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Li Yongping
李永平
Présentation
par
Brigitte Duzan, 9 août 2018
Ecrivain de langue chinoise représentant un courant
de la littérature sino-malaisienne contemporaine,
Li Yongping est né en 1947 à Kuching (Etat du
Sarawak), sur l’île de Bornéo, et a grandi en
Malaisie.
En 1966, à l’âge de 19 ans, encore lycéen, il publie
une première nouvelle, « Son of Borneo » (《婆罗洲之子》),
qui est couronnée du prix du Bureau de la
littérature de Bornéo. Elle est suivie en 1968 de la
nouvelle « L’épouse indigène » (《拉子妇》)
publiée dans la revue The Intellectual.
A la fin de ses études secondaires, il part à Taiwan
où il étudie au Département de littérature et
langues étrangères de l’Université nationale de
Taiwan. En 1971, diplôme en poche, il reste à
l’Université comme chargé de cours tout en
travaillant à la rédaction du mensuel littéraire
Chung-wait. |
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Li Yongping |
Printemps et automne de Jilin
(éd. originale) |
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En 1976, il part aux Etats-Unis et obtient en 1978
un master en littérature comparée de la State
University of New York à Albany. Cette même année,
il va à Saint Louis poursuivre ses études à la
Washington University où il obtient un doctorat en
1982.
De retour à Taiwan, il devient enseignant et, en
1986, publie un premier roman : « Printemps et
automne de Jiling » (《吉陵春秋》)
où il mêle écriture moderniste et narration
traditionnelle. Dans la préface, il souligne qu’il
veut se dégager des influences américaines et
japonaises pour retrouver les racines profondes de
la pure langue chinoise.
Puis, l’année suivante, il abandonne l’enseignement
à l’université Sun Yat-sen pour s’isoler pendant
quatre ans afin d’écrire son deuxième roman, publié
en 1992 : « L’aigle bleu » (《海东青:台北的一则寓言》),
dont le style est celui de |
la fable traditionnelle, mais fable morale des temps
modernes.
Beaucoup de ses écrits sont inspirés de ses
souvenirs de jeunesse et de la vie à Bornéo. Son
sixième et dernier roman, « Au bout du fleuve » (《大河尽头》),
dont les deux tomes ont été publiés respectivement
en 2008 et 2010, se déroule dans un Bornéo de
fiction.
Il a un style très riche, dont témoignent à eux
seuls ses titres (voir ci-dessous). Il fait une
utilisation extrêmement sophistiquée des capacités
expressives de la langue chinoise, à travers la
recherche sur les caractères qui ont pour lui une
importance particulière : non de simples symboles,
mais des sortes de totems. C’est par sa maîtrise de
la langue qu’il parvient à se créer un univers
totalement personnel, un univers de fiction nourri
de ses souvenirs.
Par ailleurs, de par les thèmes traités, son œuvre
représente un courant de littérature
sino-malaisienne écrite en chinois, mais qui se
rapproche d’autres œuvres écrites en anglais, créant
ainsi une continuité littéraire au-delà de la
langue.
Li Yongping a également été un traducteur
prolifique, en chinois, de romans britanniques et
américains. Il a ainsi été le traducteur de VS
Naipaul et de Paul Auster.
Il est décédé des suites d’un cancer en septembre
2017. Il avait commencé l’année précédente à publier
des chapitres d’un roman d’arts martiaux dans le
mensuel littéraire Wenshun : un roman de wuxia
avec une histoire basée sur les personnages féminins
traditionnels dans ce genre depuis les Tang. Quel
dommage que la maladie l’ait empêché de le
terminer !
Quoi qu’il en soit, sa disparition fait déjà de son
œuvre un classique moderne. |
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Au bout du fleuve (t.1)
Au bout du fleuve (t.2) |
Principales publications
Nouvelles et essais
1976 L’épouse indigène《拉子妇》
recueil de nouvelles de jeunesse
2003 Errance de lune en soleil 《𨑨迌》
anthologie de nouvelles de la période 1968-2002
sélectionnées par l’auteur (李永平自选集).
De 1992 à 2010 : six romans
1986 Printemps et automne de Jiling
《吉陵春秋》
1992 L’aigle bleu
《海东青:台北的一则寓言》
1998 Le merveilleux voyage de Zhuling
《朱鴒漫游仙境》
2002 Comme des averses de grésil :
souvenirs d’enfance de Bornéo 《雨雪霏霏:
婆罗洲童年记事》
2008/2010 Au bout du fleuve (t. 1/2)
《大河尽头》
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Comme des averses de grésil |
Biographie complète
http://web.mit.edu/ccw/li-yongping/chronology.shtml
Traduction en français
« Quatrième souvenir : La première pierre », traduit du chinois
par Pierre-Mong Lim, extrait de
Comme des averses de grésil :
souvenirs d’enfance de Bornéo 《雨雪霏霏:
婆罗洲童年记事》,
Jentayu n° 8, été 2018.
A lire en complément
(en anglais)
Inside Li Yongping’s World : Outsider in Taipei, by Elaine Chen
(tr. David Meyer), juillet 1998
http://web.mit.edu/ccw/li-yongping/files/Interview%20with%20Taiwan%20Parnorama.pdf
Interview par Sun Ziping, novembre 2010
http://web.mit.edu/ccw/li-yongping/files/2010%20Interview-%20Translation.pdf
Interview au MIT par Liang Minmin
- En
chinois :
http://web.mit.edu/ccw/li-yongping/interview.shtml
- Tr.
en anglais par Liang Minmin :
http://web.mit.edu/ccw/li-yongping/interview-english.shtml
Titre très subtil qui joue sur deux caractères rares :
zhì
tù
𨑨迌
qui tous deux dérivent de l’alliance de la clef de la
marche 辶 et du caractère
chuò 辵
qui signifie marcher en s’arrêtant, en faisant des
pauses en chemin ; de là l’évocation poétique du flâneur
s’arrêtant de ci de là pour observer le soleil
日
et la lune
月….
Ce titre est aussi très subtil : dans yuxue fei fei
雨雪霏霏,
yu
étant la pluie, et xue la neige, yuxue est
entre les deux, c’est le grésil. Quant au double
caractère
fēi fēi
霏霏,
avec l’élément de la neige qui le domine, il évoque une
abondante chute de neige. Donc le titre de l’ouvrage
suggère l’image d’une foule de souvenirs surgissant du
passé et venant submerger l’esprit, comme sous autant
d’averses de grésil. …. Ce qui est tout à fait approprié
pour la nouvelle « La première pierre » publiée dans
Jentayu : comme du grésil qui cingle la peau…
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