Liao Jing
辽京
Présentation
par Brigitte
Duzan, 4 novembre 2025
Née en
1983, Liao Jing (辽京)
a été en 2025 la
lauréate du Prix Blancpain-Imaginist
(宝珀理想国文学奖)
pour son roman « Gelée blanche, Équinoxe de printemps » (báilù
chūnfēn《白露春分》).
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Liao
Jing |
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Née à
Zhoukoudian, dans le district de Fangshan de la ville de
Pékin (北京房山区周口店),
elle est diplômée de l’Université des langues étrangères de
Pékin (北京外国语大学).
Elle a travaillé comme traductrice de français et comme
journaliste pour différents sites web et revues en ligne
avec de se lancer dans la création littéraire, en commençant
par l’écriture de nouvelles.
Elle a
commencé à écrire en 2015 et ses récits ont d’abord paru en
ligne, sur douban, à partir de 2017. Son premier
recueil de nouvelles, « Nuit de noce » (《新婚之夜》),
a été publié en novembre 2019, suivi en janvier 2021 de son
premier roman, « Mariage tardif » (《晚婚》).
« Nuit
de noce » est un recueil de quatre nouvelles et une
novella (中短篇小说集),
dans un style à la fois réaliste et d’une délicate précision
(真实细腻)
rappelant Raymond Carver :
- Je vais
le dire à maman (《我要告诉我妈妈》) :
dilemme d’une mère seule luttant pour avoir la garde de son
enfant, révélant un schéma cyclique de familles
monoparentales ;
- Le
modèle (《模特》) :
crise conjugale, et spirituelle, de l’âge mur ;
- Le mur
invisible (《看不见的高墙》) :
les frustrations et problèmes de jeunes cherchant à franchir
la barrière de classe à Pékin ;
- Une
histoire à la Rashomon (《一个人的罗生门》) :
relations mère-fille sur fond de conflit générationnel ;
- Nuit de
noce (《新婚之夜》) :
narration à suspense remontant à la source de la violence à
l’école à partir d’une cérémonie de mariage.
La novella
« Je vais le dire à maman » et la nouvelle « Le modèle » ont
été primées par douban.
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La
nuit de noce
《新婚之夜》 |
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« Mariage
tardif » poursuit la peinture de femmes vivant en ville
dans la Chine d’aujourd’hui. Ce roman dépeint une femme,
Huang Wansi (黄婉丝),
la trentaine, qui a un travail banal, dans un département de
ressources humaines, et qui vient de faire un « bon
mariage ». Mais elle vient d’une famille rurale qui dépend
d’elle. Elle a constamment besoin de se redonner un sens de
sécurité à la fois au travail et dans sa vie personnelle.
Elle finit par avoir des doutes sur les raisons pour
lesquelles son mari, issu d’une famille aisée, a pu épouser
une femme comme elle, venue de la campagne, avec des
relations ambigües même avec sa sœur. Elle dérive dans un
délire paranoïaque, en contraste avec sa meilleure amie qui,
elle, vient d’un contexte familial différent et mène une vie
bien plus libre, hors mariage. Il y a quelque chose de
tragique et de douloureux dans ce personnage figé dans son
désir de communication « comme une arête coincée dans la
gorge. »
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Mariage tardif
《晚婚》 |
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En août
2023, Liao Jing publie un recueil de 13 nouvelles, « Quelqu’un
danse » (《有人跳舞》),
qui sont autant d’histoires de solitude et de lutte au
quotidien.
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« Quelqu’un danse »
《有人跳舞》 |
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En
septembre 2024, elle publie son deuxième roman « Gelée
blanche, Équinoxe de printemps » (《白露春分》),
Le roman a été primé deux fois avant d’obtenir le premier
prix Blancpain-Imaginist, décerné le 1er novembre
2025. Liao Jing y explore les relations entre trois
générations de femmes d’une famille, histoires inspirées de
ses propres souvenirs d’enfance. Enfant, elle entendait en
effet les personnes âgées de sa famille parler de leurs
proches, de leurs amis, de ce qui se passait dans le
voisinage. Il n’y avait pas de chronologie des faits,
certaines des histoires s’étaient passées la veille,
d’autres dix ans plus tôt. C’est donc une narration
déconstruite, évoquant la grand-mère Xiumei (奶奶秀梅)
qui se sent vieillir irrémédiablement, alors que seule sa
petite-fille lui offre une attention et l’affection dont
elle a besoin, tandis que les enfants sont dispersés et
n’ont que soucis et ressentiments. La violence vécue par une
génération semble se répercuter sur la suivante.
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Gelée blanche, Équinoxe de printemps
《白露春分》 |
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En août
2025, Liao Jing a publié un recueil de quatre récits, « Sur
le pommier » (《在苹果树上》),
qui reprend l’idée et la forme d’une narration familiale
déconstruite, autour de quatre vies, à commencer par celle
de la grand-mère, comme une ombre derrière celle du
grand-père, et autour du mystère de l’absence du père, sur
trois générations. Des histoires, surtout,
d’incompréhensions.
« Sur le
pommier » comme les autres récits de Liao Jing semble
pouvoir se résumer à cette idée :
"我们终此一生,都在血缘的迷宫里寻找出口"
« Nous
passons nos vies à chercher comment sortir du labyrinthe des
liens de sang ».
Traduction en anglais
The Apparitions,
tr.
Zhang Yuqing (张雨晴),
in The World of Chinese, Jan. 18, 2020.
Author’s Note: This
story is a stand-alone chapter in a novel written in 2008.
It attempts to discuss the conflict and connection between
tradition and modernity, between religious belief and the
secular world. The stories in the volume were influenced by
folklore, which brought a feeling of isolation and
alienation that made the work distinct from modern life. It
is also an expression of my initial experience of urban
life, which was a lonely and isolated time.