Li
Jinxiang 李进祥
1968-2019
Présentation
par Brigitte Duzan, 9 novembre 2024
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Li Jinxiang (photo
chinawriter) |
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Li Jinxiang est un écrivain hui né à Tongxin, dans le
Ningxia (宁夏同心县) en 1968.
En 1986, il est sorti diplômé de l’École normale de Wuzhong,
dans le Ningxia (夏吴忠师范学校) et il a alors commencé à
travailler – il a enseigné pendant 17 ans tout en écrivant.
Il est devenu membre de l’Association des écrivains de Chine
en 2008.
Il a d’abord écrit des nouvelles, dont « Le chef du village
des chiens » (《狗村长》) qui a obtenu le prix décerné par la
revue « Sélection de fiction » (《小说选刊》) pour la période
2006-2007, et c’est surtout pour ses nouvelles qu’il est
connu. Il en a publié plusieurs recueils, en particulier
« Changer l’eau » (换水), un recueil de 27 nouvelles qui a été
primé en 2012 lors de la dixième édition du prix Junma
décerné à des œuvres d’auteurs de minorités ethniques
(第十届全国少数民族文学创作骏马奖).
Li Jinxiang tirait bien sûr son inspiration de sa région
natale, le centre-sud du Ningxia, autour de la rivière
Qingshui (清水河), un petit affluent du fleuve Jaune qu’il
considère, a-t-il dit, comme sa grand-mère. Cette région est
l’une des plus arides et les plus pauvres de Chine, mais en
même temps proche de la nature idéale du Zhuangzi.
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Changer l’eau |
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De manière significative, le premier roman publié par Li
Jinxiang, en mai 2010 aux éditions du Peuple du Ningxia
(宁夏人民出版社), est le roman « Couples solitaires » (《孤独成双》) qui
exprime cet idéal spirituel. C’est aussi ce roman qui a
déterminé le ton de ses récits suivants, regroupé dans un
recueil d’une quinzaine de nouvelles toutes inspirées par la
rivière : « La Rivière des femmes » (《女人的河》), publié en mai
2012.. C’est ce qu’il a expliqué :
“走不出清水河,像走不出一段爱情;走不出清水河,像走不出一种宿命”。
« Je ne peux pas m’échapper de la rivière Qingshui, de
même qu’on ne peut échapper à un amour, qu’on ne peut
échapper à son destin. »
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La rivière des femmes
(2012) |
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Par la
suite, il a voulu y échapper, justement, et écrire quelque
chose de différent des autres auteurs du Ningxia. C’est
alors qu’il a écrit le roman « Le Sauveur » (《拯救者》), publié
en 2016 : l’histoire d’un bus victime d’une tentative de
kidnapping. Tout le monde, dans le bus et au dehors, tente
alors une opération de sauvetage. C’était juste une manière
de mettre en scène toutes sortes de personnages différents,
avec leurs problèmes, et c’est un véritable ovni dans son
œuvre.
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Le Sauveur |
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À part un troisième roman, « Armani » (《亚尔玛尼》), qui a frappé
par son style magico-réaliste tout en rappelant aussi le
« Papapa » (《爸爸爸》) de Han Shaogong (韩少功), Li Jinxiang s’est
ensuite surtout consacré à l’écriture de nouvelles et
novellas, en affinant et diversifiant ses modes narratifs,
entre réalisme et avant-garde, mais tout en restant dans le
cadre de la thématique de la rivière Qingshui qui est
représentative de son œuvre. C’est ce qu’il a appelé son
« éternelle patrie spirituelle » (永远的精神家园), qui est aussi sa
patrie littéraire. Mais c’est une patrie de solitaires : la
solitude est partout dans les romans et nouvelles de Li
Jinxiang.
Malade, il est décédé à Yinchuan le 18 juin 2019, à l’âge de
51 ans.
Publications
Romans
2010 : Couples solitaires 《孤独成双》
2016 : Le Sauveur 《拯救者》
2019 : Armani 《亚尔玛尼》
Recueils de nouvelles
Vivre éternellement 《生生不息》
Quatre prophètes 《四个穆萨》
Discuter de blanc《讨白》
Une souris jaune《黄鼠》
Trois femmes《三个女人》
Une maison de seconde main 《二手房》
Traductions en français
- Le chagrin des pauvres 《穷人的忧伤》, trois « récits de l’islam
chinois » de Li Jinxiang/Shi Shuqing, trad. Françoise
Naour, Bleu de Chine, 2006, 89 p.
- La rivière des femmes 《女人的河》, six nouvelles de Lin
Jinxiang/Shi Shuqing, trad. Françoise Naour, Gallimard/Bleu
de Chine, 2012 (dont, de Li Jinxiang : La rivière des
femmes/ Le boucher / Les grandes ablutions)
Traduction en anglais
- Changing the Water, tr. Philip Hand, Pathlight New Chinese
Writing, Spring 2014.