mensuelle de science-fiction cofondée en juillet 2005 qui porte le nom de cette série : China Fantasy ou Jiuzhou huanxiang (《九州幻想》).

 


 

Traduction en français

 

La terre sous nos pieds, tr. Loïc Aloïsio, Jentayu n°10 (été 2019).

 


 

Traductions en anglais

 

- The Hunger Tower 饿塔, tr. Nick Stember, Aug. 2015 (1ère nouvelle de Pan Haitian à avoir été traduite et publiée en anglais)

- Lu Xun, Demon Hunter《恶魔猎手鲁迅》, chapitre introductif, tr. Nick Stember, à lire en ligne :

https://chinachannel.org/2017/09/27/lu-xun-demon-hunter/

 

Tripping the Light Fantastic: An Interview with Pan Haitian, by Nick Stember, Clarkesworld magazine n° 106, July 2015 : http://clarkesworldmagazine.com/pan_interview/

 

 


[3] La Lune sombre (暗月) étant l’une des douze « étoiles » de l’univers de Novoland, à côté de la Lune brillante (明月).

 

 

     

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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