|
Kuo Liang-hui
郭良蕙
Présentation
par Brigitte Duzan, 28 février
2017
Kuo Liang-hui est une célébrité de la littérature
taïwanaise qui a fait beaucoup parler d’elle dans
les années 1960/1970 en raison de ses sujets jugés
« immoraux ». Nombre de ses romans et nouvelles ont
été adaptés au cinéma.
Du Shandong à Taiwan
Née en août 1926 à Kaifeng, dans le Henan, Kuo
Liang-hui a fait ses études secondaires à Xi’an
pendant la guerre contre le Japon. En 1944, elle
entre à l’université du Sichuan dont elle sort en
1948. De 1948 à 1949, elle écrit des articles pour
un journal du soir de Shanghai tout en étant
étudiante en langues étrangères à l’université
Fudan.
En 1949, elle épouse un pilote de l’armée de l’air
nationaliste, et part avec lui à Chiayi (嘉義市),
petite ville du sud-ouest de Taiwan. Pour accroître
les revenus du ménage, elle fait des traductions de
romans étrangers (dont des nouvelles de Maupassant)
et se met à écrire.
De la nouvelle au roman
Elle écrit une première nouvelle, « Bande de jeunes
dans une petite ruelle » (《陋巷群雏》),
et publie des articles dans différents journaux. Son
premier recueil de nouvelles, « Un rêve d’argent » (《银梦短篇小说集》)
est publié en 1953, à Chiayi.
Elle continue à publier régulièrement des nouvelles,
mais, en 1954, la publication en feuilleton de son
premier roman, « Aux marges de Niwa » (《泥洼的边缘》),
dans la revue Changliu (《畅流》)
lui vaut une première notoriété dans les milieux
littéraires de Taiwan, mais aussi ses premières
critiques.
|
Cœur en cangue, édition de Hong Kong |
|
En 1962, son roman « Cœur en cangue » (《心鎖》),
qui dépeint des relations adultères, soulève de
vives controverses ; il est interdit pour son sujet
jugé immoral. Vendu sous le manteau, il devient un
bestseller underground. Il a connu de nombreuses
rééditions par la suite.
A la suite de cette affaire, Kuo Liang-hui fait
profil bas et écrit un roman d’un aspect très
« lisse » : « L’herbe est verte » (《青草青青》),
publié en 1963. Mais, dans la préface à la réédition
du livre en 1986, l’auteur souligne que ses écrits,
comme ce récit, sont toujours fondamentalement sur
le thème du sexe, car « le sexe est à la fois
constamment destructeur dans la vie, mais aussi
éternellement producteur de vie ». |
|
Kuo Liang-hui
L’herbe est verte
Le 3ème sexe
L’un de ses livres sur la porcelaine
chinoise |
L’une de ses dernières photos |
|
Le récit est celui d’un éveil à la sexualité, avec
une homosexualité latente traitée de façon indirecte
et allusive en prenant pour personnage principal un
jeune collégien de douze ans, prépubère. Le titre du
roman est donné par le début du récit, où un groupe
de jeunes garçons nettoie une pelouse sous la
surveillance de leurs professeurs : la métaphore est
évidente, impliquant que la vie exubérante de ces
garçons croît comme de l’herbe, destinée à être
taillée et débarrassée de ses excroissances sauvages
sous l’autorité des adultes.
En 1971, elle entreprend des voyages dans le monde
entier, et se lance dans l’étude des arts. En 1978,
elle devient directeur exécutif de l’Association des
collectionneurs d’antiquités chinois. En 1985, elle
entre au mensuel « Arts de Chine ». Elle a publié en
particulier de nombreux livres sur la porcelaine et
les antiquités chinoises. |
En 1978, son roman « Le 3ème sexe » (《第三性》)
est l’un des premiers à aborder le thème de
l’homosexualité à Taiwan, alors qu’étaient publiés
en feuilleton, dans la revue Littérature moderne,
les premiers épisodes du roman de
Pai Hsien-yung (白先勇)
« Garçons de cristal » (《孽子》).
Ce roman range Kuo Liang-hui aux côtés de
Pai Hsien-yung,
Chiang Kuei (姜貴)
et la romancière Ouyang Tzu (歐陽子)
parmi les pionniers de la littérature taiwanaise sur
l’homosexualité. |
|
Le fils de Kuo Liang-hui présentant
son livre à la mémoire de sa mère |
De l’écriture à l’édition
La tombe de Kuo Liang-hui dans le
cimetière des célébrités à New Taipei |
|
Elle crée ensuite sa propre entreprise, « Kuo
Liang-hui New Enterprise » (郭良蕙新事業有限公司),
avec pour objet la publication de romans et journaux
de voyage, avec une succursale à Hong Kong
formellement établie en mai 1980.
Ses dernières publications datent du début des
années 1990, puis, en 2002, paraît une nouvelle
édition de « Cœur en cangue », avec un recueil
d’essais sanwen, « La vie, c’est comme ça » (《人生就是这样!》).
Elle est décédée d’une crise cardiaquele 19 juin
2013, à l’âge de 86 ans.
La même année, son fils a publié un livre de
souvenirs : « Un cœur voyageur : ma mère Kuo
Liang-hui » (《遊子心:我的母親郭良蕙》). |
Traductions en anglais
- In the Middle of the Night, nouvelle traduite par
John Mc Lellan, The Chinese Pen, printemps 1977, pp
71-117
- Taipei Women, recueil de dix nouvelles tr.
Constantine Tung, ed.
Theresa Wang, Kuo Liang-hui New Enterprise, Hong
Kong 1983. Contient:
Bygones / Where to Go on Weekends / Night Chat /
Fate / Too High Too Cold / Evening Game / Little
Couple’s Entertainement / After 30 Years / Dark Days
/ The Root.
Adaptations au cinéma
Films de Sung Tsun-shou
宋存壽
1974 Thirteen
《早熟》
1978 Ask My Love from God
《此情可问天》 |
|
Le roman « Précoce » 《早熟》 |
|
|