Chen Chuncheng
陈春成
Présentation
par Brigitte Duzan, 25 mars 2023
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Chen Chuncheng (photo
baidu) |
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Né en 1990,
Chen Chuncheng a été en 2021 le lauréat du
prix
Blancpain-Imaginist
pour son premier recueil de nouvelles « Le sous-marin de la
nuit » (《夜晚的潜水艇》)
publié en septembre 2020.
La novella
« Le musicien » (《音乐家》)
qui est le dernier texte du recueil avait été deux auparavant,
en 2019, primée par la revue littéraire Shouhuo dans
laquelle elle avait été publiée.
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Le sous-marin de la nuit
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Présentant le recueil en sa qualité de membre du jury,
l’écrivain
Ge Fei (格非)
a expliqué que le choix avait été motivé par la qualité
narrative et stylistique de ces récits qui représentent, a-t-il
dit, une nouvelle voie pour l’écriture de fiction en Chine.
Neuf nouvelles pour commencer
La nouvelle « Le sous-marin de la nuit » dépeint un jeune garçon
doté d’une imagination débordante qui en arrive à transformer la
réalité autour de lui. Il se rêve pilotant un sous-marin
invincible dans les profondeurs de l’océan et allant jusqu’à
sauver son grand-père ; mais son imagination finit par lui jouer
des tours si bien qu’il doit la juguler.
Chen Chuncheng a expliqué qu’il s’est inspiré de sa propre
histoire : quand il était collégien, il se passionnait pour les
récits et bandes dessinées comme « Vingt mille lieues sous les
mers » et autres récits pleins de dirigeables et d’astronefs ;
il imaginait sa chambre comme un sous-marin et se nourrissait
des histoires imaginées autour des mystères comme ceux des
pyramides égyptiennes ou d’Atlantis, ou encore des civilisations
préhistoriques voire extra-terrestres.
Le recueil comporte neuf nouvelles dont certaines ont été
initialement publiées sur douban et dans des revues.
Outre « Le sous-marin de la nuit » au début et
« Le musicien » à la fin, ce sont :
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竹峰寺——钥匙和碑的故事
Le monastère
du pic des Bambous —— une histoire de stèle et de clef
-
传彩笔
La légende du pinceau de couleur
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裁云记
La chronique du tailleur de nuages
-
酿酒师
Le maître de la distillerie
-《红楼梦》弥撒
« Le Rêve dans le pavillon rouge », une messe.
-
李茵的湖
Le lac de Liyin
-
尺波
Une vague d’un pied
Si chaque nouvelle a son atmosphère propre, l’ensemble esquisse
un univers borgésien entre rêve et réalité. Le sous-marin perdu
de la première nouvelle a été secrètement envoyé à la recherche
de la pièce que Borges a un jour jetée dans l’océan
.
La référence est claire et le style ainsi défini.
La légende entourant une stèle disparue d’un monastère dans la
montagne entraîne un jeune homme dans la quête éperdue de la
paix de son âme.
Un modeste écrivain hérite d’un stylo magique mais se rend
compte qu’il est le seul à pouvoir lire ce qu’il écrit avec.
Un tailleur de nuages se demande à quoi il va pouvoir consacrer
ses dernières années en méditant sur les choix qui lui restent à
faire. Une nuit pluvieuse à Leningrad fait resurgir le passé
d’un vieil homme.
En l’an 4876, une société secrète et un empire dictatorial se
battent pour récupérer les fragments perdus du « Rêve dans le
pavillon rouge » censés détenir les clés du pouvoir.
À travers de subtils flashbacks, le lac de Liyin est prétexte à
une réflexion sur le caractère inévitable de l’évanescence de
certains souvenirs.
Et pour clore le recueil, Chen Chuncheng revient avec un certain
romantisme sur le désir de s’évader du carcan de la réalité.
Chen Chuncheng reconnaît que ce sont des histoires que l’on ne
peut écrire qu’à vingt ans, il lui reste à … imaginer la suite.
La seule chose sûre est que, pour l’instant, il va s’en tenir à
écrire des nouvelles – ou le genre de roman dont chaque chapitre
serait comme une nouvelle en soi - car il pense qu’il est plus
facile ainsi d’approcher une perfection stylistique proche de la
poésie ancienne considérée comme essence esthétique et
spirituelle, seule capable de faire ressentir ce que peut être
la perfection.
Ces nouvelles lui ressemblent, en fait. Né
dans le
district de Pingnan de la ville de Ningde, dans le Fujian (福建省宁德市屏南县),
il vit aujourd’hui dans la ville de Quanzhou (泉州),
dans la même province.
Il travaille en banlieue dans un jardin botanique, ses collègues
sont plus âgés que lui, il n’a guère de vie sociale et cela lui
convient très bien ainsi ; il a un rythme de vie paisible et
régulier, adapté à l’écriture de nouvelles. Ses récits sont
imprégnés de littérature classique chinoise et de littérature
occidentale aussi bien que de bandes dessinées, de peinture et
de musique. Mais c’est surtout une écriture introvertie. Ce qui
l’intéresse, en tant que lecteur autant qu’auteur, c’est le
style introspectif du « Vieil homme et la mer ».
Mais il préfère qu’on ne lui pose pas trop de questions sur la
manière dont il écrit, citant l’exemple du peintre Zhang Daqian
(张大千)
qui avait une imposante barbe et à qui on a un jour demandé s’il
s’endormait en la mettant sous sa couette ou dessus – question
qui l’a ensuite empêché de dormir.
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Zhang Daqian |
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En 2022, Chen Chuncheng a publié une autre nouvelle, « Le Maître
de la montagne des neiges » (《雪山大士》),
qui a été deux fois primée dont, en décembre, lors de la
quatrième édition des prix littéraires décernés par la revue
Zhongshan (《钟山》).
On attend la suite….
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