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Bai Lin
白琳
Présentation
par Brigitte
Duzan, 23 février 2024
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Bai
Lin (photo sohu) |
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Née dans le
Xinjiang en 1983, mais vivant dans le Shanxi, Bai Lin a fait des
études d’archéologie et d’histoire de l’art à Rome. Puis elle a
commencé à écrire en 2013.
De
l’essai…
En novembre
2015, elle publie un premier recueil d’essais (散文随笔集)
« Le lent vol plané de l’oiseau blanc» (《白鸟悠悠下》).
Un oiseau blanc qui survole la ville en observant. Bai Lin
aborde des sujets « peu sérieux » qu’on n’a pas l’habitude de
lire sous la plume d’auteurs d’essais – genre littéraire par
excellence : un problème d’orthodontie ou d’acné sur le visage ;
mais elle en fait des thèmes de réflexion sur les mentalités et
les modes de vie. L’essai sur l’acné s’intitule « Tout le monde
veut "de la face" » (《我们都要脸》).
Son problème d’orthodontie l’a obligée à porter des « bagues »
sur les dents pendant trois ans, trois de silence, dit-elle,
après quoi elle a retrouvé la parole, pour écrire ce qu’elle
avait sur le cœur, et d’abord le premier essai du recueil…
« Orthodontie » (《正畸》).
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Le vol plané de l’oiseau
blanc |
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Les sujets
sont empruntés à la vie quotidienne autour d’elle. « Histoire
d’amour de Taiyuan » (《太原爱情故事》)
regroupe 32 très courts récits (d’un à deux mille caractères)
dont les personnages sont ou ont été des amis et des proches,
mais regroupés autour d’un thème de satire sociale : tout le
monde trompe tout le monde, la maîtresse d’école aussi bien, les
histoires sont quelque peu outrées, dites de manière très
sérieuse apparemment au départ, avant de prendre un ton de
rumeur publique, voire de confession publique.
Ce sont des
histoires tristes, un peu honteuses, qu’on ne raconte
habituellement pas, du genre « squelette dans le placard », mais
contées avec un rythme et un style qui couvrent une émotion
cachée. On retrouve sous sa plume des termes à la mode chez les
jeunes, en particulier sur internet ou dans les séries
télévisées. Sa langue est finalement celle de la rue, comme les
histoires qu’elle raconte, qui témoignent de la vie des gens au
ras du trottoir. C’est vivant, concret et actuel.
On trouve là
une tendance de fond chez les écrivaines d’aujourd’hui, les
toutes jeunes comme elle, de la génération post’80, mais aussi
leurs aînées comme
Lu Min (魯敏)
qui témoigne des mêmes recherches sur la langue.
Ces caractéristiques se retrouvent dans les nouvelles que Bai
Lin a publiées ensuite : un aspect introspectif inspiré du
quotidien, dans un style personnel, vivant et moderne.
… au
zhongpian
Début 2019,
elle part en Europe. Fin janvier, elle est à Budapest. Il neige.
Elle s’installe derrière la fenêtre du loft qu’elle loue pour la
regarder tomber, au-dehors. C’est ainsi qu’elle commence à
écrire sa novella « Un hiver pour deux » (《两个人的冬天》).
Elle l’a finie en janvier 2020 alors qu’elle était ailleurs,
dans les Alpes maritimes, mais toujours seule.
C’est en hiver
qu’elle voyage, chacun de ses récits se passe dans un endroit où
elle a été. Chacun est en fait une manière de mettre « l’espace
en forme », bien plus que de raconter des histoires bizarres,
pleines de rebondissements. En fait, elle trouve que le rôle le
plus important d’un écrivain est d’emporter ses lecteurs dans un
autre espace. Le roman et la vie ont des frontières floues, la
réalité et la virtualité se croisent.
En mai 2021,
sa novella « La rose sur le front » (《玫瑰在额头上》)
est publiée dans la revue Shouhuo (《收获》).
Elle figure dans la sélection des meilleures nouvelles courtes
et « moyennes » de l’année 2021 de la revue (《收获》2021文学榜,
中短篇小说,
pp. 312-345).
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Les meilleures nouvelles
courtes et
moyennes de 2021
de Shouhuo |
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L’université
se passe dans une université normale du Shanxi, mais pas dans la
capitale de la province, dans une ville nommée Jincheng (“晋城”)
– ville qui est une préfecture du Shanxi, mais qui n’a pas
d’université normale, l’université normale du Shanxi se trouvant
à Linfen (临汾).
On voit tout de suite le jeu subtil sur la réalité et la
fiction. Quant à l’histoire, c’est celle d’une guerre larvée
entre deux femmes, deux collègues qui vivent sur le même campus
et travaillent dans la bibliothèque de l’université. L’une, la
plus âgée, s’appelle madame Zhou (周太太)
; l’autre, la plus jeune, est Nie Qian (聂倩).
Elle a été transférée à la bibliothèque après avoir été
impliquée dans un scandale dans le bureau où elle travaillait
auparavant, mais elle ne semble pas en avoir été affectée. On
sent Madame Zhou un rien jalouse de sa consœur, et agacée par
son manque de réaction. « [Sous le regard de madame Zhou] Nie
Qian se sentait comme un livre pornographique, un livre que
madame Zhou avait envie de lire mais n’osait pas feuilleter
ouvertement, si bien qu’elle était réduite à y jeter des regards
à la dérobée » (聂倩觉得自己像一本淫书,周太太想看却不敢正大光明地翻,总要偷偷窥视两眼。).
C’est alors
que le fils (unique) de madame Zhou, Dali (达利),
revient d’Allemagne où sa mère l’avait envoyé poursuivre ses
études. Ce retour inopiné exacerbe la guerre entre les deux
femmes tandis que Nie Qian séduit Dali en dépit de la résistance
et des objurgations de sa mère. Bai Lin peint en fait le
portrait de deux ratés : Dali et sa mère, l’échec de l’un
accentuant le sombre destin de l’autre et les deux, finalement,
se retrouvant dans une même solitude sans espoir.
Derrière madame Zhou se profile l’ombre amère de la Cao Qiqiao (曹七巧)
de « La Cangue d’or » (《金锁记》)
de
Zhang Ailing.
En janvier
2022, Bai Lin publie une autre novella dans la revue Hongyan
(《红岩》) :
« Une clameur sans fin » (《漫长的喧嚣》).
L’histoire se passe à Rome, pendant la période de confinement
due à l’épidémie de covid19. Elle est de toute évidence
autobiographique.
En mai 2023,
Bai Lin a été l’une des deux lauréats du prix « Gemini » (“双子星”奖)
décerné par le mensuel dédié aux novellas de la revue
Littérature de Pékin (北京文学),
pour « Sponsor Susan » (《赞助苏珊》).
Le jury a souligné son talent pour dépeindre la psychologie
féminine, ainsi que le style froid et subtil avec lequel elle
décrit les émotions intimes de ses personnages.
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