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Li Lu 栗鹿

Présentation

par Brigitte Duzan, 29 septembre 2025

 

De son vrai nom Gong Yihan (龚怡涵), Li Lu (栗鹿) est une jeune écrivaine chinoise née en 1990 dans l’île de Chongming (崇明岛), à Shanghai.

 

 

Li Lu

 

 

Elle a étudié l’art cinématographique à l’université et a ensuite travaillé comme journaliste. En 2014, elle a commencé à écrire, de la poésie et des nouvelles, qui ont paru dans des revues.

 

En novembre 2017, une de ses nouvelles est parue dans l’anthologie « Comme une balade sans fin » (《近似无止境的徒步》) regroupant des textes de fiction de jeunes auteurs post’90 (90后文学大系·小说卷) publiée par les éditions Littérature du peuple (人民文学出版社). Il s’agit de la nouvelle « Le raffineur de rêves et le jour le plus long » (《炼梦师和最长的一天》).

 

En décembre 2019, elle a publié son premier recueil : « Tous les oiseaux rares » (Suǒyǒu hǎnjiàn de niǎo《所有罕见的鸟》) [1], un recueil de douze nouvelles entre réalité et imaginaire, mais en revenant explorer les brumes du passé pour en chasser les souvenirs pénibles et en finir avec les regrets. « Lire les nouvelles de Li Lu donne un sentiment de légèreté » (读栗鹿的小说能感到一种轻跃) a dit le critique Zhu Yue (朱岳).

 

 

Tous les oiseaux rares

 

 

En 2022, elle a remporté le prix littéraire Qinghualang des jeunes auteurs (青花郎·人民文学奖新人奖) et le prix Zhongshan des jeunes stars littéraires (「钟山之星」年度青年佳作奖). Et cette année-là, en septembre, elle a publié un premier roman : « Appel à l’île mirage » (Zhìdiàn shènjǐng dǎo 《致电蜃景岛》)

 

Un été, le jeune garçon Li Shiwei (黎是维) revient dans son île natale pour la durée des vacances. Il y retrouve son arrière-grand-mère, deux tantes, la mère Lan leur voisine, ses cousins et cousines et son camarade Su Ye (苏夜).  La dernière semaine avant le passage à l’an 2000, la petite cousine An Bi (安彼) disparaît mystérieusement. Des années plus tard, alors que les enfants ont grandi et se sont dispersés, An Bi réapparaît soudain chez sa mère, sans avoir changé d’un iota : c’est toujours la même enfant de neuf ans. Li Shiwei et Su Ye se rencontrent par hasard et décident de revenir sur l’île pour tenter d’éclaircir ce mystère. L’île est plongée dans la brume, et le passé avec elle…

 

 

Appel à l’île mirage  Zhìdiàn shènjǐng dǎo

 

 

En juin 2024, Li Lu publie un autre recueil de nouvelles, « L’Incident de la chrysalide de 1997 » (1997年的蛹事件》), qui a figuré parmi les finalistes du prix Blancpain-Imaginist 2025 . Il s’agit d’un recueil de six nouvelles et novellas écrites entre 2020 et 2024, sur des sujets qui vont de la famille à l’histoire des individus modernes, en cherchant à relier espace spirituel et univers, l’esprit de chacun étant considéré comme un modèle miniature de l’univers :

Oussouri le bienheureux 幸福的乌苏里 / La chrysalide vide 空蛹 /

Un murmure dans l’immensité de l’ univers 旷宇低吟 /

La 4ème personne [2] 第四人称 / La grotte sans fin 无穷洞 [3] / La maison de la pluie 雨屋.

 

 

L’incident de la chrysalide de 1997, juin 2024

 

 

Ce sont six histoires où les choses les plus ordinaires prennent un aspect étrange et inhabituel tandis que le rêve se heurte à la réalité : l’histoire du petit ours Oussouri sauvé par deux enfants mais finalement oublié au zoo ; des habitants de Nanguang souffrant d’aphasie et d’amnésie après « l’incident de la chrysalide » ; d’un schizophrène ayant perdu un manuscrit de roman inachevé qui demande à sa famille de le lui retrouver ; d’une amie qui meurt soudain mais dont les funérailles ne sont pas la fin de l’histoire ; de deux enfants qui ont souhaité voir apparaître « La grotte sans fin » car ils espéraient voir disparaître quelqu’un ; et histoire enfin d’une famille de trois qui reviennent dans leur vieille maison pour y passer leurs vacances, sous une pluie continue.

 

On ne peut pas revenir au passé, mais passé, présent et futur coexistent. Tout ce qu’on voit est du déjà vu, mais le quotidien est plein de mystère. Et tout cela dégage un sentiment de désolation, d’aliénation et d’impermanence, tout en étant écrit avec une certaine légèreté, comme par un enfant considérant le monde et son passé qui lui paraissent à la fois réels et illusoires, comme en rêve. C’est l’impression générale qui ressort de la lecture de ces textes, et en particulier de « La chrysalide vide » (《空蛹》) :

 

一切始于一片飞地一座孤岛,有关闭合世界里一段逝去的时间。栗鹿将理念编织在充满雾气的异境里,随婆婆长大的飞地废墟,也是从一去往无限,又从无限回到一的神殿。它是记忆层层叠套般的无尽之梦,是女孩对存在、理念、世界的好奇与探知。

Tout commence dans une enclave, une île isolée, à propos d’un bout de temps perdu dans un monde fermé. Li Lu tisse ses idées dans la trame d’un paysage étrange, noyé dans la brume. Cette enclave, cette « chrysalide » où « je » a grandi avec sa grand-mère est une « ruine », mais c’est aussi un « sanctuaire » qui, s’étant étendu à l’infini, est revenu à sa plus simple expression. C’est un rêve sans limites, qui repose sur des couches infinies de souvenirs ; c’est le reflet de la curiosité d’une petite fille, de son exploration de l’existence, des idées et du monde.

         ——He Jiayu (贺嘉钰), critique littéraire.

 

 


[1] Coté 8.2 sur douban !

[2] Au sens de « conjugaison à la 4ème personne ».

[3] Titre homonyme de wúqióng dòng (无穷动) : mouvement perpétuel.

 

 

     

 

 

 

 

     

 

 

 

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